Le voyage inachevé
94 pages
Français

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Le voyage inachevé , livre ebook

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Description

"Mais qu'est-ce qui fait courir Jean-marc Geidel? Schubert, bien sûr. Un Schubert qui, loin de toute démarche classiquement biographique s'attachant à un quotidien décrypté avec soin, se révèle être musique. Totalement. Viscéralement." Eve Ruggiéri.
A travers ce roman, l'auteur invite le lecteur à le suivre sur le chemin de la rencontre avec le musicien, ... et l'histoire se mêle intimement à la fiction.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mai 2006
Nombre de lectures 238
EAN13 9782336273037
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ecritures
Collection dirigée par Maguy Albet
Déjà parus
Léa BASILLE, La chute de Josef Shapiro , 2006.
AICHETOU, L ’ Hymen des sables, 2006.
Porfirio MAMANI MACEDO, Avant de dormir , 2006.
Philippe EURIN, Le silence des étoiles , 2006.
Gérard IMBERT, Deo gracias. De père en fils (trilogie) , 2005.
Gérard IMBERT, Au nom du fils. De père en fils (trilogie) , 2005.
Laurent BILLIA, La sorcière et le caillou , 2005.
Anne V. MÜNCH, Expropriation, 2005.
Bernard-Marie GARREAU, Les Pages froides , 2005.
Philippe HECART, Une relation viennoise , 2005.
Manuel PEŇA MUŇOZ, Folie dorée, 2005.
Jean-François RODE, L’intruse. Fugue à trois voix, 2005.
Vivienne VERMES et Anne MOUNIC, Passages , Poèmes et prose, édition bilingue, 2005.
Didier MILLOT, Les images recouvertes , 2005.
Fabrice BONARDI, L’ombre au tableau, 2005.
Cyrus SABAII, La maison des pigeons , 2005.
Lionel-Edouard MARTIN, Jeanlou dans l’arbre , 2005.
Bruno STREIFF, Le piano de Beethoven, 2005.
Max GUEDJ, Le voyage de Vlad à Frisco ou la pluie , 2005.
Daniel BERNARD, Une Ile bien plus loin que le vent , 2005.
Jacques HURE, Le chant interrompu des cigales , 2005.
Anne LABBE, Le ventre de l’arbre, 2005.
Nabil SALEH, Outremer , 2005.
Nicole Victoire TRIVIDIC, A tue-tête, en regardant la haute mer. Histoire de Celle qui va écrire , 2005.
AICHETOU, Sarabandes sur les dunes ..., 2005.
Anne MOUNIC, Ah ! Tout ce qui dans les choses fait ah !, 2005.
Pierre MARTIN, Miroir de Vies. Nouvelles , 2005.
Bernard FAGUET, La passion algéroise, 2004.
Maurice BENHAMOU, La trace du vent , 2004.
Michel JAMET, Tendre absence, 2004.
Le voyage inachevé
Une fantaisie sur Shubert

