L'idole dans l'imaginaire occidental

Ralph Dekoninck, Myriam Watthee-Delmotte

Description

Le concept d'idole n'en a pas fini de hanter l'imaginaire occidental (Dieu, l'Art, l'Argent, la Patrie, l'Etat). L'idolâtrie est bien une question de point de vue, et relève à ce titre du domaine de la croyance et de l'imaginaire ; cet ouvrage propose d'envisager l'histoire de ces représentations et d'observer leur survivance comme leurs métamorphoses et leurs déplacements depuis les racines judéo-chrétienne et gréco-romaine jusqu'au monde contemporain, cela en traversant les champs théologique, philosophique, artistique, politique, scientifique et littéraire.

Sujets

• Christianisme
• Civilisation
• Ethnologie
• Anthropologie
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2005
• Nombre de lectures: 96
• EAN13: 9782296405622
• Langue: Français

Extrait

Sommaire
COLLECTION « STRUCTURES ET POUVOIRS DES IMAGINAIRES » Page de Copyright Page de titre REMERCIEMENTS LISTE DES AUTEURS INTRODUCTION L’IDOLE COMME FANTASME FUSIONNEL ET SON DESTIN POLITIQUE FAUT-IL BANNIR L’USAGE DE LA NOTION D’IDOLE ? VIVRE DANS UN MONDE PEUPLÉ D’IDOLES : L’ICONOLÂTRIE DE JEAN-LUC MARION ESTHÉTIQUE ET TEMPORALITÉ DANS LES RÉFLEXIONS THÉORIQUES DE LOUIS MARIN SUR LES IDOLES L’IDOLÂTRIE COMME PROSTITUTION DANS LA BIBLE IDOLÂTRIE ET « INTERDIT DE LA REPRÉSENTATION » : EXPLORATIONS DE QUELQUES SOURCES TALMUDIQUES PANIDOLON VERSUS PANTHÉON : LECTURES DES CONCEPTIONS DE L’IDOLE DANS L’ISLAM NAISSANT « IL FAUT FAIRE LES STATUES DES DIEUX JOYEUSES ET SOURIANTES » : DIOGÈNE D’ŒNOANDA (FRAGMENT 19 SMITH) EN RÉFORMATEUR DE LA RELIGION OLYMPIENNE DANS LA GRÈCE D’ÉPOQUE ROMAINE LES FONDEMENTS MÉTAPHYSIQUES ET LES MODALITÉS RHÉTORIQUES DE LA TRADUCTION DU LISIBLE EN VISIBLE CHEZ CALLISTRATE VOIR LE DIABLE DERRIÈRE L’IDOLE À L’ÉPOQUE PATRISTIQUE L’IDOLE DANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DES XIV e ET XV e SIÈCLES : DISCOURS CRITIQUE OU DISCOURS DE CRITIQUES ? L’IDOLE DANS LE PROTESTANTISME : ENTRE ARCHAÏSME ET ACTUALITÉ L’OBSCÉNITÉ DE L’IDOLE À PROPOS DU TRATTATO DELLA PITTURA ESCULTURA, USO ET ABUSO LORO DE G.D. OTTONELLI ET PIETRO DA CORTONA (1652) LE SPECTACLE DES IDOLES DANS LE THÉÂTRE DE CONVERSION JÉSUITE (XVII e SIÈCLE) POURQUOI FIGURER « LA FOLLE ERECTION » ?L’IRONIE DE L’IDOLE COSMOLOGIE VERSUS IDOLÂTRIE : L’EXEMPLE DE LA DÉSACRALISATION DU SOLEIL DE L’IDOLE SENSIBLE À L’IDOLE HERMÉNEUTIQUE : FIGURES DU DISCOURS ET IDÔLATRIE VERBALE LA CHUTE DES IDOLES À LA FIN DE L’ANCIEN RÉGIME : LE CAS DE LA PLACE ROYALE À BRUXELLES LA PATRIE EN GUERRE : DE L’IDOLÂTRIE MEURTIÈRE AU CULTE DES MORTS (LA BELGIQUE, 1914-1924) L’IMAGE, LE DOUBLE, LE DÉDOUBLEMENT : L’IMPOSSIBLE MYSTIFICATION DE L’IDOLE POLITIQUE FIGURER LE DIVIN : MALLARMÉ CONTRE LES IDOLES L’IMAGE DANGEREUSE : LE MODERNISME AUX PRISES AVEC LA QUESTION DU SUJET LES IMAGES-PERSONNES ET LA RELIGION DE L’AUTHENTICITÉ « CE QU’ON DÉSIRE, ON LE CROIT AUSSI » : L’IDOLÂTRIE PYGMALIONESQUE ENTRE ANTIQUITÉ ET MODERNITÉ « LE MIROIR ET L’ÉTOILE » : LA CONSTRUCTION DE L’IDOLE DANS L’IMAGINAIRE DE JEAN COCTEAU MAGIE ET MALÉFICE DE L’IMAGE DANS L’ŒUVRE DE MICHEL TOURNIER QUELQU’UN D’AUTRE EN SOI : LES IDOLES ET LE VIDE DANS LA LITTÉRATURE AU DÉBUT DU XXI E SIÈCLE
COLLECTION « STRUCTURES ET POUVOIRS DES IMAGINAIRES »
dirigée par Myriam Watthee-Delmotte et Paul-Augustin Deproost

