Entrée dans la tribu
225 pages
Français

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Entrée dans la tribu , livre ebook

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225 pages
Français

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Description

Ce roman nous emmène en Guinée, dans la vie d'un hameau dans la brousse où loin des préjugés, on découvre, derrière la misère frappante, la richesse d'une culture profondément humaine. Entrée dans la tribu est aussi un hommage à la femme africaine, qui se démène sans arrêt pour survivre et qui accomplit ses corvées pour l'eau, le feu, la nourriture avec sérénité et humanité.
Juliana Diallo est hongroise et guinéenne. Son premier roman, Néné Salé, d'inspiration autobiographique, est paru en français dans la collection "Ecrire l'Afrique" chez l'Harmattan en 2008.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 295
EAN13 9782296698277
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ENTRÉE DANS LA TRIBU
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Dernières parutions

Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Corée du Nord , 2010.
Gabriel NGANGA NSEKA, Douna LOUP, Mopaya. Récit d’une traversée du Congo à la Suisse , 2010.
Ilunga MVIDIA, Chants de libération. Poèmes , 2010.
Anne PIETTE, La septième vague , 2010.
Mamadou SOW, Mineur, étranger, isolé. Destin d’un petit Sierra-Léonais , 2010.
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain : honteux et heureux de l’être , 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines , 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage , 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala , 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure , 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain , 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire , 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste , 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous ! , 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines , 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola , 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée , 2009.
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires , 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d’Esisi , 2009.
Patrick-Serge BOUTSINDI, L’homme qui avait trahi Moungali , 2009.
Ludovic FALANDRY, Sawaba. Une vie volée , 2009.
Jimmy LOVE, Les Émigrants , 2009.
Juliana DIALLO


ENTRÉE DANS LA TRIBU


L’HARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11767-9
EAN : 9782296117679

