Les paradoxes de la démocratie
259 pages
Français

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Les paradoxes de la démocratie , livre ebook

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Description

Cet ouvrage s'interroge sur le rapport réel du peuple au pouvoir en démocratie, sur le caractère démocratique des instruments de réalisation de la démocratie, sur la générosité des principes et la dureté de la pratique. Il y parle de la nécessité d'un débat jusque-là différé sur l'après-démocratie, d'une régulation éthique de la pratique politique, théorise la réversibilité de la démocratie, décrit les mécanismes et les effets de la ruse de la raison démocratique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 142
EAN13 9782296686540
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES PARADOXES
DE LA DÉMOCRATIE


Sociologie de la théorie et de la pratique démocratiques
Harouna SY


LES PARADOXES
DE LA DÉMOCRATIE


Sociologie de la théorie et de la pratique démocratiques


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10278-1
EAN : 9782296102781

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A VANT-PROPOS
Le texte ci-après a été rédigé dans une conjonction de circonstances très particulières. En septembre 1997, la perte de ma fille m’a fait souffrir énormément. La perte d’un être cher tient sa spécificité du fait qu’elle est toujours vécue de manière spécifiquement personnelle.
Dans la même période, la situation politique était dominée par les débats sur la gouvernance et sur la démocratie interne au sein de deux formations politiques relativement anciennes : le Parti socialiste au pouvoir et le Parti de l’indépendance et du Travail, marxiste. L’échec de ces débats d’orientation à déboucher sur des solutions consensuelles s’est traduit par le départ de dirigeants et de militants qui ont beaucoup contribué au développement de ces partis. Ces cassures vont d’ailleurs beaucoup influer sur la recomposition politique et les alliances ultérieures.
Les classes populaires et moyennes étaient durement éprouvées par les effets des politiques d’ajustement structurel qui s’ajoutaient à ce qu’elles ressentaient comme une arrogance du parti au pouvoir dans sa gestion des affaires publiques et dans le comportement de ses militants.
L’effondrement du bloc communiste a rendu possible un activisme politique et idéologique de la démocratie libérale qui travaille activement à la mondialisation de ses valeurs. Et cela a beaucoup contribué à installer le doute chez les communistes dont les partis ont implosé dans presque tous les pays.
C’est dans ces moments de douleur, d’inquiétude, de questionnements et d’aspiration à un ordre plus juste que mon frère Kalidou SY m’a rapporté en 1998 du Centre Culturel Français de Dakar les Méditations pascaliennes de Pierre Bourdieu. J’ai lu cet ouvrage avec un très grand intérêt. Je ne saurai dire comment s’est imposée à moi la réflexion sur la démocratie. Je sais seulement avoir senti, au cours de cette période dans les discussions avec des amis et des collègues, un besoin de comprendre la pratique politique (en démocratie) en dehors du formalisme théorique classique. C’est à la mi-août 1998 que j’ai pris la décision d’écrire ce texte qui sera achevé en fin septembre 1998. L’achèvement du manuscrit a coïncidé donc avec le mois du premier anniversaire du décès de ma fille.
J’ai précisé certaines idées et ajouté d’autres au manuscrit original. Ces précisions et ajouts sont signalés par des crochets [ ] dans le texte.
I NTRODUCTION
La réflexion sur la démocratie m’a paru être à la fois un droit et un risque. En tant que droit, cette réflexion est exigée par :
la démocratie elle-même qui, en créant les conditions de réalisation de cette exigence, se donne comme espace de liberté de pensée et d’expression ;
mon statut de sociologue qui m’autorise légitimement à construire et à penser les réalités sociales au nombre desquelles la démocratie, c’est-à-dire à élaborer théoriquement des outils conceptuels indispensables et appropriés pour l’intelligibilité de ces réalités ;
la nature particulière des pratiques démocratiques qui se donnent à la fois comme pratique du politique et/ou du citoyen, en tant que l’un et l’autre se définissent par la spécificité de leur pratique respective, pratique qu’il faut conceptualiser pour découvrir leur vérité objective.
