La lecture à portée de main
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 janvier 2010 |
Nombre de lectures | 207 |
EAN13 | 9782296693579 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
© L’Harmattan, Paris, 2009.
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Du Côté de Garibaldi
Du même auteur
Sous le nom de Gianfranco Stroppini
et le pseudonyme Gianfranco Stroppini de Focara
Œuvres philosophiques et de recherche
Amour et dualité dans les Bucoliques de Virgile, Klincksieck, Paris, 1994 ;
Virgile, Rome et la fin de l’histoire, Ausonia, Paris, 2001 ;
L’amour dans les Livres I-IV de l’Enéide de Virgile ou Didon et la mauvaise composante de l’âme, L’Harmattan, Paris, 2003 ;
L’amour dans les Géorgiques de Virgile ou L’immanence du sacré dans l’être, L’Harmattan, Paris, 2003 ;
Virgile et l’amour : les Bucoliques, Orizons, coll. « Universités/Domaine littéraire, Paris, 2010.
Sélection d’articles en revues
« L’harmonie cosmique virgilienne et l’œuvre d’Auguste », Respublica litterarum XIX, Rome, 1996 ;
« Poésie d’amour alexandrine et Poésie d’amour médiéval », Mémoires A.D.S.A.B.L. de Caen XXXVIII, Caen, 2000 ;
« Madame Bovary ou l’idéalisme de Flaubert », Guillaume Budé 2, Paris 1992 ;
« Il melodramma nel processo di attuazione della coscienza nazionale italiana », P.R.I.S.M.I., Nancy 2, V, Nancy, 2003.
Récits en prose
Rome… et après ?, Ausonia, Saint-Denis, 1988 ;
Flashes de Lune, Librairie-Galerie Racine, Paris, 2003 ;
Farahm ö nde, L’Harmattan, Paris, 2008.
Poésies
Poésies en éloignement (bilingue français-italien), Editions Les poètes français, Paris, 2002 ;
Les nuits d’Hécate, Librairie-Galerie Racine, Paris, 2006.
Gianfranco Stroppini de Focara
Du Côté de Garibaldi
roman
Collection « Écritures », dirigée par Daniel Cohen
L’Harmattan
Chapitre 1
G eorges a déjeuné dans un petit restaurant portugais du côté de Garibaldi.
La veille, il s’était déjà rendu dans ce quartier-là pour faire vidanger sa voiture chez Fiat. Il avait d’abord laissé le véhicule non loin du métro, puis il s’était promené, estimant qu’il était encore tôt. Il n’avait pas pris de rendez-vous. Une vidange, c’est vite fait !
La chaleur pesante, humide de ce mois de juin avancé, avait cédé la place à une fraîcheur bienfaisante par des nuages épars venus nonchalamment d’au-delà les toits les plus reculés.
Surpris par ce changement de temps, en quittant la voiture, il avait levé les yeux sur le Sacré Cœur de Montmartre qui clôt l’horizon, après le périphérique, puis il s’était acheminé le long des parois lépreuses derrière lesquelles on devine à toute heure un fourmillement de vie désagrégée ou en cours de désagrégation. Des parfums de cuisine exotique saturaient l’air, dénaturés par les puanteurs d’urine dans les recoins à peine reculés.
On accède par la station de métro Garibaldi à ce quartier du nord de Paris. Le bric-à-brac humain, sorti des régions les plus déshéritées de la terre, s’y mêle à celui du marché aux puces avec la moisissure des vieux meubles.
Un peu plus bas, du côté de la tour Pleyel, un magma de planches, de couvertures, de tôles, d’éléments hétéroclites bouche le trottoir. Georges s’était pris les pieds dedans, ce qui l’avait obligé à sortir les mains des poches pour rétablir l’équilibre et continuer la marche dans le dédale des ruelles.
Plus loin, Georges avait contourné une carcasse de voiture calcinée et bancale sur deux de ses roues. Reste des dernières émeutes de banlieue.
Quelques relents d’héroïsme très ancien lui chatouillant l’orgueil, il s’était demandé pourquoi :.
« Je n’ai pourtant vécu soixante huit que de loin ! J’ai même feint le mépris en ce temps-là. Peut-être suis-je entrain de céder à l’admiration ? Je ne sais plus. A moins que… »
Mais il avait laissé tomber pour revenir plus précisément à la marche vers la voiture et le garage Fiat.
