L incestueuse
153 pages
Français

L'incestueuse , livre ebook

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153 pages
Français

Description

L'histoire se passe dans un village de la forêt dense du Centre-Cameroun. Parmi les enfants du jeune retraité Bilé, une fille se détache par sa forte personnalité et son caractère : Mballa Claire Clarisse, surnommée Energie. Admirée par tout le canton, elle commet le redoutable péché d'inceste avec son cousin Abéga. Cet acte condamnable et condamné par la tradition des hommes de la forêt sera expié au cours d'un rite étrange...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 82
EAN13 9782296226531
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'IncestueuseLittératures et Savoirs
Collection dirigée par Emmanuel Matateyou
Dans cette collection sont publiés des ouvrages de la
littérature fiction mais également des essais produisant un discours sur
des savoirs endogènes qui sont des interrogations sur les conditions
permettant d'apporter aux sociétés du Sud et du Nord une
amélioration significative dans leur mode de vie. Dans le domaine de
la création des œuvres de l'esprit, les générations se bousculent et
s'a[fTontent au Nord comme au Sud avec une violence telle que les
ruptures s'accomplissent et se transposent dans les langages littéraires
(aussi bien oral qu'écrit). Toute réflexion sur toutes ces ruptures, mais
également sur les voies empruntées par les populations africaines et
autres sera très éclairante des nouveaux défis à relever.
La collection Littératures et Savoirs est un espace de
promotion des nouvelles écritures africaines qui ont une esthétique
propre; ce qui permet aux critiques de dire désormais que la littérature
africaine est une science objective de la subjectivité. Romans, pièces
de théâtre, poésie, monographies, récits autobiographiques,
mémoires... sur l'Afrique sont prioritairement appréciés.
Déjà parus
Pierre Célestin MBOUA, Les Bâtards ou les damnés,
Pièce en trois actes, 2009.
Pierre Célestin MBOUA, Les Cacophonies humaines,
Poèmes,2009.
Robert FOTSING MAN GOUA (sous la direction de),
L'imaginaire musical dans la littérature africaine, 2009.
Mayer ÉTONGUÉ, Hystérique ..., 2008.
Robert FOTSING, Les pièges, 2008.
Olivier Thierry MBIH, Le Crépuscule des pleurs, 2008.
Jean-Marcel MEKA OBAM, La Structure symbolique dans
L'Aventure ambiguë et Le Monde s'effondre. Essai de critique
discursive, 2008.
Clément DILI PALAI, Contes moundang du Cameroun, 2008.Patraud Bilunga
L'Incestueuse
Roman
L'HARMATIAN@
L'HARMATTAN, 2009
5-7. rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan I@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-08615-9
~:9782296086159SOMMAIRE
SOMMAIRE 5
Œ-IAPITRE I 7 II 21
Œ-IAPITRE III 35 IV 69
~7Œ-IAPITRE V VI .............................................................. 109
Œ-IAPITRE VII ... 127 VIII 135CHAPITRE I
Le jour comptait ses dernières heures, et la nature qui
tout à l'heure ressemblait à une grosse braise, semblait
reprendre vie. Le gazouillis des insectes, les chants des
oiseaux et les cris d'autres bestioles donnaient de la voix,
comme pour saluer le départ de cette chaleur accablante qui
les a obligés à se terrer qui dans un nid, qui d'autre dans un
trou durant plusieurs heures. Une brise légère, à peine
perceptible par le mouvement des sissongos, rafraîchissait de
plus en plus l'atmosphère. L'heure prêtait aux baignades à la
quête du dernier repas de la journée, les étangs et autres
cours d'eau étaient pris d'assaut par une multitude d'oiseaux
et d'animaux venus s'y abreuver. Les arbres fruitiers faisaient
l'objet de beaucoup de sollicitations, on y retrouvait des
colonies de singes, de perroquets savourant leurs derniers
fruits de la soirée dans un vacarme assourdissant. La forêt
immense et majestueuse, animée par le réveil de ses
habitants, filtrait les derniers rayons du soleil. Déjà dans le
sous-bois régnaient une pénombre et de plus en plus
d'humidité.
Marchant d'un pas alerte, rythmé par le craquement
des feuilles mortes qui jonchaient la piste, Bilé admirait ce
splendide panorama qu'offrent les couchers de soleil en forêt
équatoriale. Il revoyait ainsi toute son enfance, car les fins de
journée comme celle-ci, il en a connu plusieurs au début de
son existence. Il se rappelait encore les courses folles sur ce
