NapolÈon Bonaparte ‡ lÕHÙtel national des Invalides
Ce parcours s'effectue dans les salles du département moderne du Musée de l'Armée puis sous le Dôme des Invalides où er se trouve le tombeau de l'empereur Napoléon I . Les collections exposées, très riches pour cette période, permettent d'illustrer l'ascension du jeune officier jusqu'au Consulat et à l'Empire. Elles présentent notamment des objets personnels de l'Empereur et de ses proches, des tenues et des accessoires évoquant le luxe de la cour impériale. Plusieurs salles consacrées aux armées évoquent en parallèle les guerres menées par la France contre les coalitions de grandes puissances européennes. Les batailles d'Austerlitz (1805) et de Waterloo (1815) sont reconstituées par l'intermédiaire d'un planrelief animé. L'œuvre politique du Consulat et de l'Empire est présentée sous le dôme de l'église SaintLouis des Invalides, le long de la galerie circulaire entourant le er sarcophage de Napoléon I .
Un jeune officier dans la Révolution Né à Ajaccio, le 15 août 1769, un an après le rattachement de la Corse à la France, Napoléon Bonaparte est admis, à l'âge de dix ans au collège royal de Brienne. Il complète sa formation à l'école militaire de Paris dont il réussit le concours de sortie à l'âge de seize ans. La modestie de son mobilier lorsqu'il est en garnison à Auxonne témoigne des ressources modestes du jeune officier d'artillerie. En 1789, âgé de vingt ans, Napoléon Bonaparte voit surtout, dans les
Depuis le 20 avril 1792, la France a déclaré la guerre à l'Autriche. Il s'agit de mettre fin aux intrigues de Louis XVI, mais aussi d'étendre la Révolution en Europe et de délivrer les peuples asservis. Au nom du«droit des peuples à disposer d'euxmêmes»,la Savoie et le comté de Nice, après Avignon et le comtat venaissin, obtiennent leur rattachement à la France. Les troupes françaises sont souvent accueillies en libératrices même si leurs exactions refroidissent par la suite l'ardeur populaire. Cette dynamique révolutionnaire inquiète les monarques européens qui se coalisent pour la combattre. Sous le Directoire, à partir de 1795, les conquêtes changent en partie de signification : il s'agit d'atteindre les« frontières naturelles »de la France, avec en outre la constitution d'un glacis protecteur de«républiques sœurs »: cellesci doivent verser un tribut, fournir des contingents militaires et aligner leur politique étrangère sur celle de la France.
bouleversements de la Révolution, l'opportunité de prendre une part active à l'émancipation de la Corse, son île natale. C'est un échec ; l'hostilité du nationaliste Paoli contraint la famille Bonaparte à l'exil sur le continent. En 1793, Napoléon Bonaparte se rallie à la fois à la France et à la Révolution.
En 1793, la République affronte sur ses frontières la première coalition*des monarques d'Europe. À l'intérieur, l'exécution du roi et les conflits politiques au sein de la Convention déclenchent une guerre civile, qui se propage dans une soixantaine de
*1792 : Russie, Sardaigne, Espagne, DeuxSiciles, Prusse, Autriche, GrandeBretagne (à partir de 1793).
départements. La Terreur, qui lui répond, débute en maijuin. En juillet, Robespierre prend la tête du Comité de salut public. Ses représentants en mission aux armées remarquent Bonaparte pendant le siège de Toulon (qui a été livré aux Anglais par les contrerévolutionnaires). L'action du jeune officier à la tête de l'artillerie est déterminante pour la victoire et lui vaut une promotion, d'autant qu'il affiche des opinions politiques (en faveur d'un pouvoir politique fort et d'un État centralisé) proches de celles des Jacobins. L'époque permet des ascensions exceptionnelles : le jeune commandant est directement promu général de brigade. La chute de Robespierre compromet ce début prometteur. Tandis que de jeunes généraux, Jourdan, Hoche, Moreau, Pichegru mènent les armées de la Révolution, Bonaparte est en disgrâce à Paris. Il fait cependant la rencontre de Joséphine de Beauharnais, une relation de Barras, alors très influent au sein de la Convention thermidorienne.
Le rêve oriental Ce somptueux harnachement oriental a été recueilli sur le champ de bataille des Pyramides où les troupes françaises, quelques jours après leur débarquement en Égypte, en juillet 1798, remportent une victoire décisive sur les mamelouks, les troupes du sultan ottoman. L'expédition en Égypte, décidée par le Directoire, est dirigée contre les intérêts commerciaux de la GrandeBretagne en Orient (la route des Indes). La guerre économique semble être la meilleure solution tant que la puissance navale de ce pays interdit d'attaquer son territoire. Elle permet aussi d'éloigner
un général trop populaire. Bonaparte, sensible au rêve oriental, prend la tête de l'expédition. Il emmène avec lui 150 savants et artistes destinés à approfondir la connaissance de l'Égypte ancienne. Coupé de la France après la destruction de sa flotte par l'amiral Nelson, Bonaparte suit les nouvelles du pays par l'intermédiaire de la presse anglaise. Elles sont alarmantes. Aux désordres intérieurs du Directoire s'ajoutent des revers militaires face à une nouvelle coalition. Jourdan recule sur le Rhin, l'Italie est perdue. Confiant l'expédition à Kléber, Bonaparte décide de rentrer en France. Il échappe aux croisières anglaises et débarque à Fréjus. De la Provence jusqu'à Paris, où il arrive le 16 octobre 1799, les populations l'acclament.
