L histoire du vieil homme et du Ghouhl
239 pages
Français

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L'histoire du vieil homme et du Ghouhl , livre ebook

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Description

C'est l'histoire d'un adolescent qui, au coin d'une rue de Sfax, rencontre un Ghoul. Leur dialogue va se poursuivre sur toute une existence, depuis la Tunisie en passant par l'Italie et la France. De ces conversations l'adolescent devenu homme vieillissant, retiendra un enseignement de vie. Et, ainsi, il nomadisera entre cultures, chimères et illusions... Il se passe des choses étranges entre rêves et réalités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 60
EAN13 9782296805088
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’histoire du vieil homme
 
et du Ghouhl
 
 
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-54551-9
EAN : 9782296545519
 
Roger Macchi
 
 
L’histoire du vieil homme
et du Ghouhl
 
 
 
 
Du même auteur
 
 
Lettre à mon arrière petit enfant.
2002
 
La mémoire éparpillée.
Éditions Je publie. 2006
 
Le jardin des délices oubliées.
Éditions L’Harmattan. 2008
 
 
 
 
En couverture : La ville chimère .
Acrylique sur toile de l’auteur.
 
Pour Josie.
 
Qui a su si bien m’accompagner
dans mes folies .
 
La vérité
ne peut être contenue
dans un seul rêve.
Sagesse arabe.
 
 
Ama il tuo sogno
se pur ti Tormenta.
d’Annunzio.
 
En guise de préambule
 
 
Aujourd’hui, après tant d’années de vie d’homme sans triomphe ni défaite.
Il m’arrive parfois de m’asseoir sous un ciel étoilé et là, de m’interroger sur les humains que j’ai observés passionnément durant toute ma vie, et de dire à mon âme, ou peut-être à Dieu… que je n’ai toujours rien compris à leurs motivations profondes, ni à leurs contradictions, ni à l’ambition qui les fait souvent s’entre-dévorer.
Ils savent pourtant que rien n’est constant, que tout passe et disparaît. La glace fond et l’eau s’évapore, les forêts sont coupées, et le bois devient cendre, les végétaux et les chairs pourrissent, ils deviennent tourbe, et même la roche si dure s’effrite avec le temps et devient poussière.
Alors, Ils me font rire avec leurs visages sérieux. Ils s’estiment importants, alors qu’ils ne sont que quelques brins d’herbe qui grandissent et se fanent, comme se fanera un jour la petite étoile qui nous sert de soleil dans le minuscule coin de l’univers qui est le nôtre.
 
Ensuite, égoïstement, je me tourne vers mon moi intérieur et je me regarde comme un paysage toscan sous un ciel d’orage, je sais que la légèreté et la douceur sont là, mais l’on ne voit que la pluie et le vent, balayer et tourmenter le panorama.
Mes cultures sont multiples et j’affectionne mes différences. Aussi je nomadise de l’une à l’autre en me sentant parfois exclu de toutes, car n’appartenant vraiment à aucune.
 
Alors, comme au temps de mon adolescence, je relis St. Ex., Sartre ou Camus. Ils m’aidaient à inventer une vie hors des limites de ma ville, à sortir de mon identité, changer de monde. Comme l’a dit, je ne sais plus qui, « se délester de ses bagages et sauter dans le train de l’aventure humaine »… à la recherche de ma vérité.
 
Le temps s’en est allé, et mon regard embrumé par les pluies parisiennes, scrute maintenant par-delà l’horizon vers des petits matins ultimes.
 
Au loin dans ma mémoire, il existe une contrée où la mer ne se détache pas du ciel, et là, je sais qu’il se trouve un petit chenal à l’odeur de poisson et de bois enfiévré.
Des barques aux voiles usées entrent sereinement, harassées d’une nuit de labeur. Elles glissent lentement sur les eaux calmes et vont se ranger dans le petit port de pêche pour un repos bien mérité.
Au bord du quai, des hommes trempés de sel, le visage buriné par la mer, déchargent dans un joyeux désordre les poissons de la nuit.
Le soleil conquérant leur fait plisser les yeux. Leurs interpellations, leurs cris dans toutes sortes de langues, leurs rires et leur bonne humeur resteront à jamais la tendresse, la nostalgie, et le bonheur de ma vie.
 
