D Istanbul à Capetown
89 pages
Français

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D'Istanbul à Capetown , livre ebook

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89 pages
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Description

Ce livre, imprimé à Istanbul en 1876, est unique en son genre, puisqu'il s'agit du plus ancien témoignage rédigé de première main par un Oriental à propos de l'Afrique australe. L'auteur nous donne force détails sur le voyage qui l'a amené d'Istanbul au Cap puis du Cap à Istanbul, décrivant au passage quelques villes européennes, comme Marseille, Paris et Londres. Le livre fourmille d'anecdotes sur les habitudes et les mentalités des Européens, vues à travers le regard d'un Oriental.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 240
EAN13 9782296707092
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D'Istanbul à Capetown

Pérégrinations d’un Turc
en Afrique du Sud (1862-1866)
Collection Là-bas
dirigée par Jérôme Martin


Déjà parus :

J ean- M arc H UGUET, Voyager l’Arctique (Préface de Jean Malaurie), 2010.
M aria L ANCEROTTO, Voyageurs français en A.E.F. (1919-1939), 2009.
J aël G RAVE, L’imaginaire du désert au XX e siècle , 2009.
A nnie B LONDEL- L OISEL, La compagnie maritime Allan de l’Écosse au Canada au XIX e siècle , 2009.
M arcel G . L AUGEL, Sur le vif, 2008.
B runo L ECOQUIERRE, Parcourir la terre, 2007.
E ric D ESCHAMPS, La cuisine des révoltés du Bounty, 2007.
J . A . M EIJN V AN SPANBROEK, Le voyage d’un gentilhomme d’ambassade d’Utrech à Constantinople. Texte présenté et annoté par C. Vigne, 2007.
L ouis G IGOUT, Syracuse, 2007.
A line D UREL, L’imaginaire des épices, 2006.
H enri B OURDEREAU, Des hommes, des ports, des femmes, 2006.
G érard P ERRIER, Le pays des mille eaux, 2006.
F abien L ACOUDRE, Une saison en Bolivie, 2006.
A rnaud N OUÏ, Beijing Baby, 2005.
Ömer Lüfti


D'Istanbul à Capetown

Pérégrinations d’un Turc
en Afrique du Sud (1862-1866)


Traduction, préface et notes de Xavier Luffin
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12829-3
EAN : 9782296128293

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Préface du traducteur
Le témoignage d’Ömer Lütfi, imprimé à Istanbul en 1876, est assez unique en son genre, puisqu’il s’agit à notre connaissance du plus ancien témoignage de première main à propos de l’Afrique du Sud rédigé par un non Européen. {1} Comme l’indique le titre de l’ouvrage, Ümitburnu Seyahatnamesi, ou « Récit de voyage au Cap de Bonne-Espérance », l’auteur a pour but de parler de la ville du Cap, et en particulier sur la communauté musulmane de la ville. Mais en réalité, le sujet du livre est bien plus large que ce que laisse entendre le titre, puisque l’auteur nous donne aussi force détails sur le voyage qui l’a amené d’Istanbul au Cap puis du Cap à Istanbul, décrivant au passage quelques villes européennes, comme Marseille, Paris et Londres.

Ömer Lütfi a entrepris ce voyage de 1862 à 1866, sous le règne du sultan Abdülaziz (1830-1867), qui régna de 1861 à 1867. C’était une époque assez troublée sur le plan politique, puisque de nombreuses insurrections secouèrent les provinces balkaniques et la Crète. Ce fut aussi une période particulièrement désastreuses sur le plan économique – ce qui permit d’ailleurs à la Russie d’élargir son influence à Istanbul, éclipsant un moment la France et la Grande-Bretagne. Mais ce fut en même temps une période de changement et de modernisation du pays, le sultan Abdülaziz ayant décidé de continuer dans le sens des réformes initiées par Abdülmecit I en 1839, mieux connues sous le terme de Tanzimat. Ainsi, c’est sous Abdülaziz que l’instruction publique turque fut modernisée, et surtout que furent ouverts le lycée de Galatasaray – institution fameuse encore aujourd’hui – et le Dar ül-fünun, la première université du pays au sens occidental du terme. D’autres réformes furent menées sur le plan militaire et politique, notamment la réorganisation des provinces ottomanes.

A la même époque, la région du Cap, en Afrique du Sud, connaît également des changements importants. Devenue britannique depuis 1806, la ville voit son infrastructure se développer considérablement avec le développement du réseau routier dans les années 1840 et du chemin de fer dans les années 1860. Mais pour bien comprendre l’histoire de la ville du Cap, il convient de remonter bien avant dans le temps. C’est en 1487-1488 que les navires du Portugais Bartolomeu Dias doublent le Cap de Bonne-Espérance pour la première fois. Dans les années 1590, Anglais et Britanniques y font régulièrement escale lors des expéditions qui les mènent vers les Indes. En 1652, la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales (Vereenigde Nederlandsche Ge-Octroyeerde Oostindische Compagnie, en abrégé Vereenigde Oostindische Compagnie ou VOC), créée cinquante ans plus tôt à partir de la fusion de plusieurs petites compagnies commerciales néerlandaises, fonde une station de ravitaillement au Cap. La Compagnie néerlandaise des Indes Orientales exerçait un monopole sur d’immenses territoires, en l’occurrence l’île de Java, Ceylan, l’archipel des Moluques et quelques comptoirs en Indonésie et en Malaisie. Quelques années plus tard, en 1657, des terres sont allouées aux colons, qui y amènent des esclaves dès l’année suivante. L’immigration européenne vers le Cap augmente alors, notamment entre 1685 et 1707. en 1795, la Grande-Bretagne occupe la colonie du Cap. Le traité d’Amiens, en 1802, impose la restitution de la ville à la république batave, mais en 1806 la ville redevient britannique, tandis que l’année suivante est promulguée une loi abolissant l’esclavage dans toutes les colonies britanniques.

Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser, à cette époque, un Turc à quitter son pays pour se rendre dans une ville, le Cap, située à l’autre bout du monde et a priori sans aucun lien particulier avec l’Empire ottoman ? En réalité, Ömer Lütfi était le neveu, le disciple et l’accompagnateur d’Ebubekir (ou Abû Bakr) Efendi, un lettré kurde originaire d’Irak, qui fut envoyé officiellement au Cap en 1862 par le sultan ottoman Abdülaziz afin d’aider la communauté musulmane locale à redécouvrir sa foi et ses coutumes.
L’existence de cette communauté musulmane, appelée localement Cape Malays, c’est-à-dire les Malais du Cap, était relativement ancienne : dès la seconde moitié du dix-septième siècle, la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales amena en Afrique du Sud des esclaves venus des possessions néerlandaises d’Asie, mais aussi des exilés politiques de cette même aire. L’expression Cape Malays ne doit toutefois pas être prise au sens propre pour déterminer les origines de la communauté musulmane du Cap, car si celle-ci comptait certes un grand nombre d’individus venus de l’archipel malais, d’autres étaient originaires d’Inde et de Madagascar. Progressivement, des Africains et des métis qui étaient en contact avec eux se convertirent à l’islam et grossirent eux aussi leurs rangs. Enfin, quelques commerçants arabes de passage s’établirent eux aussi dans la ville et se joignirent à cette communauté. Si le malais resta quelque temps la langue de la communauté musulmane du Cap, au dix-neuvième siècle il fut progressivement concurrencé puis remplacé par l’afrikaans. Toutefois, l’afrikaans parlé par ces musulmans offrait certaines particularités, notamment l’usage de termes issus de l’arabe, du malais et de l’anglais. Afin d’affirmer leur particularisme religieux et culturel, les musulmans du Cap décidèrent, probablement au dix-neuvième siècle, de noter l’afrikaans non pas en caractères latins mais bien en caractères arabes – Ömer Lütfi y fait d’ailleurs allusion dans son récit – en s’inspirant à cet effet des règles du jâwî , c’est-à-dire du malais noté en caractères arabes. {2} La communauté musulmane adoptera plus tard l’alphabet latin, notamment pour des raisons économiques – en effet imprimer des livres en caractères arabes était relativement coûteux, puisqu’il fallait les commander à l’étranger.
Au dix-neuvième siècle, la communauté musulmane était essentiellement implantée à l’ouest de la ville, sur les pentes du Lion’s Head, qui correspondent actuellement aux quartiers de Bo-Kaap et de Schotschekloof, où elle réside d’ailleurs encore aujourd’hui. A l’époque du séjour sud-africain d’Ömer Lütfi, les musulmans avaient toutefois déjà essaimé ailleurs dans le pays : certains s’étaient installés dans les grandes villes comme Johannesburg, mais aussi en zone rurale – Ömer Lütfi évoque l’accueil chaleureux que lui réserva l’imam de Driekop.
Mais pourquoi le sultan Abdülaziz a-t-il envoyé Ebubekir Efendi et Ömer L

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