L’Empereur Les complots et tentatives d'assassinat contre le Premier Consul, largement commentés par la presse, entretiennent l'opinion publique dans la crainte d'un retour des Bourbons, qui affichent leur volonté de revenir sur les acquis matériels et juridiques de la Révolution formalisés par le Consulat. Se pose alors la question de la succession de Bonaparte en cas de disparition prématurée. La réponse proposée est un retour à la transmission héréditaire du pouvoir, censée assurer la stabilité intérieure tout en facilitant les rapports de la France avec les monarchies étrangères. Par lesenatusconsultedu 18 mai 1804,«Le gouvernement de la République est confié à un empereur, qui prend le titre d'Empereur des Français Napoléon Bonaparte, premier consul actuel de la République, est Empereur des Français».La dignité impériale est ensuite déclarée héréditaire. Napoléon Bonaparte soumet«à la sanction du peuple la loi de l'hérédité». Une nouvelle fois conforté par un plébiscite, il est sacré empereur dans la cathédrale NotreDame de Paris, le 2 décembre 1804, en présence du pape. Le tableau réalisé par Ingres er «Napoléon I sur le trône impérial»détaille les symboles choisis pour la cérémonie. Ils font référence à Charlemagne et à l'empire romain, pour se démarquer du régime monarchique auquel a mis fin la Révolution. À l'instar de Charlemagne, Napoléon ceint la couronne de fer à Milan, le 26 mai 1805, devenant roi d'Italie.
La cour impériale er Pour imposer l'Empire aux monarques d'Europe, Napoléon I organise minutieusement une cour fastueuse. Habits de cour, épées, bâtons de maréchaux reflètent l'éclat ostentatoire de la noblesse impériale créée par l'Empereur. Les commandes de la cour doivent relancer l'industrie de luxe française et favoriser le développement des arts. Les militaires y sont largement représentés. Pour ses compagnons, Napoléon restaure le maréchalat supprimé par la Révolution. Les maréchaux d'Empire ont droit à l'appellation de «cousins» de l'Empereur, ils occupent le sommet de la hiérarchie militaire et reçoivent des titres de noblesse en relation avec leurs faits d'armes. Napoléon place également, dans les années qui suivent, des membres de sa famille à la tête des États vassaux de l'Empire et favorise les mariages avec les grandes familles aristocratiques d'Europe.
L'aîné, Joseph, est roi de Naples en 18061808, puis d'Espagne en 18081813. Elisa est Grande duchesse de Toscane de 1806 à 1814. Louis, marié à Hortense de Beauharnais, est roi de Hollande en 1806. En désaccord avec son frère, il abdique en 1810. Eugène de Beauharnais, marié à Augusta de Bavière, devient viceroi d'Italie de 1806 à 1814. Jérôme, marié à Catherine de Wurtemberg, est roi de Westphalie de 1807 à 1814. Enfin, Caroline et son mari Murat sont faits reine et roi de Naples à parti de 1808.
Les guerres font l’Empire L'institutionnalisation de l'Empire ne met pas fin à l'hostilité des souverains européens. L'Angleterre reprend la guerre dès mai 1803, particulièrement dans les colonies et devient le moteur des coalitions successives nouées contre l'Empire. La Russie, l'Autriche et la Prusse n'admettent pas Napoléon, traité en parvenu. Le désastre naval de Trafalgar, le 21 octobre 1805, anéantit tout projet de débarquement français en Angleterre. Napoléon reprend l'idée de la guerre économique sous la forme d'un blocus continental prohibant le commerce avec cette nation. Faute de pouvoir affronter l'instigateur des coalitions, il se retourne contre ses alliés. Les coalisés sont tour à tour battus : les Autrichiens à Austerlitz en 1805, la Prusse à Iéna en 1806, la Russie à Friedland en 1807. La victoire d'Austerlitz remportée un an jour pour jour après le sacre fait l'objet d'une planrelief animé. Ces victoires répétées mettent Napoléon en mesure de redessiner la carte de l'Europe. L'Italie est sous son autorité, à l'exception des États du pape. Le Saint Empire romain germanique disparaît en même temps que la domination des Habsbourg. À sa place, Napoléon regroupe des États allemands, moins nombreux mais agrandis, dans la Confédération du Rhin. Aux dépens de la Prusse et de l'Autriche, il fait revivre la Pologne sous le nom de grandduché de Varsovie et crée un royaume de Westphalie pour son frère Jérôme. Ces États vassaux améliorent le glacis protecteur de la France, fournissent tributs et contingents militaires ; en échange, ils se sont protégés des visées expansionnistes de leurs puissants voisins russe, autrichien ou prussien. Leurs souverains sont incités à promulguer des constitutions et particulièrement à adopter le Code civil qui transforme les sociétés en profondeur, sans provoquer l'aristocratie au pouvoir. La Prusse ellemême abolit le servage dans ses États. L'Autriche, la Russie et la Prusse, après la paix de Tilsit (juillet 1807), semblent renoncer à leur hostilité à l'encontre de l'Empire.
