Maltraité de savoir vivre
137 pages
Français

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Maltraité de savoir vivre , livre ebook

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Description

Ce Maltraité de savoir vivre, l'auteur le présentait volontiers comme un "ovni littéraire", et il avait raison. Difficile en effet d'étiqueter ce livre à mi-chemin entre aphorismes et récit, qui réussit l'exploit d'adopter des accents mémorialiste, empruntant les sentes de l'humour et de l'autodérision et qui, à l'instar des grands moralistes, refuse l'eau tiède des jours et de se voiler la face.
Comme il l'écrit lui-même : "La vie est souvent moche. Mais vivre est tout de même rigolo - et parfois chouette. Je ne tiens pas tellement à la vie, mais encore bien moins à la mort."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 234
EAN13 9782296703582
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MAL TRAITÉ
DE SAVOIR VIVRE
Gabriel Roth


MAL TRAITE
DE SAVOIR VIVRE
DU MÊME AUTEUR

L’autisme au jour le jour. L’enfant épinglé
L’Harmattan, 2001

Choa mon épouse. Je prie chaque jour pour que Dieu existe
L’Harmattan, 2003

Le rire de Job. Récit
L’Harmattan, 2005

Traduit de l’hébreu
Israël, les États arabes et les grandes puissances
Samuel Séguev, Calmann-Lévy, 1968
Judaïsme, peuple juif et État d’Israël
Yeshayahou Leibovitz, J. -C. Lattès, 1985
Ariel Sharon – Mémoires
Stock, 1990
Tante Esther. Roman
Arieh Eckstein, Albin Michel, 1996
Engagement et écriture chez Gide. Essai
Yaffa Wolman, Librairie A. -G. Nizet, 1996
Le sanatorium. Roman
David Vogel, Mercure de France, 2000
La culture livresque des Juifs d’Italie à la fin de la Renaissance
Shifra Baruchson-Arbid, CNRS Éditions, 2001
L’enfant coq. Récit
Maurice Roth, Éditions Le Capucin, 2001

Traduit de l’anglais
Judaïsme au présent
Emil L. Fackenheim, Albin Michel, 1986

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12423-3
EAN : 9782296124233

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Michaëla,
pour le déclic
Savoir-vivre : 1 ♦ Art de bien diriger sa vie.
2 ♦ Qualité d’une personne qui connaît et sait appliquer les règles de la politesse.
(Le Petit Robert)

Le savoir-vivre est une chose, savoir vivre en est une autre.
Deux verbes qui se suivent, le second… nous dit la grammaire.
Le premier est un usurpateur : il cache son nom sous un faux infinitif. D’ailleurs, ces deux-là ne se rencontrent jamais. On a pourtant jugé utile de souligner le distinguo par ce petit trait qui se veut d’union, pour faire dignement correct.

Ce savoir-vivre, il se pratique comment ? Déjà, sous sa forme usuelle, il est ambigu. Je me tiens très bien à table, passe le manteau aux dames et leur ouvre la porte – après vous – et autres bonnes manières.
Vivre, par contre, m’a souvent fait problème, surtout lorsqu’on prétendait « m’apprendre à vivre ». Sous Vichy, par exemple.

Tout départ est une erreur, ou une injustice par rapport à toutes les autres voies que vous auriez pu prendre, ou seulement emprunter.
Reprendre ce savoir de vie où on l’a laissé ? Mais où l’a-t-on laissé ?

On m’a dit et répété : « Pas de problème ». C’est le no problem américain, naturalisé français.
Il est pourtant déterminant : le lieu de naissance, l’endroit où vous avez vu le jour (ou la nuit) : dans une ville des Carpates ou dans un riant village de France. Dans le premier cas, s’ils sont juifs, il y a de fortes chances que vos parents aient émigré vers l’ouest.
Le régime en place peut jouer aussi : marxiste, capitaliste, radical-socialiste et autres miroirs illusionnistes. Géographie biographique, biographie géographique, sous le poids pesant de l’Histoire.

Votre vie, vous pouvez la mimer, la jouer en drame ou comédie, l’écrire, la méditer, la risquer ou la mitonner. La traverser en somnambule ou encore en partie de colin-maillard.
Certains se font metteur en scène de leur vie et prétendent en régler tous les détails ; être sa propre cheville ouvrière.
D’autres saurons vivre, envers et contre tout, en une empoigne têtue.

J’ai grappillé bien plus que cueilli. Humé et goûté. Fouillé, aussi. Puis j’ai atteint l’âge, et l’ai traversé.
Parfois j’aurais pu « réaliser » un but, comme au foot – je crois ; si je n’avais frappé la barre ou au-dessus. Exprès, peut-être. De crainte d’échouer. Ou, au contraire, de marquer.

