Le Talisman de Jade
232 pages
Français

Le Talisman de Jade , livre ebook

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232 pages
Français

Description

Désigné pour être sacrifié aux dieux, un jeune Indien maya s'enfuit dans la forêt tropicale où il rejoint une troupe de mercenaires qui vendent leurs services aux cités-Etats en guerre perpétuelle. De retour dans son village natal, il rencontre l'amour. Avec le secours de son talisman de jade, parviendra-t-il à infléchir son destin, alors que la civilisation maya en crise brille de ses derniers feux ?

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Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2012
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296510647
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tristan CHALON
Le Talisman de Jade Au pays des Maya s
R o m a n histo r iq u e
LE TALISMAN DE JADE
Du même auteur aux Éditions L’Harmattan : Le prophète. Récit du Sénégal, 2011 La Mort des dieux. Récit des temps aztèques, 1325-1521, 2011. Le prêtre Jean ou Le royaume oublié, 2010. Le Mage,2010. L’homme-oiseau de l’île de Pâques, 2009. Sous le regard d’Amon-Rê, 2009. Une esclave songhaï ou Gao, l’empire perdu, 2009. e L’Eunuque. Récit de la Perse ancienne au XVIII siècle, 2008. Le Lion de la tribu de Juda ou un Destin de femme dans l’Ethiopie ancienne, 2008. © L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00685-7 EAN : 9782336006857
Tristan CHALON
LE TALISMAN DE JADE Au pays des Mayas
Roman historique Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions Claude BOURGUIGNON-FRASSETO,Le temps des Voraces, le temps des carbonari, 2012. Rabia TAZI, Annick ZENNAKI,?Méditerranée, rêve impossible Un intellectuel algérien au début du siècle, 2012. Christine MALGORN,Syrie, mon amour, 2012. Babis PLAÏTAKIS,Alcibiade. L’enfant terrible de la Grèce, 2012. David DIOP,1889 l’Attraction universelle, 2012 Vincent SILVEIRA,Sara le médecin troubadour, 2012 Jacqueline SOREL,Boufflers, un gentilhomme sous les tropiques, 2012. Gildas DACRE-WRIGHT,Le Spectateur engagé ou que faire sous la Révolution quand on est beau-frère de Georges Danton ?,2011. Claude VALLEIX,Frédégonde, la reine barbare, 2011. Fred JOUHAUD,Madame d’Artagnan ?,2011. Jean-Paul DAILLOUX,Le Fantôme de Robespierre, 2011.Christophe DOSTA,Le concert du roi,2011. Mustapha KHARMOUDI,Maroc, voyage dans les royaumes perdus, 2011. Patrick CUENOT,Le Phénix d’Oppède. Aventure fabuleuse d’un cannibale du Brésil réfugié en Provence en 1520, 2011. Gérard PARDINI,Le pacha, De la Corse à l’Egypte, histoire d’un destin, 2011. Michel THOUILLOT,Henry de Balzac, enfant de l’amour,2011. Roselyne DUPRAT,Lawrence d’Arabie. Un mystère en pleine lumière, 2011. Emmy CARLIER,Madame la Marquise, 2011. Jean-François SABOURIN,Peuls l’empreinte des rêves, 2011. Rémy TISSIER,Le rescapé du temps,2011. Nelly DUMOUCHEL,Au temps du canal du Panama, 2010. Stéphanie NASSIF,La Lointaine, Le sacrifice de la Nubie, 2010. Anne GUÉNÉGAN,Les psaumes du Léopard, 2010. Jean-Claude VALANTIN,La route de Qâhira ou l'exilé du Caire, 2010.
Première partie En fuite
Chapitre 1. Le sacrifice aux dieux Il pleuvait. Depuis plusieurs semaines, la pluie tombait sans discontinuer. Habituellement, c’était de la sécheresse que le pays souffrait. Le village maya de Xohomitlàn s’était d’abord réjoui de cette pluie bienfaisante. Il 1 avait remercié les dieux Chacs et les grenouilles qui étaient leurs assistants et musiciens. Maintenant il s’inquiétait : l’inondation menaçait, le sol était gorgé d’eau, le maïs pourrissait dans les champs, les jardins potagers dépérissaient. On suppliait les Chacs de ne plus vider ensemble leurs calebasses. Sans succès. La pluie s’était calmée pendant la nuit. Au petit matin les averses avaient repris. Verdis par la mousse, hérissés de mauvaises herbes, les toits de chaume ruisselaient. L’humidité pénétrait les plateformes en terre sur lesquelles les cases étaient bâties, gagnait les intérieurs. Ix Caezin, l’épouse de Balam, se