La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juin 2009 |
Nombre de lectures | 60 |
EAN13 | 9782296233379 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
MARIE
OU L’ESCLAVAGE AUX ÉTATS-UNIS
COLLECTION
AUTREMENT MEMES
conçue et dirigée parRogerLittle
Professeurémérite deTrinityCollegeDublin,
Chevalierdansl’ordre national dumérite,Prixde l’Académie française,
GrandPrixde la Francophonie enIrlande etc.
Cettecollection présente enréédition des textesintrouvablesen
dehorsdesbibliothèques spécialisées,tombésdansle domaine
publicet quitraitent, dansdesécritsdetousgenresnormalement
rédigéspar un écrivainblanc, desNoirsou, plusgénéralement, de
l’Autre.Exceptionnellement,avecle gracieuxaccord desayants
droit, elleaccueille des textesprotégésparcopyright,voire inédits.
Des textesétrangers traduitsen françaisnesontévidemmentpas
exclus.Ils’agitdoncde mettreàladisposition dupublicunvolet
plutôtnégligé dudiscourspostcolonial (au senslarge deceterme:
celuiquirecouvre lapériode depuisl’installation
desétablissementsd’outre-mer).Lechoixdes textes se faitd’abordselon les
qualitésintrinsèquesethistoriquesde l’ouvrage, mais tientcompte
aussi de
l’importanceàluiaccorderdanslaperspectivecontemporaine.Chaquevolume estprésenté par unspécialistequi,touten
privilégiant une optique libérale, metenvaleurl’intérêthistorique,
sociologique, psychologique etlittéraire du texte.
« Tout se passe dedans, les autres,c’estnotre dedansextérieur,
les autres,c’estlaprolongation de notre intérieur.»
SonyLabouTansi
Titresparuseten préparation:
voiren fin devolume
Gustave deBeaumont
MARIE
OU L’ESCLAVAGE AUX ÉTATS-UNIS
TOME II :
NOTES ETAPPENDICE
EXTRAITS DE TEXTES D’ALEXIS DE TOCQUEVILLE
Présentation deMarie-ClaudeSchapira
L’HARMATTAN
NOTES
DE GUSTAVE DE BEAUMONT RELATIVES À
MARIE OU L’ESCLAVAGE AUX ÉTATS-UNIS
RAPPEL DE LANOTE TECHNIQUE
Suiteauroman deGustave deBeaumontprésenté dansle
premier tome decetteréédition,sesNoteset sonAppendicesont
regroupésdansce deuxièmevolume.
Lesnoteséditoriales relativesauxNotesetàl’Appendice (i, ii,
iii…)setrouventàlafin dechacun desdeux textes:p. 47pourles
Notesetp. 137pourl’Appendice.
Nousavons respecté l’emploichezBeaumontde laminuscule
initiale pourles substantifs« noir», «blanc» et« nègre »touten
préférantailleursl’usage moderne de lamajuscule.
Lescrochetsentourent unajoutde notre part.
M.-C.S.
NOTES
NOTA. L’auteur a, danslecoursdes années1831 et1832, parcouru tous
leslieuxquisontdécritsdansce livre, etnotammentlescontrées
sauvages quiavoisinentlesgrandslacsde l’Amérique duNord;ilavule lac
Supérieuretla Baie-Verte (GreenBay)situéeàl’ouestdulac Michigan,
Québecetla Nouvelle-Orléans, et tousles États américains surlesquels
desobservationsde mœurs sontprésentées.
1
Quelquespersonnesm’ontparu regretter que j’aie exposé,
dansl’avantpropos,un faitdontlarévélationaffaiblit, disent-elles, l’intérêtdu
roman.Voici le motifqui m’afait agir :l’odieuxpréjugéque j’ai pris
pour sujetprincipal de mon livre est si extraordinaire et tellement
étrangerànosmœurs,qu’il m’a sembléqu’oncroiraitdifficilementen
Franceàsaréalitési je mebornaisàl’exposerdansletexte d’un
ouvrageauquel l’imaginationaeu quelque part.Neserait-on pas
enclinàregarderlesdéveloppements que je présentecomme les
accessoiresd’une fictionarrangéeselon monbon plaisir ?–Bien
résolud’offriràmeslecteurs untableaufidèle et sincère, j’ai dûles
prévenirde lavérité de mespeinturesetleurmontrerd’abord, dans
toutesanudité le préjugéque j’allaisdécrire, etdontje ferais ressortir
les tristesconséquences sanslesexagérer.Malgrécette précaution,
plusd’une personne m’ademandési l’antipathie des Américains
contre lesgensdecouleurétait vraimentportéeaudegré deviolence
que j’indique dansmon livre. Ceuxqui m’ont adressécettequestion
m’ontprouvécombien est utile lanotionque je donne
dansl’avantpropos. (Note de la seconde édition.)