Les sciences humaines soulignent aujourd’hui l’importance des imaginaires, c’est-à-dire du réseau interactif des représentations mentales nourri par l’héritage mythique, religieux et historique et par l’expérience vécue. Constamment réactivé dans les productions culturelles, ce réseau constitue un système dynamique qui se superpose au réel pour lui octroyer des structures signifiantes au niveau de l’interprétation individuelle et collective. Ces structures sont souvent cryptées et leur pouvoir de mobilisation est d’autant plus fort qu’elles restent en deçà du niveau de conscience ; leur analyse permet de comprendre la force de conviction des images utilisées dans les stratégies politiques, commerciales, etc. Contrairement aux représentations fixes, les imaginaires visent un réseau sémantique interactif: l’adaptabilité des structures de l’imaginaire à différents contextes explique sa puissance de façonnage du réel.
L’objectif de cette collection est de rendre compte des travaux développés dans le Centre de Recherches sur l’Imaginaire de l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve), qui a pour spécificité d’aborder cette problématique dans une perpective systémique : il rapproche à cet égard les champs de l’antiquité (qui interroge les sources, notamment mythiques, et en propose une typologie) et de la modernité (qui porte la trace des permanences et des mutations des imaginaires), et fait croiser les domaines de la littérature et des arts (lieux d’ancrage prioritaires des imaginaires dans des structures décodables) avec l’histoire (qui témoigne des formes d’efficacité des imaginaires dans le réel). Ce champ d’investigation se trouve renforcé par les travaux de chercheurs en théologie, psychologie de la religion et philosophie.
site : www.librairieharmattan.com e.mail : [e-mail]
© L’Harmattan, 2005
9782747587983
EAN : 9782747587983
L'idole dans l'imaginaire occidental

Ralph Dekoninck
Myriam Watthee-Delmotte
REMERCIEMENTS
Nous remercions vivement les collègues qui ont participé à ce projet collectif. Les auteurs restent responsables de leur texte et des droits relatifs à leur contribution.
Nous exprimons notre gratitude à Nathalie Coisman et Catherine Miller qui ont permis la réalisation technique de l’ouvrage.
Cet ouvrage est publié grâce au financement accordé pour les « Actions de Recherches Concertées (ARC) » par la Direction générale de l’Enseignement non obligatoire, Direction de la Recherche scientifique, de la Communauté française de Belgique.
LISTE DES AUTEURS
Jeanne-Marie BAUDE (Université de Metz), François BŒSPFLUG (Université Marc Bloch, Strasbourg), Jacques BOULOGNE (Université Charles de Gaulle — Lille III), Arlette BOULOUMIE (Université d’Angers), Paulette CHONE (Université de Bourgogne, Dijon), Jean-François CLEMENT (Université de Nancy), Jérôme COTTIN (Faculté de Théologie protestante et catholique, Paris), Ralph DEKONINCK (Chercheur qualifié FNRS/Université catholique de Louvain), Bruna FILIPPI (Université de Perugia), Agnès GUIDERDONI-BRUSLE (Katholieke Universiteit Leuven), Renée KOCH PIETTRE (EPHE, Paris), François LECERCLE (Université de Paris IV — Sorbonne), Jean LECLERCQ (Université catholique de Louvain), Thierry LENAIN (Université Libre de Bruxelles), Sonia Sarah LIPSYC (Université Marc Bloch, Strasbourg), Christophe LOIR (Chargé de recherches FNRS/Université Libre de Bruxelles), Laurent MATTIUSSI (Université Jean Moulin, Lyon 3), Marie-José MONDZAIN (EHESS, Paris), Joël ROUCLOUX (Université catholique de Louvain), Nigel SAINT (Université de Leeds), Jean-François STOFFEL (Haute école Charleroi-Europe, Haute école Blaise Pascal), Tania VAN HEMELRYCK (Chercheur qualifié FNRS/Université catholique de Louvain), Laurence VAN YPERSELE (Chercheur qualifié FNRS/Université catholique de Louvain), Jean-Marc VERCRUYSSE (Université d’Artois), Myriam WATTHEE-DELMOTTE (Chercheur qualifié FNRS/Université catholique de Louvain), André WENIN (Université catholique de Louvain), Jean-Jacques WUNENBURGER (Université Jean Moulin, Lyon 3), Marielle WYNS (Université catholique de Louvain)
INTRODUCTION
RALPH DEKONINCK — MYRIAM WATTHEE-DELMOTTE
Un bloc de marbre était si beau Qu’un Statuaire en fit l’emplette. Qu’en fera, dit-il, mon ciseau ? Sera-t-il Dieu, table ou cuvette 1 ?

C’est par cette strophe que La Fontaine amorce sa fable intitulée « Le statuaire et la statue de Jupiter ». Cette fable met en scène un sculpteur qui, plutôt que de vouer son savoir-faire à la réalisation d’objets utilitaires, décide d’extraire d’un bloc de marbre un Jupiter auquel les prodiges de son art donnent un semblant de vie. L’illusion est telle que l’artisan lui-même se met à « redouter son propre ouvrage », explicitement qualifié d’« idole ». Comme un enfant habité du « continuel souci qu’on ne fâche point [sa] poupée », il se laisse prendre au piège de ses propres chimères : il finit par prêter vie et par rendre un culte à cette chose inanimée. Il est en cela à la fois coupable et victime de l’« erreur païenne qui se vit chez tant de peuples répandue », et dont l’exemple par excellence est le fol amour de Pygmalion qui « devint amant de la Vénus dont il fut père ». À l’image de ce dernier, coupable d’une forme d’inceste symbolique qui n’est à vrai dire que la marque de son narcissisme foncier, il est poussé à prendre ses rêves pour des réalités, à transformer ses mensonges en vérités.
Placée en exergue du colloque international organisé à l’Université catholique de Louvain en avril 2003 et dont ce volume constitue les actes, cette fable condense à merveille les différents enjeux, tant religieux qu’esthétiques, de la problématique de l’idolâtrie : création, beauté, crainte, amour, pouvoir, foi, fascination, aliénation, illusion, songe et mensonge, autant de thèmes liés aux formes et figures de l’idole, laquelle n’a cessé de hanter, tel un spectre ou un fantasme, l’imaginaire occidental confronté aussi bien aux images des autres, « païens » et « primitifs », qu’à ses propres images du Tout Autre.
Dési