Le cheminement de Ngniamoto
151 pages
Français

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Le cheminement de Ngniamoto , livre ebook

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Description

C'est le récit de la vie d'un homme, Ngniamoto, et de son destin particulier : les conditions difficiles de sa naissance et la maladie qui contraignit sa mère à quitter le village de son époux, pour aller se réfugier chez son grand frère NzeMeye, un nganga aux pouvoirs illimités. Celui-ci, après avoir guéri l'enfant Ngniamoto, ira le faire initier chez les pygmées. Ce roman épique s'inspire de la tradition orale Fang et, plus particulièrement, de l'épopée Mvett, ou la légende d'un homme aux capacités surnaturelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2006
Nombre de lectures 174
EAN13 9782336266688
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296007369
EAN : 9782296007369
Sommaire
Page de Copyright Page de titre DU MÊME AUTEUR LA LEGENDE DE NGNIAMOTO L’INITIATION DE NGIAMOTO « CHEZ LES PYGMEES » L’ ABAA : NGNIAMOTO AU CORPS DE GARDE NGNIAMOTO DEVANT LA FACE DE DIEU GLOSSAIRE Encres Noires
Le cheminement de Ngniamoto

Eric Joël Bekale
DU MÊME AUTEUR – LE CHANT DE MA MERE (poésie), La Pensée universelle, Paris, 1993. – CRIS ET PASSIONS (poésie), Bajag-Méri, Paris, 1996. – AU PAYS DE MBANDONG (nouvelles), L’Harmattan, Paris, 2001. – LE VOLEUR DE REVES (contes), L’Harmattan, Paris, 2003. – UN ETRANGE WEEK-END A GENEVE (roman), Société des Ecrivains, Paris, 2005. – LE MYSTERE DE NGUEMA (nouvelles), L’Harmattan, Paris, 2005. – ELEVATIONS POETIQUES (poésie), L’Harmattan, Paris, 2005.
LA LEGENDE DE NGNIAMOTO
Il y a de cela très longtemps, au pays de Mbandong, dans un village qu’on appelle Alène-Nkoma, vivait un homme du nom de Ngniamoto-Bekalle-B’Akwe. Il appartenait à la tribu Oyeke. C’était un guerrier farouche, d’une rudesse sauvage. Il était fort et aussi grand qu’un Okoumé. C’est pourquoi on l’appelait « La Montagne ». Ses muscles ressemblaient à d’énormes blocs de rochers volcaniques. Son corps était recouvert de tatouages de guerre et de gris-gris aux pouvoirs incommensurables. En guise de vêtement, il portait une peau de lion : trophée qu’il avait remporté à l’issue de l’une de ses multiples parties de chasse. Ainsi, il était le villageois le plus estimé, le plus admiré et le plus craint. Ses exploits à la guerre, comme à la chasse ou à la pêche, se racontaient comme des légendes. Ngniamoto n’était pas un être comme les autres. C’était un ébzibzie, un demi-dieu, un mythe vivant.
C’est ainsi que, certaines nuits de veillée, à l’occasion des réjouissances, Ngniamoto, encore appelé Tsira Bekalle-La-Montagne, se prenait plaisir à relater lui-même les exploits de ses nombreuses aventures. Il prenait alors place dans l’abaa, le corps de garde, qui faisait aussi office de temple, à côté de Mvomo-Etoudi, le chef de village. C’était aussi un grand artiste. Il jouait de la cithare, du mvett, de la sanza et du tam-tam.
Dans toute la contrée de Mbandong, la réputation de Ngniamoto avait creusé son sillon. On parlait de lui partout: sous tous les toits et dans tous les corps de garde. Il était si impressionnant qu’on disait de lui qu’il était sorcier. D’ailleurs, il ne s’en défendait pas, bien au contraire ! En effet, il ne pouvait pas en être autrement. Il avait bien réussi socialement grâce à ses quatre femmes, à ses nombreux enfants qu’on ne comptait plus, à ses troupeaux de bœufs et de moutons, à ses plantations d’ignames et de bananiers. Aussi était-il envié pour toutes ces choses ! Ngniamoto savait tout ce qui se disait sur lui. Mais, plutôt que de les démentir, il se plaisait à exhiber sa force afin d’entretenir son mythe.
Alors, durant l’une de ces nuits de réjouissance, dans le village qu’on appelle Alène-Nkoma, Ngniamoto s’installa sur un banc et s’arma de sa cithare, Ekêba-Nfounga. Cette dernière n’était pas un instrument de musique ordinaire. Elle était incarnée par un esprit. Ainsi, lorsque Ngniamoto jouait de cette cithare, c’est l’ancêtre logé dans le ventre de l’instrument qui s’exprimait. Seuls les ngnima pouvaient entendre sa voix. Avant de commencer son récital, en initié, Ngniamoto alluma un mupetu, appelé aussi otsa. Il l’installa en face de lui. Il croqua une joue de noix de cola rouge et une autre de noix de cola blanche. Il fit le mélange dans sa bouche et en ressortit une pâte rougeâtre. Avec celle-ci, il traça un cercle autour de lui, marqua un point sur le front du visage de la cithare et jeta le reste dans la flamme de la torche indigène. Continuant son rituel, il versa quelques gouttes de malamba sous les poutres sculptées, deux piliers verticaux en bois précieux, qui soutenaient la voûte du corps de garde. Ces deux piliers symbolisaient le parcours de l’Homme sur terre : de la naissance à la mort. Ces derniers constituaient, en même temps, le lien ombilical qui relie l’Homme à sa divinité. Ensuite, il fit passer la calebasse, de main à main, à l’assistance. Les langues claquèrent sur les palais. Le malamba était de bonne qualité. Ngniamoto regagna son banc. Il alluma un bâton de yamba et en tira de longues bouffées avant d’en expulser la fumée. Le nbandja se retrouva comme envahi par un épais brouillard aux effets hallucinogènes. Le chanvre indien fit son effet. Les membres de l’assemblée, après avoir inhalé sa fumée, se mirent à tousser. Ngniamoto répondit, « Yaa ! » Tout était fin prêt. Il pouvait commencer.

