L amitié franco-allemande et l Europe - article ; n°1 ; vol.28, pg 33-43
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L'amitié franco-allemande et l'Europe - article ; n°1 ; vol.28, pg 33-43

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Description

Politique étrangère - Année 1963 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 33-43
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Joachim Willmann
L'amitié franco-allemande et l'Europe
In: Politique étrangère N°1 - 1963 - 28e année pp. 33-43.
Citer ce document / Cite this document :
Willmann Joachim. L'amitié franco-allemande et l'Europe. In: Politique étrangère N°1 - 1963 - 28e année pp. 33-43.
doi : 10.3406/polit.1963.2319
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1963_num_28_1_2319L'AMITIÉ FRANCO-ALLEMANDE ET L'EUROPE
L'Allemand qui est de passage à Paris et qui passe par le
Quai d'Orsay s'arrête devant la statue de Briand. La mémoire
de ce grand homme d'Etat est entourée en Allemagne d'une vé
nération extraordinaire. En effet Briand est non seulement le
premier Français de ce siècle qui se soit efforcé de régler le con
tentieux franco-allemand, mais c'est aussi celui qui a conçu, au
cours des années vingt, le projet, révolutionnaire pour l'époque,
de faire de l'amitié entre les deux peuples le noyau d'une plus
grande Europe.
Vint la guerre ; jamais les relations franco-allemandes n'a
vaient connu de jours aussi sombres. Fort heureusement, au
lendemain du conflit, se trouvèrent, à la tête du peuple fran
çais et du peuple allemand des hommes qui étaient prêts à
poursuivre la tentative d'un rapprochement franco-alJemand
amorcée par Briand et par Stresemann. En France et hors de
France, on était d'accord pour considérer la réconciliation en
tre la France et l'Allemagne comme la condition sine qua non
d'une unification de l'Europe.
Avec la CECA, Robert Schuman et Jean Monnet d'une part,
Konrad Adenauer et Walter Hallstein d'autre part, posèrent la
première pierre de l'édifice d'intégration. L'entreprise connut
plus d'un échec : le plus grave fut sans doute le rejet, par le
Parlement français en 1954, du Traité de la CED. Toutefois,
même cet accident ne parvint à arrêter la construction ni de
l'amitié franco-allemande, ni de l'unité européenne. Au contrair
e, la création de la Communauté Economique Européenne et
de l'Euratom marquèrent des progrès nouveaux et décisifs dans
la voie de l'intégration.
L'avènement au pouvoir du général de Gaulle dans le prin
temps de 1958 ne fut pas accueilli en Allemagne sans réserves.
En tant que chef de la France libre, le général de Gaulle avait 34 JOACHIM WILLMANN
été pendant la seconde guerre mondiale le symbole de la ré
sistance à l'Allemagne et beaucoup d'Allemands craignaient
que le processus de réconciliation franco-allemande et l'amitié
naissante entre les deux peuples ne subissent un coup d'arrêt.
Les cinq années qui viennent de s'écouler nous ont montré
à quel point ces craintes étaient infondées. Le général de Gaull
e a renforcé les liens entre la France et l'Allemagne plus que
personne ne le prévoyait en 1958. Le peuple allemand lui en
sait gré : lors de sa visite officielle en République fédérale, au
cours de l'année dernière, le Président de Gaulle a pu se ren
dre compte de l'étendue de sa popularité parmi les Allemands.
Si le Traité de coopération franco-allemand du 22 janvier
1963 n'a pas soulevé en Allemagne, malgré tout, un enthousias
me sans partage, ce n'est pas que le peuple allemand désire
moins qu'il y a un an s'entendre avec la France ; c'est plu
tôt que la coïncidence, purement fortuite, entre la date de la
signature du traité et d'autres événements internationaux a
donné lieu à des interprétations erronées quant aux objectifs du
traité lui-même. Le fait est regrettable : car, si on l'envisage
objectivement, le traité est avant tout la manifestation de la
réconciliation franco-allemande. Notre propos est donc d'exa
miner ici, d'une part, quelles perspectives d'une politique com
mune le traité ouvre aux deux gouvernements, et quelles sont,
