Mythes de l Amazonie
324 pages
Français

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Mythes de l'Amazonie , livre ebook

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Description

Ce livre est un voyage fascinant au sein de l'imaginaire d'un peuple indien de l'Amazonie. Les Shipibo vivent au Pérou au coeur de la forêt, et cherchent à préserver l'essentiel de leur culture. Issus de paroles partagées, les textes rassemblés ici participent de cette sauvegarde. Ils sont un témoignage de la richesse d'un système de pensée menacé à tout moment d'une transformation rapide et profonde. Cette mythologie est perméable au temps : sa transmission perpétue les savoirs des Anciens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2005
Nombre de lectures 255
EAN13 9782336267623
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747578752
EAN : 9782747578752
Mythes de l'Amazonie
Une traversée de l'imaginaire shipibo

Pierrette Bertrand-Ricoveri
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Recherches Amériques latines - Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin INTRODUCTION DONNÉES ETHNOSOCIOLOGIQUES MYTHOLOGIE
I. LE TEMPS DES ANCÊTRES II. LE TEMPS DES INCAS EN GUISE DE CONCLUSION
EPILOGUE GLOSSAIRE RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Recherches Amériques latines
Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin
La collection Recherches Amériques latines publie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s’étend du Mexique et des Caraïbes à l’Argentine et au Chili.
Déjà parus
Jean-Pierre BLANCPAIN, Immigration et nationalisme au Chili. 1810 — 1925 , 2005.
Marc LENAERTS, Anthropologie des Indiens Ashéninka d’Amazonie , 2004.
Pietro LAZZERI, Le conflit armé en Colombie et la communauté internationale , 2004.
Mylène PERON, Le Mexique, terre de mission franciscaine
(XVI-XIX , 2004.
Michel MONER et Christine PÉRÈS (textes réunis et présentés par.), La littérature pour enfants dans les textes hispaniques, 2004.
P. LESBRE et M. J. VABRE, Le Mexique préhispanique et colonial , 2004.
Carlos AGUDELO, Enjeux du multiculturalisme , 2004. Federica MORELLI, Territoire ou Nation : Réforme et dissolution de l’espace impérial en Équateur, 1765-1830 , 2004. Lionel BAR, Communication et résistance populaire au Nicaragua , 2004.
Martine DAUZIER (coord.), Le Mexique face aux Etats-Unis, : stratégies et changements dans le cadre de l’ALLENA , 2004.
DAVID DIAS Mauricio, Dynamique et permanence des exclusions sociales au Brésil , 2004.
TETTAMANZI Régis, Les écrivains français et le Brésil , 2004. CRUZOL Jean, Les Antilles — Guyane et la Caraïbe, coopération et globalisation , 2004.
SAUTRON-CHOMPRÉ Marie, Le chant lyrique en langue nahuatl des anciens Mexicains : la symbolique de la fleur et de l’oiseau , 2004.
Dans une langue, celui qui parle, et qui ne cesse de parler dans un murmure qu’on n’entend pas mais d’où vient pourtant tout l’éclat, c’est le peuple.
Michel Foucault Les Mots et les Choses
Ma plus vive reconnaissance s’adresse aux Shipibo pour l’hospitalité, l’enthousiasme, la générosité et l’amitié avec lesquels ils m’ont accueillie et accompagnée durant toutes ces années, pour nous apprendre à les connaître et les aimer.
INTRODUCTION
Lorsque le 18 juillet 1977 au cœur de l’Amazonie péruvienne, j’enregistrai pour la première fois un mythe shipibo, ce fut un pas décisif, ô combien inconscient, quant à la tâche à laquelle je m’attelai, en abordant ainsi un domaine inconnu, étranger et quasiment inexploré. L’entreprise, colliger les mythes shipibo, les transcrire, les traduire, les analyser, fut un investissement majeur tant dans mon activité d’enseignant-chercheur que de clinicien.
Elle a exigé une connaissance approfondie de la société, rendue accessible par une imprégnation continue au cœur de la vie indigène. Y convergent le désir de savoir conjoint à cette jouissance que procurent la découverte et le déchiffrement d’un espace encore vierge, l’impulsion exotique, l’enthousiasme et l’exaltation d’une recherche à valeur d’épreuve vécue, ouverte sur l’inattendu, le souci de fixer par l’écriture les paroles et les croyances transmises par une tradition orale menacée de déclin par les formes de domination, d’oppression, de destruction que le modernisme occidental fait peser sur l’histoire culturelle d’un peuple, l’ambition enfin, par ce biais, d’approcher chez un peuple indien au rituel très discret, certains aspects de la vie religieuse et philosophique dont on juge ordinairement et à juste titre qu’elle est, dans les sociétés sans écriture, exprimée spontanément par la mythologie.
