Entretien - article ; n°1 ; vol.2, pg 2-20
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Description

Revue française d'économie - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 2-20
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Balladur
Entretien
In: Revue française d'économie. Volume 2 N°1, 1987. pp. 2-20.
Citer ce document / Cite this document :
Balladur. Entretien. In: Revue française d'économie. Volume 2 N°1, 1987. pp. 2-20.
doi : 10.3406/rfeco.1987.1127
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1987_num_2_1_1127Edouard
BALLADUR
Entretien
de d'État, générales Edouard et devrait répartir du cours nous être en le Balladur bénéfice économie. souhaiterions réduit du dollar, de du : Pour A contre-choc 90 la débattre le milliards commencer, suite déficit de pétrolier énergétique de la certaines baisse francs comment et de 'onsieur du de environ la avez-vous prix vos baisse de notre conceptions du le en pétrole Ministre dollar décidé 1986. pays ? Edouard Balladur 3
П m'a semblé que ce surplus devait bénéficier dans toute la
mesure du possible aux agents économiques privés, et au pre
mier chef aux entreprises et aux ménages. C'est pourquoi, en
particulier, la taxe intérieure sur les produits pétroliers n'a pas
été relevée par le collectif budgétaire pour 1986. On peut est
imer que, sur ces 90 milliards, les ménages en ont reçu une
quarantaine : les entreprises en ont donc perçu une part un
peu plus importante. Cela leur a permis et leur permet de
retrouver un niveau satisfaisant de rentabilité : taux de marge
et taux d'épargne des entreprises devraient pratiquement
rejoindre en 1987 leur niveau des années antérieures au pre
mier choc pétrolier.
Ces perspectives me paraissent bien illustrer notre
stratégie économique, qui consiste précisément à mettre
l'accent sur l'amélioration des conditions de l'offre et la rentab
ilité des entreprises. Nous avons, de ce point de vue, comp
lété et amplifié les effets spontanés de la baisse du prix de
l'énergie par l'allégement des charges fiscales, sociales et finan
cières des entreprises et par la levée des contraintes de toutes
natures qui les handicapaient vis-à-vis de leurs concurrents
étrangers en matière de change, de prix, de gestion des effect
ifs notamment. C'est en effet, chacun en est convaincu, le
renforcement de la compétitivité de nos entreprises qui per
mettra d'assurer la croissance et donc l'essor de l'emploi ; il est
d'autant plus nécessaire que la baisse du prix du pétrole, qui a
également bénéficié à la plupart de nos concurrents, n'a par
elle-même guère amélioré notre compétitivité, tandis que la
baisse du cours du dollar a avivé la concurrence que nous
font partout les entreprises américaines.
Une économie forme un tout. En dernière analyse,
elle doit profiter à tous. C'est ainsi que les ménages bénéficie
ront à terme des effets induits par l'amélioration de la situa
tion des entreprises, qui permettra de recréer les conditions de
la création d'emploi. Edouard Balladur 4
R.F.E. : Dans cet esprit, pourriez-vous nous exposer la logique qui a
présidé aux choix budgétaires ?
E.B. : II faut rechercher l'origine de nos choix budgétaires
dans le double constat qui a été fait, dès le printemps, sur nos
finances publiques. Le déficit budgétaire était trop élevé : il
avait quintuplé de 1980 à 1985 et, par voie de conséquence,
l'endettement interne de l'Etat était passé de 418 milliards de
francs à la fin de 1980 à 1 067 milliards à la fin de 1985. Il
dépassera 1 200 milliards de francs à la fin de 1986. Pour la
même raison, les charges de la dette sont passées de 5 % envi
ron des recettes fiscales nettes en 1980 à 10,5% en 1986.
Cette situation n'était pas tolerable ; ne pas y remédier, en
effet, serait revenu :
— à accepter l'enchaînement inexorable du déficit
et de l'endettement et à perdre ainsi la maîtrise des finances
publiques. J'ajoute que l'existence d'un déficit budgétaire
important n'est certainement pas de nature à favoriser un
excédent de nos comptes extérieurs, et ne contribue donc pas
à la stabilité de notre monnaie, ainsi qu'on a pu le constater
dans les années passées ;
— à conduire l'Etat à poursuivre au détriment des
entreprises les ponctions importantes qu'il opère sur le mar
ché financier, et qui constituent un frein à la baisse des taux
d'intérêt ;
— à accepter, au sein même des dépenses publiques,
une éviction des dépenses utiles par la charge de la dette, dont
le « budget » est maintenant le troisième par la taille, après la
défense et l'éducation, mais avant l'emploi et la recherche.
La réduction du déficit budgétaire était donc une
nécessité ; il en allait de même de la réduction des prélèv
ements fiscaux. Le poids des prélèvements obligatoires par rap
port au produit intérieur brut est, en France, le plus élevé des
grands pays industrialisés. Ces prélèvements pèsent sur la
compétitivité de nos entreprises et découragent l'initiative,
l'effort et l'épargne. Il était donc indispensable de libérer l'éco- Edouard Balladur 5
nomie française des freins qui l'entravaient, pour lui redonner
son dynamisme.
Fallait-il s'engager dans la première de ces deux voies
en privilégiant l'assainissement financier, comme la Républi
que fédérale d'Allemagne, ou dans la seconde, en mettant
l'accent sur l'allégement des impôts, comme les Etats-Unis ?
Ou dans l'une puis l'autre ? En réalité la situation de l'écono
mie française exigeait que l'on s'attache à l'assainissement
financier et aussi à la motivation des agents économiques :
c'est pourquoi nous avons décidé de faire immédiatement l'un
et l'autre, c'est-à-dire de réduire simultanément le déficit et les
impôts.
Le projet de loi de finances pour 1987 prévoyait de
réduire ceux-ci de 27 milliards, dont 16 pour les ménages et 1 1
pour les entreprises. Compte tenu des amendements acceptés
par le .gouvernement à l'assemblée nationale, les allégements
dont bénéficieront les entreprises seront de 12 milliards et
non de 11. Il convient d'ajouter à ces 12 milliards :
— l'incidence au 2e semestre 1986 et au 1er semestre
1987 des allégements de. cotisations prévus par le plan
d'urgence pour l'emploi des jeunes, soit au total près de
9 milliards de francs ;
— les conséquences de l'abaissement à 45 % du taux
de l'impôt sur les sociétés sur les bénéfices non distribués,
mesure prise sous la précédente législature dont l'impact se fait
sentir pour la première fois sur l'impôt versé par les entreprises
en 1987, à hauteur de plus de 5 milliards de francs.
Au total, ce sont en réalité environ 26 milliards de
francs d'allégements dont bénéficieront en dix-huit mois les
entreprises. J'ajoute que les 16 milliards d'allégements pour les
ménages comprennent l'intégralité des allégements d'impôts
sur le revenu, qui bénéficient notamment aux entreprises
individuelles. De surcroît, la baisse des taux de l'impôt sur le
revenu est de nature à favoriser l'offre d'épargne et donc le
financement de toutes les entreprises. Edouard Balladur 6
R.F.E. : En ce qui concerne l'inflation, estimez-vous que sa baisse
récente en France n'est que la traduction d'un mouvement internatio
nal ou qu'au contraire, la France s'est véritablement guérie de sa ten
dance inflationniste ?
E.B. : II est exact que la baisse du prix des produits importés à
joué un rôle important dans le ralentissement de l'inflation.
Toutefois, diverses études ayant analysé le processus de désin
flation en France soulignent d'une part l'importance de la
modération salariale par rapport aux comportements anté
rieurs, d'autre part son impact significatif sur le recul de
l'inflation.
Actuellement, les taux de salaire horaire nominaux
évoluent à des rythmes voisins en France et en République
fédérale d'Allemagne. A titre de comparaison, l'écart de crois
sance annuelle dépassait 10 points de pourcentage dans le
courant de 198

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