sentait envahie de tristesse. Elle était inquiète. Elle avait plusieurs motifs de préoccupation. Elle ne savait pourquoi, mais cette pluie fatiguait ses nerfs. Sa mère était malade et Ix Caezin redoutait le pire. Le bruit courait d’une réquisition de maïs pour nourrir Motétlàn, la grande cité jamais repue. Comment dès lors subsister jusqu’à la prochaine récolte ? La jeune femme appréhendait le passage 2 prochain d’un « k’atun » au « k’atun » suivant . Ce passage serait célébré par 3 des sacrifices humains qui garantiraient l’enchaînement régulier des temps. Afin d’apaiser les Chacs, les pieux Mayas leur sacrifieraient des enfants dont le supplice était plus particulièrement agréable à ces dieux : cette pensée remplissait Ix Caezin d’horreur et d’effroi. Le bois humide brûlait mal dans l’âtre que délimitaient trois grosses pierres noires de suie. La fumée ne parvenait pas à s’échapper par la porte carrée dont la natte – qui tenait lieu de vantail – était relevée. Un nuage stagnait au plafond, irritait les yeux, piquait la gorge. L’air était frais. Ix Caezin frissonnait. Agenouillée, elle tissait une pièce de coton. Contre un gros dindon, elle s’était procuré au marché une vingtaine de poignées du coûteux textile qu’elle avait filé elle-même. En actionnant le métier accroché à la cloison par une boucle, elle soupirait. Tout était cher, la dernière récolte était médiocre, le spectre de la famine rôdait, l’impôt était devenu écrasant. Il fallait livrer en quantités croissantes le maïs, le cacao, le caoutchouc, le miel : les collecteurs de l’impôt étaient insatiables comme Motétlàn, l’orgueilleuse cité. Il fallait sans murmure accomplir les corvées, travailler à la construction des palais et des temples, approvisionner les chantiers en matériaux, pierre, argile, bois, sable, chaux, entretenir les chaussées, curer les fossés et les canaux. Il fallait encore offrir l’hospitalité aux voyageurs de marque, les nourrir, les loger, transporter leurs bagages, subir l’arrogance de
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leurs gens. Il fallait enfin ne pas oublier les dieux ni leurs serviteurs, se montrer généreux à leur égard, multiplier les offrandes… Les pensées moroses d’Ix Caezin semblaient déteindre sur le paysage. Le ciel était encombré de grosses nuées noires, la lisière de la forêt au loin était sombre et hostile, une brume d’eau noyait les champs, le village paraissait mort. Les dindons immobiles et silencieux montaient la garde sur le seuil de la case. Seul Ma’ax échappait à la tristesse ambiante. Le jeune garçon jouait avec le singe apprivoisé. C’était un enfant robuste, intrépide, éveillé, d’une dizaine d’années, mais paraissant plus âgé. Sa gaieté, ses rires, ses cris réconfortaient sa mère, Ix Caezin. Soudain leur voisine surgit. Zâkin était nue tête, en pagne, trempée. En proie à une forte émotion, bouleversée, elle pénétra en courant dans la case sans un geste de politesse ni un mot d’excuse. Ix Caezin lâcha le métier à tisser, se leva d’un bond, pressentant un malheur. -Que se passe-t-il Zâkin ? -Ton fils… Fuyez à l’instant… -Explique-toi, parle vite. -Un terrible danger menace Ma’ax. Ix Cuezin poussa un cri, saisit le garçon, le serra contre elle tandis que Zâkin s’expliquait : -Un émissaire du grand-prêtre vient d’arriver de la ville et il a exigé du cacique qu’il lui livre ton fils Ma’ax. J’ai surpris leur conversation. Dans quelques jours une cérémonie solennelle doit célébrer l’ouverture du nouveau cycle du « k’atun ». Des sacrifices d’enfants sont prévus et sur instruction du grand-prêtre ton fils figure parmi les victimes. L’envoyé et le cacique seront ici dans un instant. Il n’y a plus un moment à perdre. Sauvez-vous ! Ix Caezin s’efforça de garder son calme. Mais elle tremblait. Elle prit sa cape et quelques provisions : un filet rempli d’épis, un sachet gonflé de pâte de maïs, une gourde. Elle fouilla rapidement au fond d’une jarre et elle en retira un collier porte-bonheur. Ce collier alternait