Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing (1886-1924)
240 pages
Français

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Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing (1886-1924) , livre ebook

240 pages
Français

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Description

Psychopathia sexualis, représente la quintessence de la psychiatrie occidentale sur le sujet des perversions sexuelles. Krafft-Ebing rassemble une masse critique de 447 observations cliniques, une sorte de catalogue des comportements sexuels hors la norme (c'est-à-dire une sexualité orientée vers la seule procréation). Il se dégage de cet ensemble hétéroclite un art de la clinique singulier, aux confins de la médecine, de la morale, de la justice et de la littérature.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 82
EAN13 9782296469990
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PSYCHOPATHIA SEXUALIS
DE KRAFFT-EBING

1886-1924

Une œuvre majeure
dans l’histoire de la sexualité
Médecine à travers les siècles
Collection dirigée par le Docteur Xavier Riaud

L’objectif de cette collection est de constituer « une histoire grand public » de la médecine ainsi que de ses acteurs plus ou moins connus, de l’Antiquité à nos jours.
Si elle se veut un hommage à ceux qui ont contribué au progrès de l’humanité, elle ne néglige pas pour autant les zones d’ombre ou les dérives de la science médicale.
C’est en ce sens que – conformément à ce que devrait être l’enseignement de l’histoire –, elle ambitionne une « vision globale » et non partielle ou partiale comme cela est trop souvent le cas.

Déjà parus
André FABRE, Haschisch, chanvre et cannabis : l’éternel retour , 2011.
Xavier RIAUD, Dentistes héroïques de la Seconde Guerre mondiale , 2011.
Marie FRANCHISET, Le chirurgien-dentiste dans le cinéma et la littérature du XX e siècle , 2011.
André FABRE, De grands médecins méconnus …, 2010.
Xavier RIAUD, Odontologie médico-légale : entre histoire et archéologie , 2010.
Dominique LE NEN, Léonard de Vinci, un anatomiste visionnaire , 2010.
Xavier RIAUD, Histoires de la médecine dentaire , 2010.
Xavier RIAUD, Pionniers de la chirurgie maxillo-faciale (1914-1918), 2010.
Clément DAVID, Hygiène bucco-dentaire du XVII ème au XIX ème siècle en France , 2010.
Henri LAMENDIN, Investigations et expérimentations en odontologie : 40 années de recherches , 2009.
Rozenn HENAFF-MADEC, Enquête médico-légale sur le naufrage du H.L. Hunley (1864), 2009.
Henri MORGENSTERN, Les dentistes français au XIX e siècle , 2009.
Patrick Pognant


PSYCHOPATHIA SEXUALIS
DE KRAFFT-EBING

1886-1924

Une œuvre majeure
dans l’histoire de la sexualité
Du même auteur

La répression sexuelle par les psychiatres.
1850-1930. Corps coupables,
L’Harmattan, coll. « Médecine à travers les siècles », 2011

Procès de Philippe Naigeon – La paranoïa menottée,
L’Harmattan, 2002


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55506-8
EAN : 9782296555068

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À la mémoire de Jean-Claude Beaurepaire
qui m’avait offert l’ouvrage de Krafft-Ebing
à l’époque de l’H.P. de Quatre-Mares où je travaillais,
et où Antonin Artaud…
mais c’est une autre histoire.
Avant-propos
[…] La littérature scientifique ne décrit pas le réel,
elle découvre seulement ce qui est éclairé
par nos préoccupations
et nos capacités techniques actuelles.
Boris Cyrulnik, Sous le signe du lien,
Hachette Littératures, coll. « Pluriel », 1989, p. 288

Le texte proposé ici est consacré à l’étude de Psychopa-thia sexualis , la somme célébrissime de Richard von Krafft-Ebing que Gilles Deleuze présente comme « le grand recueil des cas de perversion les plus abominables » ; il ajoute que « les attentats et crimes, les bestialités, les éventrements, les nécrophilies y sont relatés, mais toujours avec le sang-froid nécessaire, sans aucune passion ni jugement de valeur {1} », ce que nous contesterons sur ce dernier point car si la « passion » n’apparaît pas, il y a bien « jugement de valeur ». L’œuvre du psychiatre allemand, à laquelle il faut associer son disciple Albert Moll, nous verrons pourquoi, est un condensé de certaines croyances pseudo-médicales, fallacieuses et scandaleuses, concernant les pratiques sexuelles, et qui ont couru jusqu’aux environs de 1930 (certaines courent encore de nos jours…), date au moment où a commencé la très lente démédicalisation de certaines « psychopathies sexuelles », ainsi que les ont nommées les psychiatres. Le succès international de l’ouvrage ne s’est jamais démenti. Il continue d’ailleurs de susciter l’intérêt, à en juger par la parution en 2010 chez l’éditeur historique de l’édition française de Krafft-Ebing (Payot, 1932) d’un ouvrage présenté de la sorte : « Richard von Krafft-Ebing, Les Formes de masochisme {2} » ; il ne s’agit pas d’un ouvrage spécifique de Krafft-Ebing comme le titre pourrait le faire accroire, mais d’une sélection de textes portant sur le masochisme tirés de deux éditions différentes de Psychopathia sexualis (l’une ayant été écrite par le seul Krafft-Ebing, l’autre par Krafft-Ebing et Moll)…
Outre l’intérêt intrinsèque de l’ouvrage, Psychopathia sexualis nous intéresse par le fait que la somme de Krafft-Ebing rassemble une masse critique d’observations cliniques (au nombre de 447), laquelle autorise de tenter une approche philologique de cette littérature psychiatrique, si particulière et si littéraire. Cette analyse littéraire inédite d’un corpus inscrit dans la littérature scientifique devrait permettre de mieux appréhender le processus de pathologisation des perversions sexuelles (on pourrait écrire le « processus d’invention »), au premier rang desquelles la masturbation et l’homosexualité (auxquelles nous consacrerons à chacune un chapitre), par les derniers grands aliénistes de la fin du XIX e siècle et du début du siècle suivant. Nous démontrerons que la part de l’art littéraire est plus importante que celle de l’art médical, ce qui, d’un point de vue épistémologique, pose question. On pourra également se demander si l’ouvrage de Krafft-Ebing, une pièce maîtresse du dispositif psychiatrique de l’époque concernant les comportements sexuels, n’a pas, au final, plus servi à réprimer qu’à guérir, même si l’intention des auteurs s’inscrivait plus dans une tendance à l’exonération des coupables (bénéficiant de non-lieux car diagnostiqués irresponsables) que dans une tendance à leur condamnation. Les corps étaient ou coupables, ou malades, voire coupables et malades, jamais innocents…

*
* *

De Psychopathia sexualis {3} , nous pourrions reprendre à notre compte mot pour mot « l’avertissement {4} » du traducteur (en changeant le mot « traduction » par « recension ») et écrire que « il peut paraître téméraire, lorsqu’on n’a pas l’honneur d’être médecin, d’entreprendre la [recension] d’une œuvre aussi parfaitement médicale que celle du grand clinicien Krafft-Ebing, pieusement reprise par son ami et émule Albert Moll ».
Certes, mais cette témérité doit être relativisée car tout texte peut être analysé avec un regard extérieur au domaine d’expertise concerné, un regard dénué de toute piété et de toute complaisance, fussent-elles amicales, et cette lecture exogène pourra en faire saillir des éléments autres que ceux généralement mis en avant par les spécialistes dudit domaine. La littérature médicale, notamment, n’échappe pas à ce constat ; en effet, « la question de la santé appartient à tous, chacun peut apporter sa contribution à ce débat qui est nécessaire et ne doit pas être réservé au monde médical {5} » : cela est d’autant plus vrai avec Psychopathia sexualis pour plusieurs raisons. D’une part, c’est un ouvrage pour le moins composite (de par ses deux auteurs principaux et de par ses nombreux autres contributeurs, aussi de par une discursivité qui conjugue singulièrement au champ médical les champs littéraire, éthique et juridique) et, d’autre part, il a eu des catégories de lecteurs d’ordinaire peu compatibles, parmi lesquelles les médecins et les juges (auxquels il était explicitement destiné : voir l’intitulé complet de l’ouvrage en note de bas de page), les gens de lettres et des arts (dont, pour l’anecdote, Salvador Dali, dans les années 30), les malades, le grand public…
Dans sa dernière version (les 16 e et 17 e éditions conduites par Albert Moll, en 1923 et publiées en 1924, versions sur lesquelles nous travaillons), composée précisément de 447 « observations ( sic ) {6} », l’ouvrage, réédité en livre de poche {7} , à l’appui d’un

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