Favoriser l appropriation de la poésie contemporaine en cycle 3
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Favoriser l'appropriation de la poésie contemporaine en cycle 3

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Extrait

Johanna TAUPIN  IUFMde Melun Ane2006-2007     
 
    
 
 
 
Favoriser l’appropriation de la poésie contemporaine en cycle 3
Quelles pratiques pour quels apprentissages?  
Mémoire dirigé par Mme GASTELLIER Contact : johanna.taupin@gmail.com
Remerciements   A Mme Doubre, mon professeur de Français en seconde et en première. Ce mémoire est pour moi l’occasion de vous exprimer ma profonde reconnaissance. J’espère un jour pouvoir transmettre la littérature avec autant de passion et d’authenticité que vous le faisiez dans la salle 24 du lycée de la vallée de Chevreuse.  Je remercie Mme Rigault et M. Bitter, enseignants à l’école Jacques Rouliot de Vernou-la-Celle-sur-Seine pour leur accueil et leur engagement. J’estime avoir réussi mes débuts d’enseignante grâce à eux.  Je tiens également à remercier Patricia Haluska, conseillère pédagogique, pour son regard critique et constructif.  Enfin, je remercie Pauline, Marie-Gabrielle et Alexandra pour l’intérêt qu’elles ont porté à ce travail, leurs corrections et leur amitié.
Sommaire
  INTRODUCTION..........................................................................................................................4 I- PRESENTATIONDES ORIENTATIONSPEDAGOGIQUES CHOISIES............................................5 1- Qu’est-ce que la poésie ?................................................................................................ 5 a- Une interrogation… .................................................................................................... 5 b- …qui invite à l’échange ......................... .................................................................... 6 c- par et sur le langage.................................................................................................... 6 2- Pourquoi s’intéresser à la poésie à l’école primaire ? .................................................... 8 a- Passer d’un langage utile à un langage artistique....................................................... 8 b- Développer l’imaginaire et s’approprier le monde..................................................... 9 c- Découvrir l’altérité ................................................................................................... 10 d- Quels sont les apports supplémentaires de la poésie contemporaine ? .................... 10 3- Qu’en disent les programmes ? .................................................................................... 12 a- Avant 2002 ............................................................................................................... 12 b- Depuis 2002.............................................................................................................. 13 II- MISE ENŒUVREDEMONPROJET.......................................................................................16 1- Présentation .................................................................................................................. 16 a- Le contexte ............................................................................................................... 16 b- Les tâtonnements des premières séances ................................................................. 17 c- Les représentations initiales des élèves .................................................................... 17 d- Concrétisation du projet ........................................................................................... 18 2- Apprendre par la poésie : écrire avec une intention artistique ..................................... 20 a- Quel statut pour les écrits des élèves ? ..................................................................... 20 b- S’engager dans l’écriture poétique ........................................................................... 21 c- Parler de la poésie pour prendre conscience des phénomènes langagiers................ 22 d- L’avis des lecteurs pour réviser ses poèmes............................................................. 24 3- Brasser la poésie pour la problématiser........................................................................ 28 a- Faire vivre la poésie dans la classe........................................................................... 28 b- Pour mieux linterroger............................................................................................28 c- Faire sortir la poésie de la classe .............................................................................. 31 4- Poésie et construction de la citoyenneté....................................................................... 32 a- S’ouvrir aux autres ................................................................................................... 32 b- S’ouvrir au monde .................................................................................................... 32 5- Bilans et perspectives ................................................................................................... 33 a- Évaluer les élèves ..................................................................................................... 33 b- Évaluer mon projet ................................................................................................... 33 CONCLUSION............................................................................................................................36 BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................................37 ANNEXES..................................................................................................................................40
 
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Introduction   Rares sont les personnes qui ont découvert et aimé la poésie dès l’école primaire. Je ne me suis moi-même intéressée à ce genre littéraire qu’au lycée. Avant, je préférais les romans, sans doute parce que je laissais porter par l’histoire et que je m’identifiais facilement aux personnages. Faire entrer la poésie à l’école primaire me semblait donc difficile, même si j’en sentais intuitivement les enjeux. Quand, au mois de septembre 2006, je suis devenue « la maîtresse du vendredi » d’une classe de CM1 / CM2, mon projet était encore imprécis : je savais que je voulais faire travailler mes élèves sur la poésie mais je ne savais ni à travers quels textes l’aborder ni quelles activités proposer. J’ignorais aussi où ce projet nous emmènerait. Le déclic se produisit lorsque je demandai, par écrit, aux élèves ce qu’était pour eux un poème. Ils m’ont alors beaucoup parlé des rimes, de l’expression édulcorée de sentiments, du fait qu’un poème leur paraissait souvent difficile à comprendre. Je reviendrai sur ces représentations. Leurs réponses m’ont incitée à multiplier les approches pour leur permettre d’entreren poésie. Mon objectif d’enseignante s’en est trouvé radicalement transformé : il ne s’agissait plus de faire travailler les élèvessur la poésie mais de favoriser son appropriation. J’ai voulu qu’ils sachent la lire et qu’ils aient envie de l’écrire, qu’elle devienne pour eux une façon de voir le monde, et un moyen naturel d’entrer en communication avec l’autre. C’est cette expérience que j’ai eu envie de traiter dans ce mémoire. Après avoir expliqué comment d’un questionnement initial je suis parvenue à définir mes orientations pédagogiques, je présenterai dans ces pages mon expérience denseignante.  
 
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I-Présentation des orientations pédagogiques choisies  
1- Qu’est-ce que la poésie ?
a Une interrogation… -
Il convient, avant de construire une séquence d’enseignement, de concevoir clairement les concepts et notions que l’on souhaite faire acquérir aux élèves. Définir la poésie n’est pas aisé. L’opinion commune la caractérise parfois par rapport à la prose, et cette distinction peut paraître évidente dans un premier temps. Une telle approche est trop vague et incertaine. Il existe des poèmes en prose et des pièces de théâtre en vers. En dépit de ce qu’a pu écrire Gide : « La poésie consiste à passer à la ligne avant la fin d’une phrase. », le vers ne définit pas la poésie. De façon plus générale, toute tentative d’explication de définition par la forme est vaine. Pourtant, certains poètes l’ont pensé. Malherbe, par exemple, a estimé que la poésie émergeait de la pureté de la forme. C’est d’ailleurs en recherchant une forme idéale qu’il a fixé les règles de la versification française. Mais, les écoles se succédant aux écoles, cette conception a été renversée. Victor Hugo a déclaré : « J’ai foulé le bon goût et l’ancien vers français. (…) Et saccagé le fond tout autant que la forme. »1 citation montre qu’il n’existe pas de forme idéale, pas plus qu’il Cette n’existe de sujets plus poétiques que d’autres. En effet, selon les époques, les poètes ont préféré célébrer la nature, les rois, l’amour, les ruines… ou les objets de la vie quotidienne tels qu’un verre d’eau ou un savon (Ponge). La poésie peut-elle alors se définir par rapport à sa finalité ? Certainement pas davantage. À l’origine, elle était utilisée comme un moyen mnémotechnique. Des poètes ont ensuite vu en elle un moyen d’accès à la science,                                                  1Victor Hugo, « Réponse à un acte d’accusation » (1934),Les contemplations,Gallimard, 2001
 
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à Dieu, ou à la philosophie. À nouveau, des contradictions émergent. Ainsi, à Cocteau qui déclarait : « La poésie cesse à l’idée. Toute idée la tue. », André Breton répondait « La poésie n’a de rôle à jouer qu’au-delà de la philosophie. »2  On pourrait alors essayer de la définir par rapport au processus d’écriture mais, là encore, cette tentative est vaine. La conception du poète artisan (Boileau) s’oppose à celle du poète inspiré (Rimbaud) et cette dernière glisse parfois vers la conception du poète inspirant car « le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré »3. La poésie semble donc résister à toute tentative d’enfermement dans une définition. Nous pouvons donc penser qu’elle est forte, instable et mouvante. 
b- …qui invite à l’échange
Roger Caillois disait : « Croire à la poésie, j’imagine que c’est estimer qu’il y a quelque chose de commun entre Homère et Mallarmé. » Ce « quelque chose » qu’il frappe et se désigne ou qu’il se laisse désigner par la tradition scolaire ou la critique, interroge toujours. Dans ce mouvement même, la poésie rassemble et invite à l’échange. Sa définition elle-même se cherche dans un dialogue entre auteurs au cours des siècles. Elle crée du lien social depuis ses origines. C’est d’abord par voie orale qu’elle s’est transmise, véhiculant de la bouche à l’oreille, et d’un cœur à l’autre, les interrogations et les tentatives de réponses des Anciens sur les mystères du Monde. Aujourd’hui encore, cette transmission orale perdure grâce à des courants comme le slam.
c- par et sur le langage.
La poésie suscite l’échange entre tous, et celui-ci se fait par la langue. Jacques Roubaud le rappelle : « La poésie est dans la langue, dans le langage. Il n’y a pas de poésie extérieure                                                  2André BRETON,Les pas perdus(1924), Gallimard, 1990 3René CHAR, André BRETON, Paul ELUARD,Ralentir travaux(1930), Corti, 1991
 