d'autre part, les limites d'une telle politique.
Dans les déclarations faites par le Président de la Républi
que française et par le Chancelier de la République fédérale
d'Allemagne à l'occasion de la signature du Traité, on souligne « le renforcement de la coopération entre les deux pays
représente un progrès essentiel dans la voie de l'Europe unie,
qui est l'objectif des deux nations ». Cette affirmation doit être
approuvée sans réserve. La question ne se pose pas moins de
savoir si l'on est d'accord sur ce que l'on entend par Europe
unie. En ce qui concerne le gouvernement fédéra1, cette ex
pression — il faut le souligner — implique, aujourd'hui comme
hier, une intégration économique et politique des Etats memb
res conçue comme aboutissement du processus unitaire. Dans
l'esprit de la République fédérale, la CEE n'a jamais été qu'une
étape vers l'unité politique de l'Europe ; l'objectif final étant
la création d'un Etat européen qui absorberait les divers Etats
nationaux. Il va de soi que, même en Allemagne, personne ne AMITIÉ FRANCO-ALLEMANDE 35
pense que cela puisse se faire d'un seul coup ; on reconnaît
qu'il faudra un certain temps pour assurer la transition.
Le Président de Gaulle au contraire s'est plus d'une fois dé
claré partisan de l'« Europe des Etats ». De telles déclarations
ne peuvent être interprétées que dans un sens, à savoir, que
l'objet de sa politique est de maintenir les Etats nationaux, en
se bornant à coordonner leurs politiques par un système d'al
liances du type traditionnel. La difficulté de ramener ces con
ceptions différentes à un dénominateur commun est apparue
au grand jour lors des négociations visant à la création d'une
union politique européenne. Si aucun accord ne put être réalisé
au sein du Comité Fouchet, c'est que les cinq partenaires de la
France, et en particulier les Etats du Bénélux, désiraient con
férer à ce nouvel organisme un degré de cohésion et d'intégra
tion plus élevé que le gouvernement français ne pouvait le
consentir. Par la même occasion se dessinait le conflit que l'i
ssue des négociations avec la Grande-Bretagne devait rendre
manifeste : outre le problème de l'intensité des liens de l'union
se posait celui de l'étendue territoriale d'une telle union. Si les
partenaires de la France au sein du Comité Fouchet étaient
disposés à cette époque à accepter que l'union se fasse avec la
France et sans l'Angleterre, c'était à la condition que cette
union fût ainsi construite qu'on pût la considérer comme un
premier pas vers l'intégration politique des Etats intéressés ;
en revanche ils n'étaient pas prêts à se rallier à la proposition
française qui visait à la fois à exclure l'Angleterre et à faire
do l'union une simple alliance.
En se tenant à l'écart de la CECA, la Grande-Bretagne s'est
exclue d'elle-même dès le début de l'œuvre unitaire. De même,
la CEE et l'Euratom représentaient aux yeux des Britanniques
encore des pas dans la voie d'une intégration, à laquelle l'An
gleterre, n'admettant aucun empiétement sur son pouvoir d'Etat
souverain, ne croyait pas pouvoir participer. Il est donc permis
de supposer que la déclaration du Président de Gaulle ass
ignant comme objectif à l'union de l'Europe, la création d'une
« Europe des Etats ■», a joué un rôle déterminant dans la déci
sion du gouvernement de Londres d'envisnger pour la première
fois l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE. Cette décla
ration ne pouvait en effet vouloir dire autre chose, sinon qu'au
cune tentative visant à une intégration politique véritable ne 36 JOACHIM WILLMÀNN
pourrait plus être entreprise pendant toute la durée du mandat
du Président de Gaulle. On est d'autre part en droit de penser
que la demande du gouvernement britannique d'entrer dans le
Marché Commun n'a pas été faite précisément en vue d'encou
rager l'intégration européenne. La nouvelle interprétation, don
née par de Gaulle, des objectifs de l'unification, semblait au
conJraire offrir une garantie que le processus

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