Vivre sans le capitalisme ?
440 pages
Français

Vivre sans le capitalisme ? , livre ebook

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440 pages
Français

Description

Dans cet ouvrage, l'auteur s'efforce de montrer qu'il y a, dans nos sociétés modernes démocratiques, une légitimation et une légitimité sociales et politiques approximatives. Il explique notamment que ces sociétés sont aujourd'hui trouées de degrés d'excès illégitimes, mais qu'elles sont surtout dominées en excès illégitime global par le capitalisme. Les luttes se font, dans les meilleurs des cas, contre les excès illégitimes sociaux et politiques et contre ceux spécifiques au capitalisme.

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Date de parution 01 avril 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140005268
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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LouisMoreau de Bellaing
VIVRE SANS LE CAPITALISME ?
Inconscient et politique
Psychanalyse et civilisations
Vivre sans le capitalisme ?
Psychanalyse et Civilisations Collection dirigée par Jean Nadal L’histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d’inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation. Dans cette perspective, la collectionPsychanalyse et Civilisationstend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l’enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes. Dernières parutions Albert LE DORZE,La chair et le signifiant, 2016 Charles MARSEL,Psychanalyse de l’inconscient et hypermodernité, Essai d’interprétation du paradigme « Je suis Charlie », 2015 Richard ABIBON,Abords du Réel, Une exploration de l’ombilic des rêves, 2015 Jean-Michel PORRET,La cure psychanalytique de l’enfant, 2015. Marie-Laure DIMON (dir.),?, Psychanalyse etSortir de la masse anthropologie critique, 2014. Pascal HACHET,Rahan chez le psychanalyste,2014. Alain DELBE,La voix contre le langage, 2014. Albert LE DORZE,Cultures, métissages et paranoïa, 2014. Louis MOREAU DE BELLAING,La genèse de la politique. Légitimation VI, 2013. Taïeb FERRADJI et Guy LESOEURS,Le frère venu d’ailleurs, culture et contre-transfert,2013. Martín RECA,Heinrich/Enrique Racker, 2013. Michel SCHROOTEN,Pour une psychanalyse de l’enfant adopté, 2013. Claude BRODEUR,Regard d’un psychanalyste sur la société, 2013. Gabriela TARANTO-TOURNON,La Psychanalyse comme parcours poétique. Une odyssée de soi, 2013. Marianne BOUHASSIRA-CHIRON,Frères et sœurs intimes ennemis. A propos du complexe fraternel, 2012.
Louis MOREAU DEBELLAINGVivre sans le capitalisme ?
Inconscient et politique
Du même auteur : La Genèse de la politique, Légitimation VI2013., L’Harmattan, L’Accès au social, Légitimation V, L’Harmattan, 2012. Le Pouvoir, Légitimation IV, L’Harmattan, 2009. Don et échange, Légitimation III, L’Harmattan, 2005. La Fonction du libre arbitre, Légitimation II, L’Harmattan, 2000. La Légitimation, Approche psychanalytique, sociologique et anthropologique, l’Harmattan, 1997. La Légitimation du pouvoir, L’Un sans l’autre, l’Harmattan, 2005. L’Etat et son autorité, l’idéologie paternaliste, L’Harmattan, 2005. Quelle autorité aujourd’hui ? Légitimité et démocratie, Editions ESF, 2002. (en collaboration avec J. Guillou),Les Sans Domicile Fixe, un phénomène d’errance, L’Harmattan, 1995. La Misère blanche, le mode de vie des exclus, L’Harmattan, 1988.© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-08414-5 EAN : 9782343084145
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................... 7PREMIÈRE PARTIE Légitimation et légitimitéCHAPITRE I - Le processus de légitimation ......................................... 31CHAPITRE II - la délégitimation, l’illégitimation et l’illégitimité......... 43DEUXIÈME PARTIE La légitimation et la légitimité modernesCHAPITRE III - Historicité et légitimation de la subjectivation et de la subjectivité modernes ................................................................. 55CHAPITRE IV - L’autorité et la reconnaissance dans la modernité...... 76TROISIÈME PARTIE Degrés d’excès légitimant dans la société moderneCHAPITRE V - Les degrés d’excès ........................................................ 85CHAPITRE VI - Degrés d’excès sociaux et politiques .......................... 87CHAPITRE VII - Degrés d’excès économiques légitimant et légitimes .............................................................................................105
CHAPITRE VIII Degrés d’excès politiques (au sens du politique) légitimant et légitimes........................................ 116QUATRIÈME PARTIE Degrés d’excès délégitimant, illegitimants et illégitimes dans la société moderneCHAPITRE IX - Degrés d’excès et libre arbitre ...................................127CHAPITRE X - L’excès illégitime de domination des hommes sur les femmes ........................................................................................129CHAPITRE XI - L’idéologie .................................................................133CHAPITRE XII - Les idéologies ...........................................................138
