L animation
194 pages
Français
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Description

Ce sont vingt animateurs qui ont exercé dans un ou plusieurs secteurs (socioculturel, social, tourisme, culturel et formation) qui présentent leur parcours professionnels ainsi que leurs conceptions du métier. Ils nous proposent une approche anthropologique de proximité où les personnes faisant partie du corps des animateurs ont pris elles-mêmes la plume. Voici donc une transversale des métiers qu'ils exercent.

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Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 24
EAN13 9782336322889
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Sous la direction de Eric Carton et Elise Daragon
L’animation Parcours de professionnels
Préface de Francis Lebon
L’animation Parcours de professionnels
Sous la direction de Eric Carton et Elise Daragon
L’animation Parcours de professionnels
Préface de Francis Lebon
Autres ouvrages des auteurs : Carton Eric,Les écrits sur les animateurs professionnels, Sarrebruck, éd EUE, 2010, 434p Carton Eric,Dictionnaire de sigles et abréviations du champ de l’intervention sociale, Paris, éd L’Harmattan, 2003, 254p
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-30175-4 EAN : 9782336301754
Préface
Carrières engagées dans l’animation
Les nouvelles formes d’organisation du travail accordent une importance accrue au rapport subjectif des personnes à leur travail. Les témoignages de cadres de l’animation réunis dans cet ouvrage constituent donc un matériau d’autant plus précieux. En effet, ces cadres accomplis et passionnés qui ont 1 franchi le seuil permettant d’échapper à la précarité contribuent 2 à la stabilité et à la continuité de l’animation . La carrière d’un animateur est généralement courte car les passages par des métiers voisins sont fréquents. En relatant la 3 trajectoire de 20 animateurs (17 hommes, 3 femmes ) des Alpes-Maritimes, ce livre donne un bon aperçu de la complexité des parcours professionnels. L’animation s’exerce ici dans cinq « secteurs » de travail identifiés par Eric Carton et Elise Daragon : le socioculturel, le social et le médico-social, le tourisme, le culturel, la formation. Les animateurs (de cœur et de formation) travaillent dans tous ces secteurs et même parfois dans quelques autres, comme l’insertion, le sport ou le développement local. En ce sens, « l’animation » s’interpénètre avec des appellations concurrentes et voisines, comme l’« économie sociale », l’« éducation populaire », les « loisirs », l’« éducation non formelle », l’« intervention sociale »... De même, de nombreuses fonctions correspondent ou entrent en concurrence avec celle d’« animateur » : directeur, coordinateur ou responsable mais aussi agent de développement, chargé de mission, chef de projet, médiateur social…
1  Francis Lebon,Les animateurs socioculturels, Paris, La Découverte, 2009, p. 63-72. 2  Sur ce point, le monde de la formation par exemple est plus éclaté et les « métiers de la formation » sont plus faiblement institutionnalisés. Cf. Emmanuel de Lescure, Cédric Frétigné (dirs),Les Métiers de la formation. Approches sociologiques, Rennes, PUR, 2010. 3  Ce sexe ratio est sans doute un effet de génération car la profession a été historiquement très masculine.
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La carrière d’un animateur ressemble parfois à une course 4 d’obstacles parsemée d’étapes : nos 20 professionnels ont fait preuve de ténacité et ont mené un long parcours, vécu rétrospectivement comme une aventure. Même ceux qui occupent ou ont occupé d’autres fonctions (conteur, directeur général adjoint d’une collectivité, militaire...) se réfèrent encore à l’animation. Pourquoi ? Pour avoir croisé le chemin des formations à l’animation (B.A.F.A., D.E.F.A. ...), en l’occurrence à l’Ufcv ? Parce que l’unité du groupe l’emporte sur la hiérarchie (les cadres sont des animateurs) ? Peut-être… Sans doute, s’inscrivent-ils dans cet espace (qui a sa logique, héritée de son histoire, ses représentations...) où l’on vit de et 5 pour la cause, par l’exercice d’un métier relationnel et 6 vocationnel . Beaucoup de nos 20 témoins ont animé des « colos », 7 certains sont militants syndicaux ou politiques, plusieurs président des associations… Ainsi, l’animation en tant qu’espace qui accorde une place centrale au monde associatif, a constitué un terreau tout à fait fécond aux réformes pédagogiques, à l’encadrement de la jeunesse, à la volonté de favoriser la socialisation et l’apprentissage…. Il faut donc penser ensemble l’espace de l’engagement (associatif, syndical et politique) et celui du travail. En effet, le travail bénévole, militant et volontaire s’inscrit dans les carrières professionnelles des personnes si bien qu’il faut parler de « carrières parallèles » dans la mesure où l’activité bénévole coexiste avec une inscription dans le salariat : elle sert notamment de
4 Observatoire national des métiers de l’animation et du sport,Les Emplois de l’animation de niveau II et III, novembre 2004. Observatoire emploi formation de la branche professionnelle des centres sociaux,Le Parcours des cadres de branche, août 2006. 5 Lise Demailly,Politiques de la relation. Approche sociologique des métiers et activités professionnelles relationnelles, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008. 6  Max Weber,L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Flammarion, 2000. 7 Sur une forme de professionnalisation de l’engagement syndical, cf. Laurent Willemez,: entre professionnels du droit etLes conseillers prud’hommes permanents syndicaux, in Didier Demazière, Charles Gadéa (dirs),Sociologie des groupes professionnels, Paris, La Découverte, 2009.