2
Au moisde janvier1832, unFrançais,créole deSaint-Domingue, dont
leteintest un peu rembruni,setrouvant à New York,alla au théâtre
oùilse plaçaparmi les blancs.Le public américain, l’ayantprispour
un homme decouleur, lui intimal’ordre deseretirer, et,sur sonrefus,
l’expulsade lasalleavecviolence.Jetiensce faitdecelui même
auquel lamésaventure est arrivée.
3
Lesluttes sanglantes survenues récemment auxÉtats-Unisentre les
amisetlesadversairesde l’esclavage donnentà certainspassagesde
ce livreuncaractère presque prophétique. (Note de la troisième
édition.)
4
Lesmigrationsd’Europe enAmérique prennentchaqueannéeun nouvel
accroissement ;dansles troismoisde mai, juin etjuillet1834,
Baltimoreareçu4.209 émigrantspresquetousAllemands ;NewYork
enavudébarquer 35.000depuislecommencementde la bellesaison
3
jusqu’enaoûtde lamêmeannée; à Québec, 19vaisseaux sontarrivés
dansl’espace de deuxjours,avec2.194Irlandais ;enfin l’on évalueà
100.000le nombre desEuropéensqui, durantl’année 1834,auront
traversé l’Atlantique pouraller s’établirdansleNouveauMonde. (V.
lesjournauxaméricainsetanglaisd’aoûtet septembre 1834.)
5
LeDétroit.Rivièrequi porte leseauxdulac Huron etdulac Saint-Clair
dansle lac Érié.
6
Letraitle plusfrappantdanslesfemmesd’Amérique,c’estleur
supérioritésurleshommesdumême pays.
L’Américain, dèsl’âge le plus tendre, estlivréauxaffaires.À
peinesait-il lire etécrirequ’il devient commerçant :le premier sonqui
frappeson oreille est celui de l’argent, lapremièrevoixqu’il entend
c’est celle de l’intérêt.Ilrespire en naissant uneatmosphère
industrielle et toutes sespremièresimpressionslui persuadent que la vie des
affairesestla seulequiconvienneàl’homme.
Lesortde lajeune fille n’estpointle même; son éducation morale
dure jusqu’aujouroùellese marie.Elleacquiertdesconnais-sances
en histoire, en littérature.Elleapprend, en général,une langue
étrangère (ordinairementle français), ellesait un peude musique.Sa
vie estintellectuelle.
Ce jeune homme etcette jeune fillesi dissemblables s’unissent un
jourparle mariage.Le premier,suivantlecoursdeseshabitudes,
passesontemps àla banque oudans son magasin;la seconde,qui
tombe dansl’isolementle jouroùelle prendun époux,compare lavie
réellequi lui estéchueàl’existencequ’elleavait rêvée.Commerien
dansce monde nouveau quis’offreàelle ne parleàsoncœur, ellese
nourritdechimères, etlitdes romans.Ayantpeudebonheur, elle est
très religieuse, etlitdes sermons.Quand elleadesenfants, ellevit
prèsd’eux, les soigne etlescaresse.Ainsise passent sesjours.Le
soir, l’Américainrentrechezlui,soucieux, inquiet,accablé de fatigue.
Ilapporteà safemme le fruitdesontravail, et rêve déjà aux
spéculationsdulendemain.Il demande le dîner, etne profère plus uneseule
parole.Safemme nesait rien desaffairesqui le préoccupent ;en
présence deson mari, elle necesse pasd’être isolée.L’aspectdesa
femme etdesesenfantsn’arrache pointl’Américainaumonde positif
etil est sirarequ’il leurdonneune marque detendresse etd’affection,
qu’on donneunsobriquet auxménagesdanslesquelsle mari,après
uneabsence, embrassesafemme et sesenfants ;on les appellethe
kissing families.Auxyeuxde l’Américain, lafemme n’estpas une
compagne,c’est uneassociéequi l’aideàdépenser, pour sonbien-être
et soncomfort, l’argentgagné parlui danslecommerce.
La viesédentaire et retirée desfemmes,auxÉtats-Unis, explique,
avecles rigueursdu climat, lafaiblesse de leur complexion;ellesne
sortentpointdulogis, ne prennent aucun exercice,viventd’une
4
nourriture légère.Presquetoutesont un grand nombre d’enfants:il ne
fautpas s’étonner si elles vieillissent sivite etmeurent si jeunes.
Telle estcettevie decontraste,agitée,aventureuse, presque fébrile
pourl’homme,triste etmonotone pourlafemme;elles’écouleainsi
unifo