Des systèmes nationaux d innovations ouverts - article ; n°1 ; vol.9, pg 79-130
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Description

Revue française d'économie - Année 1994 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 79-130
Pourquoi tous les agents économiques et tous les groupes d'agents ont-ils un comportement différent vis-à-vis de la technologie et de l'innovation alors même que les systèmes socio-économiques sont de plus en plus ouverts et que quiconque dans le monde peut théoriquement avoir un accès sensiblement identique à la science et à la technologie? On considère qu'on ne peut répondre à cette question qu'en passant d'un comportement théorique des acteurs à celui des institutions qui rendent ou non possibles de telles dynamiques. Le concept de Système National d'Innovation «ouvert» rend compte du caractère spécifique des processus d'apprentissage, des processus de création et de diffusion du changement dans les processus productifs. Ce concept rend également compte du mouvement apparent et bruyant d'internationalisation, de «globalisation» de la science et de la technologie et du sens de son inégal développement. Cet article est la suite de celui publié en hiver 1992 dans la Revue Française d'Économie par les mêmes auteurs, ainsi que par Paolo Saviotti et Michael Crow.
52 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bertrand Bellon
Jorge Niosi
Des systèmes nationaux d'innovations ouverts
In: Revue française d'économie. Volume 9 N°1, 1994. pp. 79-130.
Résumé
Pourquoi tous les agents économiques et tous les groupes d'agents ont-ils un comportement différent vis-à-vis de la technologie
et de l'innovation alors même que les systèmes socio-économiques sont de plus en plus ouverts et que quiconque dans le
monde peut théoriquement avoir un accès sensiblement identique à la science et à la technologie? On considère qu'on ne peut
répondre à cette question qu'en passant d'un comportement théorique des acteurs à celui des institutions qui rendent ou non
possibles de telles dynamiques. Le concept de Système National d'Innovation «ouvert» rend compte du caractère spécifique des
processus d'apprentissage, des processus de création et de diffusion du changement dans les processus productifs. Ce concept
rend également compte du mouvement apparent et bruyant d'internationalisation, de «globalisation» de la science et de la
technologie et du sens de son inégal développement. Cet article est la suite de celui publié en hiver 1992 dans la Revue
Française d'Économie par les mêmes auteurs, ainsi que par Paolo Saviotti et Michael Crow.
Citer ce document / Cite this document :
Bellon Bertrand, Niosi Jorge. Des systèmes nationaux d'innovations ouverts. In: Revue française d'économie. Volume 9 N°1,
1994. pp. 79-130.
doi : 10.3406/rfeco.1994.947
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1994_num_9_1_947Bertrand BELLON
Jorge NIOSI
Des systèmes
nationaux
d'innovation ouverts
vis les groupes savoir de systèmes la pourquoi d'agents technologie socio-économiques tous ont et les un de agents comportement l'innovation, lotře économiques, sont question de alors différent plus est même et de en tous savoir vis-à- plus que les 80 Bertrand Bellon/Jorge Niosi
ouverts et que quiconque dans le monde peut théorique
ment avoir un accès sensiblement identique à la science
et à la technologie. On considère qu'on ne peut répondre
à cette question qu'en passant du comportement de
l'agent individuel à celui des institutions, ou plutôt à
l'organisation qui rend ou non possible ces dynamiques.
C'est l'origine du concept de Système National d'Inno
vation (S.N.I.).
L'élaboration du concept de système national
d'innovation a commencé au milieu des années quatre-
vingts à travers les travaux de C. Freeman [1987] qui fut
lui-même inspiré par l'économiste allemand du xixe siè
cle Friedrich Liszt et sa notion de systèmes de production
nationaux. Dans le domaine de l'économie et des politi
ques technologiques, l'idée de système national d'info
rmation fut immédiatement adopté par des auteurs tels
que Bengt. A. Lundvall [1988] et R. Nelson [1988, 1992].
De nombreux livres ou articles ont été écrits en vue, soit
de sa clarification théorique, soit de son application
empirique dans différents pays et différentes sociétés
(voir notamment: Me Kelvey [1991]; Niosi [1991];
Niosi, Bellon, Saviotti et Crow [1992]; Lundvall [1992];
Nelson [1992]).
