Les métiers de la relation malmenés
212 pages
Français

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Les métiers de la relation malmenés , livre ebook

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Description

Les métiers de la relation évoluent constamment, de même que les contextes dans lesquels ils s'institutionnalisent. Ils sont confrontés à une redéfinition qui parfois les malmène. Celle-ci est politique car elle recherche l'efficacité, théorique car elle semble privilégier une certaine conception de la scientificité. Elle est aussi psychique tout en sous-estimant le travail de l'intériorité. En partageant leurs interrogations sur les métiers de la relation, les auteurs souhaitent ne pas en rester à la plainte et à la désespérance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 76
EAN13 9782296485136
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les métiers de la relation malmenés - Répliques cliniques
Savoir et formation
Collection dirigée par Jacky Beillerot (1939-2004)
Michel Gault et Dominique Fablet
Psychanalyse et éducation
Série dirigée par Claudine Blanchard-Laville
Depuis plusieurs années se développent des recherches qui étudient les pratiques professionnelles du champ de l’éducation et de la formation en prenant en compte les processus inconscients et leur influence sur les conduites, les actes et les décisions des acteurs de ce champ. La série Psychanalyse et éducation se propose d’offrir au lecteur des travaux qui éclairent ces phénomènes en se référant à une approche clinique d’orientation psychanalytique.
Déjà parus
Catherine YELNIK, Face au groupe-classe , 2006.
Nicole BAUDOIN, Le sens de l’orientation , 2007.
C. BLANCHARD-LAVILLE, P. GEFFARD, Processus inconscients et pratiques enseignantes , 2009.
M. CIFALI, M. THÉBERGE, M. BOURASSA, Cliniques actuelles de l’accompagnement , 2010.
Sous la direction de
Mireille CIFALI et Thomas PÉRILLEUX
Les métiers de la relation malmenés
Répliques cliniques
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96677-2
EAN : 9782296966772
INTRODUCTION
Mireille Cifali 1
Thomas Périlleux 2
Cet ouvrage tient son origine d’une rencontre de cliniciens qui eut lieu dans le cadre du Réseau Éducation et Formation (REF) à Nantes les 17 et 18 juin 2009. Nous avons souhaité que des universitaires se réclamant de la clinique puissent se rencontrer et réfléchir ensemble à une thématique que nous avions alors formulée de la manière suivante : « Légitimité et impact de l’approche clinique face à l’évolution (idéologique, psychique, sociale) des métiers de la relation ». Le symposium était animé par Mireille Cifali et Thomas Périlleux. Il faisait suite à la tenue de trois autres symposiums du REF suivis de publications : le premier, qui a eu lieu à Genève en 2003, avec un ouvrage publié en 2006 par les éditions De Boeck à Bruxelles sous le titre : De la clinique. Un engagement pour la recherche et la formation ; le second, à Montpellier en 2005, avec un ouvrage publié en 2008 chez le même éditeur : Formation clinique et travail de la pensée ; un troisième, à Sherbrooke, avec un ouvrage publié en 2010 chez L’Harmattan, avec comme titre : Cliniques actuelles de l’accompagnement.
À chacun des auteurs, nous avons proposé un argumentaire sous la forme d’un questionnement. Plusieurs perspectives étaient ainsi ouvertes, qui partaient d’hypothèses sur l’évolution des métiers de la relation et son influence sur la pratique clinique. Nous supposions que cette évolution rendait peut-être le travail des cliniciens plus délicat : le métier de clinicien lui-même pouvait-il en être affecté ? Il nous semblait alors intéressant d’en comprendre les processus pour élaborer un savoir actuel sur les liens entre l’approche clinique et les praticiens.
1. Évolution des métiers de la relation
Les métiers de la relation – le soin, l’éducation, l’enseignement, la thérapie … – évoluent constamment, de même que les contextes dans lesquels ils sont institutionnalisés. Nous pensions que ces métiers sont aujourd’hui souvent confrontés à une redéfinition sur plusieurs de leurs registres : – politique qui va dans le sens d'une efficacité et d'une productivité ; – théorique qui privilégie le cognitivisme et une certaine conception de la scientificité ; – psychique qui gomme inconscient et travail d'intériorité ; – sociale qui renvoie à une exploitation de l’investissement subjectif et de ses dimensions relationnelles, à une récupération ne prenant pas toujours en compte la dimension institutionnelle et collective de l'exercice de ces métiers, si ce n'est par le biais du travail d'équipe ; et enfin, – idéologique qui transforme la conception de la subjectivité, de la citoyenneté, de l’acteur social... La question que nous souhaitions donc soulever est celle des enseignements de la clinique en contact avec ces métiers, confrontés à de telles redéfinitions.