Mémoire première
 
 
Surtout ne rien oublier avant que l’astre ne s’éteigne !
Je dois me souvenir du ciel vaste et constellé, du soleil qui console, de la mer qui apaise et du sable qui file entre les doigts… comme le temps.
Je dois me souvenir du bonheur d’un nuage blanc dans un ciel d’azur, du premier baiser sous la lune rougissante, du chant du Muezzin au matin triomphant, du coquelicot dans les blés blondissant et du parfum capiteux du jasmin sur la route de Madhia.
Comme des revenants, tous ces souvenirs s’agitent et se dévoilent, et le temps que l’on voudrait infini s’échappe à jamais. Ainsi vont les saisons.
Ainsi va la vie.
Vertige du silence, linceul sur la pudeur afin que les mots disent des choses.
Je dois fouiller, chercher, dénicher les bonnes graines enfouies sous un tapis d’herbes folles !
J’interroge ma mémoire afin de saisir le mystère de ma vie.
 
J’ai appris l’importance de la parole alors que personne ne me parlait, j’ai appris la solitude au milieu de la ville. J’ai appris la vigilance la nuit en regardant mon cœur. -Maintenant, tout reste à dire.
La suite est un rêve qu’il ne faut pas détruire, car c’est en fermant les yeux que l’on voit le mieux ce passé qui a fui comme un vol d’hirondelles une fois l’automne venu.
Mon ami le Ghoul me l’avait dit, lui que j’ai rencontré un soir d’été où je traînais mon ennui dans les rues de la ville. Il m’est apparu soudain au détour d’une place et il a agité autour de moi sa danse de derviche. Je lui ai souri afin qu’il aille traîner ses savates plus loin, mais lui m’a regardé de ses yeux extravagants et il m’a dit :
- Tu es triste mon ami, viens avec moi je t’apprendrai le rire. Je m’envole aujourd’hui en direction de la lune et j’atterrirai parmi les étoiles… et c’est beau les étoiles !
J’ai été surpris par ses propos. Habituellement, les Ghouls sont des êtres cruels et malfaisants, mais lui, malgré sa peau verte couverte de poils, ses yeux globuleux aux reflets rouges, ses longues oreilles pointues et sa queue fourchue, il avait une bonne tête.
Alors n’ayant rien d’autre à faire, je suis parti avec lui. 
Mais c’est un secret, il ne faut le dire à personne. Dans le silence de la nuit, le vent nous a emmenés. En chemin, il m’a dit :
- Ne sois pas docile, car la prudence rend faible ! Sois fou et tu connaîtras le secret de l’existence.
L’asservissement est inacceptable et les vérités les plus irrecevables te rendront plus fort. Vis au-delà de ta ville et tu apprendras le monde. Suis toujours le chemin de tes rêves sans jamais te retourner.
Mange le corps des hommes, bois leur sang, et respire leur souffle afin de mieux les connaître, ainsi tu perdras tes illusions, mais tu gagneras la lucidité.
Sept jours et sept nuits passèrent, pendant lesquels j’ai entendu ce que l’on ne dit pas. La vérité est toujours vérité. La beauté des choses est au fond de notre cœur, et le silence toujours préférable aux mots frivoles.
Aujourd’hui me voilà revenu de tout.
Aussi il me faut chercher derrière les êtres que j’ai rencontrés, dans les recoins de ma mémoire, dialoguer avec elle, chercher encore et toujours afin de trouver la route, trouver les mots, trouver les odeurs, c’est cela les odeurs, elles ouvrent la porte à un flot d’images…
Les fleurs sont douces à sentir quand la route commence, mais ont-elles le même parfum arrivé au bout du chemin !
 
*
* *
 
En ce temps-là, à Sfax, c’était l’été, c’était aussi la nuit. Les nuits à Sfax sont étouffantes, et l’imagination fertile. La marée était basse et la lune haute.
Le petit chenal envoyait ses effluves de vase, mêlées d’odeurs d’algue et de poisson pourri.
Cette odeur persistante du petit chenal stimule le souvenir alors que plus d’un demi-siècle est passé et que j’ai mis entre mon rêve et moi des milliers de kilomètres, et des centaines d’autres délires.
Je me souviens, la nuit s’achevait. Une nuit éprouvante, la chaleur suffocante entravait le sommeil. Corps moite sur des draps tièdes. L’esprit engourdi, j’attendais les premières lueurs de l’aube,

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