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préprofessionnalisation (tremplin et test de la vocation) et constitue aussi une continuité et une dimension de l’activité 8 professionnelle . Bien que l’animation ne soit pas un long fleuve tranquille, le métier est vécu avec un certain bonheur. De façon générale, la satisfaction au travail croît à mesure qu’on gravit les degrés de la hiérarchie sociale (niveaux de formation, de rémunération…). Quels en sont les ingrédients ? Liée à un fort investissement personnel et à de fortes gratifications, elle se traduit par du contact, de la rencontre, de la relation à autrui. Rien ne 9 remplace le sentiment de rendre service, d’aider... En valorisant un modèle de professionnel / militant (associatif) investi dans des collectifs sur un mode coopératif, les cadres de l’animation correspondent bien à ces grandes tendances. En tant que cadres, ils forment une sorte d’élite du milieu professionnel qui dispose en particulier d’un capital culturel institutionnalisé : les plus âgés de nos témoins sont au moins bachelier et les plus jeunes sont tous très diplômés, non seulement par rapport à l’ensemble des animateurs, mais aussi par rapport aux actifs occupés dont un tiers seulement détenait un diplôme supérieur au bac en 2009 (c’est le cas de la moitié des professions intermédiaires et des trois quarts des cadres et professions intellectuelles supérieures). Favoriser la promotion sociale et dégager une élite est un objectif constant pour l’animation et l’éducation populaire. Il y a plus d’un siècle, le Sillon, par exemple, se proposait, par les Cercles d’Études, de former une élite ouvrière catholique
8  Maud Simonet,Le Travail bénévole, Engagement citoyen ou travail gratuit?, Paris, La Dispute, 2010, p. 36-55. Sur ce thème, cf. aussi Éric Gallibour et Yves Raibaud (dirs),Transitions professionnelles dans le monde associatif et l’animation, Paris, L’Harmattan, 2010. Pour une mise en perspectives sur le militantisme, cf. Annie Collovald,Pour une sociologie des carrières morales des dévouements militants, in Annie Collovald (dir.),L’Humanitaire ou le management des dévouements, Rennes, PUR, 2002. Catherine Leclercq, Julie Pagis,Les incidences biographiques de l’engagement. Socialisations militantes et mobilité sociale. Introduction, Sociétés contemporaines, 2011/4, n° 84. 9  Christian Baudelot, Michel Gollac et al.,Travailler pour être heureux ? Le bonheur et le travail en France, Paris, Fayard, 2003.
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10 « éclairée et agissante ».Si tous les animateurs présentés ici ne sont pas nécessairement issus de milieux populaires, tous relèvent à présent des classes moyennes et supérieures. Des sociologues évoquaient au début des années 1970 une « petite bourgeoisie d’Etat » assurant une fonction « d’encadrement des 11 services publics » . En nous inspirant de cette formulation et en prenant en compte la recomposition des fondements de l’Etat 12 social , nous pourrions parler d’une petite bourgeoisie d’Etat à composante associative, ou bien encore, au cœur des classes moyennes, d’une « profession intermédiaire » à capital culturel et éducationnel.
Quoi qu’il en soit, travail et engagement, profession et classes sociales constituent des enjeux pour tous ceux qui ont pris comme destination, l’animation…
Francis Lebon
10 Marc Sangnier cité par Geneviève Poujol,L’Éducation populaire : histoires et pouvoirs, Éditions ouvrières, 1981, p. 189. 11 Christian Baudelot, Roger Establet, Jacques Malemort,La Petite bourgeoi-sie en France, Paris, Maspéro, 1974. 12 Matthieu Hély, Les Métamorphoses du monde associatif, Paris, PUF, 2009.
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Introduction
Si les animateurs écrivent peu, ils aiment se raconter. Leur vie s’anime autour d’une passion et d'un engagement : l’animation. Quelques ouvrages existent (voir la bibliographie en fin d’ouvrage) mais les auteurs ne sont que rarement des professionnels de l’animation. Seules certaines revues comme 13 celle de l’U.F.C.V. (Anim’mag) présentent des parcours professionnels.
Dans ce livre, nous leur donnons la parole pour qu’ils témoignent de leur expérience tant humaine que professionnelle. Ces paroles recueillies oralement ou par écrit d’hommes et de femmes, en fonction ou retraités, nous parlent du métier d’animateur tout secteur de l’animation confondu.
Cet ouvrage s’adresse tant aux animateurs apprentis ou confirmés qu’aux chercheurs du domaine. Les premiers pourront envisager la suite possible de leur parcours et les seconds enrichiront leurs connaissances sociologiques par une approche anthropologique. Mais tous feront un « voyage au pays des animateurs » en prise directe avec la réalité.
Les témoignages couvrent les cinq secteurs de l’animation que nous avons identifiés : le socioculturel, le social et médico-social, le tourisme, le culturel, et la formation. L’histoire de l’animation mais aussi sa réglementation de plus en plus complexe sont à l’origine de ce découpage, dont nous revendiquons la paternité. Si certains auteurs tendent à y ajouter la politique de la ville, cette dernière ne constitue pas, à notre sens, un nouveau secteur de l’animation : elle reste une politique publique en ce qu’elle est « le produit de l’activité d’une autorité investie de puissance publique et de la légitimité 14 gouvernementale » . Elle permet d’agir sur un secteur identifié
13  U.F.C.V. : Union Française des Centres de Vacances et de Loisirs. Cependant, l'association ne décline plus son sigle. Nous l'écrirons donc Ufcv. 14 Mény Yves et Thoenig Jcl,Politiques publiques, PUF, 1989.
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