En effet, un clinicien adopte une approche qui tente de construire avec des professionnels une compréhension des situations de travail rencontrées. Aussi quand il agit, intervient sur certains terrains, dans des institutions, il est en mesure, sur l’évolution actuelle de ces métiers, d’élaborer des connaissances originales à travers les problèmes et les résistances que sa présence soulève ; sa position l’autoriserait à comprendre l’évolution des métiers qu’il accompagne, d’en rendre compte, et ceci probablement différemment d’autres approches, sociologiques ou psychologiques. Il n’est donc pas tant ici question d’intégration de recherches sur le terrain, que de terrains qui transforment le savoir des cliniciens et donnent du présent une vision singulière.
Sur l’évolution des métiers de la relation, nous pouvions nous tromper. Les textes de Christophe Adam (éducateurs de prison), de Jean-Marie Cassagne (éducateurs spécialisés), de Thomas Périlleux, Florence GiustDesprairies, Mireille Cifali (enseignants), de Marta Souto (formateurs) fournissent des éléments permettant d’en saisir les enjeux. Quelque chose peut en être touché : possibilité de liberté créatrice dans le métier, conflits internes à la profession, lieux de partition d’une division du travail, constat d’un tiers manquant (Adam) ; collectif ou équipe de travail, mandat institutionnel, dissensions et désaccords des professionnels entre eux et avec les usagers, espaces de réflexion et métabolisation (Cassagne) ; repères symboliques des métiers, places et engagements, dissymétrie des positions (Périlleux) ; contexte politique liberticide (Souto). Tous ces éléments interpellent la posture clinique. Ils ne la laissent pas indemne, pouvant effectivement aller jusqu’à la mettre en danger.
2. Une approche clinique déplacée
Par quels chemins cette mise en danger passe-t-elle, quelles sont les difficultés rencontrées ? Plusieurs chapitres de l’ouvrage concernent des terrains particuliers : la prison (Adam), une institution spécialisée pour des enfants en souffrance (Cassagne), une clinique du stress (Périlleux), et l’université (Bréant, Souto, Blanchard-Laville, Lani-Bayle, Cifali, GiustDesprairies). Tous évoquent les questions posées à une approche clinique par l’évolution de ces terrains. Parfois elle s’exerce « là où on ne l’attend pas » (Adam), parfois elle y règne mais pas sans contradiction (Cassagne). À l’intérieur de l’université, un clinicien cherche sans relâche comment occuper une place (Bréant) ; mettre en œuvre des dispositifs de formation (Blanchard-Laville, Souto, Lani-Bayle) ; tenir un dispositif d’analyse de pratique (Périlleux) ; répondre à l’essor de théories qui contestent une approche clinique (Cifali).
Souvent un clinicien est confronté à l’attente qu’il tienne une position d’expertise, s’en débrouille-t-il ? Est-il un expert ? Si oui en quoi ? Lui faut-il redouter ce terme ? La posture du « maître ignorant » a été plusieurs fois évoquée (Lani-Bayle, Bréant), ainsi que l’usage et le mésusage d’un savoir clinique à des fins défensives (Cassagne), ou la tension entre l’autorisation et la défaillance (Bréant). Autant d’éléments qui permettent de faire sentir les tensions entre clinique et expertise.
Un clinicien voit donc sa place davantage contestée. Le danger ne vient-il que de l’extérieur ou également de l’intérieur même de la clinique : ne serions-nous pas nos « meilleurs ennemis » (Adam) ? L’approche clinique doit sans doute faire évoluer certaines de ses pratiques, de ses concepts, de ses manières d’intervenir, l’évolution des terrains et des métiers pouvant ainsi devenir une occasion d’interroger ses allant de soi (Adam, Cassagne). Elle non plus ne peut s’en tenir à sa doxa, comme si elle était de toute vérité. Par quels biais trouve-t-elle alors à s’institutionnaliser (Périlleux) ? N’y aurait-il pas un lien entre clinique, critique et politique (Bréant, Souto) ? Tous les textes s’accordent cependant sur le fait qu’un clinicien ne cède pas sur certaines positions éthiques, témoignant de sa résistance inébranlable quant à une certaine conception du sujet. Une certitude : la clinique continue de se confronter aux risques du juste dans l’instant (Cifali).
3. Transmission d’une position clinique et résistances
Une approche clinique se transmet dans des cadres institutionnels comme ceux de l’université. Elle a à faire face à d’autres approches du psychisme humain. Celles et ceux qui se forment apportent avec eux de nouvelles exigences, peut-être

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