Jean-Marc Geidel
© L’HARMATTAN. 2006
5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris
L’HARMATTAN, ITALIA s.r.l. Via Degli Artisti 15 ; 10124 Torino L’HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 ; 1053 Budapest L’HARMATTAN BURKINA FASO 1200 logements villa 96 ; 12B2260 ; Ouagadougou 12 ESPACE L’HARMATTAN KINSHASA Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives BP243, KIN XI ; Université de Kinshasa — RDC
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296006287
EAN : 9782296006287
Sommaire
Ecritures - Collection dirigée par Maguy Albet Page de titre Page de Copyright Epigraphe Chapitre premier Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Manuscrit trouvé dans un grenier Tombeau de Schubert Discographie
Voyez les hommes : le vide pur somme leur œil de se dire aveugle, et un perpétuel alibi entre la nuit du dehors et la nuit du dedans leur permet toute la vie l’illusion du jour.
MAURICE BLANCHOT, Thomas l’Obscur
Chapitre premier
Cela faisait comme un signal. Un appel me parvenait, ma pensée dérivait et je m’absentais de moi-même. Je déambulais le long de corridors sombres et sinueux, suivant une lueur vacillante qu’on aurait dit portée par un pur esprit. En réalité, j’étais invité chez un musicien célèbre. Il m’accueillait une bougie à la main dans une pièce absolument vide et, le regard un peu effarouché comme si nous commettions une faute, il me faisait signe de le suivre. Une main invisible tâtonnait sur un clavier, lui arrachant un son à peine audible et, avant que la phrase musicale fût seulement formée, la partition tout entière se profilait. Une à une, les notes se détachaient du silence, lentement écloses, rondes et méditatives. Reconnaissant l’une des toutes dernières œuvres qu’il eût écrites, je voulais le remercier de ce présent, exactement comme s’il me l’avait personnellement dédiée. Pourtant, sa chambre minuscule était ouverte à d’autres et chacun pouvait frapper à son tour. Le temps qu’il m’accordait n’était volé à personne. Il était en permanence dans une disposition telle qu’il ne pouvait apparaître autrement que disponible. Il se partageait entre tous sans limites, comme si d’innombrables figures de lui se propageaient à l’infini. Bien plus, il modulait son phrasé au contact de son hôte, et chacune de ses intonations prenait, pour celui qui l’écoutait, l’accent d’une confidence.
Sans aucun geste brusque, avec la conviction tranquille de celui qui aurait reconnu de loin le pas d’un proche, il se levait, m’entraînant hors de sa chambre par une porte dérobée. Le son tapissait l’étroit corridor que j’empruntais à sa suite, de sorte que de curieuses impressions visuelles, figures papillonnantes, contrastes d’ombre et de lumière, semblaient naître du lent écoulement des notes.
Nous étions comme deux somnambules cherchant à tâtons les chemins de la mémoire. Sa marche était celle du voyageur errant, sans direction, sans but, en quête d’on ne savait quels débris d’humanité. Son pas celui du Voyage d’hiver , s’enfonçant dans la nuit et la neige jusqu’à l’ensevelissement, là où le froid est incandescent et où l’instant se fige. Là où un vague substitut du souvenir ranime des scènes qu’une histoire plus vaste que la nôtre a laissées vacantes. Là où la nuit absorbe les ombres et tisse lentement l’étoffe de son grand manteau noir. Il me précédait, veillant à ne pas creuser l’écart, effleurant de sa main ou du regard un relief, une alcôve qu’un éclairage particulier, une mise en perspective préservaient de l’inattention. Et comme je voulais le questionner sur le sens de notre marche, son air subitement se renfrognait: « Ne te perds pas en vaines recherches..., semblait-il me dire, laisse-toi seulement guider et n’offre pas de résistance... ne t’encombre ni de symboles ni de mots qui feraient écran. Viens t’immerger dans le flot soyeux de la sensation. »
Le thème se déroulait, tout en notes égales, au rythme de nos pas, sans heurt, impassible. Le son était légèrement ouaté, étouffé même, comme destiné à résonner en nous. Il semblait incapable de conclure, s’émiettant avant de se dissoudre et de se perdre. Et nous nous perdions aussi, hésitant à l’entrecroisement de plusieurs chemins. C’est alors que surgissait des limbes un sombre trille joué tout au bout du clavier, si grave que le battement des deux notes conjointes produisait un étranglement, inquiétant remous ébranlant la surface du son si tranquille. Le temps d’un souffle et nous étions projetés, comme ramenés par un ressort, à notre point de départ. Un court silence précédait la remise en route et nous empruntions le même corridor, au son des mêmes notes. Il me faisait dévier tout doucement avant d’hésiter de nouveau, la flamme de la bougie tremblotant, entraînant avec elle un tourbillon de ténèbres. Alors, tel un grondement surgi des entrailles de la terre, le trille faisait trembler le sol sous nos pas, menaçant de nous ensevelir, se bornant à nous faire dériver, chavirer. Le temps d’un soupir et nous étions projetés, comme tirés en arrière par le même ressort, jusqu’à l’entrée du souterrain. Ainsi, j’étais pris dans le souffle d’une respiration insolite, faisant alterner la flânerie et le rappel au réel, la rêverie et le réveil, le temps étiré de la promenade et celui, contracté, du retour.
Un nouveau départ s’amorçait, mais cette fois les pas s’affirmaient, le son s’étoffait, enfin la mémoire revenait. J’accélérais pour rester à son contact, craignant de le perdre. Il m’envoyait des signaux qui balisaient le parcours. Ici, le rappel du trille, là un murmure, un soupir, une note suspendue, un décrochement furtif... Un fil d’Ariane guidait nos pas, chaque instant se prolongeait en restant à disposition, à fleur de mémoire, enrichissant peu à peu le matériau où chaque nouveau motif, chaque nouvel accord se réverbérait comme sur un miroir à faces multiples. Soudain, un accent imprévisible faisait voler en éclats le cristal sonore, en projetant des fragments dans le désordre. Et chaque nouveau désordre confirmait en quelque sorte l’ordre immanent où l’émotion, née de presque rien, diffusait lentement au plus profond de l’obscurité, là où sommeillent les choses.
Chapitre II
Un soir de schubertiade, il me conviera au cénacle. Il m’introduira parmi eux, Schober, Schwind, Bauernfeld, Kuperlwieser, Spaun, le cercle des intimes. De l’habit, de la coiffure, de la façon d’être ou de s’exprimer, rien ne viendra trahir une présence étrangère

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