même sentier avec son frère et ses cousins lors des
interminables séances de jeux ou bien des retours pénibles
de l'école qui se situait à quinze kilomètres de la maison
\ I
parent ale a cette epoque.
Et comment ne pas se souvenir qu'il a connu, sur
cette piste, les plus grandes peurs de sa vie, lorsque sesparents l'envoyaient seul traverser un ou deux de ces longs
bosquets dont s'enorgueillit ce chemin? Devenu adolescent,
Bilé effectua en ces lieux ses premières balades amoureuses,
les après-midi aussi ensoleillés que celui-ci. Il ne pouvait pas
s'empêcher d'avoir de la nostalgie pour tous ces moments
d'enfance, mais sa pensée s'enfonçait inexorablement dans le
présent bien qu'il ne fût pas vraiment réjouissant.
C'est donc avec un pincement au cœur qu'il se mit à
faire le flash-back de sa vie depuis son dépan du village il y a
plus d'une vingtaine d'années. Pani à dix-huit ans pour
Douala chercher du travail, Bilé trouva domicile chez une
tante revendeuse au marché central et installée dans la ville
depuis fonlongtemps.
Nanti d'un CE.P.E, il trouva heureusement du
travail à la Délégation Provinciale des Finances du Littoral
après quelques petits emplois çà et là dans les chantiers. À
vingt-cinq ans il se maria avec une jeune femme, son aînée
de trois ans. À la mon de sa mère deux ans après celle de
son père, le conseil de famille lui intima l'ordre de prendre
une femme plus jeune pour lui faire des enfants, chose dont
la première était incapable. Mais une fois de retour à Douala,
il se fit convaincre par son épouse de passer outre les
exigences des villageois, et même de ne plus mettre pied au
village car, désormais orphelin de père et de mère, ces
voyages au village ne présentaient plus aucun intérêt. Après
douze ans de mariage, la situation entre les deux conjoints
devint insoutenable, puis vint le divorce d'où Bilé sortit
économiquement fragilisé. Le besoin de procréer le pousse
très vite dans les bras d'une demoiselle avec qui il se marie à
trente-huit ans et voit toute suite naître sa première fille, une
autre suivant deux ans après, et un peu plus tard, un petit
garçon. À quarante-neuf ans, le spectre de la retraite plane ,~
l'horizon, mais la situation financière de Bilé est loin de
s'améliorer. Il renoue les relations avec le village lors du
8décès d'un oncle, puis d'un autre cousin. Ces voyages à
l'occasion de ces obsèques lui permirent de constater avec
amertume que la case laissée par ses parents n'existe plus.
Avec un revenu de catéchiste survenu à la double coupure
drastique des salaires, ajouté à cela une pension alimentaire à
verser à son ex-femme, l'idée d'un retour au bercail après la
mise à la retraite s'imposait avec empressement. Mais quelle
case allait-elle accueillir Bilé et sa famille? Là était la
question qui entretenait les insomnies de l'agent de bureau
Bilé Baudouin. Il ne pouvait s'empêcher de maudire à
longueur d'insomnies son premier mariage, et surtout le fait
de n'avoir point construit une case à côté des tombes de ses
parents. Mais les regrets, les malédictions, les nuits blanches
étaient parfaitement inutiles, au contraire, tout ceci rendait
Bilé plus malheureux.
Et malheureux, Bilé l'était vraiment, car ayant eu à
presque quarante ans sa première fille, et étant l'aîné d'un
frère qu'il ne fréquentait guère, il était beaucoup plus
grandpère, plus frère pour sa progéniture, que père. Et malgré les
modestes moyens qui étaient les siens, on eût dit ses enfants
gâtés. Car ils ne manquaient de rien, à quinze minutes de
marche pour aller à l'école, ils prenaient le taxi, ils avaient
l'argent de poche, toutes leurs fournitures scolaires, plusieurs
jouets, leur cours de karaté et de danse classique entièrement
payés. À l'idée donc de savoir que ses enfants allaient perdre
toutes ces petites attentions somme toute nécessaires, pour
intégrer les rudes réalités du village où d'ailleurs ils n'avaient
jamais mis pied, faisait fondre Bilé à vue d'œil, à telle
enseigne qu'il ne se passait pas une semaine sans qu'un
collègue de service, ou un voisin du quartier ne vînt
s'enquérir de son état de santé.
Le jour tant redouté arrivera malheureusement un
mois de mai 199... L'employé de bureau à la Délégation
Provinciale des Finances Bilé deva

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