Le souffle Déols

Fabrice Bonardi (Ss Dir.)

Description

Ce recueil rassemble les textes de qualité produits, dont celui de la lauréate, Coline Lemeunier, par le concours de la nouvelle George Sand en Berry, rendant hommage à des plumes féminines naissantes. Le thème du concours 2007 s'articulait autour de "pouvoir(s)" et a recueilli des nouvelles du territoire national mais aussi de nombreux pays francophones. Découvrez les textes également de Laurence Marconi, Laurence Goigoux-de Saint Victor, Florence Doillon, Johane Fontaine, Valérie Lacroix, Francine Bibian, Florie Bonnel, Chantal Lavergne et Catherine Voglimacci.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Nouvelles
• Littérature
• Romans

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2008
• Nombre de lectures: 170
• EAN13: 9782296663640
• Langue: Français

Extrait

Le souffle Déols
Écritures
Collection fondée par Maguy Albet
Directeur : Daniel Cohen


Dernières parutions

Bernard MANDON, Le Testament d’Ardengost , 2008.
Jacques BRANCOTTE, Sensible , 2008.
Maya, Ubuntu , 2008.
Michel LABONNE, La machine à rêves , 2008.
Razik BENYAHIA, Les indésirables , 2008.
Valérie FONTA, La déraison. Dérive d’une psychanalyse , 2008.
Catherine REYNAUD, Cherchant le Paradis , 2008.
Jaunay CLAN, Nostoc 15h58 , 2008.
Carine FOUQUET, Don Giovanni à Paris , 2008.
Jean HOURAÀ, Mémoires de la grande faille, 2008
Jean-François RODE, Longitude zéro , 2008.
Frédéric AKNIN, Boléro pour un égaré , 2008.
Carlos K. DEBRITO, Retour à Lisbonne , 2008.
Jane EL KOLLI, Juste un reflet ..., 2008.
Jean-François LOPEZ, La rivière de pierre. Nouvelles, 2008
Dominique LEMAIRE, Saltimbanques , 2008.
Bernard FELIX, Fiona , 2008.
Marcel BARAFFE, Comme une vague inquiétude , 2008.
Ray COSPEREC, L’artiste inconnue , 2008.
Gianfranco STROPPINI DE FOC ARA, Farahm ö nde , 2008.
Noël GUILLARD, Sur la route de kiev , 2008.
Alain DULOT, Les remparts de Dubrovnik , 2008.
Jean PERDIJON, La solitude du cosmologiste , 2008.
Daniel BERNARD, Les Magayantes, 2008.
Hüseyin LATIF, La mort bleue, 2008.
AICHETOU, Cette légendaire année verte , 2007.
Mireille KLEMENTZ, Le maître allemand , 2007.
Anne-Marie LARA, Les bellezêveries, 2007.
Concours littéraire francophone de la nouvelle
George Sand


Troisième édition


Le souffle Déols


Nouvelle lauréate
suivie des autres textes remarqués


L’HARMATTAN
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-296-06820-9
EAN : 9782296068209

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avant-propos
L’aventure continue...


En quatre éditions, le concours de nouvelles né à Déols en 2004 en hommage à George Sand peut se targuer de plusieurs succès, mais aussi d’avoir su traverser quelques vicissitudes...

Compter plus de trois cents candidates issues de l’ensemble du territoire national, mais aussi de nombreux pays francophones, voire de régions où la langue française est quelquefois anecdotique, compte parmi les motifs de satisfaction.

Bien sûr, la plus belle récompense reste pour les fondateurs – au premier rang desquels figure Olivier Lenoir et pour les organisateurs d’avoir encouragé de jeunes talents dans la poursuite de leur parcours, et de les voir publier ensuite recueils personnels ou premiers romans.

C’est le cas notamment de Johanna Pernot, la toute première lauréate, qui a publié « un œil noir te regarde », recueil de fictions poétiques (l’Harmattan, juin 2007) et de Coline Lemeunier, lauréate 2007, qui a obtenu le prix de la Fondation Bouygues Télécom pour son premier roman, 1tox (Calmann-Levy, avril 2008)

La mise en « orbite littéraire » d’un tel projet n’a pas pu, bien sûr, être exempte de difficultés, tenant en particulier à la volonté unanime de maintenir un strict bénévolat à toutes les étapes du concours.

La traversée de quelques moments... intenses n’a ainsi été possible que grâce aux partenaires historiques du concours, dont le soutien ne s’est jamais démenti : PGA-Electronic, la ville de Déols et l’Harmattan.

L’intérêt des chercheurs « d 'Ecritures de la modernité » (CNRS/Sorbonne Nouvelle), de la mission pour la place des femmes du CNRS, et la fidélité des associations, médias, sites, blogs, auteurs ou ami(e)s qui relaient l’information ont également été précieux.

