Sans toit
164 pages
Français

Sans toit , livre ebook

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164 pages
Français

Description

Nils subit une crise d'identité. Il est victime de crises d'aphasie, lors desquelles le langage intérieur l'assaille de bribes apprises dans des cours d'orthophonie, entendues ici ou là, et retenues parce que particulièrement marquantes au plan du rythme et des émotions qui leur sont liées. Ce premier roman de A. Gulden traduit en français se déplace aux frontières d'un travail pratique (proche de la poésie concrète) et d'un travail dramatique (proche du théâtre absurde) pour renouer par instant avec un mode narratif traditionnel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2003
Nombre de lectures 37
EAN13 9782296327085
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SANS TOITDe l'allemand (DA)
Collection dirigée par
Françoise Lartillot (germaniste, Université de Nancy II)
et Joël Bernat
Le titre de cette collection fait écho à celui de Mme de Staël, De
l'Allemagne, qui voulait diffuser plus largement la littérature et la
pensée allemandes en France. La connaissance de l'Allemagne et de
ses lettres s'est diversifiée depuis, elle n'est plus, espérons-le, la cause
de quelque bannissement; pourtant il ne semble pas superflu de
soutenir par une médiation renouvelée la diffusion de ce qui s'écrit "en
allemand" (que ce soit de textes d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse
alémanique, ...). Tel est le sens de "DA" : un premier volant de la
collection présente des traductions de textes encore inconnus en
France soit littéraires soit critiques, elle ne négligera pas de présenter à
l'occasion des textes qui, pour être déjà connus en langue française,
n'en recèleraient pas moins encore quelque secret recouvert par
certaines habitudes de lecture et qu'il s'agirait alors d'exhumer. La
lecture critique sera au cœur de l'autre volant de "DA", lectures
d'œuvres en langue allemande, qui proposeront non seulement des
voies d'accès mais aussi une réflexion sur ces voies, qu'elles suivent et
feront donc jouer les points de vue.
Donc une collection, qui se divise en deux séries: des études et
recherches universitaires, et des traductions inédites en français.
Déjà parus
Achim GEISENHANSLÜKE (Université de Duisburg), Le sublime chez
Nietzsche,2000.
Friedrich HOLDERLIN, Le Fardeau de la Joie, traduit de l'allemand et
commenté par Kza Han et Herbert Holl, 2002.
Nadia LAPCHINE,Poésie et histoire dans I 'œuvre tardive d'Erich
Arendt (1903-1984), tomes I & II, 2003.Alfred GULDEN
SANS TOIT
Roman
Traduit et annoté par
Françoise LAR TILLOT
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
5-7, rue de l'École-Polytechnique Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALlEÉdition originale: List Verlag, München, Leipzig, 1991.
@ L'Harmattan, 2003
ISBN: 2-7475-4709-4Préface: Alfred Gulden, un écrivain à la frontière
Né en Sarre, Alfred Gulden a côtoyé de près cette frontière
linguistique et culturelle, celle de l'Allemagne et de la France,
celle de la Sarre et de la Lorraine. Entre ces mondes qui se
jouxtent en s'ignorant, l'auteur a construit des passerelles qui
reposent non seulement sur une volonté de rapprochement mais
encore sur une étude et une connaissance du terrain et de sa
réalité des plus fines. Alfred Gulden saisit les phénomènes
denses et souvent ignorés de la vie quotidienne, qui sont autant
d'attaches presque inconscientes à un fonds culturel, il les rend
palpables, leur donne une présence, contraint la mémoire à s'en
saisir, à les identifier.
Par cette position spécifique, Alfred Gulden ne fait pas
œuvre d'anthropologue ésotérique, au contraire, il faut
considérer qu'il reprend et prolonge une tradition de la
littérature allemande qui s'est construite à partir d'une relation à
l'autre parce qu'elle fait référence à un élément de la culture
allemande tourné vers l'autre: Louis Charles Adélaïde (dit
Adelbert) von Chamisso de Boncourt, noble français émigré
sous la terreur et installé à Berlin ou Theodor Fontane,
descendant d'une famille de Huguenots, accueillis par le
GrandElecteur de Brandebourg au moment où les Huguenots étaient
chassés de France, sont les modèles d'Alfred Gulden, en ceci
qu'ils écrivent précisément à la frontière de deux mondes. C'est
l'homme divisé, Peter Schlemihl, en quête de son ombre
