Les Marionnettes de Sans-Souci
327 pages
Français

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Les Marionnettes de Sans-Souci , livre ebook

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Description

En 1820, un vieil homme, qui fut l'émissaire-espion du roi de Prusse Frédéric II (1712-1786), raconte ses souvenirs à trois historiens : les horreurs de la guerre de Sept ans, les tractations politiques auxquelles il a été mêlé, ses courses à travers l'Europe et les amours libertines qu'il a vécues. Puis, il évoque la vie menée au palais de Sans-Souci, dans ses aspects inquiétants ou burlesques. A Paris, Londres, Vienne ou Saint-Pétersbourg, le narrateur a rencontré des personnalités célèbres. Ses témoignages captivent les auditeurs, car s'y profile la question de la liberté des personnes et des peuples.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 272
EAN13 9782296926974
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES MARIONNETTES
DE SANS-SOUCI
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

Aloïs de SAINT-SAUVEUR, Philibert Vitry. Un bandit bressan au XVIII e siècle, 2009.
Tristan CHALON, Une esclave songhaï ou Gao, l’empire perdu, 2009.
OLOSUNTA, Le bataillon maudit, 2009.
Jean-Noël AZE, Cœur de chouan, 2008.
Jean-Christophe PARISOT, Ce mystérieux Monsieur Chopin, 2008.
Paule BECQUAERT, Troubles. Le labyrinthe des âmes, 2008.
Jean-François LE TEXIER, La dernière charge, 2008.
Robert DELAVAULT, Une destinée hors du commun. Marie-Anne Lavoisier (1758-1806), 2008.
Thierry AUBERNOIS, Le passage de l’Aurige. Combattre pour Apollon, 2008.
Tristan CHALON, L’Eunuque. Récit de la Perse ancienne au XVIII e siècle, 2008.
Tristan CHALON, Le Lion de la tribu de Juda ou un Destin de femme dans l’Ethiopie ancienne, 2008.
Dominique MARCHAL, La Porte du côté de l’Orient, 2008.
Chloé DUBREUIL, Le temps d’Uranie, 2008.
Gabriel REILLY, La Fin des Païens. Rome An 385, 2008.
Jean Gérard DUBOIS, Un jeune Français à Cadix (1775-1788), 2008.
Norbert ADAM, Alfred Maizières. Une jeunesse ardennaise à l’heure prussienne en 1870, 2008.
Walther ADRIAENSEN, La fille du Caire, 2008.
Hélène VERGONJEANNE, Un laboureur à Versailles, 2008.
Claude BEGAT, Au temps des Wisigoths, Quitterie l’insoumise, 2008.
Anne MEZIN, Les Homberg du Havre de Grâce, 2007.
Paule BECQUAERT, Troubles : le chemin des abîmes An II – An III, 2007.
Arkan SIMAAN, L’écuyer d’Henri le Navigateur, 2007.
Honorine PLOQUET, L’oiseau bleu de Cnossos, 2007.
René MAURY, Agnès Sorel assassinée, 2007.
Matie-Hélène COTONI


LES MARIONNETTES
DE SANS-SOUCI


roman


L’H armattan
Illustration de couverture : de gauche à droite,

1. Soldat, marionnette à tringle et à fils, Münsberg Antonin (fabricant), Prague, 1928. Lyon, musée Gadagne inv. D ATP 56.1. 1038.

Photo © Roseline Agustin.

2 et 3. Marionnettes : Soldat et Princesse de l’ Histoire du soldat , texte de Ch. F. Ramuz, musique de I. Stravinsky. Théâtre de Peter et Trudi Loosli, sculpteur Daniel Bodmer. Pièce jouée à Charleville-Mézières en 1972 pour représenter la Suisse. Musée suisse de la marionnette, Fribourg.

Photo © Chloé Lambert.

Conception graphique : Danielle Pastor Lloret.


© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan. com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-08398-1
EAN : 9782296083981

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
AU LECTEUR
Ce roman historique se fait, certes, l’écho d’événements du temps passé ; mais il est aussi un jeu avec l’histoire et avec la littérature.

Le lecteur va passer quelques heures avec des personnages célèbres. Il reconnaîtra vite les traits du roi de Prusse, Frédéric II, et la plupart de ses opinions, fussent-elles déconcertantes ; dans son langage, il découvrira peut-être certains néologismes et quelques expressions des plus familières et des plus crues, tirées de son abondante correspondance. Il reconnaîtra aussi Catherine II et les discours prononcés en vue de conquérir le pouvoir. Il reconnaîtra la cour de Vienne, les ministres anglais, Choiseul, les philosophes français, en particulier Voltaire et d’Argens. L’Électrice Maria Antonia de Saxe, l’ancien ministre Gotter, la duchesse Louise Dorothée de Saxe-Gotha sont également des personnages historiques. Toutefois, l’amour de cette dernière pour Frédéric le Grand est plus vraisemblable qu’établi dans les faits ; et la lettre du roi qui précipite sa fin est totalement imaginaire.

Par ailleurs les lecteurs se trouveront également en pays de connaissance grâce aux échos livresques. En effet, ont fait irruption dans cette fiction des personnages apparentés à ceux des romans de Diderot ou de Robert Challe. Peut-être y discernera-t-on aussi quelques réminiscences des Confessions de Rousseau.

Le plus souvent se mêlent réalité et fiction. Les personnages du roman-cadre, situé au début du dix-neuvième siècle, sont imaginaires ; cependant les événements historiques de la période dans laquelle ils vivent ont été fidèlement retracés. Edelweiss doit son nom à un jeune Prussien, le baron Georg Ludwig von Edelsheim, que Frédéric II avait recruté, lors de la guerre de Sept ans, avec l’aide de la duchesse de Saxe-Gotha, pour mener à bien des négociations secrètes avec la France. Il fut également embastillé. Mais là s’arrêtent les ressemblances. La nièce du roi de Prusse, Élisabeth-Sophie, mariée au duc de Wurtemberg, a certes connu des infortunes conjugales. Toutefois ses amours avec le baron Edelweiss sont une invention romanesque.

L’horrible baron de Feller est totalement fictif, ainsi que ses manœuvres meurtrières, même si ont bien eu lieu des tentatives d’empoisonnement dirigées contre Frédéric II. Fictifs aussi les personnages d’Anna Potocka et de ses complices dans une conspiration polonaise qui n’a jamais existé dans la forme relatée par le narrateur principal. Fictifs aussi le personnage du juif Hirsch et ses visions, qui anticipent, toutefois, sur les horreurs que nous avons connues bien plus tard.

Dans l’évocation des violences de la guerre et du fragile équilibre de la paix, dans la peinture des aventures libertines et des amours tragiques, dans la relation des débats philosophiques alternant avec la solitude du pouvoir, se sont associées information et imagination. En écrivant ce livre où il est si souvent question du libre-arbitre des personnes et de la libération des peuples, la romancière a pris un grand plaisir à jouer avec la réalité et le « mentir vrai » : elle en a ressenti une joyeuse impression de liberté. Elle ne souhaite plus que de voir ce plaisir partagé par les lecteurs.
Première partie La Course à la gloire
1

C’est le 9 juin 1820, voilà plus de cinq ans maintenant, que le baron Georg Ludwig ***, dit baron Edelweiss, après avoir fait irruption dans notre vie, en est vite devenu le centre et, avec lui, Frédéric le Grand.
Me voilà chargé de mettre en ordre les notes prises pendant les deux mois exceptionnels où, quotidiennement, nous avons écouté le baron distiller ses souvenirs sur le souverain qu’il avait servi. Cinquante jours d’enthousiasme, d’agacement, d’excitation, de discussions ! Cinquante jours d’exaltation surtout pour mon maître, le Professeur Preussmann, mais souvent aussi pour ses assistants, Karl Bechtolsheim et moi-même, David Droysen. Jamais nous ne nous étions sentis, tous trois, aussi proches que pendant que nous écoutions le vieil homme nous raconter, parfois sans grande diligence, ce que nous tenions à savoir, ou nous forcer à entendre ce que nous ne voulions pas. Karl et moi étions encore unis par les joyeux exploits de notre vie d’étudiants, avant que les rivalités de carrière ne nous séparent. Preussmann, lui, accaparé, depuis quelques mois, par la recherche de manuscrits et le recoupement de ses sources, sentait progressivement sa notoriété s’affermir. Il rêvait d’écrire un livre unique, grâce à Edelweiss, et traitait ses deux assistants presque comme des frères d’armes.
C’est dans la douceur d’une brise printanière, qui charriait l’odeur des tilleuls bien au-delà d’Unter den Linden, que nous avions rencontré ce témoin oculaire du règne de Frédéric le Grand. Ce petit homme, encore vif malgré son âge, avait été son Mercure, son agent secret, son homme à tout faire, son Éminence grise peut-être. Car c’est avec celui qu’on avait surnommé, cinquante ans plus tôt, « le baron Edelweiss » que le Professeur Preussmann s’était soudain trouvé face à face.
Cette rencontre avait été fortuite, apparemment, bien que Bechtolsheim en ait plusieurs fois remercié la Providence. Moi, j’aurais plutôt tendance à penser que le vieux baron avait donné un coup de pouce au hasard. Au milieu de nombreux diplomates et de militaires reluisant de décorations, nous assistions, le 9 juin, à une cérémonie commémorant l’Acte final du Congrès de Vienne. Le professeur connaissait beaucoup de monde, mais non le doyen d’âge, ce vieillard chenu et pétulant qui, réagissant aux discours officiels par des mimiques exagérées et des exclamations trop sonores, semblait tout faire pour attirer sur lui l’attention. Ce ludion vénérable tournoyait au milieu de généraux très raides, de représentants officiels tout aussi compassés, et bondissait de l’un à l’autre aux momen

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