Sous le ciel des Cathares
264 pages
Français

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Sous le ciel des Cathares , livre ebook

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Description

Laon, mars 1113, Gobert Haincourt, modeste chevalier, se marie avec Oriane, la fille du comte de Roucy. Pour ce mariage arrangé par le roi de France, il reçoit en dot le fief de Pouilly. La famine et la pestilence font des ravages dans l'évêché de Laon, tandis qu'une communauté cathare, prêche que Satan a crée la terre. Pons, un moine défroqué, et le mystérieux évêque cathare, n'ont qu'un seul but : vaincre l'Eglise catholique de Laon, qu'ils ont infiltrée. Gobert Haincourt s'engage alors dans une guerre contre la secte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2009
Nombre de lectures 227
EAN13 9782336254104
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296073722
EAN : 9782296073722
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Épilogue PERSONNAGE
Sous le ciel des Cathares

Patrice Murice
Chapitre 1
Par un beau jour de mars 1113, le comte et la comtesse de Roucy mariaient leur fille Oriane, à Laon. C’était la petite dernière comme ils l’appelaient affectueusement, dont ils se séparaient à regret. La perspective d’avoir pour gendre Gobert de Haincourt, un obscur chevalier du roi, n’enchantait guère le comte. Il aurait voulu marier Oriane, à tout le moins à un baron, ou à un sire d’un lignage plus prestigieux. Mais voilà, le roi Louis qui cherchait à limiter l’influence de son clan lui avait imposé Gobert. Comme ce dernier était ruiné, il l’avait doté d’une terre et fait sire de Pouilly, pour faire taire les récriminations du comte qui ne voulait pas d’un va-nu-pieds. Le cortège nuptial était parti du quartier Saint-Martin, où la famille des Roucy possédait une maison forte, et il se dirigeait solennellement vers la cathédrale. Les puissantes familles rivalisant de luxe avançaient sous les courbettes de la foule révérencieuse. Sur les bas côtés, le populo jouait des coudes pour ne pas perdre une goutte de l’événement. Bien que la maison des Roucy ne se situât qu’à quelques rues de la cathédrale, le comte avait tenu à faire le trajet à cheval. Par terre, on avait répandu des sarments de vigne qui formaient un tapis vert tendre, jusqu’à la cathédrale. Et la comtesse avait fait décapiter tous les aubépiniers à la ronde pour enguirlander les rues de fleurs blanches. À l’avant du cortège, les futurs mariés retenaient toute l’attention. Oriane était vêtue d’une tunique de soie serrée à la taille qui mettait en valeur son mince corps, à peine nubile. Elle était couronnée d’un cercle d’or garni d’un gros rubis aussi rouge que ses cheveux tressés. Ce n’était pas pour rien qu’on la surnommait la pucelle rouge. Avec son teint de rousse, elle n’avait pas besoin de farine pour éclaircir son joli minois, et ses pommettes étaient naturellement rosies par l’émotion. A quinze ans, c’était la première fois de sa vie qu’elle était le centre d’intérêt d’une pareille foule. Elle éprouvait une gêne à sentir tous ces regards admiratifs converger vers elle. Pourtant d’ordinaire, elle n’était pas timide. Son esprit était vif, elle avait la langue bien pendue et savait remettre en place les écuyers de Roucy, que sa beauté rendait trop entreprenants. Mais là, c’était si différent, elle chevauchait au côté de l’homme qu’elle allait épouser dans quelques instants ! Ses yeux, couleur noisette, étaient rivés sur la crinière de sa monture. Elle ne les détournait que pour lui jeter des regards furtifs, comme pour s’assurer que tout cela était vrai. C’est à peine si elle connaissait Gobert. Elle l’avait déjà vu quelques fois à la cathédrale, quand il gardait les reliques avec les autres chevaliers. La seule fois qu’elle avait parlé avec lui, c’était le jour où il était venu à Roucy, pour conclure le mariage. Mais c’était suffisant pour qu’elle le trouve à son goût. Elle se disait que Dieu avait plutôt bien fait les choses. Il était jeune et beau et lui avait paru aimable. C’était toujours mieux que de se retrouver au lit avec un de ces riches barbons, choisi par son père... Gobert était un peu plus âgé qu’elle, ce qui ne le rendait que plus attirant. Elle aurait déjà voulu être le soir et se retrouver seule avec lui, dans la chambre qu’on avait préparée pour eux. Ses cousines friandes de