Elle s appellera Francesca
136 pages
Français

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Elle s'appellera Francesca , livre ebook

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136 pages
Français

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Description

Caroline est une jeune fille fantasque de 20 ans qui en secret aspire à une existence glamour, pavée de rebondissements. Comment va-t-elle s'y prendre pour s'inventer une vie digne d'un film, entrer en scène, devenir une héroïne ? Elle va écrire une lettre, une nuit d'insomnie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 64
EAN13 9782296804791
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ELLE S'APPELLERA
FRANCESCA
 
Alessandra Fra
 
 
ELLE S'APPELLERA
FRANCESCA
 
 
roman
 
 
L'HARMATTAN
 
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
 
© L'HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-54526-7
EAN : 9782296545267
 
PROLOGUE
 
« Et qu'est-ce que c'est, baser sa vie sur une impulsion absurde à vingt ans ? » m'a demandé une amie à qui je m'étais confiée par bribes. J'avais hésité avant de répondre. Jusque-là, à personne je n'avais révélé mon secret : la nuit qui avait précédé mon AUBE. Comment raconter ces épisodes sans passer pour une folle ? J'ai agi de façon déraisonnée : j'étais en quête d'une vie romanesque, prête à tout pour devenir une héroïne. Comment peut-on décider une nuit de changer de nom, de vie ?
 
Je m'imaginais à soixante ans, dans un fauteuil à bascule relatant ces péripéties. On me demanderait interloqué : « Mais c'est vrai ? » et je hocherais fièrement la tête. On ne me croirait qu'à moitié, parce que cette histoire est invraisemblable : une impulsion a changé ma vie. Il a surgi, lui l'ombre qui m'a poursuivie, mon fantôme. C'était en pleine nuit, une de mes premières nuits blanches : il y en a eu tant d'autres par la suite...
 
L'IDÉE DE DÉPART
 
J'aimerais raconter cette histoire en commençant par le début, le point d'origine, l'instant de départ, car il y en a toujours un, anodin en apparence : c'est le moment où l'idée naît, avant que les conséquences n'en découlent, que les événements ne s'enchaînent.
Quand je suis entrée dans une librairie il y a des années de cela, sans imaginer un seul instant qu'un livre puisse changer ma vie ? Non bien avant cela, durant mon adolescence...
 
Devenir peintre, romancière, actrice, ou artiste aventurière : je rêvais de ce destin-là sans oser l'avouer à personne, surtout pas à mes parents qui nourrissaient pour moi des aspirations banales, eussent voulu que je suive leur exemple en devenant prof de lycée. A leur grand dam, je me considérais comme une artiste, fantasque et déraisonnable. Je m'étais essayée à la danse, au chant, à la photographie, au dessin, et même pour finir à la décoration d'intérieur. Rien ne me passionnait, je ne m'arrêtais à rien. A chaque fois, au bout de quelques semaines mon enthousiasme s'étiolait, je renonçais à continuer, ne me trouvant pas assez de talent, de créativité pour percer, émerger. M'extraire d'un quotidien banal.
 
Une amie à moi m'avait conseillé de prendre des cours de théâtre, ce que j'avais fait sans attendre. Je m'étais inscrite à un cours dans un théâtre parisien, qui se terminait par une représentation de fin d'année.
Nous avions joué Les Trois Sœurs de Tchekhov et par hasard, on m'avait attribué le rôle d'IRINA. Je me revois à l'avant-scène déclamant l'air hagard : « J'attendais toujours qu'on s'installe à Moscou et que là-bas, je rencontre mon vrai, mon seul amour... Je rêvais de lui, je l'aimais... Et ce n'était que sottises, qu'illusions... »
Et c'était moi qui parlais, je ne jouais pas. Paradoxalement, ce soir-là fut une éclaircie, un moment radieux : j'ai adoré être sur scène, enfin dans un premier rôle, au centre de l'attention.
Après la représentation, nous étions tous allés faire la fête dans un restaurant près du théâtre et je passais un très bon moment jusqu'à ce que quelqu'un me demande de but en blanc : « Et toi, Caro, qu'est-ce que tu fais dans la vie ? »
 
J'aurais voulu une deuxième chance, recommencer à zéro... Prendre un nouveau nom, renaître ailleurs. Etait-ce absurde, trop risqué ?
J'avais envisagé de partir, de tout quitter pour un pays lointain, une capitale cosmopolite où ma vie pourrait enfin décoller : Sydney, Tokyo, New York, Rome....
Partir... Oui, mais je n'avais nulle part où aller, je veux dire : personne ne m'attendait.
Je rêvais de rencontrer par hasard un étranger au détour d'un chemin, qui m'eût emmenée loin, chez lui, dans un autre continent... Les années passaient, je manquais de courage... Partir, recommencer... Comment ? Je me heurtais toujours à cette question.
J'aurais pu tenter les voyages pour trouver l'inspiration. Partir à Bali, Kyoto, aux îles Caïman... De ces escapades aux quatre coins du monde, j'aurais rapporté des photos somptueuses, quelques idées... Mais une fois encore, je manquais de courage.
Je me disais parfois : « Et si à partir de maintenant je jouais à être quelqu'un d'autre, une fille drôle et audacieuse, si je changeais mes habitudes, mes gestes, ma façon de m'habiller, de parler... » J'avais acquis la conviction que l'action me libérerait, que là se trouvait la clé, que tant que je n'agirais pas, rien ne pourrait évoluer. La peur me paralysait trop souvent.
 
J'avais renoncé à poursuivre des études supérieures pour me consacrer à la recherche de ma vocation, l'art qui me propulserait. Il m'était soudain venu l'envie de devenir styliste, de lancer une ligne de vêtements ethniques. Je m'étais inscrite à des cours. Les saisons défilaient et mon père était de plus en plus embarrassé quand on lui demandait : « Et votre petite dernière, qu'est-ce qu'elle devient ? » Il aurait voulu pouvoir répondre que je poursuivais des études universitaires... Ou alors annoncer : « Caroline se marie en juin prochain, vous êtes invité... Elle épouse un avocat... » Au fil du temps, les gens posaient de moins en moins de questions, voyant en moi un sujet tabou et il me semblait que peu à peu, tous oublieraient même jusqu'à mon existence.
 
En vérité, je rêvais d'une vie excitante pavée de rencontres, de surprises, d'événements inattendus, palpitants. Je pensais que l'enfance était une prison et qu'une fois sortie, libre, j'aurais une vie trépidante. Je me croyais destinée à un grand futur, lumineux, brillant, romantique. Plus les années passaient et plus cette vie rêvée semblait s'éloigner : je continuais de rester à l'écart. Une personne marginale et décalée qui essayait tant bien que mal de survivre dans le Paris des années 2000.
Richard Yates disait : « Ceux qui réussissent ne m'intéressent pas. » J'aurais pu aisément être l'un de ses personnages. A quoi ressemblait mon quotidien ? Une alternance de moments d'euphorie où j'avais la sensation que ma vie allait changer et de moments de désespoir, quand j'étais découragée, que tout m'apparaissait vain, immuable
Que j'étais lasse de ma routine, que n'auraisje donné pour échapper à tout ça, quitter cette médiocrité, cette monotonie... Que m'était-il arrivé en cours de route, où avais-je égaré mon rêve ? Et si en fait je n'étais qu'une fille médiocre, vouée à un quotidien ordinaire, sans éclat, banal, terne : j'en avais de plus en plus la conviction et cela me désespérait. Je regardais des films pour m'évader. Ils ranimaient l'espoir d'un changement à l'horizon... Tout semblait encore possible. Après tout, je n'avais pas encore vingt-cinq ans. A mes yeux, c'était la date limite. Dans mon imaginaire, l'héroïne d'une grande histoire d'amour avait forcément moins de vingt-cinq ans.
 
J'avais un singe que j'avais baptisé Johanna, pas un vrai singe, une peluche couleur miel, à qui j'avais inventé une vie rocambolesque, un cortège d'événements singuliers.
Vivre de grandes aventures : cette idée m'avait poursuivie dès l'enfance, elle ne me quittait pas. Est-ce une idée ancrée en chacun de nous ? Ou certains n

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