Et si, aujourd’hui, l'aventure continue , c’est aussi et d’abord, en mémoire de Pierre Merlot.

Sur le plan littéraire, la qualité d’ensemble de l’édition 2007 a conduit l’Harmattan à accepter de publier, en plus de la nouvelle lauréate, neuf autres nouvelles qui furent aussi défendues par des jurés. D’autres auraient probablement pu y prétendre, comme Sidonie R. qui, du haut de ses 12 ans, est dotée d’un très prometteur brin de plume !

Peut-être une raison de plus de croire en l’avenir du concours...

Fabrice Bonardi
Edition 2007


Sur le thème : pouvoir(s)
Coline Lemeunier
Lauréate de l’édition 2007

Lauréate du concours du premier roman lancé la même année par la Fondation Bouygues Télécom, pour son roman 1tox (Calmann-Levy, avril 2008).

Coline a ouvert un journal personnel et littéraire sur internet à l’adresse http:// coline.typepad.fr/
En prise directe
1
Il passa lentement sa main sur le bois d’acajou de son bureau, satisfait. Une surface lisse, précieuse, épaisse, sur laquelle il avait signé des centaines de contrats, paraphé des milliers de documents, et démis de leurs fonctions un paquet de cadres.
Et pourtant pas une seule mine de stylo ne l’avait abîmée, ses contours si parfaits étaient restés indemnes, hermétiques à toute velléité, comme si la matière absorbait tout ce qui se posait sur elle. Cela avait toujours provoqué en lui une fascination étrange pour ce meuble, dont l’étonnante constance face aux tourmentes quotidiennes forçait son respect.
Il pivota sur son large fauteuil en cuir. Il contempla l’horizon de tours d’affaires qui s’offrait à lui, avec leurs façades vitrées reflétant les rayons de soleil matinaux. Il entendait dire, souvent, que les patrons comme lui avaient un ego surdimensionné. Il n’y avait pas de quoi s’étonner avec tous ces miroirs perpétuellement dirigés vers eux. On ne voyait que ça toute la journée, son propre reflet ou celui de ses concurrents.
Face à ce kaléidoscope de verre, ce matin-là, il était pleinement satisfait. Il savait qu’il achèverait enfin quelque chose de grand. Quelque chose qu’il attendait depuis longtemps. Un projet auquel chaque employé avait participé, bien malgré lui. Il souriait à l’idée que tout ceci arrivait à son terme. Il avait réussi, et rien ne l’avait empêché de mener à bien la mission qu’il s’était assignée. Et personne n’était là, dans son bureau, pour voir la lueur de concupiscence dans son regard.
Un travail de longue haleine malgré tout... Des mois et des mois qu’il essayait de toutes les trouver, de les rassembler et de les unir. Des mois qu’il avançait ses pions sur son échiquier, sans qu’on le voie venir, en manipulant son petit monde.
Oui, il avait réussi à extraire de chacun la qualité qui lui manquait. Et à se l’approprier.
Comment devenir autrement un homme puissant et incontesté ? Si ce n’est en fusionnant toutes les qualités requises ?
Alors lentement mais sûrement, par des stratagèmes demandant souvent de l’imagination, il avait procédé au vol des vertus et des compétences dont il avait besoin. Directement chez les gens qui les possédaient. Tout comme un collectionneur d’art cleptomane, il avait pris les qualités là où elles se trouvaient. On n’imagine pas à quel point il peut être facile de déposséder quelqu’un d’une de ses aptitudes sans même qu’il s’en rende compte. Il suffit d’attendre le bon moment, d’avoir la stratégie adéquate, et un peu de « sixième sens ».
Et puis ce n’était rien pour ces employés. Une qualité, c’est comme un rein, on peut vivre normalement même après une ablation.
Et c’est comme ça qu’il avait réussi à voler tout ce qu’il n’avait pas ou peu.
Il avait observé, il avait manipulé et il avait gagné. Qu’y avait-il de mal à donner le meilleur de soi-même ? C’est bien ce que les gens attendaient de leur boulot, non ? Eh bien lui, il donnerait le meilleur du meilleur. Le petit lait. La quintessence.
Ce matin-là il faisait mentalement le bilan, face aux milliers de miroirs qui lui renvoyaient son triomphe. Il avait eu ce qu’il voulait, de l’esprit d’initiative du directeur des ventes au sens pratique de l’assistant aux relations-presse, en passant par le talent visionnaire du directeur du développement. Et bientôt le pouvoir absolu.
Cependant, il lui manquait encore deux choses. Annihiler le peu d’ambition qui restait dans cette entreprise, et acquérir de l’instinct.
La première allait être presque trop facile à faire. Ce jeune loup tout droit sorti d’une école de commerce qu’il avait fait affecter à l’étage, il allait lui voler son ambition en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, et du même coup enlever toute chance à quiconqu