Le chômage des diplômés de l'enseignement supérieur à la réunion

Stéphane Guillon

Description

La hausse depuis le milieu des années 1990 à La Réunion des taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur et la détérioration des conditions de leur insertion accompagnent les effets de la démocratisation scolaire et l'atonie du marché du travail. Cet ouvrage exploite les données globales du chômage à La Réunion pour ce public, sur trois années entières, et tente de mettre à jour les trajectoires d'insertion et les freins qui peuvent expliquer pour certains une prolongation de la durée de chômage.

Sujets

• Économie
• Formation
• Éducation
• Sociologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2010
• Nombre de lectures: 278
• EAN13: 9782296251311
• Langue: Français

Extrait

LE CHÔMAGE DES DIPLÔMÉS
DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
À LA RÉUNION
Stéphane GUILLON


LE CHÔMAGE DES DIPLÔMÉS
DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
À LA RÉUNION

Méthodes plurielles, trajectoires hétérogènes


Préface de René SQUARZONI


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http:// www.librairieharmattan.com
[e-mail]
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ISBN : 978-2-296-11389-3
EAN : 9782296113893

Fabrication numérique : Socprest, 2012
R EMERCIEMENTS
Cet ouvrage, qui reprend pour une très large part les résultats de recherche présentés dans notre thèse en sciences de l’éducation soutenue en novembre 2007 à l’Université de La Réunion, n’aurait pu être mené à bien sans le soutien de quelques personnes envers lesquelles je me sens fortement redevable et reconnaissant : en premier lieu, mon directeur de thèse, M. Pr. R. Squarzoni pour son accueil, ses apports et son écoute tout au long de ces dernières années, son humour, le calme et la bienveillance qu’il offre face aux hésitations et aux accès de doute ; M. J.-F. Giret dont les conseils et les réflexions sur les résultats partiels de mon travail m’ont été d’un grand secours, tout autant que les rencontres qu’il a facilitées ; M. É. Verdier qui a accompagné mes premières démarches comme doctorant ; Mme Pr. B. Gendron dont les critiques pointilleuses et les remarques toujours productives m’ont permis d’affiner mes hypothèses de travail ; M. Pr. M. Latchoumanin pour son accueil et son écoute au sein du CIRCI [Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Construction Identitaire]. Enfin, cette recherche n’aurait pu être réalisée sans l’autorisation de l’ANPE Réunion pour l’utilisation des données liées à la Demande d’Emploi régionale.


Pour V. B.
« Il n’existe que trois êtres respectables : le prêtre , le guerrier, le poète. Savoir , tuer et créer. Les autres hommes sont taillables et corvéables , faits power l’écurie, c’est-à-dire pour exercer ce qu’on appelle des professions. »

