Interview : La précarité empêche d'exercer la qualification - « La ...

M.Collange

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Interview : La précarité empêche d'exercer la qualification - « La ...

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• Publié par: ifufejek
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« La précarité empêche d’exercer la qualification »

Pour Marie-José Kotlicki, secrétaire générale de l’UGICT-CGT, il faut défendre l’emploi qualifié de demain.

Le gouvernement répète que le CPE ne concerne pas les jeunes diplômés, seulement les non- qualifiés. Quelle analyse faites-vous de ce projet, vous qui, à l’UGICT-CGT, regroupez des salariés qualifiés ?

Marie-José Kotlicki. Si le gouvernement s’arc-boute, c’est que, pour lui, le CPE est stratégique. Compte tenu des départs en retraite massifs du baby-boom, et de l’élévation générale du niveau de qualification, on va vers des embauches plus nombreuses de jeunes diplômés.

Avec le CPE, le gouvernement dégrade toutes les conditions d’embauche et vise à rendre l’emploi, y compris l’emploi qualifié, bon marché, très flexible.

La forte mobilisation des étudiants d’aujourd’hui était prévisible. Lors d’une rencontre des jeunes diplômés organisée par l’UGICT, il y a deux ans, était monté très fort le rejet de la précarité et une recherche du sens du travail : les jeunes nous disaient qu’avec leur diplôme, bac + 3, 4 ou 5, c’est des mois, voire des années de galère avant de trouver un véritable emploi. Le conflit de la recherche, il y a un an, était parti des jeunes doctorants; 9 000 d’entre eux avaient signé une pétition de l’UGICT pour la reconnaissance de leur qualification, du doctorat, contre la précarité. Il y a peu, c’était Génération Précaire qui revendiquait des garanties concernant les stages des jeunes diplômés, contre la précarité et le travail gratuit.

Comment s’exerce spécifiquement la précarité sur les jeunes diplômés ?

Marie-José Kotlicki. D’une part, il y a rupture entre le diplôme et l’embauche: beaucoup sont surqualifiés par rapport à leur emploi, on ne reconnaît pas leur qualification. D’autre part, avec les CDD, les stages, et demain le CPE, ils sont dans l’impossibilité d’exercer pleinement leur qualification :comment, si l’on est un jeune ingénieur, cadre ou technicien, se lancer dans la construction d’un projet si l’on est sûr, du fait de ses conditions précaires, qu’on n’en aura pas le suivi ?

Quels objectifs vous fixez-vous en vous engageant dans cette bataille ?

Marie-José Kotlicki. En gagnant sur le CPE, nous voulons changer la donne sur l’ensemble des formes de la précarité, notamment pour l’emploi qualifié. Dans la perspective des embauches massives liées aux départs en retraite, il y a une potentialité pour expérimenter la mise en place d’une vraie sécurité sociale professionnelle. Nous proposons dans ce cadre un nouveau statut de l’encadrement.

Entretien réalisé par Y. H.