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À ma feu belle sœur
Bien-aimée
Kadé
J’adresse mes sincères remerciements à Évelyne Nordelatour et à Fadila Zanatta pour leur contribution précieuse à la traduction française.
PREMIER CHAPITRE
Le petit bout de vieillard maigrelet attendait patiemment à côté du véhicule tout-terrain. S’il avait su qu’ils quitteraient si tard, il aurait pu déjeuner. Mais Madame l’avait convoqué pour six heures et demie et il avait été là à l’heure. Par la suite, non seulement il avait lavé le tout terrain, mais également la nouvelle voiture bleu métallisé de Monsieur et depuis maintenant près d’une heure il était tranquillement assis sur un banc, retiré à l’ombre du manguier. Indifférent, il promenait son regard sur les étroits parterres de fleurs le long de la clôture où hibiscus et lauriers-roses s’embrassaient, étirés le long du mur de pierres, agitant fièrement leurs grappes de fleurs roses et rouges comme un ruban soigneusement rangé autour de la cour étroite. En face, la grande maison d’une blancheur aveuglante ouvrait de grands yeux avec ses énormes fenêtres rivées sur l’annexe, devant laquelle la bonne faisait du bruit avec un tas de vaisselle. Le trottoir, formé de carreaux gris et rouges, comme un i grec régulier au milieu du tapis de gazon soigneusement coupé, indiquait avec une exactitude géométrique le chemin entre la maison, l’annexe et le portail.
Ici, il n’y a pas à courir de gauche à droite ! Les enfants du voisinage ne peuvent pas venir fourrer leur nez. – Il scrutait le gazon d’un vert parfait pour trouver le moindre défaut, mais il ne put dénicher une seule mauvaise herbe.
Beau, c’est vrai. Heureusement qu’ils ont un forage pour arroser. Mais que de peine pour un carré de verdure ! – Il méditait et se rappelait des quelques fois où, sur l’ordre de Monsieur, il avait aidé le jardinier. Le tuyau d’arrosage en main, il avait toujours eu le sentiment que faire couler de l’eau pendant des heures pour quelques fleurs et herbes était un luxe démesuré.
Les traces de la forte pluie nocturne avaient disparu, seuls les arbres et les buissons immaculés la rappelaient ainsi que quelques flaques insignifiantes le long du trottoir.
Le soleil brillait, presque aveuglant, en ce matin de juin.
Il est temps ! – pensa-t-il en jetant un regard involontaire sur sa montre.
Le peu de bagages, deux sacs en tout, était déjà embarqué, car ils devaient revenir dès le lendemain. Ce voyage improvisé à Boké l’avait surpris, surtout avec Madame ! Il réfléchissait, pour savoir si elle y était déjà allée, mais il ne se souvenait pas, or cela faisait bientôt quatre ans qu’il travaillait pour eux.
Bizarre, très bizarre. – Il haussa les épaules sans s’en rendre compte et il méditait sur le voyage qui les attendait. S’ils partaient maintenant, ils arriveraient vers phana {1} , le tout-terrain y sera en cinq heures. Depuis que le pont de Boffa est construit, il ne faut plus attendre le bac et ils atteindront donc Sirafogue par la route goudronnée assez vite. Mais de là, ils pourront facilement perdre trois heures sur les pistes cahoteuses et les sentiers tortueux jusqu’au village de Monsieur Barry. Du fait de la saison de pluie, l’état des routes s’était dégradé mais avec leur voiture ils pourront facilement traverser les deux ou trois marigots qui croisent le chemin jusqu’au village. Avec Monsieur Barry, ils avaient fait le trajet plusieurs fois, dont un tout récemment pour la fête du Ramadan, et il connaissait bien non seulement le chemin, mais aussi la famille, jusqu’aux villages voisins.
Dalanda ! On part ! Le soleil est déjà chaud et pourtant il n’est que huit heures ! – dit une voix féminine pressante et l’instant d’après apparut dans l’embrasure de la porte la silhouette élancée de Madame Lara. – Dalanda, prends les bouteilles d’eau ! Dans un sachet sur la table ! Attrape-le bien sinon ça se déchire ! Pas dans la cuisine ! Non, pas là ! – éclata-t-elle et elle disparut derrière la porte.
Le vieil homme, les yeux entrouverts, relâché, chauffait son visage au soleil brillant. À chaque fois que la fraîcheur matinale gagnait en force, envahissant la cour de son souffle vivifiant, il respirait profondément l’air pur. Il se serait peut-être endormi si le vacarme des voisins, en rang devant le portail, pour attendre d’accéder à la pompe à eau, ne le ramenait à son attente monotone et son regard revenait chaque fois vers la porte de la grande maison.
En bas des larges marches de l’escalier en demi-cercle, menant à la terrasse voûtée bordée de piliers massifs, traînait une paire de pantoufles usées.
La bonne serait-elle de retour du marché, si tôt ? – ses yeux s’arrêtèrent sur elles.
Dans la splendeur matinale, les piliers jetaient de grandes ombres noires sur le pavé de faux marbre et, se rappelant sa famille nombreuse, il ne put s’empêcher de glousser. Avec ses deux femmes et ses treize enfants, une terrasse d’une telle blancheur serait tout sauf éclatante.
Ce pantalon jean ne sera pas commode ! Et si tu portais une robe ?
Celle-là est trop chaude.
Pourquoi est-elle si froissée ? La fleurie te va mieux.
Inutile de prendre autant d’affaires ! Il suffit d’un habit de rechange, on y passe une seule nuit ! Prends seulement ta chemise de nuit !
Ces sandalettes vont se déchirer !
Peigne-toi comme il faut !
Le vieux suivait malgré lui la discussion qu’on entendait depuis la maison, éclatant ici et là, alors que Madame se précipitait d’une pièce à l’autre.
Tout à coup, une enfant chargée de sacs apparut à la porte. Elle se donnait beaucoup de peine pour trouver l’équilibre, avec les bagages tenus à la main et les autres sous les aisselles. Imitant la marche d’un vieillard clopinant, elle se traîna jusqu’à la voiture. L’instant d’après, son corps chétif s’agitait sur le siège arrière, elle jetait des coups d’œil par la fenêtre baissée au maximum pour voir si sa mère venait. Visiblement, l’empressement l’amusait.
Sow, tu aurais pu laver la voiture en attendant, n’est-ce pas ? – lança Madame vivement, s’avançant vers la voiture sans même regarder l’homme. Elle jeta un à un les sacs posés sur le siège arrière dans le coffre à bagages.
Je l’ai lavée, Madame, dit l’homme.
Ça ne se voit pas. C’est comme si tu n’avais nettoyé que les vitres. Or, pour le faire, tu n’as pas à puiser l’eau, n’est-ce pas ?

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