Les fondements théoriques d une différenciation individuelle des taux d actualisation - article ; n°2 ; vol.6, pg 3-42
41 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les fondements théoriques d'une différenciation individuelle des taux d'actualisation - article ; n°2 ; vol.6, pg 3-42

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
41 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1991 - Volume 6 - Numéro 2 - Pages 3-42
In this paper, we prove that it is relevant on a theoretical basis, to use individual discount rates in order to better understand saving behaviors, and to measure wealth inequalities, rather than the usual pratice of retaining a unique rate. The theoretical scheme is fisherian, with extensions to uncertainty and imperfect markets. The analysis leads to distinguish the pure positive time preference and the rates reflecting the specific horizons.
L'objet de cet article est de montrer qu'il est théoriquement justifié de recourir à des taux d'actualisation individuels pour mieux appréhender le comportement d'épargne des agents, et pour mesurer les inégalités de patrimoines, ce contrairement à la pratique habituelle qui consiste à retenir un taux unique. Le cadre théorique de l'analyse est fishérien, avec extension aux situations d'incertitude et d'imperfections des marchés. L'analyse conduit à distinguer le taux de préférence pure pour le présent, et les taux reflétant l'horizon spécifique des agents, la préférence pour le présent.
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Daniel Arnould
Mireille Jaeger
Les fondements théoriques d'une différenciation individuelle des
taux d'actualisation
In: Revue française d'économie. Volume 6 N°2, 1991. pp. 3-42.
Abstract
In this paper, we prove that it is relevant on a theoretical basis, to use individual discount rates in order to better understand
saving behaviors, and to measure wealth inequalities, rather than the usual pratice of retaining a unique rate. The theoretical
scheme is fisherian, with extensions to uncertainty and imperfect markets. The analysis leads to distinguish the pure positive time
preference and the rates reflecting the specific horizons.
Résumé
L'objet de cet article est de montrer qu'il est théoriquement justifié de recourir à des taux d'actualisation individuels pour mieux
appréhender le comportement d'épargne des agents, et pour mesurer les inégalités de patrimoines, ce contrairement à la
pratique habituelle qui consiste à retenir un taux unique. Le cadre théorique de l'analyse est fishérien, avec extension aux
situations d'incertitude et d'imperfections des marchés. L'analyse conduit à distinguer le taux de préférence pure pour le présent,
et les taux reflétant l'horizon spécifique des agents, la préférence pour le présent.
Citer ce document / Cite this document :
Arnould Daniel, Jaeger Mireille. Les fondements théoriques d'une différenciation individuelle des taux d'actualisation. In: Revue
française d'économie. Volume 6 N°2, 1991. pp. 3-42.
doi : 10.3406/rfeco.1991.1280
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1991_num_6_2_1280Daniel ARNOULD
Mireille JAEGER
Les fondements
théoriques d'une
différenciation
individuelle des taux
d'actualisation
d'appréhender d'actualisation macroéconomique, en le i économie, comportement nul théorique n'ignore que le ou la du rôle perspective consommateur empirique, clé joué soit permettant par micro dans le taux ou un 4 Daniel Arnould / Mireille Jaeger
univers intertemporel ou d'effectuer des choix d'investisse
ments, la nécessité de différencier les taux d'actualisation
selon les individus ne semble pas s'imposer dans la littérature.
Tandis que les modèles théoriques d'évaluation des
firmes reposent coutumièrement sur des taux
spécifiques qui sont fonction du coût moyen pondéré du
capital de chaque entreprise, les travaux concernant les mé
nages utilisent encore, sauf exception, un taux d'actualisation
commun. C'est le cas entre autres de Wilkinson [1966],
Lindsay [1971], Hancock et Richardson [1985], dans leurs
efforts pour comparer les revenus de cycle de vie de diff
érentes professions ou pour étayer la théorie du capital hu
main. Or, les résultats obtenus dépendent de façon cruciale
des taux d'actualisation retenus. Lewis [1963] et Lindsay
[1971] ne remarquèrent-ils pas, à propos des conclusions de
Friedman et Kuznets [1945] sur la supériorité des revenus
de la profession médicale, qu'il suffisait d'augmenter le taux
d'actualisation pour faire disparaître cette suprématie ?
D'autre part, l'adoption de taux d'actualisation dif
férents selon les individus ou les groupes d'individus pourrait
modifier la perception du comportement des ménages en
matière d'épargne, d'endettement, de préparation à la re
traite, d'héritage.
