La tortue chez les bafia du Cameroun
224 pages
Français

La tortue chez les bafia du Cameroun , livre ebook

-

224 pages
Français

Description

Cet essai en quatre volets présente le cycle de la tortue : Le premier est une étude des rôles du personnage de la tortue dans les contes. Le second fait le portrait de la tortue, qui se distingue non seulement par son intelligence et sa sagesse mais par ses qualités de pédagogue et d'ancêtre qui en font un être sacré et un totem. La troisième partie étudie l'évolution de son image et de son mythe dans la société bafia en pleine mutation et la dernière partie en dégage la signification aux plans psychologique et philosophique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 689
EAN13 9782296433878
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LatortuechezlesBafiaduCamerounProblématiquesafricaines
CollectiondirigéeparLucienAYISSI
Ils’agitdepromouvoirlapenséerelativeaudeveniréthiqueetpolitiquedel’Afri que
dans un mondedontonproclamedeplus en plus la fin del’histoire et dela géographie.
L’enjeuprincipaldecettepensée àpromouvoirestlaréappropriationconceptuelle,parles
intellectuelsafricains(philosophes,politistes, etlesautreshommesetfemmesdeculture),
d’un débatqui estsouventinitié et mené ailleurspard’autres, maisdont lesconclusions
trouventdanslecontinentafricain,lechampd’applicationoud’expérimentation.Lapensée
àpromouvoirdoitnotamment s’articuler,danslaperspectivedelajusticeetdelapaix,
autour desquestionsliéesau vivre-ensembleetauxmodalitéséthiquesetpolitiquesdela
gestiondeladifférencedansunespace politique où la précarité fait souventlelit de la
conflictualité.
Lacollection«Problématiquesafricaines»aégalementl’ambitiond’êtreunimportant
espacescientifiquesusceptiblederendredeplusenplusprésentel’Afriquedanslesdébats
mondiauxrelatifsàl’éthiqueetàlapolitique.
Déjàparus
Serge-ChristianMBOUDOU,L'heuristiquedelapeurchezHansJonas.
Pouruneéthiquedelaresponsabilitéàl'âgedelatechnoscience,2010.
AaronSergeMBAELAII,Chroniquesphilosophiquesd’unp édagogue,
2010.
RogerBernard ONOMOETABA,Letourisme culturel au Camerou,n
2009.
AndréLiboire TSALAMBANI, Lesdéfis de la bioéthiqueàl’ère
éconofasciste,2009.
JosephEPEEEKWALLA,Les syndicats au Cameroun. Genèse,crises
etmutations,2009.
HubertMONONDJANA,Histoiredelaphilosophieafricaine,2009.JosephDONG’AROGA
LatortuechezlesBafia
duCameroun
Mythes,représentationsetsymboles©L’Harmattan,2010
5-7,ruedel’Ecolepolytechnique;75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN:978-2-296-12486- 8
EAN:9782296124868REMERCIEMENTS
La nécessité d’une revalorisation des civilisations africaines n’est
plus à démontrer. La réalisation du présent ouvrage, qui souhaite y
contribuer, n’a pu se faire sans la consultation de personnes
compétentes et susceptibles de répondre à un questionnaire. Mais la
production d’un travail semblable nécessite une bonne formation de
base. L’un de mes devoirs les plus impérieux est par conséquent de
témoigner ma reconnaissance à mes éducateurs avant de donner la
listede mes informateurs.
Mes remerciements s’adressent,au premierchef,à ma mère,Yàkàn
à Aroga Marthe, qui, en m’apprenant le ripkàk, la langue de mes
pères, m’a initié à la culture de mes ancêtres et qui, en m’envoyant à
l’école, a accompli l’acte décisif qui fut le point de départ du
processus de ma formation. Qu’elle trouve ici l’expression de ma
gratitude filiale.
A tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à ma formation
morale et intellectuelle: à mes maîtres et professeurs tant du primaire,
du secondaire quede l’université.
1Au regretté abbé Nnuka à Byábàk Patrice , l’un de ceux qui ont
éveillé monattentionà la richessedes valeursculturellesdes traditions
desBafia et à la beauté du rikpàk, leur langue.Que sonâme repose en
paix.
Je m’en voudrais de ne pas citer mes informateurs qui ont répondu
avec joieà mon questionnaire.Je pense notamment:
2 3Au regretté Bol à Zok surnommé “Savant Perdu ” . Il était
“savant” par ses qualités de guérisseur et d’artiste ; mais “perdu” (i.e.
handicapé) par les séquellesde la maladiedeHansendont il fut frappé
dans sa jeunesse. Traditionaliste au sens de défenseur zélé de la
