Vent caraïbe
308 pages
Français

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Vent caraïbe , livre ebook

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308 pages
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Description

Dans les années cinquante, un fort vent contestataire des peuples aspirant à la démocratie se propagea dans la mer des Caraïbes. Cette aspiration fut alors encouragée en sous-main par la politique britannique s'opposant à celle des Américains. Les mouvements soutenus par Londres vinrent à bout du président du Venezuela et conduisirent Fidel Castro à s'imposer à Cuba. Tout peut arriver au détour d'une page de ce roman où le danger se mêle à une vie apparemment courante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 274
EAN13 9782296674097
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VENT CARAÏBE
 
© L'H armattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-08420-9
EAN : 9782296084209
Julien BAROIS
 
 
VENT CARAÏBE
 
 
L'H armattan
Roman dédié à Léo, Emma, Julien et Sydney, pour qu'en lisant entre les lignes, ils sachent entre quels cieux et mers, Richard fut secoué par les vents et les vagues de la vie...
I
 
L a vie parisienne reprenait lentement son cours normal après la fin de la guerre et Richard revenait de son service militaire précisément au moment du mariage de sa sœur. A son entrée dans l'église de Saint Pierre de Chaillot, l'orgue, tenu par le fameux virtuose Serafino, de passage dans la capitale, interpréta admirablement la marche nuptiale de Lohengrin. Richard et son frère cadet Fabrice étaient les damoiseaux d'honneur de la mariée. Violette, fille d'un diplomate espagnol, était la demoiselle d'honneur et aussi compagne de Fabrice, lequel en était fort épris. Tandis que Fabrice regardait amoureusement sa compagne, elle, de son côté, ne manquait pas de porter ses yeux verts dans la direction de Richard. Ce dernier, ayant remarqué son manège, y répondait par un sourire discret, ne pouvant alors deviner l'avenir tumultueux de cet échange.
Il fallut peu de temps à Violette pour prendre des initiatives, permettant ainsi à Richard de découvrir des trésors féminins qui le séduisirent promptement. Sans lésiner sur les moyens, Violette s'empara de Richard comme d'un jouet. Fille unique, elle était surveillée de près par ses parents, des personnes fort dignes autant qu'aimables, auxquelles on ne pouvait songer à déplaire. Richard fut très vite admis dans ce cercle familial restreint et les parents, d'un côté comme de l'autre, s'en réjouirent. Après tout il était homme à marier, perspective qui plaisait à tous... Pourtant, de son côté, Richard se sentit pris comme un poisson dans un filet, même si celui-ci lui semblait encore assez agréable. Bientôt commencèrent les joutes amoureuses pour le novice qu'il était, et sa partenaire savait mettre la main à la pâte, encore qu'à cette époque il n'était pas coutume de consommer les amuse-bouches avant le plat de résistance.
Pour déjouer la surveillance paternelle il leur fallait prendre mille précautions et Violette organisait toute chose avec beaucoup d'ardeur. Un petit hôtel rue des Acacias deviendra leur havre de bonheur. Ils expérimentèrent aussi divers lieux moins coûteux, comme l'ascenseur de l'immeuble des parents bloqué entre deux étages, au risque d'être surpris en flagrant délit. En ce temps-là, les ascenseurs étaient grillagés et ouverts à tous les regards. Les locataires, demandant le renvoi de l'ascenseur en tapotant avec insistance sur la porte du rez-de-chaussée, rendirent l'expérience désagréable. L'usage de l'ascenseur manquait effectivement d'intimité, l'enceinte n'était en outre pas pratique ; à éviter donc, sauf en un cas extrême ; il fallait carrément le déconseiller. Tout le monde devrait savoir que l'ascenseur n'était pas l'endroit idéal pour des ébats amoureux. Ils se risquèrent également sous la cage de l'escalier, l'endroit malpropre où l'on range poussettes et landaus. Cette cachette aurait éventuellement pu convenir mais elle n'apportait pas non plus un confort suffisant pour une telle activité ; le camouflage y était assez sommaire et les essais ne furent pas concluants.