L'objet de cet article est de démontrer qu'il est
théoriquement justifié de différencier les taux d'actualisation
propres à chaque agent. A cet effet, nous serons amenés à
préciser dans une première partie notre cadre théorique
avant de discerner dans une deuxième partie les éléments
et les facteurs de différenciation retenus.
Le cadre théorique de l'analyse
des taux d'actualisation
L'approche générale dans laquelle s'insère le
concept de taux est fishérienne. Elle permet Daniel Arnould / Mireille Jaeger 5
de formuler une fonction d'utilité intertemporelle en avenir
certain puis en avenir incertain. On peut définir alors plu
sieurs types de taux d'actualisation.
Un soubassement fîshérien
C'est en exposant sa «théorie de l'intérêt» que Fisher
[1933] construit un modèle novateur qui servira de base à
la théorie moderne de la finance. L'auteur raccorde la théor
ie de l'intérêt à celle du revenu. Dans cette conception, la
préférence pour le présent des individus dont Fisher étudie
les déterminants joue un rôle fondamental. A l'équilibre, le
taux de préférence pour le présent ou taux d'actualisation
est égal au taux d'intérêt.
Intérêt et revenu
Pour Fisher la théorie de l'intérêt ne doit pas être raccordée
à la théorie du capital, particulièrement dans sa version
autrichienne1, mais à la théorie du revenu. Fisher distingue
ainsi le capital-biens et le capital-valeur. Le premier est
formé de tous les actifs susceptibles d'engendrer un flux
de services; le second est égal à la somme des revenus
ainsi produits, actualisés par un taux de marché.
Il s'agit là d'une conception très extensive du ca
pital; elle englobe comme on le sait l'être humain. Elle
accorde par ailleurs une priorité absolue au revenu : « Le
capital, dans le sens de capital-valeur, n'est que du revenu
à venir escompté ou, en d'autres termes, capitalisé (...). Le
revenu est l'alpha et l'oméga de la science économique. »2
De ce fait, l'intérêt n'est pas aux yeux de Fisher
une partie du revenu comme le sont la rente, le profit ou
le salaire. Son statut est fondamentalement différent de ces
derniers puisqu'il sert à les capitaliser pour évaluer la r
ichesse, car il les englobe, étant le revenu de la richesse. Le
taux d'intérêt étant de 5%, «ce n'est pas parce qu'un Daniel Arnould / Mireille Jaeger 6
homme possède pour 100.000 $ de biens qu'il s'assurera
5.000 $ par an, mais c'est parce qu'il obtiendra 5.000 $ par
an que ses biens en valent 100.000 »3.
Cette approche de Fisher rompt, on le voit, pour
la première fois aussi clairement avec la théorie classique
de la répartition, assimilant l'intérêt et le profit et aboutis
sant à la division tripartite du revenu en intérêts ou profits,
rentes et salaires. Elle montre également combien il est
important de choisir un taux d'intérêt adéquat pour éva
luer, par actualisation des revenus futurs, la richesse d'un
individu ; le revenu et l'intérêt déterminent ici conjointe
ment le capital et non l'inverse.
De quelles variables l'intérêt dépend-il? Fisher en
distingue deux, de nature respectivement psychologique
et technique, la préférence pour le présent des individus
et les opportunités d'investissements rentables4.
La préférence pour le présent d'un invidivu-. définition et
déterminants
La préférence pour le présent d'un individu est, selon la
définition qu'en donne Fisher5 «l'excédent (en pourcent
age) du "désir marginal" actuel d'obtenir une unité de
plus de biens présents, sur le désir marginal actuel de
s'assurer une unité de plus de biens à venir».
Il y a, explique l'auteur, une présomption de posi-
tivité de la préférence pour le présent, qualifiée d'impatience,
dans la mesure où le taux d'intérêt dont elle constitue une
des variables explicatives est également, en général, positif.
Elle dépend d'éléments objectifs et d'éléments subj
ectifs.
— Les premiers concernent le revenu, phénomène
logique puisqu'aux yeux de Fisher l'intérêt doit être relié au
revenu et non au stock de capital. La préférence pour le
présent d'un individu est d'autant plus forte que le volume
de son revenu est réduit, qu'il anticipe une augmentation de Daniel Arnould / Mireille Jaeger 7
ce revenu dans l'avenir, qu'il consacre son revenu à des
dépenses vitales de nourriture (facteur corrélé avec le mont
ant du revenu). Elle est d'autant plus faible qu'il estime très
incertain son revenu futur par rapport au revenu présent.
— Mais Fisher ajoute que deux indi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents