Les Ombres de la Palombière
241 pages
Français

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Description

Doutant de son envie de maternité, Barbara, jeune femme de trente-cinq ans, part rendre visite à sa mère Suzanne dont elle espère les conseils. À la Girolière, la maison familiale, la vieille femme vit toute seule et perd peu à peu la tête entre les rares passages de ses enfants.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 16
EAN13 9782812916335
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Claude-Rose et Lucien-Guy Touati,écrivains, pédagogues, spécialistes en communication et en littérature de jeunesse, ont éc rit ensemble depuis 1975 près de quarante ouvrages (romans, contes, manuels pédagogiques, etc.). Attachés à une littérature explorant les sentiments et les relations humaines, ils nous proposent aujourd’hui une nouvelle histoire ch argée d’émotions et de mystère.
LESOMBRES DE LA PALOMBIÈRE
Du même auteur Le Cahier bleu,collection Romans, De Borée, 2009. Une maison dans les herbes,collection Romans, De Borée, 2007. Guide du formateur en situation,Chronique Sociale, 2006. La Roque-Basse,De Borée, 2003. Le brouillard finit toujours par se lever,Aubéron, 2002. Mes beaux livres à colorier,Aubéron, 2002. Écrire, lire, parler,Territorial, 2001. Alerte aux Flizous,Castor Poche, 1994. La Fièvre du mercredi,Castor poche, 1990. Et puis je suis parti d’Oran,Castor poche, 1985.
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
©
, 2010
CLAUDE-ROSE ETLUCIEN-GUYTOUATI
LES OMBRES
DE LA PALOMBIÈRE
Avertissement
Le romancier tire ses histoires du creuset de son e xistence. Ses personnages sont nés de sa propre mémoire, imprégnés de ses ren contres et de son vécu profond. Pourtant, paradoxe de la création littérai re, ils restent en même temps les purs produits de son imagination. Ce qui expliq ue que toute ressem blance avec des personnes réelles existant ou ayant existé ne serait, malgré les apparences, que totale coïncidence. Toutefois, magie du roman, il est inévitable et même, qui sait ? souhaitable que chaq ue lecteur y trouve, à un moment ou un autre, une part de soi-même de sorte q ue cette pure fiction éveille en lui un troublant et délicieux écho.
Claude-Rose et Lucien-Guy TOUATI
Aux mères et à leurs filles et aux hommes qui les a iment…
I
Retour à la maison
B ARBARA CONDUIT SA VOITURE en douceur sur les routes de Dordogne. Dans la tiédeur de cette journée d’automne, elle se laisse bercer par ses rêveries, les plus gaies comme les plus ténébreuses . Mais Barbara a peur. Peur de ce qu’elle va devoir r épondre bientôt à Romain. Elle a bien compris qu’il lui a posé une sorte d’ul timatum quand il lui a dit: «C’est parce que je t’aime que je veux avoir un enf ant avec toi. Tu ne comprends pas que tu es la seule qui m’ait donné l’ envie d’être père? Mais cet enfant, je ne peux pas le faire tout seul.» Barbara lui a lancé, presque du tac au tac, s’en vo ulant déjà de lui répondre aussi vivement: «Oui, mais il faudrait que moi aussi, j’aie envie d’ être mère. Mon Dieu! Barbara, c’est si compliqué de mettre au monde un enfant? À ton âge, ça doit être encore faisable, non? Oui… mais… être mère…» Ça, c’est une autre histoire. Mère, elle sait trop bien ce que cela veut dire, dès qu’elle pense à la sienne, Suzanne Vernier, génitri ce de cinq rejetons, deux garçons et trois filles. Elle, la petite dernière, la seule avec Violette l’aînée à ne pas avoir eu d’enfant, par choix, par volonté, a du mal à intégrer dans son existence l’idée de maternité. Les trois autres ont tous fait des enfants suivant l’exemple de leur mère. «Grâce à son exemple ou malgré son exemple, se pren d-elle à songer. Ça dépend de quel point de vue on se place. En tout ca s, moi, c’est sûr, je fais un blocage, comme dit Romain. C’est vrai, la seule pen sée de mettre au monde et d’élever des enfants me pétrifie. Et j’ignore même pourquoi.» Si Barbara n’est pas encore maman aujourd’hui, elle