La politique économique de la nouvelle gauche européenne - article ; n°4 ; vol.13, pg 3-21
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Description

Revue française d'économie - Année 1998 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 3-21
La gauche européenne a changé : elle a rompu avec une longue tradition d'interventionnisme et de méfiance envers les marchés qu'elle est prête à réformer si nécessaire ; elle s'est engagée en faveur de la stabilité et de la responsabilité budgétaire mais elle estime que les gouvernements et les banques centrales ont leur rôle à jouer dans la gestion du cycle économique. C'est cette approche nouvelle qui nous permettra de répondre aux deux grands enjeux qui s'offrent à l'Europe à l'heure où celle-ci s'engage dans la monnaie unique ; mettre en œuvre une combinaison des politiques budgétaire et monétaire favorables à la croissance et à l'emploi, et réformer le système monétaire et financier international. Alors que la croissance ralentit et que l'inflation baisse significativement, nous ne devons pas aller vers un policy mix « à la Reagan-Volcker » caractérisé par une politique budgétaire laxiste et une politique monétaire restrictive, mais au contraire vers un policy-mix « à la Clinton- Greenspan » : la politique monétaire unique doit créer les conditions d'une croissance non-inflationniste tandis que les politiques budgétaires nales doivent rester consacrées à l'assainissement des finances publiques. Ceci suppose une coordination efficace entre les onze gouvernements de la zone euro et entre ceux-ci et la ВСЕ indépendante. L'Europe a également un rôle important à jouer dans la réforme du système financier international, dont les principaux éléments sont connus : des obligations de transparence et de publication d'informations pour les institutions financières internationales, une approche prudente et progressive de l'ouverture des marchés de capitaux dans les pays émergents, avec des conditions strictes à respecter au plan intérieur, un FMI fort, une politique légitime et responsable à l'égard de ses actionnaires, une implication du secteur privé dans la gestion des crises financières. En outre, une représentation extérieure efficace de la zone euro dans les enceintes internationales et une vision commune au sein de l'Europe de la politique de change de l'euro sont des conditions nécessaires pour améliorer les relations monétaires internationales. La stabilité du taux de change de l'euro par rapport au dollar est un bien public pour l'économie mondiale, et l'Europe doit se garder d'une « douce indifférence » en la matière.
legitimate and accountable IMF ; involvement of the private sector in crisis resolution. Moreover, an effective representation of the euro zone in international fora and a common understanding among Europeans on the exchange rate policy of the euro are preconditions to improve international monetary relations. Exchange rate stability between the dollar and the euro is a public good for the world economy, and Europe should avoid any « benign neglect ».
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique Strauss-Kahn
La politique économique de la nouvelle gauche européenne
In: Revue française d'économie. Volume 13 N°4, 1998. pp. 3-21.
Citer ce document / Cite this document :
Strauss-Kahn Dominique. La politique économique de la nouvelle gauche européenne. In: Revue française d'économie. Volume
13 N°4, 1998. pp. 3-21.
doi : 10.3406/rfeco.1998.1066
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1998_num_13_4_1066Résumé
La gauche européenne a changé : elle a rompu avec une longue tradition d'interventionnisme et de
méfiance envers les marchés qu'elle est prête à réformer si nécessaire ; elle s'est engagée en faveur de
la stabilité et de la responsabilité budgétaire mais elle estime que les gouvernements et les banques
centrales ont leur rôle à jouer dans la gestion du cycle économique. C'est cette approche nouvelle qui
nous permettra de répondre aux deux grands enjeux qui s'offrent à l'Europe à l'heure où celle-ci
s'engage dans la monnaie unique ; mettre en œuvre une combinaison des politiques budgétaire et
monétaire favorables à la croissance et à l'emploi, et réformer le système monétaire et financier
international. Alors que la ralentit et que l'inflation baisse significativement, nous ne devons
pas aller vers un policy mix « à la Reagan-Volcker » caractérisé par une politique budgétaire laxiste et
une politique monétaire restrictive, mais au contraire vers un policy-mix « à la Clinton- Greenspan » : la
politique monétaire unique doit créer les conditions d'une croissance non-inflationniste tandis que les
politiques budgétaires nales doivent rester consacrées à l'assainissement des finances publiques. Ceci
suppose une coordination efficace entre les onze gouvernements de la zone euro et entre ceux-ci et la
ВСЕ indépendante. L'Europe a également un rôle important à jouer dans la réforme du système
financier international, dont les principaux éléments sont connus : des obligations de transparence et de
publication d'informations pour les institutions financières internationales, une approche prudente et
progressive de l'ouverture des marchés de capitaux dans les pays émergents, avec des conditions
strictes à respecter au plan intérieur, un FMI fort, une politique légitime et responsable à l'égard de ses
actionnaires, une implication du secteur privé dans la gestion des crises financières. En outre, une
représentation extérieure efficace de la zone euro dans les enceintes internationales et une vision
commune au sein de l'Europe de la politique de change de l'euro sont des conditions nécessaires pour
améliorer les relations monétaires internationales. La stabilité du taux de change de l'euro par rapport
au dollar est un bien public pour l'économie mondiale, et l'Europe doit se garder d'une « douce
indifférence » en la matière.
