Les papillons de Jean
222 pages
Français

Les papillons de Jean , livre ebook

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222 pages
Français

Description

Une écriture qui navigue en s'y attardant entre les lignes du désir, s'insinuant entre le souffle rauque et le duvet vaporeux de la vie. Un univers irradié par un érotisme lumineux et profond où les fantasmes circulent entre des éclats de souvenirs où tout est faux dans ce qui est vrai. C'est tout l'attrait de ce livre vivant.

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Informations

Publié par
Date de parution 05 juin 2016
Nombre de lectures 47
EAN13 9782140012792
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les papillons de Jean
jo noorbergen
Les papillons de Jean
Roman
Du même auteur Et voilà d’où tu viens mon enfant, roman, collection « Amarante », L’Harmattan, 2015.
les.papillons.de.jean@gmail.com
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09053-5 EAN : 9782343090535
C'est l'étincelle d'un début de vérité qui embrase le fantasme
Le problème de Jean Jean avait depuis toujours vécu son priapisme sans fanfaronnade. C’était comme cela, et puis c’est tout. Au début, il se supposait identique aux autres hommes, n'ayant pas de point de comparaison. Par après, longtemps après, il découvrit que la norme était autre. Il ne connaissait pas de repos. Pas l’ombre d’une panne, d’une faiblesse, d’une hésitation. C’était le guide, la tête chercheuse de sa vie. La jouissance toujours présente au bout du trajet. A la fin de l'envoi, il touchait toujours. Ses amis l'appelaient : « Mine-antipersonnel ». Il sautait sur tout ce qui bouge. C'était son porte-étendard, son oriflamme. C'était encombrant. Dans la tête et le pantalon. Ce n’était pas qu’il en fût déséquilibré pour marcher, mais cela l'embarrassait pour penser. Ce qui donnait encore les meilleurs résultats, pour se mettre en berne, c’était soit le baquet d’eau glacée, comme pour les chiens, soit consommer. Cela fonctionne aussi pour les chiens. Il ne pouvait tout de même pas passer ses journées dans un seau à glace. Donc, il consommait. Cela ne lui laissait que peu de répit pour faire autre chose. Cela l'apaisait, au moins temporairement. C’était encore la nuit que cela le dérangeait le moins.
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Par après, il avait consulté pour ne pas devoir vivre tendu à la moindre alerte. La jouissance, par contre, n’avait aucune corrélation avec son état d’étalon Alpha, et ne lui offrait qu'une courte trêve. Avec certaines femmes, il avait dû se contenter, piteusement, d’être éjaculateur précoce, alors qu’avec d’autres, il chevauchait des heures durant sans désemparer, usant ses dames jusqu'à la trame. Il réservait alors sa propre explosion pour éteindre celles de ses amoureuses.
Il collectionnait les rencontres, mais parlait rarement de sa galerie de femmes-papillons, épinglées aux murs de sa mémoire, les ailes largement écartées. Il y en avait autant de jour que de nuit. Il y en avait tellement qu’il ne les avait jamais comptées, et les prénoms de la grande majorité de ses conquêtes s'estompaient dans le temps. Bien souvent, il ne subsistait de ses aventures que des ambiances, des odeurs, des émerveillements, des frustrations. Son autre centre d'intérêt était l'offrande de la gastronomie, sans doute pour compenser son côté prédateur. Il aimait à recevoir des compliments au lit, et en cuisine. Non pas par vanité, juste pour se savoir vivant. Il cuisinait comme il baisait, avec rage, passion, créativité, et sans a priori. C’était le royaume du partage, et il avait beaucoup partagé. Il gambada insouciant de bonheurs reçus en bonheurs offerts, jusqu’à ses soixante ans.
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Puis cela lui arriva ! Cela commença par une première fois. Tout simplement. Comme un oubli, un mot que l’on ne retrouve pas au cours d’une discussion, un nom qui s’en va sans crier "gare à toi mon gars", une hésitation concernant un doute qui vous laisse coi sur le quai d'un coït. Puis ce fut le doute concernant un doute. Puis cela devint fréquent, et même constant, comme pourrait l’être l’oubli du prénom d’un ancêtre éloigné.
Etait-ce à cause de ses interminables déambulations solitaires sur les sites internet de cul où tout était exhibé, du pire au moins bon ? Etait-ce l’âge de sa fatigue ? La lassitude de l’acte ? Le besoin d’intensité nouvelle ? De particularité ? Le tribut à payer pour une vie de bourlingues et de turpitudes ? Etait-ce cette récente rencontre avec cette toute jeune femme qui l’avait laissé perplexe et meurtri ? Celle qui, au lit, lui avait raconté sans ménagement le saccage de sa vie par un pédophile vénéneux qui l'avait laissée sans avenir, arrachée à son enfance. En faisant ses calculs, Jean s’était rendu compte qu’il avait le même âge que ce meurtrier de l'insouciance, quoique vingt-cinq ans plus tard pour la sinistrée. Même si cette cicatrice de femme, alanguie dans ses bras, était maintenant mère, il n’avait plus pu concevoir de plaisir en elle, et s’était mis à débander piteusement, se retirant mou d'elle sur la pointe des pieds, et prenant à sa charge la saloperie de l’autre assassin à vie. Cela lui colla à la peau pour toutes les suivantes.
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