Rouge arménien
189 pages
Français

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Rouge arménien , livre ebook

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Description

Rouge et arménien comme le fichu de Diana, jeune arménienne débarquant dans la classe de Valentin, insouciant lycéen d'une section littérature à option musique. Rouge comme la relation Valentin-Diana. Arménien comme leur courage. Arméniens comme les papiers d'Arménie, mais ici les papiers qui manquent. Arménien "sans-papiers". Ce roman nous donne à voir de l'intérieur ce que vivent les personnes à qui on refuse de délivrer un titre de séjour. Il repose sur des faits réels et actuels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 264
EAN13 9782336282565
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur Françoise ESTIVAL
Récits
Au Pérou les poches vides, L’Harmattan, Paris, 1991
Nous les oubliés de l ’ Altiplano , L’Harmattan, Paris, 1996
Conte
Santiago et le secret de l ’ Etoile , L’Harmattan, Paris, 2002
Roman
L’Alliance sacrée des Andes , Lanore, Paris, 2005
Rouge arménien

Sonia Colin
© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296090521
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace Préface Chapitre 1 - Diana Chapitre 2 - Diana Chapitre 3 - Valentin Chapitre 4 - Valentin Chapitre 5 - Diana Chapitre 6 - Valentin Chapitre 7 - Diana Chapitre 8 - Valentin Chapitre 9 - Diana Chapitre 10 - Diana Chapitre 11 - Valentin Chapitre 12 - Diana Chapitre 13 - Valentin Chapitre 14 - Diana Chapitre 15 - Mademoiselle Leymarie Chapitre 16 - Valentin Chapitre 17 - Diana Chapitre 18 - Diana Chapitre 19 - Valentin Chapitre 20 - Valentin Chapitre 21 - Diana Chapitre 22 - Valentin Chapitre 23 - Diana Chapitre 24 - Valentin Chapitre 25 - Mademoiselle Leymarie Écritures
à Gaëlle, Tina, Liana et leur maman.
Préface
L a particularité de Rouge arménien est sans doute que ce roman fait coïncider la petite histoire et la grande Histoire ; l’une n’est pas le prétexte pour l’autre.

La petite histoire, c’est celle que chacun vit au quotidien, mais c’est aussi celle dans laquelle on nous enferme, celle qui laisse penser que la vie de chacun est personnelle, qu’elle a son lot de soucis, que chacun a le sien, et que l’on est bien impuissant face à tous les problèmes du monde. Tout contribue à entretenir la peur de s’engager et à se conforter dans un sentiment d’impuissance, en se repliant sur ses préoccupations quotidiennes. Une certaine littérature, les discours officiels, les médias, la télévision,... contribuent à développer le formatage par un système d’entonnoir : tous les problèmes du monde y entrent, mais au final, ce qui en sort, c’est sa petite personne, voire son nombril.
Dans une histoire d’amour, la seule aventure est celle de vivre l’amour comme une aventure personnelle. La séduction, la rencontre, la découverte de l’autre,... et puis l’aventure s’arrête.

Dans la société d’aujourd’hui, ouvrir un enclos à l’autre, ouvrir une fenêtre vers le monde, comprendre que 10 ROUGE ARMENIEN l’autre n’est pas seul au monde, s’avèrent comme une prise de risque et même une ligne de résistance.
Or, c’est exactement ce qui arrive à Valentin, lorsque, après avoir franchi le pas de la rencontre amoureuse avec Diana, il ouvre une brèche vers l’autre, vers le différent, vers l’insécurité, vers le monde. Valentin a le souci de Diana, et à travers ce souci, il a celui du monde. Dans une ouverture amoureuse, s’il y a l’amour, il y a le monde.
« Est-ce que tu peux dire que tu aimes si tu ne trouves pas l’univers dans l’être aimé ? » écrivait le poète Nova-lis. Pour être fidèle à son amour, Valentin est obligé de porter le poids du monde. Cette planète terre qu’il n’avait pas regardée, les problèmes liés à l’immigration, aux déplacements des hommes, les questions géopolitiques, l’hospitalité, toutes les questions humaines, il ne les avait pas vu passer. Son amour l’ouvre sur la terre à l’infini.