Abstract
legitimate and accountable IMF ; involvement of the private sector in crisis resolution. Moreover, an
effective representation of the euro zone in international fora and a common understanding among
Europeans on the exchange rate policy of the euro are preconditions to improve international monetary
relations. Exchange rate stability between the dollar and the euro is a public good for the world
economy, and Europe should avoid any « benign neglect ».Dominique
STRAUSS-KAHN
La politique économique
de la nouvelle gauche
européenne
'Europe a beaucoup changé au cours
des dix-huit derniers mois. Au printemps 1997, l'euro n'était
encore qu'un projet à l'avenir incertain, l'Europe continentale
continuait d'être à la traîne de la croissance mondiale, et le pay
sage politique restait dominé par une alliance plutôt hétéroc
lite de conservateurs. Aujourd'hui l'euro est devenu réalité,
et une Europe gouvernée à gauche ou au centre-gauche est un Dominique Strauss-Kahn 4
moteur de croissance dans une économie mondiale gagnée par
la crise. Je voudrais aborder ici les problèmes de politique
nationale et internationale auxquels doit aujourd'hui faire face
cette nouvelle Europe. Je définirai brièvement les enjeux. J'exa
minerai ensuite les orientations de la nouvelle gauche euro
péenne, puis présenterai mon point de vue sur les dilemmes
de la politique macro-économique, et pour terminer, j'évoquerai
les questions internationales actuelles.
Les enjeux
En l'espace de quelques mois, la situation européenne a donc rad
icalement changé, dans un sens évidemment favorable de mon
point de vue. Toutefois, il nous est interdit de nous reposer sur
nos acquis et de faire de l'autosatisfaction. Bien au contraire, trois
raisons au moins poussent les dirigeants politiques européens à
prendre conscience de leur responsabilité historique :
• avec la création de la monnaie unique, nous avons engagé l'une
des entreprises économiques les plus ambitieuses que l'on puisse
imaginer. La recherche nous a beaucoup appris sur l'union éco
nomique et monétaire et sur son fonctionnement futur. Mais nous
en ignorons encore de nombreux aspects, ne serait-ce que par l'im
possibilité de tester in vitro le réel des règles et
des institutions. Désormais, c'est à nous qu'incombe la tâche de
faire fonctionner ces institutions, de garantir que l'euro sera un
succès et que dans un contexte non-inflationniste, il contribuera
à stimuler la croissance, et à combattre le principal fléau auquel
l'Europe est confrontée, le chômage ;
• les récentes crises financières nous rappellent avec force à quel
point le système économique mondial est fragile. La croissance
mondiale s'est considérablement ralentie et beaucoup de ce que
la grande majorité des économistes en étaient venus à considér
er comme acquis - l'accentuation de la mondialisation, la crois
sance sans limites des économies émergentes, le rôle bénéfique
d'une libéralisation totale des mouvements de capitaux - est Strauss-Kahn 5 Dominique
remis en question par les événements survenus en Asie et ailleurs.
La croissance et la stabilité financière dans le monde sont en
question, et les fondations qui avaient été posées à Bretton
Woods, sur lesquelles la prospérité de l'économie mondiale a
été bâtie pendant des décennies, doivent de toute urgence être
remises en état. En tant que région dotée de perspectives de
croissance tout à fait encourageantes et en tant que père fonda
teur des institutions financières internationales, l'Europe a une
responsabilité toute particulière à cet égard ;
• troisième raison, et non des moindres, les gouvernements euro
péens d'aujourd'hui font preuve d'un degré rare d'homogénéité
intellectuelle. L'époque est révolue où la Grande-Bretagne de
Margaret Thatcher et la France de François Mitterrand met
taient en œuvre des politiques presque radicalement opposées.
Aujourd'hui, les socialistes ou les sociaux-démocrates sont au
pouvoir dans treize des quinze pays-membres, et même si cer
tains se présentent comme de gauche, tandis que d'autres pré
fèrent parler de centre-gauche, ils ont bien des points communs.
Nous, la gauche européenne, avons bien entendu des raisons de
nous réjouir de cette convergence, mais nous ne devons pas nous
cacher qu'elle fait en même temps peser un poids plus lourd sur
nos épaules : c'est nous, et nous seuls, qui seront comptables de
la prospérité de nos concitoyens. Nous ne pourrons rejeter la faute
sur aucun bouc émissaire.
Un enjeu de dimension historique, une crise de grande
ampleur, et une unité de vues assez forte pour rendre une action
conjointe possible. Voilà une combinaison à laquelle les gouverne
ments sont peu habitués. Il s'agit d'être à la hauteur de la situation.
La doctrine économique de
la nouvelle gauche européenne
Le premier thème que je souhaiterais aborder est celui de la doc
trine économique de la nouvelle gauche européenne. Je suis sur- Dominique Strauss-Kahn 6
pris de la propension qu'ont les conservateurs à caricaturer les
socialistes et les sociaux-démocrates, et à nous présenter comme
des hommes politiques à l'ancienne, portés sur l'impôt et la
dépense publique. Je n'ai pas l'intention de consacrer trop de
temps

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