Et ce droit, je voudrais le revendiquer et l’assumer au moins comme droit au risque. Car cette réflexion est aussi un risque, risque de trop dire ou de dire trop peu en fonction du rapport qu’on entretient nécessairement avec la démocratie : ou bien on est très séduit par elle, auquel cas le rapport aurait plus de chances d’être non ou pas assez critique et la beauté aveuglante des principes de la démocratie (c’est le propre de l’illusion) pourrait détruire les fondements de toute mise en question ; ou bien alors, précisément à cause de l’échec de la séduction, de méconnaître, d’ignorer ou de minimiser les avantages que la démocratie procure en dissimulant ces attitudes dans une métaphysique de l’objectivité. En ce qui me concerne, je prends simplement ici le risque de provoquer au double sens du mot. Le choix de restreindre mon propos aux seuls paradoxes de la démocratie ne signifie pas et ne doit pas, en toute objectivité, être interprété comme attitude négative, c’est-à-dire anti-démocratique. Et si mes interrogations portent essentiellement sur la réalité et sur l’effectivité de la démocratie politique, c’est parce qu’il existe une sorte de consensus que nulle part on ne voit à l’œuvre la démocratie sociale et la démocratie économique.
Et cette provocation, je la voudrais épistémologiquement féconde : d’abord comme auto-provocation en tant que moyen de dévoilement et de mise en question de mon rapport au sens commun à propos de la démocratie, en tant que moyen de déconstruction du rapport quasi-sacré que l’on entretient insidieusement avec la démocratie ; ensuite comme invitation implicitement adressée à tous ceux qui s’intéressent à la démocratie pour une mise en question de ce rapport dévoilé, mis en question et déconstruit. Il s’agit donc de faire un diagnostic non complaisant, indispensable à la démocratie. Cela exige de penser autrement la démocratie afin de l’aider à prendre conscience de ce qu’il y a de critiquable en elle.
Je l’avoue, mon attitude est, et c’est ce qui sans doute accroît le risque, transgressive des normes tacites qui structurent les attitudes habituelles. Car le citoyen, généralement, se contente de vivre et de profiter pleinement de la démocratie, de la pratiquer comme pratique politique exigée par ses propres aspirations et l’ampleur du processus démocratique ; et l’intellectuel est caractérisé par sa tendance à se définir comme démocrate et donc à s’engager politiquement pour prouver (au moins formellement) sa bonne foi mais aussi (et peut-être surtout) pour jouir d’avantages que seul cet engagement peut procurer, ne serait-ce qu’en tant que spécialiste de la démocratie reconnu et consacré comme tel. Il oublie alors très souvent en pensant la démocratie de penser de façon critique son rapport à la démocratie. La deuxième transgression est d’ordre axiologique : j’inscris ma réflexion dans la perspective théorique de ceux qui estiment que la démocratie n’est pas le meilleur des régimes politiques mais seulement le moins mauvais d’entre eux, prenant ainsi le risque d’aller à l’encontre des sens communs vulgaire et savant. Enfin, la troisième transgression est d’avoir pensé la démocratie en dehors du schéma classique qui s’impose et qu’on impose comme schéma unique parce que correspondant à l’acte originel et original de constitution de la démocratie comme théorie d’une pratique politique spécifique (Montesquieu et Rousseau) et de son analyse normative appliquée à un cas historique particulier (A. de Tocqueville qui, entre autres, fait l’apologie de la démocratie américaine et se propose de définir le bon citoyen).
J’ai adressé à la démocratie des questions non pas pratiques mais de pratique, c’est-à-dire théoriques en tant qu’elles éclairent et constituent le principe d’intelligibilité de la pratique politique en démocratie. C’est l’intellectuel militant et non le militant intellectuel qui interroge la démocratie et qui s’interroge sur la démocratie, interrogations exigées pour une permanente et nécessaire redéfinition des motivations dont la nature est d’être essentiellement changeante et pour une réévaluation de la pratique politique ou plus exactement des conditions d’existence de la pratique politique. Ces interrogations sont alors un procédé de dévoilement des motivations latentes

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