Cendres d Afrique
200 pages
Français

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Cendres d'Afrique , livre ebook

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200 pages
Français

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Description

Otto a 35 ans. Depuis plus de dix ans il arpente le monde entier pour découvrir et étudier les volcans. Il arrive en juillet 1901 au Kenya pour y explorer la Rift Valley, fracture géologique célèbre pour ses volcans endormis. Une rencontre va changer sa vie : il fait la connaissance de Johan dans le train Mombassa-Nairobi qui vient tout juste d'être mis en service. Johan est la fille des deux célèbres explorateurs anglais Samuel et Florenz Baker. Ils ont en commun l'amour du voyage et une volonté farouche d'atteindre leur objectif...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 117
EAN13 9782336261355
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cendres d'Afrique

Arnaud Diguet
© L’Harmattan, 009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr hannattan1@wanadoo.fr
9782296111547
EAN : 9782296111547
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Jeudi 29 juillet 1901 - Jour 1 31 octobre 1901 - Jour 92 Cherbourg, 21 Janvier 1902 Vendredi 30 mars 1902, Calais. Lundi 10 mai 1902 Mercredi 14 août 1903 Lundi 21 Janvier 1904
C’était en 1900.
L’époque des grandes explorations géographiques était terminée.
Les sources du Nil avaient été découvertes en 1864.
L’heure était aux recherches scientifiques.
Quatre ans plus tôt, Becquerel découvrait la radioactivité.
Cinq ans plus tard, Einstein en ferait de même avec la relativité.
Depuis vingt cinq siècles les hommes s’étaient occupés à découvrir le monde.
Ils allaient désormais se consacrer à en maîtriser les énergies.
Jeudi 29 juillet 1901 - Jour 1
Comme tous les voyages, la traversée des océans fut longue et morne. Les étincelles d’écume succédèrent aux nuages sans fin, les horizons interminables aux poissons indolents. Seul fait marquant de ce périple de sept mille kilomètres : la traversée du Canal de Suez et de la Mer Rouge, frontière entre Occident et Orient, passage mythique pour les religions ancestrales, cicatrice béante dans la douloureuse Afrique.
L’arrivée.
Bercé par les alizés, le bateau tangua nonchalamment avant de poser son ancre lourde dans le port de Mombasa. Cette ville était étonnante. Au fourmillement habituel d’un grand port marchand, elle mélangeait l’apaisement d’un comptoir musulman. Chaque matin, les muezzins de la mosquée lançaient, inlassablement, un appel au calme à la multitude agitée qui s’affairait en tous sens. Il y avait là des pêcheurs, déversant à même le sol de petites ou de grosses prises dont les écailles brillantes m’étaient totalement inconnues. Plus loin, des barriques d’épices dont les lattes cintrées ne parvenaient pas à contenir les senteurs d’Orient s’alignaient sur un quai poisseux. Tout au bout, de gigantesques amas de balles de coton attendaient le départ vers une destinée improbable. Et puis encore quantité de vendeurs et de manutentionnaires courant, criant, débarquant tous les produits que les mers et les continents avaient pu enfanter. A l’autre bout du port une grande zone au calme, l’entrepôt de stockage de la compagnie des chemins de fer, était protégée par des gardes endormis sur leur fusil. Tout y était parfaitement organisé : rails, ballasts, traverses, clous et même les grosses citernes en bois qui viendraient rafraîchir les trains fatigués. La ligne Mombasa–Kampala n’était pas achevée. Elle me conduirait donc uniquement jusqu’à la bourgade de Nairobi. Je devrais y organiser mon expédition jusqu’au cœur de l’Afrique.
Jour 4
Après quelques jours à déambuler dans les ruelles étroites d’une ville labyrinthe, l’heure du départ était arrivée. Finie la moiteur nocturne des chambres glauques. A 8h, le train était là, ponctuel. Quelques fumées s’échappaient de la cheminée de la loco. Compartiment 8, siège 23. La place était libre et propre. La banquette en bois verni alliait rigidité anglaise et charme des boiseries exotiques. A moins d’une demi-heure du départ, le compartiment où je m’étais installé était pratiquement vide. Un kenyan, chemise blanche, casquette grise abaissée sur le visage, s’appuyait mollement sur la cloison. Il finissait sa nuit. Un long voyage m’attendait.
Vingt deux heures d’ennui pour arriver au petit matin à Nairobi. Je décidai d’aller lire au restaurant du train les récits de voyages de Speke, Burton et Livingstone. L’impression en arrivant à la voiture bar était chaotique. Dès que le train s’ébranla, les serveurs costumés valdinguèrent, rattrapant comme ils le pouvaient tasses et plateaux en argent. Les objets brillants volaient, comme aspirés par le mouvement des ventilateurs. Passé le tumulte du départ, le calme revint. Le roulis du train me berçait. Immergé dans les récits de Livingstone, je ne savais plus si le Nil naissait dans le Tanganyika ou au fond de ma tasse de thé. Je regagnai donc mon compartiment espérant rattraper les heures de sommeil que m’avaient volées les mauvaises nuits mombasiennes. J’ouvris machinalement la porte, remarquant à peine que l’homme à la casquette n’était plus là. Face à la banquette désormais vide, une femme était là, comme une rose au milieu d’un jardin. Sa tête était appuyée contre la vitre. Le paysage défilait dans ses yeux. Le verre reflétait la pâleur de son visage accompli. Ses vêtements étaient simples : chemisier blanc, pantalon couleur sable, chaussures à lanières. Son cou à peine visible laissait dévaler en cascade ses cheveux ondulants.
Mon bonjour fut poli. Il masquait mon émotion. Je sentais le sang battre dans mes tempes. Les lattes de la banquette en bois étaient comme incrustées dans ma colonne vertébrale. La femme se tourna vers moi et dévoila des yeux aussi doux que la peau de ses joues.
- Bonjour, répondit-elle dans un anglais léger et sans accent.
Ce furent les seuls mots que nous échangeâmes jusqu’au matin.
Jour 5
Nuit calme, pas de rêve.
Pas d’incident majeur, à part un brusque arrêt en pleine savane pour laisser passer un pachyderme nonchalant préférant la chaleur des rails à l’humidité d’une mare voisine. Aussi vite que le soleil couchant avait disparu sous l’horizon, les premières lueurs de l’aube apparurent.
Comme au théâtre.
Le spectacle commence .
La masse énorme et débonnaire du Kilimandjaro se débarrassa de ses habits nocturnes. Le soleil mit un temps infini à glisser sur ses glaces et à rejoindre les plaines endormies. La montagne imposait sa sagesse millénaire. Des troupeaux d’éléphants se regroupaient à son pied, comme pour assister à une cérémonie rituelle. Ici on célébrait, chaque matin, la Naissance du Monde. Peut-être était-ce l’émotion ? Peut-être était-ce le besoin de chaleur dans ce matin frissonnant ou l’envie d’être rassurée ? Peu importe, la femme se décida enfin à me parler : - Où vous rendez-vous ? dit-elle d’une voix douce. - A vrai dire je ne le sais pas encore très bien. En fait, je crois que je ne le saurai qu’une fois arrivé au bout de mon voyage. Je recherche l’extrême sud de la Rift Valley, cette cassure géologique au cœur de l’Afrique orientale dont on sait qu’elle naît dans la Mer Rouge, mais dont on ne sait pas où elle finit. Une légende locale raconte qu’il existerait à plusieurs centaines de miles au sud-ouest du Kilimandjaro un volcan isolé dont le cratère serait occupé par un lac de lave. Cet hypothétique volcan m’intrigue. Serait-il la limite sud du Rift ? Serait-ce un maillon essentiel de cet extraordinaire phénomène géologique ? Je me suis mis en tête depuis plusieurs années de vérifier ces hypothèses. J’ai par ailleurs une fâcheuse tendance à croire aux légendes. Mais je vous ennuie. Je ne vous ai même pas demandé votre nom ? - Johan Baker, me répondit-elle en me tendant délicatement la main. - Etes-vous en lien de parenté avec Samuel et Florence Baker ? - Ce sont mes parents. Je suis là en grande partie pour eux. Après le décès de mon père, je me suis juré de revenir sur leurs traces pour comprendre et partager ces moments d’exaltation qu’ils ont connus lors de leurs expéditions vers les sources du Nil. - Vous partez donc en Ouganda ? - Je l’espère. Tout dépend de ce que me dira l’ami de mes parents, Sir Henry, qui m’attend à Nairobi.
Elle posa à nouveau son visage sur la fenêtre froide. Nous nous tûmes jusqu’à la fin du voyage, pour poser un dernier regard sur le Kilimandjaro qui disparaissait dans les lointains brumeux. Ce ne fut qu’à la descente du train, agrippée à la barre latérale, qu’elle me demanda, en se retournant : - Quel est votre nom ? - Otto… Otto Svenson. - Quelle consonance étrange pour un homme à l’accent français ! - Mon père avait des origines nordiques.
Nous poursuivîmes sur le quai. - Comment se passe la suite de votre voyage ? dis-je - Je dois rejoindre à son domicile Sir Henry qui s’est proposé de prendre en charge l’organisation de mon voyage. - Peut-on se retrouver quelque part, ce soir ? - Volontiers. Mon aube

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