Les héritiers de la misère
190 pages
Français

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Les héritiers de la misère , livre ebook

-

190 pages
Français

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Description

" Je revenais (...). Je revenais pour aider à l'émergence d'une Afrique nouvelle capable de retenir et de ramener à la maison ses fils, dont beaucoup avaient récemment péri dans les barbelés et les flammes de l'enfer occidental."
Une imagination fertile...une actualité brûlante et des réalités poignantes...L'auteur a su nous livrer, dans un style caustique, sa vision d'une Afrique émergente et sa foi dans un monde meilleur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 81
EAN13 9782296695467
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les héritiers de la misère
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11344-2
EAN : 9782296113442

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Amara Koné


Les héritiers de la misère

Suivi de : Ode à Barack Obama, citoyen du monde !

nouvelles


Préface de Moussa Zio


L’Harmattan
Dédicace
Au TOUT-PUISSANT ,

Qui m’a donné la force et l’inspiration pour écrire cette œuvre,

A toute l’Humanité,

A tous les hommes de bonne volonté, épris de paix et de justice et qui œuvrent à l’avènement d’un monde meilleur,

A ma chère Afrique, dont l’heure de gloire sonnera un jour !
Préface
Le journalisme mène à tout… Pour d’autres… au pire ; et pour certains… au meilleur. Amara Koné fait partie des journalistes qui ont tiré, non pas le gros lot, mais le numéro valorisant intellectuellement et professionnellement. Il écrit, au sens le plus grave du terme, c’est-à-dire au sens où s’entend sérieux. Son premier recueil de nouvelles n’est pas un quelconque essai de littérateur du dimanche : il y a mis beaucoup de lui-même, par le sérieux des thématiques qu’il aborde en un peu plus de 200 pages ; le long desquelles il déploie 12 nouvelles.

Si à 50 ans on est encore un enfant, à moins de 40 ans on sort à peine de sa crise de puberté. Amara Koné, qui en a moins de 40 est donc arrivé à maturité de façon précoce. Et c’est tout à son honneur. Les héritiers de la misère (son recueil de nouvelles) montre bien cette autre pente mal connue de la jeunesse africaine en général, et ivoirienne en particulier : une conscience aiguë des problèmes qui traversent, de part en part, les sociétés africaines, et un sens critique acéré, qui ne fait aucune concession à la complaisance et à la demi-mesure. Quelques pépites : « Le jour où nos élites comprendront qu’il vaut mieux être des grosses têtes plutôt que des gros ventres, le développement frappera à nos portes » ; ou encore « Faut-il croire aux hommes politiques ? Après l’ère heureuse du père fondateur, plusieurs présidents sont passés à la tête du pays ; mais on croirait qu’il s’agit d’un seul homme à plusieurs visages qui vient torturer le pauvre peuple et se moquer de lui ».

L’auteur des Héritiers de la misère interroge la société. Et ses questionnements fondent nos doutes. Il nous enseigne que nous avons encore sinon tout à apprendre du moins beaucoup à comprendre. En le lisant, sur les lignes mais aussi entre les lignes, on commence à savoir avec certitude qu’on ne sait rien. Ou que si l’on sait quelque chose, c’est trop souvent si peu de choses !

Journaliste au départ, aujourd’hui communicateur, puis sans doute demain écrivain, Amara Koné garde encore quelques traces heureuses de ses premières amours : l’actualité, l’information. Son recueil alterne le connu, le vécu et l’imaginaire, la fiction. Les faits de l’histoire immédiate, peut-être aussi lointaine d’ici et d’ailleurs, servent de terreau fertile à son imagination créatrice. C’est un jeune des temps d’aujourd’hui. Et il est bien de son temps. Il fait œuvre de témoin, certainement de mémoire. Disons de lui, en empruntant à Raymond Aron, qu’il est un spectateur engagé. Il n’a certes pas encore une longue expérience de l’écriture au long cours. Mais Les héritiers de la misère, déjà si bien écrit, est une promesse. Il doit la tenir.

ZIO Moussa

Journaliste, Président de l’ OLPED (Observatoire de la Liberté de la Presse, de l’Ethique et de la Déontologie, Côte d’Ivoire)
LE PACTE
Il était presque une heure du matin. La nuit était noire de sa noirceur la plus extrême et certainement chargée de ses mystères les plus insoupçonnés. La ville était endormie, mais on entendait sporadiquement dans le silence, des aboiements de chiens errants, des chuintements de chouettes, tout cela dans un concert étrangement bien synchronisé et magistralement exécuté par les grillons et des milliers d’autres insectes. Boza se pressait pour ne pas rater le moment auquel il devait effectuer le rituel que lui avait préconisé Gnamantou. Il gara dans un crissement de pneus. Le gardien des « dernières demeures » vint à sa rencontre.

Bonsoir, monsieur Boza. Je commençais à me demander si vous viendriez. J’ai reçu l’enveloppe que vous m’avez fait parvenir. Merci pour votre largesse. J’ai déjà repéré le tombeau qui fera votre affaire.
Beau travail, je saurai me souvenir de vous si je trouve ce que je cherche.
N’ayez crainte, vous aurez ce que vous cherchez. Venez.

Comme un habitué des lieux, plus précisément comme un automate humanoïde, préalablement programmé, Boza suivait le gardien, le pas assuré et le regard serein, même quand il lui semblait apercevoir dans les ténèbres, des ombres mouvantes, dopé par un courage qu’il ne se connaissait pas. Dans un passé récent, il aurait eu du mal à venir perturber nuitamment la quiétude des morts mais la vie avait fini par lui apprendre que les chemins de la richesse ne s’embarrassent pas de vertus, de scrupules et de préceptes divins.

Pourquoi s’obstiner à louer Dieu et les prophètes pendant qu’il subissait les affres de la misère? Pourquoi espérer un paradis céleste incertain alors qu’il suffisait d’être riche pour s’offrir le paradis sur terre ?

Boza maudissait toutes ces années où il avait prié en vain le Dieu de l’univers, pour qu’il fasse de lui un patron prospère ; toutes ces années où il restait tout ouïe devant le fameux sermon et son magique « Beati Pauperes Spiritu », qui dit-on peut faire gagner le paradis aux ouailles qui acceptent de se détacher des biens de ce monde. Il savait qu’il n’aurait pas eu de la promotion si on ne lui avait pas conseillé d’aller voir cet homme providentiel, dont la « science » lui avait permis de rejoindre de fort belle manière le cercle restreint des quelques privilégiés de ce monde de misère. Il n’avait pas eu besoin de se soumettre à des séances sordides de jeûne comme celles que prescrivit aux Juifs, la Reine Esther. De simples incantations nocturnes avaient suffi. Depuis ce jour, il comprit que les clés de son destin étaient entre ses propres mains.

Etre chef de la comptabilité dans une société spécialisée dans l’import-export, était certes une bonne chose mais Boza en voulait davantage : le fauteuil du Directeur général. Consulté, Gnamantou le marabout réclama la couronne d’un roi encore en exercice. Ce ne fut pas chose facile. Boza avait dû payer quatre lugubres individus qui se rendirent jusque dans l’extrême sud du pays pour cambrioler la résidence du grand chef Hénoukou Kagbalé Bindé. Bien sûr, ils en profitèrent pour le détrousser, en plus de la couronne royale, de plusieurs sacs de bijoux et de lingots d’or. Le roi en fut traumatisé et ne manqua plus une occasion de maudire les voleurs. L’affaire fit grand bruit, mais les gens restèrent plutôt admiratifs devant l’audace des malfrats, ce d’autant plus que personne n’avait jamais osé s’attaquer au puissant Hénoukou Kagbalé Bindé. Boza n’avait su la tournure des faits que bien plus tard, mais il n’en fut point choqué, à partir du moment où il avait sa précieuse couronne.

Dès qu’il remit l’étrange colis à son marabout, les choses semblèrent se précipiter et s’enchaîner comme s’il n’aurait pas pu en être autrement. Son patron périt dans un crash d’avion et son corps resta introuvable. La réunion extraordinaire du conseil d’administration qui suivit ce drame le désigna pour présider aux destinées de la société. Maintenant qu’il était patron, Boza se mit à rêver d’une richesse hors du commun. Cette préoccupation n’était pas un problème pour Gnamantou. Le marabout lui avait simplement demandé la dent en or d’un cadavre fraîchement enterré. Boza n’avait eu qu’à soudoyer le gardien du cimetière qui après plusieurs recherches finit par trouver. Il voyait désormai

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