Le parc Monceau, tout proche, aurait pu être un refuge convenable car il était bien aéré. -Mais un soir vers six heures, le gardien à la mine patibulaire, muni d'un képi verdâtre et garant de l'ordre public, agita une clochette pour annoncer la fermeture du parc. Sans ambages, indigné de voir des amoureux inextricablement enlacés sur un banc, le fonctionnaire les somma de déguerpir sous la menace d'un procès verbal pour atteinte aux bonnes mœurs et à l'ordre public selon la loi de 1881. Richard dut conclure que pour lui la soirée était terminée, ce qu'il expliqua à sa partenaire contrariée avant qu'il ne prenne lestement la poudre d'escampette, seule poudre qu'il n'ait jamais inventée. Mais elle, devenue folle furieuse devant son forfait, hurla, gesticula, et le poursuivit en l'accablant de coups de parapluie sur la tête et les jambes pour le faire trébucher. A la vitesse grand V, il réussit in extremis à s'engouffrer dans l'entrée du métro des Ternes sous le regard hilare des badauds.
Peu de temps après, Violette avait déclaré qu'elle était enceinte. Il fallait prendre une décision rapide et le père de Richard accomplit la démarche d'usage pour demander la main au grand-père de Violette, le marquis de Castejon et Zarauz, grand d'Espagne, son père étant à l'étranger. La grand-mère, déjà au courant des problèmes intimes de sa petite-fille, accueillit la demande avec des larmes espagnoles de bonheur qui se mirent à couler avec abondance sur son visage ridé. Le grand-père, ignorant tenants et aboutissants, tombait des nues devant une telle précipitation incompatible avec son ancienne noblesse. Grand prince, le vieux marquis l'était réellement. Il descendait d'une ancienne lignée princière espagnole. Il portait un regard bienveillant sur cette idylle et accorda la main de sa petite-fille, à la joie de tous, sauf celle de Fabrice qui afficha une certaine réticence. Richard, quant à lui, était aussi heureux qu'un veau dans le camion qui mène à l'abattoir.
Dès lors, le débonnaire marquis s'intéressa vivement au sort du jeune homme qui avait déjà suivi quelques cours de droit. Castejón avait été d'abord militaire et ensuite juriste, il lui conseilla de poursuivre ses études à la faculté de droit, lui assurant pour la suite une carrière brillante dans son cabinet international, carrière plus prometteuse que celle d'un petit guichetier de banque, métier auquel Richard se destinait. Il suivit le sage conseil de son nouveau mentor. Spécialiste de droit romain et connaissant par cœur les textes en latin de Tribonien et Cujas, le marquis lui confia qu'il fallait se méfier des avocats, ce qu'il était lui-même, tout en lui conseillant de le devenir à son tour pour déjouer leurs mauvais tours.
Le marquis offrit sa propre voiture au futur fiancé et en profita pour instruire le novice sur la mentalité des femmes qui, selon lui, étaient d'une race totalement distincte, et dont les raisonnements étaient imprévisibles et incompréhensibles pour la gente masculine. Pour sa part, il y avait perdu son latin depuis longtemps ; il pensait qu'il était tout à fait inutile de chercher à les comprendre. D'ailleurs, avec les femmes, il fallait toujours choisir entre deux alternatives, lui confia-t-il, acquiescer ou fuir. Vivant en parfaite harmonie avec son épouse et sa petite-fille, il pratiquait cette méthode empirique et peu contraignante devenue depuis longtemps sa philosophie constante.
Felipe, le père de la fiancée, se trouvait encore en Espagne. C'était un idéaliste, rebelle à la dictature de Franco. À la recherche de plus de liberté, il avait le projet de s'embarquer pour le Venezuela, espérant trouver cette liberté dans la jungle amazonienne. C'était une idée loufoque qui désolait sa fille qui, du coup, s'était rapprochée de son aïeul, le vieux marquis. Le père avait déjà expliqué à Violette avoir été inspiré par les récits d'Humboldt, et par ceux de Sir Walter Raleigh, qui avaient navigué sur l'Orénoque en explorant la Guayana vénézuélienne, ainsi que par les récits d'autres explorateurs ayant parcouru cette vaste contrée, fertilisée par les eaux puissantes de ce grand fleuve, l'un des quatre plus grands du monde. Il avait raconté à sa fille qu'avec ses nombreux affluents, le bassin de ce fleuve couvrait une région grande comme deux fois la France, habitée par des Indiens pacifiques aux coutumes ancestrales. Leur civilisation n'avait rien à envier aux pays européens. Felipe citait en exemple les longues guerres civiles espagnoles et les conflits qui avaient régulièrement ravagé les pays du monde dits civilisés. Il avait perdu sa femme lors du bombardement de Zarauz, et Violette en avait réchappé de justesse. Maintenant il se sentait libre et prêt &#

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