tradition ancestrale, ses propos ne sont pas sans passion ni sans ironie
à l’égarddesdétracteursdes бiбán бiбətàtá (leschosesdesancêtres).
1Décédé le 22 juillet 1978.
2Décédéen mars 1981.
3En français.A Tábù à Mandiŋ qui s’est distingué par la pureté de sa langue, la
simplicité de son style, la fermeté de ses convictions et l’étendue de
ses connaissances. Autant de qualités qui attestent son imprégnation
par la sagesse traditionnelle des Bafia, sa vie de sédentaire dans son
village natal qu’il n’a presque jamais quitté pour longtemps, son
“pétrissement” par les mœursetcoutumesdechez lui.
A Bidias à k ŏ, le vieillard toujours joyeux et gai. Il possède une
bonneconnaissancede l’histoiredesBafiaetde leur littérature orale.
AByáбàkàNnòŋ
Bədyóŋà Məshó
BəséŋàArógà
BòdioàRibwem
MəsháàBol
RiбámáàNdzέrε
Iz Ɔб ƆàZàŋ
Qui m’ont apporté soit un ou deux contes, soit une phase de
l’histoiredesBafia.
Aeux tous, j’adresse mes remerciementsdechercheur.
Il convient enfin (last but not least) d’exprimer ma gratitude
d’étudiant à mes professeurs de l’université de Bordeaux III,
particulièrement à Mr M. HAUSSER qui a accepté de patronner cette
modesteétudeet n’acesséde m’assister par ses sagesconseils.
Convaincu d’avoir fait de mon mieux ce que vous m’avez aidé à
réaliser, je vous adresse ici, chers parents, maîtres et amis, mes
sincères remerciements.
6INTRODUCTION
L’inspiration du sujet de la présente étude, loin d’être récente,
trouve sa source dans la prime jeunesse de l’auteur. Encore à
1l’internat, nous, jeunesMbamois venusétudieràYaoundé, lacapitale
du Cameroun, étions étonnés de l’irrévérence avec laquelle nos
camarades des autres régions du pays parlaient de la tortue.
N’auraient-ils fait qu’en parler, nous n’eussions pas été scandalisés
outre mesure. Mais ils consommaient sa viande et en vantaient les
délices gustatifs. Ils faisaient plus. Ils promettaient de rapporter du
village, à notre intention, un mets assaisonné de viande de tortue. Il
n’en fallait pas tant pour nous rendre méfiants. Tout, lors des rentrées,
devenait tabou pour nous. Tout cadeau, tout présent comestible. A
peine l’insistance des donneurs pour nous rassurer de la pureté de leur
offre pouvait-elle nous persuader de l’agréer.Et c’est timidement que
nous acceptions un gâteau d’arachides ou de concombres.Devenaient
également taboues invitations et réceptions, rien ne garantissant
l’absencede viandede tortueauxagapes.
- Pourquoiavez-vous la tortueen horreur ?
A cette question de nos camarades répondait le silence. Ou, tout au
plus, un haussement d’épaules. La réponse était en nous, elle était
nous. Nous étions nés et grandissions dans une culture où la tortue
était vénérée, redoutée. Répondre à la question « pourquoi?» était
plus fort que nous.Nous savions que la tortueest unanimaldangereux
parce que nos parents nous l’avaient dit, eux-mêmes instruits par nos
grands parents.Maisce savoirétait indicible.
Le présent ouvrage est une tentative de réponse, un effort pour
exprimer ce qui semblait jadis inexprimable. Ambition fort
audacieuse. L’auteur s’engage dans un domaine inexploré, les Bafia
n’ayant pas encore fait l’objet de recherches approfondies. De ce
dernier fait les raisons sont historiques. Au Cameroun, c’étaient
surtout les missionnaires qui étudiaient, pour les besoins de
l’évangélisation, les langues et les traditions des populations locales.
En quête de conversions massives, ils privilégièrent les grands
1NatifsdudépartementduMbam.ensembles ethniques (Ewondo, Bassa, Bulu) au détriment des
minorités qui reçurent le messagedivinà travers les languesdesautres
tribus. Le catholicisme fut prêché aux Bafia en ewondo, le
protestantisme en bulu – les hommes d’un certain âge reconnaissent
avoir fréquenté l’école bulu – l’Islam en haoussa. Ces religions
opposées les unes aux autres ont ainsi déchiré de façon assez tragique
un groupe déjà numériquement faible. Les effectifs des fidèles bafia
étaient par conséquent très limités dans chaque confession religieuse.
Oncomprend pourquoi traditionset langue bafia

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