Peut-être, à ce moment-là, l’étrangère que j’étais pensait-elle que cerner des images prégnantes transmises par le bouche à oreille, permettrait d’évoquer des siècles d’existence et de pensée commune... Alors, des heures et des heures, elle a écouté le verbe de ceux qui « savent » encore, à la brune surtout, à ce moment propice, où les femmes et les hommes délient gravement leur mémoire en disant les paroles des Anciens, et fouillent avec patience et foi, cet héritage mémoriel, dont ils guettent inquiets les signes de déperdition.
Recueillir les mythes propres à une culture peut paraître d’emblée, une trajectoire lisse, facilement accessible pour peu que l’on s’applique à écouter l’histoire : loin s’en faut.
Non seulement le récit englobe, capte, enveloppe, mais progressivement les personnages attirent, aspirent, captivent, renvoient le mythologue à un autre personnage, à un autre récit, et nous voilà dans ce travail de repérage, d’articulation des thèmes, de systématisation, voire d’interprétation, enchaînés pour longtemps à la trame d’une vaste toile, dont on ne parvient jamais à explorer la chorégraphie complexe, que le cheminement des fils est susceptible de délivrer.
Emprunter cette voie, dans l’univers shipibo, c’était en matière de recherche fouler un espace illimité, mais l’objectif de cet ouvrage étant de faire connaître au grand public la richesse de la tradition orale des Indiens d’Amazonie, en présentant un corpus de « morceaux choisis », l’ensemble retenu est nécessairement de dimension modeste.
Il n’est donc pas question ici, d’introduire le lecteur dans le champ des analyses ethnolinguistiques, et a fortiori sémiologiques, voire structuralistes ou psychanalytiques, mais plutôt, de lui donner en partage, quelques fruits de la récolte, et lui livrer ce faisant, quelques repères susceptibles de contribuer au démenti des stéréotypes habituels.
Aujourd’hui encore, ne dit-on pas de l’Indien, non seulement, qu’il ignore l’existence du progrès technique, mais qu’il n’a ni langue, ni culture, pas davantage d’histoire, de religion, voire qu’il est incapable de penser ?
Les textes qui suivent, par leur richesse, leur originalité, leur diversité témoignent au contraire, d’une indiscutable valeur socioculturelle et esthétique.
Les livrer au public, participe sans doute d’une humble sauvegarde du patrimoine universel, mais avant tout d’une entreprise de désaliénation à laquelle chaque interlocuteur indien s’est appliqué, avec patience, confiance, ténacité, foi.
En nous introduisant dans leur mode de pensée, pour nous en faire saisir, non seulement les thèmes qui leur sont chers, mais leur cohérence et le questionnement qu’ils contiennent du point de vue ontologique, il s’agit pour les Shipibo de protester contre les mises en cause générées par notre système, mais aussi de résister et d’affirmer leur identité.
Ce geste trop limité qui consiste à rendre ici, l’écho de quelques repères-clefs dans l’itinéraire de leur pensée, ne saurait infléchir l’impression que cette protestation, face aux forces de destruction, demeure de bien piètre mesure ; toutefois j’ai voulu oeuvrer sincèrement avec ceux qui m’ont accueillie, soutenue, aidée au fil des multiples séjours dans leurs communautés. J’ai voulu mettre une longue étude et cet ouvrage à leur service, et m’associer avec eux dans cette intention combative.
Adopter ce point de vue, c’est donc me ranger parmi ceux, qui ne peuvent accepter, que l’Histoire, au nom du progrès, en sus des bouleversements matériels et sociaux, en train de se poursuivre, escamote le contexte intellectuel et affectif d’une civilisation traditionnelle, soucieuse de maintenir ses particularités, bien que voisine de Pucallpa, foyer contagieux de modernisme.
Ainsi donc, si la publication de ce corpus de textes, s’avère un des moyens de promouvoir la culture shipibo, il n’en reste pas moins, qu’elle vise autant que possible, à favoriser une conjonction plus harmonieuse des différentes cultures amazoniennes, et par là, à œuvrer aussi modestement soit-il, pour que se réalise une culture nationale vivante et dynamique.
Souscrivant à l’assertion suivante que P. Jaulin énonce, il importe de rappeler « qu’une civilisation universelle ne peut être qu’une civilisation de dialogue, faute de quoi, l’univers humain éclaterait, et le dialogue n’est possible, que si toute partie, toute civ

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