La vie aussi a ses recettes. Comme celle d’un gâteau ou d’un soufflé.
Entreprendre toute œuvre, la vie en général, le plus tôt possible : on n’a jamais assez de temps.
En toute chose, le plus dur : commencer et finir, comme, d’ailleurs, naître et mourir. Mais là, ce n’est pas, ni plus, votre affaire. Vous n’y êtes pour RIEN.

Au départ, un projet à partir d’une certaine grammaire : sujet, verbe et complément (direct ou indirect).
Le sujet c’est Tu, ou Vous. C’est-à-dire Moi. Ou tout un chacun.
Le verbe peut être irrégulier : il lance des antennes et des lianes dans tous les sens.
Le complément : on le cherche ; on croit souvent l’avoir trouvé. Affaire de conviction. Ou de talent.
Et enfin la concordance des temps. C’est le plus difficile. Elle est illusion et mirage. Réelle et insaisissable à la fois.

Jeux de conjugaison : les temps caducs : l’imparfait, qui mérite bien son nom : je ferais, je voudrais… Le futur aussi : il faudra… Le conditionnel : si je pouvais… Reste alors le passé simple, très actif celui-là : je fus, j’eus…

Cavalez, prenez de la peine… Vous vous apercevrez assez tôt que dans la vie, c’est le fonds qui manque le plus. Prometteur (ça ne coûte rien) à l’entrée, débiteur à la sortie, entre les deux votre âge râpé aux coudes. Dérapage : vous aurez mal pris le tournant.

Sous son masque officiel la vie offre souvent une gueule grimaçante, presque toujours absurde. Dérisoire ou réversible. Comme un imperméable. Ou les régimes totalitaires. Les « grands de ce monde », aussi, et leur langue de bois. Maniée du bout des lèvres. Read my lips.
Conseils inutiles
La vie vous a souvent mal traité ?
Soyez indulgent. Elle est si belle. Comment lui en vouloir ! Capricieuse comme la jolie fille qui se sait irrésistible et irremplaçable. Et elle l’est, irremplaçable. Souvent cruelle. Elle sait que quoi qu’elle fasse, on tient à elle. D’autant plus qu’elle a l’art de vous surprendre par des festins de bonheur, quand l’amour en est le plat de résistance, arrosé de mots grands crus. On n’y résiste pas. Et on boit sec.

Emprunter une route tracée d’avance, ou, au contraire, refuser la pente dite naturelle ? Dans les deux cas, l’« à quoi bon » vous fait signe au poteau d’arrivée. Même s’il est invisible.
Vies édifiantes
La soirée avait été précédée d’un spectacle de danses folkloriques. J. menait le « bal », à la tête d’un monôme d’une vingtaine de jeunes, qu’elle avait formés au pas de deux.
Le visage est sympathique, même si toute sa personne présente tous les signes du nanisme : bas-perchée sur les deux membres torses qui lui servent de jambes.
Secrétaire de direction, elle travaillait en anglais comme en français. En Israël, où elle avait choisi de vivre, je me suis hasardé à lui parler de l’Association israélienne de nanisme, présidée par une doctoresse, chef de département dans un hôpital, et naine elle-même. J. m’a arrêté d’un geste : Pas concernée… Elle n’a jamais fréquenté ses semblables. Elle a alors 28 ans. Mariage ? Foyer ? Des enfants ?
Inutile d’aller plus loin : je n’épouserai qu’un homme de taille normale…
J. avait choisi de vivre en ignorant son handicap. Avec ou sans le Savoir.

À vingt-six ans L. était un plombier prospère. Un jour il décide que sa boîte à outils financera des études de médecine. Il décroche son doctorat et affiche sur une plaque de cuivre : Pédiatre. Aussi demandé qu’il l’avait été dans sa précédente profession.
En pleine course il a pris un chemin de traverse pour joindre une autre route. L’avenir lui souriait.

Il me présentait comme son « frère jumeau », parce que nés tous les deux le même jour, la même année.
Cadre du parti communiste dans sa Roumanie natale, l’antisémitisme de Caucescu et de sa Securitat le poussa à choisir la liberté au prix d’une suite de péripéties rocambolesques, pour trouver enfin refuge en France. Son savoir de spécialiste d’agit’prop’ étayait son action contre toutes les formes de totalitarisme. Auteur de plusieurs ouvrages de science-fiction en roumain, il abandonna sa langue maternelle pour le français – un français marqué de la patte s

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