Rouge arménien est un échange dans lequel on ne parle ni de la petite histoire anecdotique, ni de la grande histoire composée de faits historiques. C’est un tissage harmonieux entre l’un et l’autre.
Le 25 février 2009 Miguel BENASAYAG
Chapitre 1
Diana
J ’ai 17 ans et je vais continuer le lycée. Je vais continuer le lycée... Je me répète cela, comme on dit j’ai gagné, ou bien je suis la première... J’ai 17 ans et je vais continuer le lycée. Je suis toute excitée, l’envie de sauter d’allégresse... Continuer le lycée. Comme les autres.
J’aurais pu ne plus jamais y aller. Mais j’y suis... presque ! 17 ans... Avec mon parcours chaotique d’étrangère, tous les lycées m’auraient refusée. Mais non, je vais entrer dans ce grand lycée. Montélimar... Nouveau nom, nouvelle ville, nouveau lycée. Mille fois merci cher proviseur du lycée de Marseille ! Je ris, puis vite j’angoisse. J’angoisse car je ne suis pas encore tout à fait inscrite !
Autour de moi, les élèves s’acheminent vers leur classe. Ils savent tous où ils vont, l’air grave ou riant très fort. Et moi, seule au milieu de tous, je souris mais mon cœur s’affole. Je cherche. Je fais semblant d’être d’ici. Je scrute furtivement tous ces visages qui me frôlent. Qui sera mon amie ? Qui va me dénoncer ? Deux fois étrangère, j’ai peur qu’on me montre du doigt. J’avance un peu au hasard, mes yeux parcourent rapidement les innombrables fenêtres, les portes... Je prends l’air de celle qui sait où elle va. Ne pas se faire remarquer, rester invisible tout en essayant de comprendre.
Enfin, des indices me mènent aux bureaux administratifs. Ignorant les secrétaires, je frappe timidement à la porte marquée PROVISEUR. Quand une forte voix m’invite à entrer, j’ouvre timidement, pour me faire discrète. Ne pas être vue, ne pas être entendue. De la tête, l’homme assis derrière son bureau me fait signe d’approcher. J’avance, sur la défensive, tellement habituée.
— Bonjour Mademoiselle, c’est pour quoi ?
— Diana Minossian, c’est pour une inscription. A Marseille on m’a dit qu’ils vous enverraient mon dossier.
J’ai surveillé mon accent et pris un ton affirmatif : ma place est ici. Il soulève des dossiers, sort une liasse qu’il consulte vivement.
— Ah ! C’est exact, j’ai reçu quelque chose de St-Exupéry. Votre date de naissance ?
— 16 mai 1991.
Il étudie un instant les documents, mon dossier je suppose, puis m’invite à le suivre. Plusieurs fois en longeant le couloir qui mène aux classes, je le surprends à me regarder, étonné. C’est sans doute à cause de mon sourire. Ce n’est pas normal d’arriver dans un nouveau lycée en novembre, seule, parlant mal le français... et malgré tout, d’être joyeuse.
Après la rapide présentation du proviseur, je me dirige vers le fond de la classe : je ne veux pas me faire remarquer. Raté ! Je canalise tous les regards. Curieux ou accueillants. Cette fille aux cheveux rouges, avec une mèche bouclée qui traîne sur sa joue me fait signe de m’asseoir derrière elle. Peu importe où je suis. Ce que je veux c’est apprendre. Depuis que je connais l’école en France, c’est-à-dire depuis l’année dernière, je suis ravie ! J’adore apprendre. Je prends tout : les maths, l’histoire, la géographie, le français. J’ai soif et je bois. Oh ! Loin de moi la prétention de dire que je réussis. Du point de vue des notes, à Marseille, c’était plutôt catastrophique. Je n’ai jamais eu la moyenne dans une seule matière sauf en russe et en sport. En français un sommet à 5 sur 20 : c’est tout ce que j’avais pu faire en un an ! Et là quand j’ai jeté un regard sur la photocopie que mon voisin venait de me passer, je me suis comme affaissée sur la chaise, le dos rond, l’épaule basse. Accablée, mon sourire s’est crispé. A peine si j’ai compris qu’il s’agissait d’une dissertation sur une citation d’Erik Orsenna, l’eau, le Grand Siècle, les surprises et les illusions mystiques. Un déchiffrage laborieux.
Je me sentais totalement dépassée ! Alors, j’ai relevé le front et décidé de m’accrocher. Ce devoir je le ferai ! A Marseille, Mme Fayard m’a beaucoup aidée. « D’abord, tu lis. Tu lis et tu relis. Une fois, deux fois, trois fois. Tu essaies de te faire une idée du sens. De quoi s’agit-il ? Puis tu regardes les mots. Un par Un. » Mme Fayard parlait aussi avec ses mains et ses doigts. C’était ma prof de FLE 1 . Une prof qui s’occupe de vous quand vous débarquez de l’étranger, que vous ne parlez pas un mot de français, que vous ne comprenez rien à ce qu’on vous dit, à ce que vous lisez, à ce qui vous entoure. Elle, elle m’a appris.
— Les mots que tu ne comprends pas, tu les cherches dans le Dic-tion-naire.
J’adorais feuilleter ce gros livre, m’attarder sur les illustrations. Em-bûche, em-bu-é, em-bus-cade. Je prononçais comme je pouvais. Jamais vraimen

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