Le temps avait passé, il était près de midi.
Etait-ce bien de ce côté-là ?
Enfin, la voiture près de la bouche de métro. Un peu plus loin la façade grandiloquente de Fiat.
Georges, dès l’abord, avait cru que le garagiste était italien, puis, à sa taille, quand, derrière son bureau, il s’était levé (petit et trapu), aux traits du visage, surtout le menton gentiment niché sous une bouche et un nez minuscules, avec des yeux pétillants de malice, il lui avait rappelé son voisin Ventura. Il s’en était écoulé des années ! Une insondable durée qui le ramenait à l’enfance.
Ventura, l’épicier du coin de la rue, quand il habitait avec ses parents si loin de Paris ! Le Ventura de sa boîte à souvenir, il s’en souvenait maintenant, était portugais.
A part cela, rien de particulier chez le garagiste : un air rustaud, comme beaucoup de ses congénères, rien de plus !
La voiture en tout cas était déjà en main. Un mécano venu d’Afrique s’activait dessus. Georges pour passer le temps tournait en rond.
Vous mangez, vous ? Lui avait soudain lancé le garagiste en levant les yeux du registre où ils restaient obstinément rivés, quoiqu’il fût debout.
Il semblait de mauvaise humeur.
Vous faites les cent pas, avait-il grommelé, vous êtes impatient. Cela se comprend, il est midi passé. Mais aussi, c’est pas non plus une heure pour amener votre bagnole sans rendez-vous ! Vous nous prenez pour des larbins ! Alors vous, vous mangez oui ou non ?
Certainement, avait-il répondu. Moi aussi je mange quand c’est l’heure, comme pas mal de monde ! De toute façon, détrompez-vous, je ne suis pas un nerveux chronique. Mon impatience vient de ce que j’ai la fringale justement. Je pensais que votre ouvrier là-bas, il n’en aurait pas pour longtemps ! Une vidange, pas même une révision ! Quand il aura fini, que je vous aurai réglé votre dû, j’irai manger, pour sûr !
A la bonne heure ! J’aime pas les gens qui ne mangent pas, moi ! J’m’en méfie, surtout les ouvriers !
Un abstinent, quel qu’il soit, c’est guère autre chose qu’un acariâtre, vous n’êtes pas de mon avis ?
Georges avait opiné du chef.
L’autre l’avait regardé avec une dose de connivence. Il avait même pris le ton et la mine assurés de qui sait d’avance qu’on va partager son avis :
Vous comprenez bien, n’est-ce pas ! Un ouvrier à jeun, surtout s’il est africain comme c’est le cas… il retrouve plus ses outils, il bâcle la besogne. L’estomac creux, n’en déplaise à la saloperie de colas qu’il ronge du matin au soir, ça ne lui vaut rien pour ce qui est du travail. Sans compter qu’à la moindre remarque, il se rebiffe. Presque qu’il se prendrait pour le patron ! Tenez, regardez !
Le Portugais s’était avancé de quelques pas en direction de l’Africain. Il s’était arrêté, avait arrangé sa cravate qui était de guingois. Il avait pris la posture du toréador devant la bête. Qu’allait-il lui dire ?
L’Africain le fixait avec un air de défi de ses yeux blancs dans une bouille toute noire.
Finalement, le va-t-en guerre ne lui avait rien déclaré de terrible ni même d’insultant. Il s’était, comme on dit, dégonflé en esquissant un semblant de sourire :
T’as bientôt fini ? C’est l’heure du poulet aux cacahuètes !
J’y vais, vieux con ! Elle est prête la bagnole, la v’là ! Et les sardines alors, elles sont pas grillées les sardines ? Ta femme, elle t’attend pas ta femme ?
Le Portugais s’était tourné vers Georges en le prenant à témoin d’un air bon enfant :
Les sardines, qu’est-ce qu’il en sait le négro !
Et vous, dites-moi, les sardines, vous aimez ça ? Ne me dites pas non, allez, allez ! Ou alors vous n’êtes pas un gastronome, vous n’y connaissez rien en matière de gastronomie !
Evidemment, les sardines, il faut savoir les préparer… les griller tendrement avec des braises sous la cendre… et puis les déguster à peine cuites, a scotta dito comme disent les Italiens ! C’est bien ça qu’ils disent… vous qui peut-être êtes italien ?
Georges avait acqui