Journal d un Franc-Créole
154 pages
Français

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Journal d'un Franc-Créole , livre ebook

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Français

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Description

Défiant ouvertement le pouvoir en place, la mystérieuse Association des Francs-Créoles à laquelle appartient le narrateur, va devenir un État dans l'État. Autofinancée, disposant de sa propre armée, elle va surtout tirer sa puissance de la Franc-Maçonnerie à laquelle appartiennent nombre de ses membres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 août 2015
Nombre de lectures 53
EAN13 9782336388113
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Les Impliqués Éditeur
Les Impliqués Éditeur

Structure éditoriale récente fondée par L’Harmattan, Les Impliqués Éditeur a pour ambition de proposer au public des ouvrages de tous horizons, essentiellement dans les domaines des sciences humaines et de la création littéraire.

Déjà parus

Cartier (Jean-Michel), Monsieur Lentard , quasi-roman, 2015.
Babinet (Blandine), Bourgey (Chantal), Jomier (Roseline), Carnets de bibliothécaires à la prison de la Santé , récit, 2015.
Frank (Évelyne), L’œuvre de Hilde Domin , essai, 2015.
Benzaquen (Randolph), Tourbillon de vie , récit, 2015.
Gribe (Serge), La révolte d’un rescapé face au silence de l’histoire , récit, 2015.
Mengome (Armand Joachim), La longue marche des populations fang , récit, 2015.
Vialaret (Jimi B.), Le complexe de Caligula , récit, 2015.
Misrai (Serge), Bye-bye Praha , roman, 2015.
Toh Bi (Emmanuel), Pages en feu , poésie, 2015.
Dravet (Bernard), Former, Surprendre, Innover , essai, 2015.



Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site :
www.lesimpliques.fr
Copyright

























© Les impliqués Éditeur, 2015
21 bis, rue des écoles, 75005 Paris
www.lesimpliques.fr
contact@lesimpliques.fr
EAN Epub : 978-2-336-73822-2
Titre

Pascale Moignoux




Journal
d’un Franc-Créole



Un franc-maçon à l’île Bourbon au XIX e siècle












Les impliqués Éditeur
Du même auteur

Du même auteur :
Clément Raimbault : l’Enfant gâté du bon Dieu, Azalées éditions 2004.
Graine de Bagnard, Azalées éditions 2006.
Riana, Azalées éditions 2009.
Pour l’Empereur et pour ma Patrie, 2 tomes, Azalées éditions 2012.
Avertissement


Avertissement :
Il existe de nombreux ouvrages du XIX e siècle, soit contemporains de l’épopée franc-créole, soit rédigés quelques années plus tard. Les plus célèbres sont le « Journal d’un colon de l’île Bourbon » de J.B. de Lescouble et « l’Histoire de l’Association générale des Francs-Créoles » de L. Brunet. Afin de donner plus de crédibilité et de vie à mon personnage fictif, je n’ai pas hésité à reprendre des phrases, déclarations, anecdotes, à ces témoins de l’époque.
Pour ne pas alourdir le récit, ces emprunts ne sont pas signalés, car insérés dans des paragraphes propres au roman.
Il était important à mes yeux que les lecteurs soient informés de ces « fusions rédactionnelles », la partie romanesque étant toujours soucieuse de toucher la réalité au plus près.
31 décembre 1842
Voilà ! Je ne l’ouvrirai plus ; ma plume ne glissera plus sur les pages épaisses de ce carnet ! Pas usuel d’écrire un épilogue en guise de prologue…
Il y a douze ans, j’étais bien loin d’imaginer que cette même plume allait devenir l’involontaire scribe d’un chapitre de l’Histoire de notre île.
Je n’avais pas vraiment d’idées préconçues en ouvrant ce gros cahier. Journal intime ? Assurément non ! Je suis trop pudique pour cela. Carnet de voyage ? Avec un univers borné par : le Beau Pays à l’est, Saint-Denis à l’ouest, le battant des lames au nord et le sommet des montagnes au sud, le périple aurait été bien modeste !
Journal spirituel ? Pourquoi pas, mais à des lieux de celui de Loyola… Ma spiritualité est celle du mécréant, dussé-je horrifier les bien-pensants !
Feuille philosophique ? Chroniques politiques ? Parfois peut-être… mais à mon insu, de toute évidence.
Je n’ai pas voulu construire, encore moins démontrer. J’admets mes parts d’incohérence. Un témoignage d’homme qui se questionne.
Un homme qui, pour mieux affronter les crises, les ruptures, canalise ses émois dans des filets d’encre qui s’étirent paisiblement… ou tachent rageusement.
Un homme qui écrit pour lui-même ? Ou pourquoi pas, sans le savoir, sans le revendiquer, pour un inconnu ? Un improbable lecteur du futur qui se penchera sur les confidences de cet ancêtre, ce vieux colon de l’île Bourbon du début du XIX e siècle ?
La réponse à cette question ne m’angoisse guère.
J’ai codé les passages les plus sensibles de ce Journal 1 . Sa couverture est comme une porte : il faut y frapper avec régularité pour que les pages consentent à se divulguer.
1 Ce code, d’inspiration maçonnique, consiste à écrire chaque mot à l’envers et à modifier certains caractères.
1830