La Garde impériale Chargée de la protection de l'Empereur, la Garde impériale est un corps privilégié dont les membres bénéficient d'un rang et d'une solde supérieurs au reste des troupes. Elle incorpore les meilleurs éléments de chaque spécialité d'armes : infanterie, cavalerie, artillerie, train, sapeurs du génie, marins. Ses effectifs connaissent une croissance exceptionnelle, passant de près de 8 000 hommes en 1804 à 112 000 en 1814 (elle représente alors un quart de l'armée). La seule présence de la Garde sur le champ de bataille a un impact psychologique considérable, tant sur les troupes françaises que sur celles de l'ennemi. Elle constitue les unités de réserve ; lorsqu'elle est engagée, elle emporte généralement la décision (Eylau, Montmirail), à la notable exception de Waterloo.
connaît assez peu de changements : il est princi palement constitué du fusil à silex modèle 1777, muni d'une baïonnette et du système d'artillerie de Gribeauval. Beaucoup d'officiers de la Grande armée sont d'origine modeste et doivent leur prodigieuse ascension aux campagnes de la Révolution qui ont, conjointement à la désorganisation de l'ancienne armée royale, favorisé l'émergence de jeunes talents. L'émulation est entretenue par des récompenses variées (augmen tations de solde, élévations en grade, etc.) Par souci d'égalité entre les Français, les décorations du régime monarchique sont supprimées pendant la Révolution. Les soldats valeureux reçoivent des armes de récompense, appelées ensuite armes d'honneur. Elles constituent le premier pas vers l'institution, en 1802, de la Légion d'honneur, ordre national décerné aux militaires et aux civils méritants.
“La guerre est un art simple et tout d’exécution” Napoléon Bonaparte exploite au maximum de leurs possibilités l'armement et la tactique légués par l'Ancien Régime et la Révolution. Sur le plan stratégique, les victoires ont pour objectif d'ouvrir l'accès à la capitale adverse afin d'obtenir la signature de la paix. L'Empereur réalise de puissantes concentrations de troupes et d'artillerie en vue d'une bataille décisive et poursuit avec vigueur le vaincu, à la différence des e généraux du XVIII siècle. Affrontant le plus souvent des coalitions, il s'efforce d'être plus rapide que ses ennemis afin d'empêcher leur jonction et de les affronter séparément (il remporte ses victoires avec les jambes de ses soldats). Le terrain soigneusement étudié, ses décisions prises, il donne ses
instructions au chef d'étatmajor, Berthier (qui remplit cette fonction depuis Marengo), qui les exécute avec rapidité et minutie (son absence se fait sentir à Waterloo). Le plus souvent, Napoléon opère une attaque de front en lien avec une manœuvre débordante sur les ailes de l'ennemi. Coiffé de son bicorne noir porté en bataille, vêtu de sa redingote grise dépourvue de marques de grade et de décorations, l'Empereur est facilement identifiable par les troupes avec lesquelles il partage les bivouacs. Un exemplaire de cette tenue légendaire est présenté dans l'environnement des objets personnels de l'Empereur en campagne. Sa simplicité, la proximité qu'il montre avec la troupe expliquent la popularité de Napoléon dans l'armée, encore fidèle à l'idéal révolutionnaire d'égalité. Il sait aussi l'exalter, avant les batailles par ses discours et surtout après par les comptesrendus adroitement enjolivés du Bulletin de la Grande Armée.
Dans son portraitNapoléon à Fontainebleau, le 31 mars 1814, Paul Delaroche donne une illustre romantique de la détresse de l'Empereur lorsque, abandonné par ses maréchaux, il doit se résoudre à abdiquer, le 4 avril, en faveur de son fils le roi de Rome, puis le 6 sans conditions.
Les Alliés lui laissent la souveraineté de l'île d'Elbe, située au large de la Corse et de la Toscane. En mars 1815, Napoléon débarque en Provence. Le retournement d'une large partie de l'opinion publique, irritée par les erreurs du gouvernement de Louis XVIII et des émigrés, est réel : la marche de l'Empereur vers Paris apparaît triomphale. Il reprend le pouvoir mais les coalisés refusent de l'accepter. L'aventure ne dure que «CentJours» et se termine par la défaite de Waterloo (18 juin 1815). Un planrelief animé retrace le déroulement de la bataille, où le carabinier Antoine Fauveau, comme la majeure partie de la cavalerie impériale, trouve la mort. Après cet ultime revers, Napoléon est déporté par les Anglais à SainteHélène où il s'éteint le 5 mai 1821.