est néanmoins la tante de sept neveux et nièces dont elle ne se rappelle jama is les prénoms ni les âges. Pour l’instant, cette relation lui suffit amplement . Dans sa tête, une farandole de questions tournicote que Barbara est pressée de pou voir confier à sa mère. Il faudra d’abord qu’elle lui parle de Romain – Suzann e n’a pas encore eu l’occasion de le rencontrer – de leurs projets de v ie commune et de l’envie qu’il a, lui, d’être père. Ensuite, à cette mère on ne pe ut plus mère, il faudra qu’elle lui demande pourquoi, à son avis, elle, la «petite» Bar bara, ressent, à trente-cinq ans, une telle crainte de la maternité. Comme elle le faisait, gamine, sautillant d’une pie rre à l’autre au bord de la rivière l’Isle, elle passe de souvenir en souvenir, sans trop savoir où cela la mènera. Elle revoit son père, Paul Vernier, cet hom me qui surgit immense dans sa mémoire. Lui qui paraissait si près de sa femme et de samarmaille, comme il disait en parlant des enfants, avait pourtant quitt é ce monde alors qu’elle avait tout juste dix ans. Son père dont elle percevait al ors à la fois les torrents de tendresse et les vagues de nostalgie qui semblaient par moments l’immerger. Son père qui la prenait sur ses genoux devant la ch eminée et la faisait frémir en lui racontant des histoires de fantômes et de reven ants. Elle adorait ça. Lui,
hélas! ne reviendrait plus, victime d’un stupide ac cident, lui dont l’âme était restée prisonnière de cette palombière maudite. Car on ne revient pas de cet arrière-pays où la mort entraîne les vivants à jama is. Suzanne avait dû faire face à cette disparition et la présence de ses enfants l’avait sans doute aidée. Barbara, elle, y avait ga gné, pendant le reste de son enfance, pour compenser sa tristesse, de l’amour ma ternel à profusion, un amour parfois aussi pesant qu’une chape de plomb. Nichée dans ses pensées, Barbara roule sans se pres ser. Par plaisir et aussi par prudence. Sa voiture, une vieille 206 diesel qu i affiche déjà cent vingt mille kilomètres, ne lui autorise ni brutalité ni fantais ie de conduite. Elle a quitté Montpellier peu après 14heures, après avoir déjeuné avec Romain sur la place de la Comédie et lui avoir promis de lui téléphoner. «mets.Dès ce soir ou au plus tard demain matin, je te pro » Elle s’était éloignée pour rejoindre son parking al ors qu’il la suivait des yeux d’un air tendu et angoissé, figé par ce qu’il venai t de lui demander, de lui exiger. Elle avait réussi à lui sourire en marchant à recul ons puis avait remis ses lunettes de soleil comme pour baisser le rideau sur la scène pénible qu’ils venaient de vivre. Quatre jours auparavant, alors qu’elle soupirait de lassitude devant son ordinateur, Denise, son associée, avait eu raison d e ses nombreuses hésitations à partir quelques jours malgré le travail en cours. «Tu veux que je te laisse avec toutes ces commandes qui s’accumulent? avait questionné Barbara. Tu ne vois pas dans quel état de nervosité et de fa tigue tu es? Tu te rappelles qu’on avait dit qu’il faudrait ne pas hés iter à se donner un conseil si nécessaire. Alors, je te le répète, Barbara, il fau t absolument que tu ailles te ressourcer dans ton Périgord. De plus, je suis cert aine que, là-bas, tu vas pouvoir mieux réfléchir à la prochaine collection. Et puis, je m’en sortirai, rassure-toi, avec le stagiaire qui arrive demain, o n assurera. En tout cas, n’oublie pas d’emporter ton cahier de croquis.» Leur atelier de création de vêtements pour jeunes a dolescents,La Maison de Sidonie, gravit depuis deux ans une pente ascendante. Les trois premières années ont été un dur chemin de labeurs incessants, d’incertitudes et de remises en question cuisantes. À présent, malgré la crise économique, plus de doute, leur affaire marche. Elles participent à deu x salons par an, un à Paris, l’autre à Bologne, et cela leur permet de revenir d ans la métropole du Languedoc avec un carnet de commandes, bien rempli.