des coquillages rosés et des boules de jade. Elle le glissa dans son corsage. Puis tenant par la main son fils, elle quitta la case. Elle allait d’un pas rapide. Sa cape en fibres de maguey l’enveloppait. Un pan protégeait de l’averse Ma’ax qui trottait à ses côtés. En dépit de son jeune âge il était conscient du péril. Mais il considérait le danger comme un jeu. Il portait à la taille, dans un fourreau d’écorce, un couteau à lame de silex que son père lui avait offert. Le silex, de qualité, venait des gisements abondants et réputés des basses terres. Cette arme lui donnait une impression de sécurité. La mère et le fils traversèrent le village sans rencontrer personne. A la sortie du village, la jeune femme s’arrêta malgré le danger qui les pressait de fuir.
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Elle se recueillit devant le tas de pierres qui s’élevait au bord du chemin, implora les puissances invisibles. Elle grossit le tas en y déposant une pierre. Ma’ax l’imita. Cet acte de piété accompli, ils se hâtèrent de s’éloigner. Le sentier coupait la ceinture de champs, de plantations, de jachères qui entouraient le village de Xohomitlàn. Puis il s’enfonçait dans la forêt. Sous le couvert des arbres géants, l’enfant se croyait hors de danger et il gazouillait, s’efforçant de consoler sa mère, de la distraire, d’apaiser son angoisse. Mais la mère eut alors une atroce vision : le petit corps renversé sur la roche sacrificielle, le couteau à lame d’obsidienne qui s’abattait et fendait la frêle poitrine, le cœur arraché, le jaillissement d’une fontaine de sang… Elle se sentit défaillir, elle s’arrêta et pressa l’enfant contre elle. Cependant, Aouh le cacique, les anciens qui l’accompagnaient, l’ambassadeur du grand-prêtre et son escorte de gardes trapus, robustes et indisciplinés se dirigeaient vers la case de Balam et de son épouse, Ix Caezin. Le chef de village et les anciens s’empressaient, obséquieux, serviles et très inquiets, auprès de l’envoyé du grand-prêtre qui ne disait mot. En chemin Zâkin réussit à les retarder par des démonstrations de respect qui leur firent perdre un temps précieux. Sous prétexte de baiser la main de l’envoyé, elle s’agenouilla dans la boue et barra le sentier. -Quel honneur pour moi de te croiser, ô seigneur, répétait-elle. Il fallut la pousser de côté pour passer. Quand le groupe parvint à la case, ce fut pour constater avec colère qu’elle était vide. Les gardes la fouillèrent sans résultat et, furieux, ils pillèrent les provisions, vidèrent les coffres, emportèrent un dindon ligoté par les pieds et gloussant de peur. Le représentant du grand-prêtre s’inquiétait : que faire ? Aouh proposa de lui remettre une autre petite victime. Proposition qui fut repoussée avec indignation : le grand-prêtre avait spécifié que le village de Xohomitlàn lui livrât le jeune Ma’ax, fils de Balam, arrière-petit-fils du côté maternel de l’illustre Icatl. Ce choix avait ses raisons, des raisons impénétrables. Il eût été sacrilège de jeter sur ces raisons un regard profane, de réformer ce choix. Il fallait sans murmure ni interrogation respecter le choix du grand-prêtre et son émissaire redoutait la fureur de son patron s’il s’écartait de ses instructions. Car le grand-prêtre en frappant le fils entendait se venger du père qui avait osé jadis s’opposer à l’ordre sacerdotal. L’incident était oublié sauf du grand-prêtre qui était rancunier et susceptible. A la recherche de l’enfant, on visita donc les cases du village de Xohomitlàn, on interrogea les habitants qui prétendirent ne rien savoir, on parcourut les champs et les jardins aux alentours. L’enfant demeurait introuvable… Aouh, le chef de village, se rappela soudain qu’il avait autorisé Balam à défricher une clairière dans une parcelle de la forêt : peut-être y travaillait-il et son fils l’y avait rejoint ? Aouh décida de se rendre là-bas. L’envoyé du grand-prêtre laissa éclater son impatience et sa colère :
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