Fécondité et revenu-seuil - article ; n°4 ; vol.8, pg 121-145
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Fécondité et revenu-seuil - article ; n°4 ; vol.8, pg 121-145

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1993 - Volume 8 - Numéro 4 - Pages 121-145
II existe en France une politique familiale qui correspond à un double objectif de redistribution des revenus et d'encouragement à la natalité. Pour rechercher si les aides financières accordées aux familles exercent un effet sur la fécondité, on a supposé qu'il existe, pour chaque ménage, un revenu au-dessous duquel un enfant peut être refusé pour des raisons économiques. Ce «revenu-seuil» résulte d'un arbitrage entre les aspirations matérielles du ménage et son désir d'avoir un enfant. Le revenu-seuil a été calculé à partir des données d'une enquête réalisée auprès d'un panel de ménages lorrains. La vérification empirique a montré que les ménages ayant eu un enfant supplémentaire disposaient du revenu-seuil et que le rôle de l'avantage familial varie dans le même sens que le rang de l'enfant et en sens inverse du revenu du ménage.
The French family policy aims both to redistribute incomes and to favour births. To study the impact the family benefit could have on a couple's decision to have an additional child, we assumed the existence, for each household, of an «income-threshold»: after balancing its material aspira- tions against its desire of having a child, a couple decides of a particular level of income under which having a child would be unacceptable for economic reasons. The income threshold was calculated from the Lorraine Household Panel Study data. The experimental verification showed that couples who had an additional child were above their income threshold and that the family benefit's impact is connected with the child's rank and with the household's
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Véronique Wittmann
Fécondité et revenu-seuil
In: Revue française d'économie. Volume 8 N°4, 1993. pp. 121-145.
Résumé
II existe en France une politique familiale qui correspond à un double objectif de redistribution des revenus et d'encouragement à
la natalité. Pour rechercher si les aides financières accordées aux familles exercent un effet sur la fécondité, on a supposé qu'il
existe, pour chaque ménage, un revenu au-dessous duquel un enfant peut être refusé pour des raisons économiques. Ce
«revenu-seuil» résulte d'un arbitrage entre les aspirations matérielles du ménage et son désir d'avoir un enfant. Le revenu-seuil a
été calculé à partir des données d'une enquête réalisée auprès d'un panel de ménages lorrains. La vérification empirique a
montré que les ménages ayant eu un enfant supplémentaire disposaient du revenu-seuil et que le rôle de l'avantage familial varie
dans le même sens que le rang de l'enfant et en sens inverse du revenu du ménage.
Abstract
The French family policy aims both to redistribute incomes and to favour births. To study the impact the family benefit could have
on a couple's decision to have an additional child, we assumed the existence, for each household, of an «income-threshold»:
after balancing its material aspira- tions against its desire of having a child, a couple decides of a particular level of income under
which having a child would be unacceptable for economic reasons. The income threshold was calculated from the Lorraine
Household Panel Study data. The experimental verification showed that couples who had an additional child were above their
income threshold and that the family benefit's impact is connected with the child's rank and with the household's
Citer ce document / Cite this document :
Wittmann Marie-Véronique. Fécondité et revenu-seuil. In: Revue française d'économie. Volume 8 N°4, 1993. pp. 121-145.
doi : 10.3406/rfeco.1993.942
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1993_num_8_4_942Marie- Véronique
WITTMANN
Fécondité
et revenu-seuil
a France est l'un des pays où
les aides financières aux familles ayant des enfants à
charge sont les plus importantes. Instaurées progressive
ment, modifiées à plusieurs reprises, elles reposent
actuellement sur un ensemble de prestations et sur des
avantages fiscaux, dont le principal résulte de l'applica
tion du système du quotient familial au mode de calcul
de l'impôt sur le revenu. Marie- Véronique Wittmann 122
La politique familiale, telle qu'elle est conçue
depuis l'adoption en 1939 du «Code de la famille»,
correspond à un double objectif de redistribution des
revenus et d'encouragement à la natalité. Elle a fait
l'objet de nombreuses études, tant macro-économiques
que micro-économiques, celles-ci cherchant notamment
à déterminer l'effet des aides financières sur la fécondité
des couples. Mettant généralement en œuvre des techni
ques économétriques, elles se heurtent aux problèmes que
posent la dualité des objectifs de la politique familiale et
l'existence d'une forte corrélation entre le nombre
d'enfants et le montant des aides, que nous engloberons
dans la dénomination d'avantage familial. C'est la raison
pour laquelle nous avons tenté une approche différente du
rôle de celui-ci sur les décisions de fécondité des couples.
