Les sables de l estuaire
136 pages
Français

Les sables de l'estuaire , livre ebook

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136 pages
Français

Description

Collection artistique ? Écriture ? Dessin et peinture ? Randonnées et voyages ? Comment satisfaire le besoin d'entreprendre de l'auteur, exacerbé par la proximité des échéances dernières ? Peut-il encore échapper, cet homme encore vert, à l'enlisement dans la vie ordinaire d'un septuagénaire ? Au-delà du récit d'une expérience personnelle, cet ouvrage propose une réflexion sur la société d'aujourd'hui et sur la vision du monde imposée par la science.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296514492
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN : 978-2-336-00599-7 14 €
GILberT Boillot
Les sables de l’estuaire Récits et réflexions de ma septantaine
collection Deux Infinis science et littérature
Lessables de l’estuaire
Du même auteur :
Une enfance en héritage. Récit,L’Harmattan, collection « Écritures », Paris, 2009, 138 p. D’une rive à l’autre. Récit,L’Harmattan, collection « Écritures », Paris, 2010, 148 p. Science sans sapience. RomanÉcritures »,, L’Harmattan, collection « Paris, 2008, 141 p. Le Cahier bleu. Chronique, L’Harmattan, collection « Écritures », Paris, 2011, 136 p.Les Laisses de mer. Chronique d’une carrière scientifique, L’Harmattan, Paris, 2005, 173 p.Le Regard du fils. Chronique familiale, L’Harmattan, collection « Écritures », Paris, 2012, 130 p.
Transcriptions :
Les fiancés comtois. Une correspondance amoureuse dans les années trente.Le Losange, Nice, 2008, 140 p. Les nouveaux mariés. Une correspondance en temps de guerre et d’exode.Le Losange, Nice, 2009, 148 p. Louis Domergue. Lettres d’un jeune communiste, 1949-1959.L’Harmattan, Paris, 2012, collection « Graveurs de Mémoire », 202 p.© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00599-7 EAN : 9782336005997
Gilbert BOILLOT
Lessables de l’estuaireRécits et réflexions de ma septantaine
Deux Infinis : Science et Littérature Collection dirigée par Gérard BonneaudConstruction rigoureuse pour l’une, libre élaboration pour l’autre, science et littérature se conjuguent dans une collection où des thèmes scientifiques toujours renouvelés fondent un espace littéraire à la recherche de l’émergence de nouveaux infinis de l’imaginaire. DéjàparusFrançois VANNUCCI,Allegro Neutrino ou L’attrape-temps, 2012. William ROSTENE,L’Héritage de Paul. Paul Bert, l’homme des possibles (Roman), 2012. Maeva SANDEAU,Au pays des chercheurs.La vie entre post doc, précarité et jeux de pouvoir,2012.
Première partie
Chapitre I
était il y a quarante ans. Dans la grande ville, les C’maisons crépies de blanc, de rose pâle ou de vert pistache renvoyaient toujours une belle lumière, même en temps de pluie. J’avais, bien sûr, visité tous les sites mé-morables et les musées ouverts en cette saison. Mais après ce sacrifice rendu aux usages touristiques et cultu-rels, non sans plaisir d'ailleurs, je m’étais laissé aller à mes convoitises ordinaires en courant d'antiquaire en brocan-teur, sentant monter en moi un désir un peu plus urgent à chaque visite dans ces cavernes d'Ali Baba que l'on trouvait encore dans la Ville Blanche au début des années 70. On y voyait quantité de statuettes baroques en bois doré, et j’imaginais avec délectation l'une d'elles posée sur un rayon de ma bibliothèque, entre deux reliures de maroquin, par exemple cet adorable petit Saint-Georges terrassant le dragon. Mais il fut soumis, ce Saint-Georges doré, à la concurrence d'un tapis ancien, un peu râpé, il est vrai, mais de coloris harmonieux adoucis par l'âge, et de très fine facture. Au point que la somme pour l'acqué-rir fut réunie, avec l'aide d’un ami, congressiste en liberté comme moi, qui s'amusait de mes convoitises. Mais mon hésitation entre le tapis et le Saint leur fut fatale à l'un et
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à l'autre : surpris par l'heure précoce où fermaient les antiquaires et les galeries d'art au Portugal, et contraint par l’horaire de mon avion, je n’ai finalement emporté de là-bas que quelques jouets pour mes enfants et deux ou trois bouteilles de vieux Porto. Mais de retour en France, me voici repris par ma pas-sion. Comme le germe d'une maladie, le désir de tapis s'était inoculé en moi à Lisbonne. Imprudemment, j’ai cru pouvoir le combattre par une simple visite à un mar-chand tenant pignon sur rue en ville. Tapis déroulés, di-zaines de tapis étalés, empilés au milieu du magasin. Le jeune homme qui me les présente me prend d'abord pour un connaisseur exigeant. Mais je ne peux long-temps lui cacher mon indécision et mon incompétence, malgré la consultation préalable de quelques livres spé-cialisés. À mesure que le temps passe, que la pile des ta-pis s'épaissit, je surprends les regards de plus en plus exaspérés qu’il jette à sa patronne pour lui demander ce qu’il convient de faire de ce client qui ne sait vraiment pas ce qu'il veut. Mais lui, le client, en réalité cherche à former son goût incertain en se faisant montrer tous les tapis du monde. Après une bonne heure de palabres et en laissant un incroyable désordre de tapis entassés, il s’en va finalement sans acheter, mais promettant, comme on annonce la peste ou le choléra, de revenir avec sa femme... Quelques jours plus tard, j’ai mis ma menace à exécu-tion, et Sophie, assise comme l’impose le respect dû aux clientes à qui revient la décision d’achat, dut assister à une nouvelle revue de tapis. Je ne saurai jamais si elle a partagé ce jour-là le désir irrépressible qui m’habitait, ou bien si elle a seulement eu pitié du jeune homme épuisé
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d'avoir déroulé tant de tapis ; toujours est-il qu’elle a donné son accord pour emporter le dernier qui nous fut montré, un Boukhara très joli (vous avez bon goût, me susurra à l’oreille le jeune homme, quand je parus enfin décidé), mais très cher. Si j’avais pu, le lendemain, ren-voyer le tapis au marchand et récupérer mon argent, j’aurais sans doute été plus heureux. Car le désir était mort avec son accomplissement, et je ne comprenais plus du tout ce qui me tenait si fort seulement deux jours plus tôt. Mais le tapis retrouva bien vite son prestige et sa beauté au pied de la commode et de la glace dans notre chambre, en ajoutant à notre mémoire commune un plai-sant souvenir. Sans doute la mémoire des choses, comme celle des al-bums photographiques, n’a de pouvoir que sur le petit nombre de familiers qui la partagent. Mais ceux-ci y trouvent souvent un remède à leur anxiété chronique. Par exemple, ils savent faire d’une habitation nouvelle un lieu immédiatement accueillant. D’ordinaire, il faut de la patience, sinon de la souffrance, avant de se familiariser avec les murs, l’architecture, l’environnement d’un nou-veau logis. Mais si l’on transporte avec soi les meubles, les tapis, les bibelots, les tableaux, les livres aimés enfin, alors on s’épargne le malaise du dépaysement complet : en accumulant, année après année, des choses porteuses de souvenirs, on se construit au long de sa vie l’asile pro-tecteur dont le grand âge a besoin. Le bernard-l’ermite s’abrite des prédateurs en se coulant dans la coquille abandonnée d’un mollusque ; l’amateur, lui, cherche re-
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