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CINQUIÈME PARTIE Le capitalisme et ses idéologiesCHAPITRE XIII - Définition et brève histoire du capitalisme............. 171CHAPITRE XIV - L’implicite et l’explicite du capitalisme ..................189CHAPITRE XV - Les idéologies spécifiques au capitalisme ................193SIXIÈME PARTIE
Les délégitimations, les illegitimations, les illégitimités globales du capitalisme et leurs excèsCHAPITRE XVI - Délégitimations, illégitimations, illégitimités politiques (au sens du politique) du capitalisme .................................. 209CHAPITRE XVII - Délégitimation, illégitimation et illégitimité économiques du capitalisme ..................................................................241CHAPITRE XVIII - Politique (au sens du politique) et capitalisme... 299SEPTIÈME PARTIE Refus, résistances, luttes et guerre contre le capitalismeCHAPITRE IXX - Refus, résistances, luttes contre les excès illégitimes de la société moderne ........................................... 345CHAPITRE XX - La guerre contre le capitalisme................................ 370CONCLUSION..................................................................................... 405ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE .................................................. 423TABLE DES MATIÈRES..................................................................... 429
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INTRODUCTION
Peut-on vivre sans le capitalisme ? Ou, à l’inverse, est-il légitimé, légitimable, légitime, et peut-on vivre avec lui ? Pour beaucoup d’entre nous, la réponse à la première question est oui. Celle à la seconde question est non. Si l’on ne peut pas vivre avec le capitalisme et si l’on peut vivre sans lui, le problème est de savoir pourquoi et comment. 1 Dans son premier roman,La mort heureuseCamus raconte l’histoire d’un, Albert jeune homme pauvre qui veut s’enrichir pour être heureux à sa manière, c’est-à-dire profiter, avec quelques autres personnes, dans l’amitié ou l’amour, de la beauté de la nature, de celle des femmes et de la simplicité possible, selon lui, d’une vie individuelle. Il tue l’un de ses amis riches, s’empare de son argent et le dépense pour se construire une vie heureuse. Celle-ci aboutit, par la maladie, à la mort, elle-même heureuse, du jeune homme. « Avoir de l’argent, lui avait déclaré son ami riche, c’est avoir du temps. Le temps enrichit. Être ou devenir riche, c’est avoir du temps pour être heureux quand on en est digne ». Le roman est évidemment paradoxal, puisque c’est par un crime que le jeune homme parvient à devenir riche et à s’assurer une vie et une mort heureuses. Autrement dit, par une illégalisation et une illégalité, une illégitimation et une illégitimité radicales à la fois sociales et politiques (au sens du politique, nous reviendrons sur ce terme et sur ceux qui le précèdent). Ce thème de la richesse a été traité tout autrement par Alain Caillé, dans un livre 2 récentL’idée même de richessetitre est révélateur de l’intention profonde de. Le l’auteur. Il ne s’agit pas de la richesse en soi, de la quantité d’argent et de biens que possède un individu ou un groupe concrètement, mais de l’idée même qu’il se fait de la richesse, de son idée à lui (groupe ou individu) et, plus largement, de l’idée que s’en font la plupart d’entre nous, ici et maintenant. Cette idée est réduite. Est riche celui ou celle ou ceux et celles qui ont plus que suffisamment d’argent et de biens donnant revenus pour satisfaire largement à leur vie courante et à celle de leur famille. Mais la richesse peut devenir un instrument permettant de satisfaire apparemment aux envies, aux désirs les plus fous, autrement dit au désir d’illimitation (différent, à notre avis, de celui d’infini), au sans limite que, comme
1  La Mort heureuse, Éditions Gallimard, 1972, réédition en poche dans la collection Folio, 2010 2  L'idée même de richesse, Éditions La Découverte, 2012
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tout individu(e) ou groupe, il possède en lui et en elle. Avoir plus, gagner plus, acquérir plus : les choses, les êtres humains. Depuis plus de trente ans, Alain Caillé répète qu’il est impossible de fonder une ou des existences individuelles ou collectives sur l’acquisition ou par la prise incessante, non limitée, d’objets produits matériellement (dans des usines par exemple). Cette illimitation est impossible concrètement, parce que nous sommes sur une planète où nécessairement l’exploitation du sol, des matières premières, etc. est limitée par sa dimension même et à ce qu’elle peut contenir (pétrole, minéraux, etc.). Mais elle est également impossible, parce que nous voulons vivre en commun, territorialement, dans nos groupes, classes, catégories sociales d’appartenance et, plus largement, grâce à la facilitation moderne des communications (transports, Internet, etc.), avec des êtres humains dans d’autres sociétés et cultures que les nôtres. Or nous ne pouvons - comme ce fut souvent le cas dans de nombreux types de sociétés : despotiques, monarchiques absolus, tyranniques, impériaux, etc. -nous exposer à une rivalité entre nous, grands groupes, petits groupes, individus, telle qu’elle puisse