1 er mai
Ma demande est déposée. Avant de crier victoire, il va falloir estocader et ferrailler. La bataille sera rude, mais après tout, ce n’est pas le premier combat que je mène. Démissionner de mon poste de professeur de rhétorique du Collège Royal était déjà, aux yeux de certains, une provocation.
Me battre pour pouvoir diriger une institution privée d’enseignement, c’était braver ouvertement la position dominante de la « capitale ». Fort heureusement, Vinson, Fréon et Dioré m’ont gagné l’appui de la municipalité de Sainte-Suzanne. Ils ont su mettre en avant la nécessité absolue de permettre une éducation et un enseignement à nos enfants des quartiers au Vent. Tous les parents n’ont pas les moyens de faire instruire leurs marmailles 2 à Saint-Denis, que diable ! Doit-on les laisser languir dans l’ignorance, faute de leur trouver une institution sans les envoyer loin de chez eux ?
La vie est tellement rude dans notre colonie… Notre génération est sacrifiée ; nous n’allons pas en plus immoler l’avenir de notre progéniture !
Certes, on ne peut pas dire que le Conseil Privé 3 m’ait grand ouvert les portes de l’instruction. Je suis limité aux « premiers principes de la langue latine » ce qui est un peu maigre. Mais bon ! Il faut bien commencer par un quelconque commencement… Décrocher l’autorisation d’ouvrir les portes de ma petite institution était le premier grand pas à franchir.
Mais depuis un an que je traite – et que mes chères têtes blondes maltraitent – les « premiers principes de la langue latine », je trouve qu’il est temps d’élargir leur horizon.
D’où cette seconde étape : solliciter l’autorisation d’enseigner les Humanités 4 ! Voilà qui promet de vifs échanges et des débats houleux au sein de notre aristocratie dionysienne.
Qu’ils débattent… Ils n’empêcheront pas la marche en avant des petits Créoles. Et cette marche commence par l’éducation de nos enfants. Après les Humanités, nous nous attaquerons à d’autres domaines : les sciences, l’anglais, l’histoire, la géographie. Aucune discipline n’est accessoire. Leur grande faute est de les mépriser. Notre mérite sera de les honorer.
Leur déclin passe par la progression et l’épanouissement de nos enfants.
Eux : les aristocrates de Bourbon.
15 mai
Deux mois sont passés depuis les terribles coups de vent ! Les maraîchages, les cultures vivrières offrent encore un spectacle de désolation ; les productions de café sont en chute libre ; les girofleries sont saccagées… Il est toujours possible de cheminer sur des sentiers bordés de manguiers sauvages, de citronniers, d’orangers, mais combien de temps cela va-t-il encore durer ? Quand ce n’est pas la nature qui abat, ce sont les hommes qui arrachent, déracinent, couchent au sol. À chacun de mes déplacements, j’ai l’impression de voir la canne couvrir, voire envahir notre beau pays, et cela me désole. Bien sûr, elle résiste aux intempéries, mais les investissements démesurés qu’elle exige ne me disent rien qui vaille. Cette frénésie n’est pas saine.
J’en vois tant, souvent parents de mes élèves, qui m’annoncent avec espoir se lancer dans cette seule aventure de la canne à sucre. Quelques mois plus tard, invariablement, je les retrouve endettés jusqu’au cou, incapables d’acheter les bras nécessaires à leurs cultures ; parfois encouragés à persévérer dans cette voie par de Gros Blancs 5 . Ceux-là mêmes qui ont tout intérêt à les faire chuter pour les jeter dans les filets de la Caisse d’Escompte 6 . Les petits et les moyens propriétaires sont aux abois.
Mon très cher ami Nicole Robinet de La Serve m’a avoué que lui aussi n’échappera pas à la faillite.
24 mai
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