L absence
202 pages
Français
202 pages
Français

Description

L'auteur, sous le mode d'un roman-confession, restitue à la première personne le long cheminement d'un jeune homme français qui, grâce aux femmes qui ont jalonné sa vie intime, recherche sans relâche son père qu'il n'a jamais rencontré, un Italien du Nord, dont il ne connaît que peu de chose par sa mère. Il commence sa quête dès l'âge adulte en Italie sous le mode d'une quasi-enquête policière, mobilise toutes les personnes de son entourage, mais rencontrera de nombreux obstacles pour atteindre son but.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2014
Nombre de lectures 16
EAN13 9782336363271
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dominique BAILLET
L’absence Roman
Rue des Écoles / Romans
Rue des Écoles
Le secteur « Rue des Écoles » est dédié à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Il accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques.
Déjà parus
Zelwer (Charles),Face au miroir sans reflet, 2014. Flouzat, (Denise),Le journal d’E, 2014. Barraux (Roland),La bicyclette de Hong Kong, 2014. Lecomte (Emmanuelle),Lafi, récit de vie au Burkina, 2014. Cambona (Christophe),Apologie du grand âge, 2014. Girard (Marc),Ces géants qui m’ont précédé, 2014. Monteil (Pierre),Les mensonges de l’Histoire, Tome 2, 2014. Duflot (Patricia),La compagnie des ailes, 2014. Maen,Au cœur de l’Afrique, 2014. Merlin-Dhaine (Martine),Les masques sont silencieux, 2014. Lafontaine (Geneviève),La vie crisocal, 2014. De Tounens (Antoine),Edmée, 2014.
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Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
LABSENCE
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-04929-8 EAN : 9782343049298
Dominique BAILLETL’absence * Roman
DU MEME AUTEUR
Souvenir d’une révolution amoureuse, Amalthée, Nantes, 2005. Militantisme politique et intégration des jeunes d’origine maghrébine, L’Harmattan, Paris, 2001. Les grands thèmes de la sociologie du sport, L’Harmattan, Paris, 2001.
CHAPITRE I
Longtemps j’ai eu envie de rechercher mon père. Ce désir est né, pour la première fois, à l’aube de mes quinze ans. C’était l’année du brevet. A cette époque-là, je ne savais encore rien de lui. Ou presque rien. C’est Isabelle, une camarade de collège, qui fit éclore ce désir, un désir d’une intensité semblable à celle d’une crise d’adolescence. Mais, contrairement à ce genre de crise, celle-ci ne me quitta plus jamais. Je connaissais Isabelle depuis deux ans. Je lui adressais jusqu’alors rarement la parole. Car elle était différente des autres filles du collège. Elle avait les cheveux courts, la peau mate, le visage méditerranéen. Ce n’était pas une jeune fille rangée, mais une réfractaire. Une réfractaire de l’école privée, de l’éducation bourgeoise, de la morale chrétienne. D’aucuns disaient, qu’elle avait une mauvaise éducation. Qu’elle n’avait pas une bonne moralité, qu’elle n’était pas une fille « comme il faut ». Qu’elle venait du public, de la communale. Elle portait des jeans trop serrés, des jupes trop courtes, des décolletés trop aguichants. Elle était toujours trop quelque chose. Elle se maquillait comme une jeune femme. La plupart du temps, un fond de teint orangé colorait ses joues, du mascara dessinait ses cils, du khôl noir bordait ses yeux noisette. Il y avait dans son maquillage une sensualité insupportable pour les filles de son âge. En plus, elle fumait des cigarettes roulées, ce qui était rare à l’époque, et réservé aux hommes ou aux
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mauvais garçons. Souvent, elle utilisait des mots d’argot, parfois même vulgaires. Elle avait souvent un regard effronté, ce qui lui donnait l’allure d’une jeune femme déjà affranchie. Chaque matin, elle s’affichait, avec fierté, devant le portail du collège avec des garçons plus âgés. Des garçons qui portaient des cheveux longs, des blousons de cuir noir, des jeans délavés. C’étaient des lycéens, souvent des redoublants, qui avaient déjà une certaine expérience des filles. De mauvaises fréquentations, disaient la plupart des autres filles du collège. La réputation sexuelle d’Isabelle faisait même jaser. Certains garçons de son âge, qui avaient essayé de la séduire, mais sans succès, faisaient courir le bruit qu’elle n’était plus vierge. Ce qui, à cette époque-là encore, où la virginité avant la majorité était le signe d’une bonne éducation, était un véritable scandale. Dans la classe, elle avait, la plupart du temps, les jambes allongées, le bras accoudé sur le dossier de la chaise voisine, le regard songeur. Elle parlait franchement aux garçons, alors que les autres filles ne faisaient encore qu’y penser. Parfois, elle les draguait ouvertement. Elle leur souriait de manière provocante, avec une certaine insolence, une insolence qui les faisait rougir. C’était une rougeur visible sur toute l’étendue de leur visage d’adolescent. Cela énervait les profs, surtout les plus anciens et les plus âgés, d’ autant qu’elle était bonne élève. Ce qui pour eux était incompatible avec sa conduite. Incompréhensible même. La bonne tenue allait de pair, à leurs yeux, avec les bonnes notes. L’inverse semblait pour eux subversif. Presque obscène. Mais, cette obscénité leur procurait, surtout aux hommes, une jouissance inavouable. Une jouissance qu’ils n’avaient sans doute jamais
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imaginée, une jouissance perverse qu’ils avaient plaisir à ressentir. Durant les récréations, elle restait toujours avec les mêmes filles, ses camarades de collège les plus fidèles. De véritables disciples. Elle était chaque matin assise sur le même petit muret, près des toilettes, avec elles. Cet endroit était leur refuge. Celui des fumeuses, des résistantes, des affranchies. Ce lieu, à l’abri du vent et des surveillants, laid, humide et vétuste, était le leur. C’était leur intimité, leur mansarde, leur royaume. Elles n’avaient pas l’intention de ressembler aux petites bourgeoises du collège qu’elles surnommaient avec mépris « les filles à papa » et qui respiraient une sorte de sainteté, une sainteté qu’elles trouvaient écœurante. Elles préféraient leur propre odeur, celui du tabac à pipe, de la sueur des garçons, de l’arôme du café du matin qui réchauffait leurs doigts refroidis, surtout l’hiver. Isabelle n’habitait pas dans la banlieue. Le soir, elle prenait sa mobylette et rentrait à Paris. Elle habitait dans le onzième arrondissement, dans un quartier populaire. Elle vivait seule avec sa mère. Je l’avais remarquée plusieurs fois à la sortie des cours. Elle venait chercher Isabelle en voiture. Elle paraissait jeune. Elle devait avoir une quarantaine d’années. Elle n’était pas mariée, menait une vie d’artiste, vivait de ses toiles. Elle s’habillait souvent de manière excentrique. Elle portait des robes amples et colorées, aux couleurs chaudes, en harmonie avec sa chevelure châtain. Elle avait, la plupart du temps, un sac en cuir marron en bandoulière. Cela contrastait avec les petits sacs à main en cuir bleu marine. Elle avait une allure désinvolte, un esprit bohême. Elle était d’un autre monde.
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