« Que les oreilles écoutent ! Qu’elles écoutent la légende de Ngniamoto Fils de Bekalle-B’Akwe Mone Oyeke Y’Avoung Que les oreilles écoutent ! »
Et le public, de répondre en chœur : « Qu’elles écoutent la légende de Ngniamoto ! » Celui-ci commença son histoire. Tout le corps de garde était en haleine.
« On ne va pas à la chasse comme on va dans sa cuisine ! La chasse est une affaire d’homme. Que celui qui a peur de mourir mange les feuilles de manioc ! Toute l’année, les plantes de manioc fleurissent derrière les cases. Moi, c’est uniquement la viande que j’aime. C’est pourquoi je vais à la chasse. Je chasse l’éléphant, oui ! Je chasse l’hippopotame, oui ! Je chasse le phacochère, oui ! Je chasse le boa, oui ! N’en doutez jamais, hommes ! Ngniamoto aime la viande, comme d’autres aiment le malamba  ! Que les oreilles écoutent ! »
Et le public, de répondre en chœur : « Qu’elles écoutent la légende de Ngniamoto ! » Puis, il continua : « Le jour où il n’y aura plus d’animaux, Ngniamoto chassera l’homme. L’homme, c’est de la viande! Ngniamoto aime la viande. Mais, tant que la forêt existera, tant que le vent soufflera, il y aura des animaux à chasser. C’est pourquoi l’homme peut dormir tranquillement ! Ngniamoto ne le mangera pas, même s’il aime la viande. Que les oreilles écoutent ! »
Et le public de répondre : « Qu’elles écoutent la légende de Ngniamoto ! » Puis l’orateur reprit la parole : « Cette nuit-là, Ngniamoto s’était bien préparé. Il n’avait pas mangé de toute la journée, ni touché ses femmes. Il avait pris soin d’enduire son corps d’huile de palme mélangée aux feuilles . Cette onction, comme vous le savez, est magique ! Elle rend le chasseur inodore et invisible. Ainsi armé de son arbalète aux flèches d’acier, de trois javelots et d’un long nzokbam , Ngniamoto pénétra dans la grande forêt qu’on appelle “ Awu é bele wa ”. A l’intérieur, il marcha plusieurs kilomètres avant d’atteindre la savane qu’on appelle “ Bibibili ”, le domaine des lions et des éléphants. La Lune était sortie cette nuit-là. Ngniamoto pouvait voir clair. Il aperçut l’ombre d’un troupeau se remuer à deux centaines de mètres de lui. C’était une harde d’éléphants, accompagnés de leurs petits, qui allait boire à la rivière. Alors, tout doucement, tel un félin qui s’approche de sa proie, la lance au poing, Ngniamoto vint se placer à côté du troupeau. Le plus grand dressa soudainement les oreilles, secoua furieusement la tête et poussa des barrissements assourdissants. Le chasseur toussa : “Tchin !”, et le troupeau se dispersa. Ngniamoto repéra le plus gros mastodonte, le chef certainement. Celui-ci, contrairement aux autres, ne s’était pas éloigné de la rivière. Il se retourna vers l’endroit d’où venait le toussotement. Il fixa le chasseur dont il apercevait l’ombre. Avec un barrissement perçant, les oreilles déployées, il chargea. Ses petits yeux matois brillant d’un indéniable éclair de malice, Ngniamoto toussa une nouvelle fois : “Tchin !”. Aussitôt, il disparut. À la place, la charge de l’éléphant terrassa un gros fromager. Que les oreilles écoutent ! »
Et le public, de répondre en chœur : « Qu’elles écoutent la légende de Ngniamoto ! » Puis, il continua. « Le fils de Bekalle-B’Akwe est né préparé . Il n’est pas comme certains qui res

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