potins lui avaient raconté que Gobert était l’ancien amant de la femme du baron de Marie. Oriane en avait ri, bien qu’au fond elle en conçût un peu de jalousie. Lors de sa visite à Roucy, profitant d’un moment d’isolement, elle lui avait posé la question de sa relation avec la femme du baron, sans détour. Gobert s’était montré évasif. Il avait levé les yeux au ciel, alors elle n’avait pas insisté, voyant qu’il s’assombrissait. Mais l’amour avait déjà planté ses crocs dans son cœur. Une fois qu’il fut parti, elle prit résolument sa défense et pria son père de cesser de l’appeler « ce merdeux de chevalier », lui objectant qu’il ferait bientôt partie de la famille. Cette prise de bec ne fut pas sans surprendre le comte, mais il s’inclina à la justesse de l’argument et ne le nomma plus ainsi.
Gobert s’était mis dans les frais pour son mariage. Il avait emprunté de l’argent pour racheter des éperons d’or car les siens avaient été volés, ainsi qu’une tunique blanche et un ceinturon de cuir clair. Brandif, son cheval, était recouvert d’une housse de soie blanche et bleue. Avec ce harnachement, il avait l’air de partir en croisade. Assis sur sa selle, il dépassait Oriane d’une tête en raison de sa haute taille. Contrairement à elle, il n’avait plus de famille et sans ses quelques amis, il aurait été bien seul parmi tous ces Roucy. Voici presque un an, que les marchands de la ville s’étaient révoltés contre les puissantes familles, et avaient trucidé l’évêque Gaudry. Comme beaucoup de nobliaux, à ce moment-là, Gobert avait perdu une grande partie de ses biens et tenait difficilement son rang. Il ne lui restait qu’un petit vendangeoir et une parcelle de vignes, à l’extérieur de la ville, tenus par la famille Vignoulle. Sans un sou vaillant, il était redevenu un simple chevalier de garnison, et c’est le prévôt Ives qui l’hébergeait, dans l’enclos royal. Il soupçonnait fort le prévôt Ives d’avoir soufflé son nom à l’oreille du roi, lorsqu’il avait été question de choisir un mari, pour la fille des Roucy. Au début, il n’était pas tellement d’accord. Certes, il avait prêté serment de fidélité au roi Louis, mais il se refusait à lui servir d’étalon. Entre temps, la femme du baron de Marie, avec qui il entretenait une liaison, était retournée chez son époux ; alors il avait fini par céder aux boniments du prévôt Ives. Ce que roi veut, Dieu le veut, il ne pouvait dire non ! Il connaissait de vue la pucelle rouge. Elle était de bon sang et lui assurerait une descendance. C’est ainsi qu’il s’était laissé embarquer dans ce mariage arrangé, qui le faisait entrer dans cette famille prestigieuse, non sans grincements.
L’imposante cathédrale ravagée par le feu, lors de la révolte communale, avait des allures de basilique du diable. Des échafaudages couvraient les tours lézardées et la façade noircie. Malgré les travaux, le comte avait tenu à ce que la cérémonie ait lieu à la cathédrale, les autres églises n’étant pas assez grandes pour contenir tout son monde. Arrivés devant le porche, ou du moins ce qu’il en restait, tous descendirent de cheval. Le seigneur évêque Hugues les attendait sous le tympan endommagé, où trônait la sculpture d’un Christ aussi mal en point que lui. Il paraissait très fatigué, dans sa chasuble devenue trop grande. On l’avait aidé à marcher jusque l’entrée, en le soutenant par les aisselles. Et pour tenir debout, il s’était agrippé à sa crosse de pontife. Un coup de vent fit sauter sa mitre. Un sous-diacre la rattrapa au vol et la renfonça de travers sur ses oreilles en chou-fleur, ce qui lui donnait un air un peu ridicule. Il accueillit le cortège avec un triste sourire, et prononça une oraison quasi inaudible. Après que Gobert et Oriane eurent glissé leurs anneaux, il les aspergea d’eau bénite en secouant péniblement le goupillon. Chacun en le voyant se disait qu’il n’en avait plus pour très longtemps à vivre. Cela faisait à peine huit mois qu’il avait succédé à feu l’évêque Gaudry, mais déjà il allait falloir songer à le remplacer. Arrivé à Laon en bonne santé, le prélat n’était plus que l’ombre de lui-même. Il crachait de la bile noire, à tout bout de champ. Au début, ses médecins avaient cru à un empoisonnement mais à présent, ils parlaient plutôt d’un mal mystérieux. Même les pèlerinages à Notre Dame de Versigny n’avaie

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