Baby, pardonne
202 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Baby, pardonne , livre ebook

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202 pages
Français

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Description

Qui n'a pas envie de parcourir tant les provinces canadiennes que les Etats américains pour y rencontrer des personnages hauts en couleur qui, à coup sûr, vous confieront leurs espoirs, leurs problèmes, leurs émotions - peut-être leurs passions ? Tout au long de ces vingt-deux contes et nouvelles, teintés d'humour, de fantaisie, de fantastique parfois, et de poésie, l'auteur nous entraîne dans une folle et talentueuse sarabande à travers toute l'Amérique du Nord.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 92
EAN13 9782296717381
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BABY, PARDONNE
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13981-7
EAN : 9782296139817

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Francis CRESPIN


BABY, PARDONNE
Plongée au cœur d’une Amérique insolite


Contes et nouvelles


L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR


Poésie

Le loup, l’agneau, le renard, le lièvre…et les autres,
Fables d’aujourd’hui
Thélès, 2003


Entre l’âne et l’orignal, le lion,
Fables des 3 continents
Nouvelle Pléïade, 2006


Plaisir de fables
Fables du monde
PAVP, 2007
Il faut voyager pour frotter et limer sa
cervelle contre celle d’autrui
Montaigne

Qui a l’habitude de voyager sait
qu’il arrive toujours un moment où il faut
partir,
Paolo Coelho


Le plus grand voyageur est celui qui a
su faire une fois le tour de lui-même.
Confucius
Préface
Des cheminées de fée de Brice Canyon aux falaises ocre du Grand Canyon, des lacs d’émeraude émaillant les Rocheuses canadiennes aux déserts de l’Utah et de l’Arizona, des icebergs du pays inuit aux marigots des Everglades, le continent de l’Amérique du Nord offre une multitude de merveilles naturelles à nulle autre pareille.
Et que dire des villes ? De New-York, la mégalopole aux gratte-ciel, à la baie de San Francisco, de Chicago, l’industrieuse, aux casinos de Las Vegas, la ville caméléon, de Washington, la capitale rationnelle dessinée par l’architecte français Pierre Charles L’Enfant, aux bayous de La Nouvelle Orléans, le continent nord-américain s’évertue à nous en mettre plein la vue.
Enfant, je rêvais de découvrir cette Amérique aux mille visages. Adulte, j’y transportai mes pénates. Fort de mes privilèges d’immigrant, je la parcourus de bout en bout. A ma manière, ce fut ma conquête de l’Ouest. Plus encore : mes conquêtes de l’Est, du Nord et du Sud – la voiture ayant, fort à propos, remplacé le chariot à bœufs.
Pourtant, contrairement à ce l’on pourrait croire, ce livre ne prétend en aucune façon, s’attribuer les mérites d’un inventaire exhaustif des curiosités touristiques. Le plus simplement du monde (américain, bien sûr), il se présente, au hasard des surprises du voyage ainsi qu’au détour des tournants de mon imaginaire et de mes expériences, comme une plongée dans l’Amérique profonde, terra incognita, immense, déconcertante, qui ne se livre qu’à travers les yeux du cœur et de l’esprit.


F.C.
Arrivée d’un naïf en Amérique
Lorsqu’il mit le pied sur la passerelle du Franconia, transatlantique de la Cunard, François découvrit à ses pieds un billet vert. D’un geste vif, ii le ramassa et le glissa dans sa poche. Heureux présage ! , pensa-t-il. Sa soif et sa curiosité étaient sans limites. Soif de réussir dans la vie, curiosité de découvrir un monde dont il rêvait depuis le temps de ses culottes courtes. Les cow-boys, les Indiens, le Far West, les gratte-ciel, les Rocheuses, les grands espaces… tant de curiosités fascinaient son imagination.
Après cinq jours de traversée sans histoire, son regard accrocha un mince ruban grisâtre sur la ligne d’horizon. Les terres de la Nouvelle France !, songea-t-il encore, avec dans la poitrine la titillation d’impatience des grands explorateurs.
Puis le ruban se dédoubla : de chaque côté du navire, une bande de terre accompagna désormais le navire.
A mesure que les heures passaient, les berges se rapprochaient. L’estuaire du Saint-Laurent !, déduisit avec sagacité François. A la fin, les bords du fleuve se rapprochèrent dangereusement et le Franconia n’eut d’autre choix que de s’avouer vaincu. Plutôt que de rester prisonnier des terres, il prit le parti d’accoster à Québec, le premier port venu. Un port défendu par un superbe château aux toits verts.
Penché sur la rambarde, ses oreilles n’en revenaient pas : plus bas, sur le quai, les dockers s’interpellaient… en langue bien française ! Incroyable, après les centaines d’années d’oubli, d’ingratitude de la mère patrie, comment était-ce encore possible ? Les miracles n’existent que pour faire un pied de nez à notre incrédulité !, conclut-il sentencieusement.
Les services de l’immigration requéraient sa présence. Il descendit la coupée et pénétra dans un hangar bardé de fonctionnaires en uniformes rutilants et en sourires réglementaires. Il exhiba son passeport neuf ce qui lui valut d’être promu, sur-le-champ, au rang « d’immigrant reçu ».
Nanti du précieux document, il remonta dare-dare sur le pont du navire pour assister au départ. Malgré tous les dangers, le Franconia tenait à poursuivre son héroïque odyssée mais il lui fallait encore se mesurer avec le puissant Saint-Laurent vers l’intérieur des terres.
Pendant des heures et des heures, les berges inconnues défilèrent sous les yeux du voyageur. Au petit matin, après une nuit fiévreuse, il se précipita sur le pont. Une ville se dressait, là, devant lui, héroïque, sombre, sous une chape de nuages noirs. Enfin, je suis arrivé !, gloussa-t-il soulagé.
A peine eut-il prononcé ces mots qu’une gigantesque structure de métal vert, posée en travers du fleuve, menaçait de démâter le navire ! Passera, passera pas ? Il passa – de justesse, il est vrai. Les mâts frôlèrent le tablier du pont Jacques Cartier. Sans dommage apparemment. Fier de son exploit, le bâtiment décida que, pour la journée, il avait assez trimé. Aussi, docile, se rangea-t-il le long du troisième quai qui se présenta sur tribord. Montréal, Montréal, avant moi, combien de matelots, combien de capitaines ont mis le pied sur ton sol ?
Sa valise à bout de bras, son cœur à bout de souffle, François débarqua sur le continent du dieu vert.
Dans la rue, le premier homme qu’il croisa s’exclama en levant la main : « Aïe ! ». Bien sûr, il fut un peu surpris de ce comportement insolite. Comme il était d’un naturel plutôt réservé, il n’osa exprimer en public son propre sentiment. D’ailleurs, il ne souffrait d’aucun mal dans sa personne. Au contraire, sa joie de nouvel immigrant était manifeste. Alors, par bonté, il se contenta de lever la main pour exprimer sa compassion au malheureux passant : « Aïe ! ».
Cependant, lorsque le second indigène, puis le troisième, eurent expectoré, à son passage, semblable souffrance, François sentit comme une aile inquiète battre dans les nuées profondes de son esprit. Pauvres gens ! Un mal secret les rongerait-elle ? Une infection américaine… sans doute… Leur physionomie pourtant ne laisse deviner pareil ravage. Ils paraissent même plutôt en forme…
Dans les jours qui suivirent, faisant fi de l’épidémie, il prit le risque d’arpenter les rues.
Il allait de surprise en surprise.
Les rues, les avenues, les places, étaient d’une largeur étonnante. Le fleuve Saint-Laurent ne leur cédait en rien. Quant aux voitures, elles promenaient leur corpulence avec une légèreté déconcertante. Ah les belles Américaines !
De cow-boys, point. D’Indiens, pas davantage. Fenimore Cooper aurait-il fabulé ? En fait, les derniers Mohicans s’appelaient maintenant Mohawks. Depuis longtemps, ils avaient renoncé à courir les bois. Ils étaient devenus des fiers-à-bras, des hors-la-loi, des hommes d’affaire. Normal, la contrebande des M16 rapportait gros. Tellement plus que les peaux de castor ! Le bas du visage dissimulé derrière leur foulard, intrépides, sur les barricades ils brandissaient leurs armes de guerre. Dépêchés sur place par le gouvernement, de valeureux troufions au teint vermeil recevaient les rafales d’injures sans broncher d’un poil… Braves petits gars, tôt ou tard, vous vous ferez flinguer. Pour de vrai cette fois.
Il s’enfuit épouvanté.
Plus tard, les gros titres lui apprirent le fin mot de l’histoire. Les Mohawks avaient fini par se dégonfler. Tout rentrait dans l’ordre : les Indiens à leur contrebande et les soldats dans leurs casernes. Rasséréné, François se dirigea vers les espaces verts. A la recherche du bon vieux Far West. Las ! les troupeaux de bisons avaient disparu et les Buffalo Bill s’étaient recyclés dans le maniement d

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