(Charles Baudelaire, 1920 : 67).
P REFACE
Y-a-t-il une bonne raison de lire cet ouvrage si l’on n’est pas intéressé à titre principal par le chômage des diplômés de l’enseignement supérieur à La Réunion ? Pour nous, la réponse est clairement non. Il n’y a pas une bonne raison, il y en trois… au moins !
Poursuivons le propos dans cette veine d’expression directe et simple en prenant pour hypothèse de base que le candidat-lecteur à cet ouvrage s’intéresse à tout le moins aux questions de formation, d’emploi et de chômage.
Une revue intelligente de la littérature utile, voilà la première raison que nous trouvons d’entrée.
En quatre-vingt pages digestes, le lecteur dispose d’une couverture complète et adaptée de l’éventail des approches convoquées à bon droit et ici habilement, pour l’investigation entreprise dans la relation formation/emploi. C’est un excellent viatique qui est fourni à quiconque veut à son tour se préparer, ou préparer autrui, à entrer sur ce territoire pour y conduire une étude ou une recherche.
Il nous semble, pour connaître l’auteur, que la clarté et la pertinence de cette synthèse tiennent à sa faible enculturation initiale en sciences économiques ou en sciences de l’éducation. Cela lui a posé initialement un vrai problème auquel il a répondu par un effort soutenu d’assimilation des œuvres étudiées et c’est de cette compréhension pour soi qu’il nous fait bénéficier. Ajoutons que cela lui a donné également un degré de liberté lorsqu’il a abordé cette littérature avec une certaine maturité intellectuelle : S. Guillon avait moins que d’autres à se libérer du connu, tâche si difficile, il a donc, plus que d’autres, la capacité de proposer un regard un peu différent des représentations installées.
La valorisation pointue de données pertinentes et inexploitées, c’est la deuxième raison de porter intérêt à cet ouvrage qui peut susciter des vocations à réutiliser ailleurs les mêmes données et les mêmes méthodes ou presque, pour de nouvelles moissons de résultats.
De son activité professionnelle à l’ANPE, S. Guillon a retiré la conviction que le travail méthodique entrepris par cet organisme en faveur de chaque demandeur, aboutissait – involontairement mais fatalement – à la formation d’un gisement imposant de données très intéressantes et très sous-exploitées : les données de stock de la demande d’emploi. C’est ce gisement repéré (situation et contenu) et analysé (caractères, fiabilité, validité) qui est proposé à la communauté scientifique française car ces données se trouvent partout où était l’ANPE, où est le Pôle Emploi aujourd’hui.
L’inventeur de cette trouvaille entreprend ensuite de l’exploiter par les voies classiques ou récentes de la statistique descriptive (approches transversale et diachronique, suivi longitudinal et analyse factorielle des correspondances, zooms catégoriels). Nous retrouvons l’auteur d’une jolie revue de littérature, devenu découvreur d’un trésor statistique, entreprenant son exploration quantitative, faisant un travail de Romain et un travail de Bénédictin. Car il y a une masse imposante de travaux de base ou particuliers, en soubassement du livre publié et offert à notre examen critique.
La portée d’une réflexion sur une économie de petite taille et fortement isolée, sera la troisième raison générale énoncée justifiant de porter intérêt à cet ouvrage.
Nous parlons de l’insularité réunionnaise comme d’une caractéristique suggestive et heuristique. Elle apporte un fort isolement d’un marché du travail de taille restreinte et donc elle offre des conditions privilégiées d’observation, précise et prolongée, de la catégorie d’acteurs placés sous le projecteur : les demandeurs d’emploi diplômés de l’enseignement supérieur. De là des renseignements et des enseignements qu’il est peu aisé d’obtenir ailleurs lorsque l’étendue et la continuité du marché de l’emploi rendent inobservables certains groupes sauf à utiliser des focales qui ôtent souvent une partie de la précision et de la portée aux observations.
De plus, il nous semble que les chômeurs retenus par S. Guillon, à savoir les diplômés de l’enseignement supérieur, sont certainement les moins concernés par trois discrets facteurs de brouillage de la relation formation/emploi à La Réunion. Nous pensons à :
l’économie souterraine qui concerne principalement des activités traditionnelles (agriculture, BTP, commerce) ou récentes (tourisme) mais surtout à de bas niveaux de qualification ;
l’emploi public (collectivités locales) ou parapublic (associations et satellites communaux), surdimensionné localement et peu ou prou « clientélisé », mais ici encore surtout pour les catégories inférieures d’emploi ;
la préférence communautaire au sein des divers groupes ethnoculturels participant au peuplement de La Réunion dont on loue l’harmonie interethnique : la nécessaire efficacité économique contient sans doute également ses effets sur les emplois les moins « stratégiques »…
Aussi, dira-t-on que ces particularités locales ne peuvent guère, malgré leur spécificité, s’opposer à une lecture aisée et utile des résultats.
Et puis, au-delà de ces motifs généraux et forts d’exploiter cet ouvrage, si le candidat lecteur est intéressé par la situation de l’emploi et du chômage des diplômés à La Réunion, alors il apprendra beaucoup quel que soit, nous semble-t-il, son niveau initial de connaissances.
Nous portons là le regard sur les domaines dans lesquels nous avons investi depuis longtemps, que nous pensions bien connaître, et pourtant nous avons eu de bonnes surprises car S. Guillon apporte, selon nous, trois ensembles d’éléments : une revue de la littérature locale sur la thématique qui remet sur la table de travail des textes devenus très peu accessibles, ce qui reconstitue le nuage finalement assez dense d’analyses dont nous disposions, rend hommage aux auteurs et prépare à des avancées ; une recomplexification de l’analyse de l’emploi et du chômage à La Réunion, grâce – évidemment – aux apports du travail pointu sur les données volumineuses, exploitées pour la première fois : cela redonne du volume, de la richesse et disons-le, de l’intérêt à la réflexion sur le chômage et l’emploi ici et maintenant (à La Réunion, aujourd’hui) ; un renouveau d’appétit po