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au langage, dans les “couchers de soleil” par exemple. ». Roman Jakobson, après avoir constaté l’impossibilité de fonder une définition de l’essence de la poésie a recentré le genre en fonction du rapport qu’il entretient avec le langage. Ainsi, a-t-il défini six fonctions du langage (expressive, impressive, référentielle, métalinguistique, phatique et poétique), et insisté sur le fait que la poésie joue davantage avec la fonction poétique. Celle-ci, en mettant « l’accent sur le message pour son compte », recentre le langage sur lui-même, sur son propre code. Cette théorie, est intéressante pour aborder la poésie mais ne permet pas de la définir, d’une part parce que les autres fonctions du langage sont présentes dans un énoncé poétique et d’autre part parce que la fonction poétique elle-même est largement utilisée par d’autres formes d’écrits, notamment la publicité. Elle montre cependant que par la poésie la langue tend alors à se dégager de son utilité prosaïque. Elle se joue des codes quotidiens de la communication, et devient avant tout objet et sujet de création. On peut affirmer que la poésie est un langage à part qui répond à ses propres normes, elles-mêmes infiniment mouvantes : « À l’intérieur de ce microcosme [le poème], une logique des mots s’impose qui n’a rien à voir avec la communication linguistique normale : elle crée un code spécial, un dialecte au sein du langage »4. Cependant, ce langage à part s’appuie sur une langue qui n’existe pas uniquement dans la poésie elle-même. Ce sont les mots du commun que l’on rencontre dans le poème : « Les mots que j’emploie / Ce sont les mots de tous les jours, et ce ne sont point les mêmes. » disait Claudel.
                                                 4Michaël RIFFATERRE,La Production du texte,Le Seuil, 1979
 
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2- Pourquoi s’intéresser à la poésie à l’école primaire ?
a- Passer d’un langage utile à un langage artistique
Nous l’avons vu, la poésie rompt avec l’aspect fonctionnel du langage en se jouant des régularités et des normes de langue. Or, ainsi que le souligne Jean-Pierre Siméon « Les enseignants se sentent investis d’une fonction inverse : inscrire la norme linguistique, en préserver la régularité et la valeur de référence commune ».5 Dès lors, la poésie dérange et semble entrer en conflit avec les missions de l’école. Pour Siméon, ce conflit est intéressant et fécond pour nos élèves : « c’est justement le caractère conflictuel qu’elle assume en regard des normes langagières et des représentations collectives admises qui fonde sa valeur éducative »6. Recevoir et produire de la poésie conduisent donc à accepter l’existence d’un arbitraire du langage et de la possibilité pour le texte de signifier autre chose que ce qu’il semble affirmer. Il s’agit alors de prendre conscience des pouvoirs du mot et d’adopter une attitude vigilante vis-à-vis du texte lu ou entendu : « Le poème dit une chose et en signifie une autre »7poésie participe largement au développement intellectuel des enfants. Ainsi, la en favorisant la formation de leur esprit critique. « La poésie fait éclater les représentations stéréotypées du quotidien et suscite chez l’enfant un dynamisme créatif. »8 invitant En l’enfant à réfléchir sur le langage, elle lui donne ainsi des outils pour comprendre des situations où les mots sont utilisés à des fins de manipulation comme par exemple dans la publicité ou les slogans politiques. Contrairement à une idée reçue, les enfants ne sont pas
                                                 5Les cahiers pédagogiques n°417, octobre 2003, p 9 6Les cahiers pédagogiques n°417, octobre 2003, p. 9 7Michaël RIFFATERRE,Sémiotique de la poésie, Le Seuil, 1983 8Suzanne CHRISTOPHE, Claude GROSSET,Jeux poétiques et langue écrite, cycle 3,Bordas pédagogie, 2004
 
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