aboutir à notre disparition plus ou moins rapide sociale et physique. S’opposer certes, dit Caillé après Mauss, mais sans se massacrer. (cf. L’idée même de richesse, La découverte, 2011) Pour parvenir à donner signification et sens à ce que nous sommes, à nos pouvoirs, à nos volontés, à nos désirs, autrement dit pour assurer ce commun sans se détruire par excès d’amour (fusion unique, totale, incestueuse) ou par excès de haine (parcellarisation à outrance aboutissant à l’auto-destruction et à l’inter-destruction), qu’avons-nous fait et aujourd’hui que faisons-nous ? D’abord, rappelons, à l’encontre des pessimistes, quelques points positifs. Nous avons gardé des sacrés et des religions qui, certes, peuvent conduire au fanatisme, mais qui contiennent en eux et en elles cette limite que nous recherchons toujours pour ne pas nous entre-tuer ou nous détruire nous-mêmes (individuellement ou en petits groupes). Mais, dès la Renaissance, sinon avant, se produit un phénomène nouveau qui peu à peu s’est généralisé. Les sacrés et les religions pesaient sur nous d’un poids peut-être trop lourd pour continuer à être supportables. Or ils étaient l’un des pivots du dispositif que, dès les débuts de l’humanité, nous avions inventé. Mais, extérieurs à nous, ce n’était pas vraiment nous qui parvenions plus ou moins à en faire la justification, le « milieu juste », la légitimation et la légitimité de nos vies. Mythes, ancêtres, dieux ou Dieu nous échappaient quelque peu. Des auteurs de l’Antiquité avaient déjà mis en cause ce surplomb que nous avions créé, non en tant que ses contenus divers fussent discutables et discutés, mais surtout comme surplomb : Lucrèce par exemple dans leDe natura rerumet quelques auteurs grecs et 3 latins.
3  Michel Onfray a su leur donner, dans sa contre-philosophie, d’intéressants commentaires.
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Or, avant même et surtout dès la Renaissance, certains d’entre nous ont attaqué ce poids extérieur des sacrés et des religions sur nos têtes. Au nom de quoi ? Mais tout simplement au nom d’eux-mêmes et de leur corps. Comment ? C’est ce que nous tenterons notamment d’analyser dans cet ouvrage. Mais, c’est, selon nous, en e ce temps du XIII siècle, puis de la Renaissance que commence ce que Caillé et quelques autres aujourd’hui dont nous sommes cherchent à comprendre, à expliquer, à relancer, Caillé tout particulièrement dans toute son œuvre.
Que nous dit-il, dans ce petit livre sur la richesse qui reprend ses thèmes familiers ? Grosso modo, il nous dit qu’un « état statique-dynamique » devient apparent peu à peu avec la modernité. Selon nous, il s’agit d’un certain privilège donné à l’objet et à l’objet humain (corps) sur le pulsionnel, quelles que soient ses formes. Le privilège donné à l’objet se manifeste par des utopies humaines, humanisées, sacralisées à l’intérieur de nous-mêmes et de soi-même, par des pensées et des actes articulés à ces utopies qui se continuent aujourd’hui, par exemple avec le MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales).
Au fur et à mesure que le paradis et l’enfer s’éloignent, des êtres humains se reconnaissent entre eux pour ce qu’ils sont. C’est ce qu’ils faisaient un peu depuis toujours, mais en demandant la permission aux mythes, aux ancêtres, aux dieux, à Dieu ou à des abstractions naturalistes plus ou moins extérieures à l’humain.
Mais se « développent » un nouveau paradis et un nouvel enfer faits si l’on peut dire à main d’hommes, le nouvel enfer autonomisant le domaine des objets, le séparant des autres domaines humains, non seulement du subjectif et de la légitimation, mais, plus encore, du don qui, jusque-là, avait toujours joué son rôle dans l’histoire et la vie des sociétés. Le nouveau paradis est celui réservé à ceux et celles (groupes et individu(e)s) qui possèdent, acquièrent, prennent ad libitum les objets.
e À partir du XIX siècle, les choses, c’est le cas de le dire, se mettent en place. L’utilitarisme restreint, probablement constitutif de l’humain, demeure, mais il se redouble d’un utilitarisme généralisé par des auteurs souvent de bonne foi comme A. Smith, Bentham, Stuart Mill ou les deux Walras, mais que certains hommes (pas des femmes et pas tous) transforment en idéologie.
Disons dès maintenant que, pour nous, le convivialisme n’est pas et ne sera jamais une idéologie. Il est peut-être une doctrine, plus certainement un courant de pensée, de pratiques et de mémoire (dirait Halbwachs) devenu nécessaire et dont nous espérons qu’il se répandra au maximum un peu partout.
Depuis 1981, répétitivement, Caillé rappelle qu’il n’est pas possible de borner le désir d’illimitation des utilitaristes, notamment ceux devenus tout-puissants économiquement (argent, biens, prestige, pouvoir de contrainte en excès illégitime, paradis sur terre réservé à quelques-uns), si n’était pas créé un revenu maximum et un revenu minimum. Le RMI (Revenu Minimum d’Insertion) et le RSA (Revenu de Solidarité Active) ont été créés en France, l’un par Michel Rocard, l’autre par Martin Hirsch. On attend le revenu maximum et ses sigles. La défaillance des
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