** *
Barbara a baissé sa vitre. Des odeurs de campagne e nvahissent l’habitacle. Elle sent qu’elle approche de sa destination et son cœur bat plus vite comme à chaque fois qu’elle revient vers la Girolière. À l’ idée de retrouver la maison de son enfance, elle ressent une bouffée de bonheur to ut simple, effacée quelques secondes après par l’image de sa mère. «Je me demande bien ce qui lui passe par la tête, en ce moment.»
Ses pensées se tournent à nouveau vers Suzanne et v ers sa solitude présente, pressante. Comment va-t-elle retrouver sa mère? Cela fait si longtemps que Barbara n’a pas repris le chemin de l a Girolière. Chaque fois qu’elle en avait l’intention, elle trouvait un prét exte pour ne pas mettre son projet à exécution. La dernière fois qu’elle lui a rendu v isite, c’était en coup de vent, à l’occasion d’un retour de Paris où elle avait renco ntré deux nouveaux clients. Arrivée dans la matinée, elle avait passé une court e nuit à la maison et avait repris la route pour Montpellier dès le lendemain m atin. Et c’est pourtant vers cette femme seule que Barbara vient chercher conseil… Elle s’observe un instant dans la glace du rétrovis eur. Elle aime son visage plein, éclairé par deux jolies fossettes. Barbara a pparaît aux yeux de ses amis et de sa famille comme une boulimique de la vie. Ses c oiffures d’un blond sombre, en «chignon libéré» comme elle les appelle, ses gra nds yeux verts souvent écarquillés pour embrasser le maximum de paysages q ue lui offre le monde lui confèrent une parure d’artiste délurée avec laquell e elle aime jouer. Son allure générale un brin potelée, sa taille mince amplifiée par des hanches un peu fortes dégagent une énergie débordante et un optimisme gén éreux. Tout cela lui dessine une auréole de bonne vivante que ne démente nt pas ses lèvres charnues. Son appétit et son goût pour la bonne chè re périgourdine étonnent tous ceux qui l’approchent. Barbara aime beaucoup moins son prénom. Pour elle, il évoque la grande chanteuse disparue toujours vêtue de noir dont elle se sent à des lieux, au moins physiquement. Elle connaît par cœur l’histoire qu’o n lui a racontée à propos du choix de ce prénom. Sa mère, qui dévorait les roman s historiques et romantiques de l’écrivain anglaise Barbara Cartland , et son père, qui adorait la chanson française et cette grande artiste qu’était Barbara, tombèrent, pour une fois, très vite d’accord sur le choix du petit nom de ce dernier enfant, survenu par surprise. Depuis le temps, la belle jeune fille, él égante, aux gestes rapides et vifs, avait appris à faire avec ce nom de baptême s i peu périgourdin. Dès son adolescence, son goût pour le dessin, sa fa çon plutôt originale d’aborder l’existence à pleins bras comme sa manièr e farfelue de s’habiller avaient toujours surpris sa mère. Considérée, catal oguée «artiste», elle s’était naturellement tournée vers des études aux beaux-arts. Cette joyeuse apparence ne l’empêche pas d’éprouver des angoisses et des craintes qu’elle promène dans le secret de ses état s d’âme. Et si elle est attachée, avec une vigueur gourmande, au terroir qu i l’a vu naître, à ses paysages comme à ses coutumes, elle a déjà parcouru la planète de voyages en petits boulots, avant de revenir se fixer à Montpel lier. Et… vécu de multiples expériences amoureuses au grand dam de Suzanne qui aurait préféré la voir installée en mère de famille comme sa sœur Hélène. Barbara se remémore les conversations aigres-douces qui alimentaient les éc hanges avec sa mère toutes ces dernières années malgré leur profonde affection réciproque. Sa mère aurait tant souhaité que Barbara ait une vie de couple ave c enfants. Sur ce plan, Barbara l’a toujours déçue. Et c’est peut-être auss i parce qu’elle connaît l’obsession de sa mère que Barbara s’est mise, peti t à petit, à moins venir la voir. Mais cette fois-ci, c’est différent, elle att end de ce séjour quelque chose, une sorte d’éclaircissement sans trop pouvoir le dé finir clairement. Pour l’instant, elle s’inquiète au sujet de Suzanne . Au téléphone, deux jours plus tôt quand elle l’a appelée pour lui annoncer q u’elle venait passer quelques
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