d'Adalbert Chamisso, qui reflète la présence de la frontière dans
l'individu; ce sont les écrits sur la guerre de 1870-1871 de
Fontane, qui marquent que la frontière érigée en barrière par
l'histoire ne peut empêcher l'estime mutuelle et les liens
interculturels franco-allemands, un Fontane sur lequel AlfredGulden ad' ailleurs tourné l'un de ses films poétiques 1.
Cette spécificité revendiquée par l'auteur, se reflète dans la
réflexion qu'il mène sur la fonction du langage comme lien
d'une culture à un individu - contraignant mais inévitable- et
lieu d'une séparation en même temps, où l'on retrouvera des
échos de la pensée d'un autre auteur allemand francophile, le
spécialiste du langage, Guillaume de Humboldt, dont l'on
redécouvre depuis quelques temps la formidable énergie
médiatrice2.
C'est cette réflexion sur une langue commune et pourtant
lieu d'une individuation et d'une formation qui informe tout le
parcours de Sans toit. Ici, le personnage, Nils, subit une crise
d'identité. Pris à la gorge, au propre comme au figuré, par les
fragments culturels que véhicule le langage dont il subit
mécaniquement les effets, il doit tenter de survivre en
reconstituant son histoire dans la langue. En effet, le personnage
dont il est question est victime de crises d'aphasie, lors
desquelles le langage intérieur l'assaille de bribes apprises dans
des cours d' orthophonie3, entendues ici ou là, et retenues parce
que particulièrement marquantes au plan du rythme et des
émotions qui leur sont liées. L'apprentissage du langage est
certes apprentissage d'une structure, d'une signification, mais
aussi des émotions véhiculées par le rythme et
sans la connaissance desquelles structure et signification ne sont
rIen.
1 En effet, Alfred Gulden a toujours mené de front une double carrière
d'écrivain et de réalisateur pour la télévision de films et séquences
poétiques.
2 Cf. Jürgen Trabant : Traditions de Humboldt. Paris: Éditions de la
Maison des Sciences de l'Homme, 1999. Toute l'œuvre d'Henri
Meschonnic suit cette inspiration et s'oppose radicalement aux
considérations heideggeriennes sur le même sujet, curieusement
plus volontiers médiatisées en France.
3 Alfred Gulden qui a lui-même une formation d'orthophoniste, mais
qui s'est aussi documenté sur les troubles du langage, subis
notamment par les soldats de la première guerre mondiale, utilise ici
des matériaux de première main.
8Cette exploration se déploie aux frontières d'un travail
poétique (proche du travail de la poésie concrète) et d'un travail
dramatique (proche du théâtre absurde) pour renouer par instant
avec un mode narratif traditionnel. Par-là, Alfred Gulden se
situe dans une autre tradition de la littérature européenne. On
pense immédiatement à James Joyce, mais concernant la
tradition allemande, il faut considérer que l'auteur s'inscrit dans
une filiation ouverte par les écrits de Kurt Schwitters ou d'Arno
Holz et également représentée dans le paysage littéraire français
par Eugène Ionesco et La Cantatrice chauve.
Les origines dadaïstes de cette interrogation (d'un
dadaïsme allemand mal connu des lecteurs français) sont
reprises par Alfred Gulden pour interroger l'histoire de
l'Allemagne d'après-guerre. Le personnage d'Alfred Gulden,
qui est manifestement né comme son auteur, juste après la
guerre ou à la fin de la deuxième guerre mondiale, n'a pas fait
consciemment l'expérience de cette dernière, mais en retrouve
partout les traces non explicitées. Il traverse l'Allemagne des
années cinquante et soixante avec le regard de l'enfant et de
l'adolescent, et le lecteur découvre ou redécouvre avec lui les
tubes (allemands) des années cinquante, les interdits
conservateurs infiltrés sournoisement dans le discours social,
les contes, les bouts rimés, les proverbes et sentences en tout
1genre .
Il fait revivre cette Allemagne de l'intérieur avant de
pouvoir se libérer de la chape de plomb qui pèse sur sa langue,
non sans en passer également par un séjour en France qui lui
ouvre d'autres portes linguistiques et existentielles ainsi que par
les formes de vie imposées par la révolution sexuelle de 1968,
elles-mêmes bien proches de créer de nouvelles frontières plutôt
que de les supprimer.
La densité de l' œuvre, son intérêt littéraire, sa réflexion sur
le langage, sur les modes de transmission culturels par le
1 Nous avons dissém

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