Le but principal du concept de S.N.I, est de
fournir une explication à la diversité des dynamiques
d'innovation qui existe entre les pays depuis le change
ment structurel qui a commencé à la fin des années
soixante et au début des années soixante-dix. Les pays
industrialisés, anciens ou nouveaux, diffèrent structurel-
lement dans leur manière de conduire le changement
technique à la fois au niveau de leurs institutions (firmes
industrielles, universités, laboratoires publics ou privés)
et au niveau de leurs politiques économiques qui visent Bertrand Bellon/Jorge Niosi 81
à favoriser l'innovation et la croissance (politiques
publiques industrielles et technologiques; relations
privé-public et joint ventures). Par exemple, les États-
Unis, comme le Royaume-Uni et l 'ex-URSS, ont dura
blement promu de manière prioritaire des politiques de
recherche et développement liées aux technologies de la
défense. En conséquence, beaucoup d'entreprises ont été
au mieux de leurs performances dans le développement
de produits et de processus de haute technologie pour la
production militaire, grâce aux contrats sans risque du
type «cost plus». Au contraire, le Japon et l'Allemagne
ont axé leurs politiques sur le développement de la
technologie civile du secteur privé relié à l'accroissement
de la consommation de masse. D'un autre côté, les États-
Unis ont favorisé les technologies de production de masse
de type fordiste, alors que le Japon s'est tourné vers le
développement des techniques plus flexibles. La France
a développé son propre système complexe qui met
particulièrement l'emphase sur les programmes de quel
ques agences nationales et des champions nationaux
publics et privés. De son côté, la politique canadienne a
favorisé le développement des technologies liées aux
télécommunications et à l'énergie, ainsi qu'à celles
permettant une production de masse intensive en énergie.
Ancrée dans la théorie économique évolution-
niste et institutionnelle, et donc participant au modèle de
base de rationalité limitée de l'action humaine, le concept
de S.N.I, explique l'apparition de processus d'apprentis
sage, tant au niveau des entreprises que des individus,
alors même que ceux-ci participent à des institutions
économiques et politiques, enchâssées dans leurs hiérar
chies, leurs stratégies et leurs routines propres. Le
concept de S.N.I, s'appuie également sur la théorie 82 Bertrand Bellon/Jorge Niosi
thermo-dynamique qui explique les phénomènes de
changement, sélection et variation dans les comporte
ments des agents économiques à l'intérieur d'un pays et
d'une manière moindre d'un pays à l'autre.
Étant donné l'état actuel des publications sur ce
sujet, il est encore nécessaire que le concept soit clarifié
et appliqué de manière plus empirique. Bien que sa
capacité à expliquer les performances technologiques
institutionnelles des pays ait été clairement établie durant
les périodes précédentes, elle semble aujourd'hui et pour
l'avenir beaucoup plus incertaine; sa définition précise
n'est donc pas encore établie. Il demeure un obstacle
majeur à son développement : le mouvement apparent et
bruyant de l'internationalisation de la science et de la
technologie. Dans une ère de délocalisation accrue des
activités industrielles et financières et des laboratoires de
recherche et développement, d'alliances technologiques
internationales en plein essor, de transferts intenses de
technologies par-delà les frontières et de coopérations
scientifiques outremer, que reste-il aux systèmes natio
naux d'innovation? Les S.N.I, vont-ils disparaître au
profit de blocs régionaux — comme la Communauté
européenne — ou l'Association de libre échange nord-
américaine, NAFTA? Quelle est l'importance des spéci
ficités nationales aujourd'hui à côté des processus de
rattrapage, des convergences et de l'homogénéisation
internationale? La délocalisation mondiale, voire la
globalisation, constitue-t-elle le nouveau concept qui
expliquerait la croissance, le dynamisme et les échecs
économiques ? Le « cycle de vie » du concept de S.N.I, est-
il tellement court qu'il faudra l'abandonner avant même
qu'il n'ait été utilisé de manière effective?
Cet article tente de déterminer la dimension de Bertrand Bellon/Jorge Niosi 83
l'ouverture du concept de système national d'innovation
et de donner des estimations, au moins en ce qui concerne
les pays les plus industrialisés, de l'importance que peut
prendre l'internationalisation de la science et de la
technologie dans les dynamiques de production et diffu
sion intérieures. L'article rappelle tout d'abord la défini
tion du S.N.I, et les problèmes théoriques qui sont enjeu.
Puis, vient une discussion sur les dimensions de la
globalisation de la science et de la technologie. Ensuite,
on mesure ces dimensions en utilisant des données

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