Pour éliminer l'effet de la corrélation entre le
nombre d'enfants et le montant de l'avantage familial,
l'analyse porte sur le rôle de celui-ci dans la décision
d'avoir un enfant d'un rang donné et procuré
par cet enfant est attribué fictivement aux ménages qui,
susceptibles d'avoir un enfant supplémentaire au cours
d'une période donnée, ne l'ont pas eu, pour des raisons
dont on recherchera si elles sont économiques. Il n'y a
donc pas de lien direct entre le montant de l'avantage
familial pris en compte dans les calculs et l'acceptation
ou le refus de l'enfant.
Pour apprécier le rôle de l'avantage familial, nous
avons recherché s'il est ou non suffisant pour qu'un
ménage dispose, en cas de naissance d'un enfant supplé
mentaire d'un revenu, que nous avons appelé revenu-
seuil, en-dessous duquel il renonce, pour des raisons
économiques, à satisfaire son désir d'enfant. Marie- Véronique Wittmann 123
L'hypothèse de l'existence
d'un revenu-seuil
Tout enfant a un coût qui correspond à l'ensemble des
dépenses nécessaires à son entretien et à son éducation ou
coût monétaire, et à la valeur du temps qu'il faut lui
consacrer ou coût d'opportunité1. S'il n'est pas total
ement compensé par l'avantage familial le coût d'un
enfant entraîne une baisse du niveau de vie du ménage qui
peut l'empêcher de satisfaire ce que l'on peut appeler ses
«aspirations matérielles». Anticipant cette baisse, le
couple peut alors renoncer à une naissance envisagée.
Nous avons donc considéré qu'il existait, pour chaque
ménage, un revenu minimum ou revenu-seuil, en dessous
duquel un enfant peut être refusé pour des raisons
économiques.
Les études antérieures, réalisées aussi bien par des
auteurs anglo-saxons, notamment G. Becker [1981], que
français, notamment P. Louchart et M. Sagot [1984]
ayant démontré que la décision d'avoir un premier enfant
dépend fort peu des facteurs économiques, l'hypothèse de
l'existence d'un revenu-seuil n'a été retenue que pour un
enfant de rang égal ou supérieur à deux, ou enfant
supplémentaire.
Le montant du revenu-seuil résulte d'un arbitrage
effectué par le couple ou le parent isolé entre la
satisfaction de ses aspirations matérielles du moment et
son désir d'avoir un enfant supplémentaire, assorti de
l'aspiration à une certaine «qualité» d'enfant, au sens où
l'entend G. Becker. Ce montant est donc propre à chaque
ménage et dépend à la fois de ses charges, elles-mêmes Marie- Véronique Wittmann 124
liées à sa composition, et de ses aspirations matérielles,
corrélées à des facteurs tels que le milieu social et le
milieu social des parents, qui se trouvent ainsi direct
ement pris en compte.
L'hypothèse de l'existence du revenu-seuil a pour
corollaire que le revenu du ménage lui est au moins égal
lorsqu'une naissance est intervenue au cours d'une
période donnée, sauf erreur de prévision ou changement
de la situation matérielle postérieur à la conception. De
ce corollaire découlent les questions permettant d'appré
cier le rôle de l'avantage familial dans la décision
d'accepter ou de refuser un enfant supplémentaire au
cours d'une période donnée :
— est-ce grâce à l'avantage familial que les ménages
ayant eu un enfant supplémentaire ont disposé du revenu-
seuil ?
— est-ce parce qu'ils n'auraient pas disposé du revenu-
seuil malgré le supplément d'avantage familial dont ils
auraient bénéficié que les ménages susceptibles d'avoir un
enfant supplémentaire l'ont refusé?
La réponse à la première question est :
— oui si le revenu du ménage (R), diminué du montant
de l'avantage familial (AVFAM), est inférieur à son
revenu-seuil (RS),
R _ AVFAM < RS
(L'avantage familial s'est, dans ce cas, avéré nécessaire et
suffisant pour que le ménage décide d'avoir un enfant
supplémentaire . )
— non si le revenu du ménage (R), diminué du montant
de l'avantage familial (AVFAM), est égal ou supérieur à
son revenu-seuil (RS)
R — AVFAM >= RS
(L'avantage familial était dans ce cas superflu.) Marie-Véronique Wittmann 125
La réponse à la deuxième question est :
— oui si le revenu du ménage sans enfant supplémentaire
(Rn), augmenté de l'avantage familial procuré par
l'enfant supplémentaire (AVFES), est inférieur au
revenu-seuil avec l'enfant supplémentaire (RSn + 1),
Rn + AVFES < RSn + 1
(L'avantage familial aurait été nécessaire mais insuffi
sant.)
— non

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents