Un amour à l automne
133 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Un amour à l'automne , livre ebook

-

133 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Bijou est à l'âge des bilans. Sa vie de grande bourgeoise a été jusque-là sans histoire. Un accident va lui faire découvrir Internet et l'amour. La passion va tout faire imploser et lui montrer que la vie peut commencer à soixante ans.
Dans Un amour à l'automne, l'auteur nous livre un récit, fruit de ses réflexions sur la vie, l'amour et la mort.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 283
EAN13 9782296257504
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un amour à l’automne
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11966-6
EAN : 9782296119666

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
F rance V ALSOREY


Un amour à l’automne

R écit
« A ce jour je n’ai pas trouvé de meilleure définition de ce qu’apporte la littérature : entendre une voix humaine.
Raconter une aventure n’est pas le but. Les personnages aident à écouter quelqu’un d’autre qui est peut-être mon frère, mon prochain. »
Frédéric Beigbeder

« Aime et fais ce que tu voudras. »
Saint Augustin


« Le dernier amour balaie tous les anciens qui deviennent poussière. »
Anonyme


« La chaleur du cœur empêche les corps de rouiller. »
Marie d’Hennezel
- « Tu ne dis rien » ?

Non, je ne disais rien. Soudainement muette, comme frappée d’aphasie, je ne pouvais proférer un son.
Je venais de recevoir en plein cœur la révélation de ce que j’avais toujours pressenti. Il paraît que les grandes douleurs sont muettes… Cela me fournissait une belle excuse.
Ma sœur venait de m’annoncer la mort de notre mère, et je réalisais que je ne ressentais rien, absolument rien. Je ne pouvais plus parler. Cette découverte m’anéantissait…
J’articulai : « J’arrive. » et je raccrochai. Mille pensées contradictoires se bousculaient dans ma tête, soulagement, culpabilité, colère, mais chagrin, non… C’était un choc.

Ne pas aimer sa propre mère. Quel monstre étais-je donc, pourquoi, comment ? Je n’en savais rien.
Je l’aimais bien, mais c’était tout, et c’était peu. J’avais quand même une certaine admiration pour ce qu’elle avait fait de sa longue vie. Mais comme mère, elle se situait aux antipodes de mes rêves. Et de ça, je lui en voulais.
J’avais toujours eu du mal dans mes rapports avec elle ; je n’avais le souvenir que de disputes à tout propos à l’adolescence. Pourtant j’étais plutôt une enfant facile, pas révoltée.
Et quand j’évoquais ma plus tendre enfance, je n’avais pas non plus le souvenir d’élans d’amour vers elle. Le son de sa voix et ses manières péremptoires m’avaient toujours hérissée. C’était épidermique.
Jeune adulte, je n’avais qu’une idée : fuir la maison.
Aujourd’hui que j’étais moi-même mère, je comparais l’amour passionné que j’éprouvais pour mes enfants, et que manifestement ils me rendaient, je me souvenais de nos câlins, de nos discussions, de nos connivences, de tout ce que nous partagions. Et je mesurais l’abîme qui m’avait toujours tenue éloignée de ma propre mère.
Je n’avais jamais rien partagé avec elle. Jamais nous n’avions eu la moindre conversation intime. Jamais elle ne s’était intéressée ni à ce que je faisais en classe, ni à ce que je n’y faisais pas… Cela ne pouvait pas être seulement dû à la différence d’éducation, à l’époque. Ou peut-être bien que si, après tout.

Dès notre naissance, on nous avait confiées, ma sœur et moi, à des nurses puis des gouvernantes, qui - mise à part « Mademoiselle » une merveilleuse vieille fille (mon père la disait amoureuse de maman) qui, elle, était restée de nombreuses années avec nous - se succédaient rapidement, trouvant ma sœur aînée ingérable, et c’est peu dire qu’elle l’était.
Pour je ne sais quelle raison, vers l’âge de deux ans, alors que jusque là elle se développait harmonieusement, elle s’était arrêtée de parler. Avait-elle été traumatisée par ma naissance alors qu’elle avait dix-huit mois, ou bien la nurse qui veillait sur moi et qui n’aimait que les nouveau-nés l’avait-elle maltraitée non seulement psychologiquement mais aussi physiquement ? C’est une idée qui m’est venue. On cherche toujours des explications a posteriori.
En tous cas si c’est le cas, mes parents ne se sont aperçus de rien. Et le mal s’est installé. Ma sœur est devenue une petite fille difficile, capricieuse, se roulant par terre à la moindre occasion, caractérielle pour tout dire. Monopolisant, du coup, toute l’attention des parents. Moi, j’étais la raisonnable, celle qui travaillait bien, sur qui l’on pouvait compter, qui comprenait les soucis des grandes personnes.
On peut admettre que toute l’attention des parents se porte sur l’enfant qui a des problèmes. Mais je pense que j’en attendais aussi, de l’attention, et que j’en ai manqué.
Pourquoi aimais-je tant me réfugier sous le bureau de ma chambre que je recouvrais d’une couverture, et à l’abri duquel je m’enroulais les poignets et les chevilles de bandes Velpeau, jouant à la fois à la malade et à l’infirmière, dans cette « cabane » improvisée ? Evidente demande d’attention. Vers l’âge de huit ans, nos parents nous firent « tester », QI et tout le bazar. Verdict : j’étais une « surdouée » à l’époque on disait « précoce ». Dès lors, les parents étaient tranquilles. « Avec un QI de 140, elle se débrouillera toujours. »
Le problème, c’est que les surdoués peuvent fair. de parfaits cancres lorsqu’ils s’ennuient en classe et qu’à l’adolescence les questions existentielles les empêchent de s’intéresser à autre chose qu’à eux-mêmes et à leur nombril.
C’est exactement ce qui m’arriva. Collectionnant les prix au collège, je sautai une classe parce que je m’ennuyais dans la mienne, mais ensuite je me mis à glander, toujours sans que mes parents ne s’aperçoivent de rien. Stupeur quand je ratai mon bac ! J’avais deux ans d’avance, mais je n’apprenais rien, je rêvassais, plus intéressée par les garçons que par le règne d’Alexandre de Russie qui est pourtant passionnant !
A la deuxième tentative, j’avais décroché l’oral de rattrapage, mais je ne m’y présentai pas, paniquant à l’idée d’affronter un prof qui pourrait mesurer mon ignorance. J’avais fait tant d’impasses, je n’aurais jamais eu la chance de tomber sur un des rares sujets que j’avais étudiés. Exit le bac.
Je postulai donc à l’école d’infirmières de la Croix-Rouge où l’on passait un examen d’entrée lorsqu’on n’était pas bachelier. Et j’y entrai haut la main. Les questions dites de « culture générale » m’avaient sauvée. Il n’y avait ni physique, ni maths, ni chimie.

J’aimais les autres, j’aimais soigner. Je travaillai sérieusement pour la première fois depuis l’adolescence, et devins une infirmière diplômée qui regretta amèrement toute sa vie de n’avoir pas eu le déclic avant… Je resterais donc toujours « un médecin rentré ».
Et voilà, aujourd’hui, j’avais près de soixante ans et tout cela remontait à la surface au moment où maman venait de s’éteindre. La pilule était amère. J’avais du chagrin de ne pas éprouver de chagrin. J’avais du chagrin de toutes les occasions manquées car il avait dû y en avoir. Ma mère avait certainement des qualités. A son âge très avancé elle était entourée d’amis.
Quand j’analysais mes sentiments, j’éprouvais pour elle, pour sa force vitale une certaine admiration. Pour ça ce n’était pas difficile. Elle faisait l’admiration de tous. Surtout depuis la mort de mon père, homme supérieurement intelligent et qui, de son vivant, lui faisait tout de même un peu d’ombre. C’est lui qui dominait.
Depuis que papa était mort, elle avait fait sa spécialité de recevoir merveilleusement à dîner toute une société brillante, et en plus de trente ans, du statut de « relations intéressantes » nombreux étaient ceux qui étaient passés à celui de vrais amis ; et même à plus de cent ans ils continuaient de l’inviter et de venir chez elle avec le même plaisir. Elle avait la chance d’avoir dans son entourage des personnes exceptionnelles, et il faut bien dire que les dîners pour mondains qu’ils soient, car ils l’étaient, étaient aussi d’une rare tenue intellectuelle. Chez elle, l’on s’amusait et l’on s’instruisait.
C’est d’ailleurs, assez récemment, au cours d’un dîner plus intime chez elle, que maman avait, au cours de la conversation, admis ne jamais s’être beaucoup préoccupée de moi. Nous étions avec une de ses amies qui m’avait connue enfant, et nous évoquions des souvenirs de cette époque.
Cela avait été une illumination et un choc tout à la fois. En fait, jusque là je n’y avais jamais pensé ; et je n’analysais pas non plus les sentiments que je lui portais. Pour tout ce qui me gène et m’empêcherait tout simplement de vivre, je tire le rideau et j’efface. Jusqu’à ce qu’un évènement ou une phrase fortuits me ren

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents