Les Ma Dan de Basse-Mésopotamie - article ; n°371 ; vol.69, pg 34-49
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Description

Annales de Géographie - Année 1960 - Volume 69 - Numéro 371 - Pages 34-49
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques Dauphin
Les Ma'Dan de Basse-Mésopotamie
In: Annales de Géographie. 1960, t. 69, n°371. pp. 34-49.
Citer ce document / Cite this document :
Dauphin Jacques. Les Ma'Dan de Basse-Mésopotamie. In: Annales de Géographie. 1960, t. 69, n°371. pp. 34-49.
doi : 10.3406/geo.1960.14523
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1960_num_69_371_1452334
LES MA'DAN DE BASSE-MÉSOPOTAMIE1
(Pl. IV-V.)
15 000 km2 de terre forment au Sud de l'Irak un immense marais. Des
îlots au sol mou comme de malsaines éponges en sont les seuls lieux habi
tables, abrités derrière d'épaisses touffes de roseaux géants.
Peu d'Européens se risquent dans cette région. Quant aux Irakiens, ils
ressentent à son égard une crainte volontiers rehaussée d'un complexe de
supériorité.
Les meilleures cartes d'Irak, qui sont sans conteste celles de l'Armée
britannique, se révèlent sur les lieux, inexactes. Les relevés par photograp
hies aériennes effectués pour le compte de la Basrah Petroleum C° me
furent précieux. Mais eux aussi étaient faux. Les corriger sur place était
vaine tâche. Car les marais sont vivants.
1. Bibliographie. — La bibliographie concernant les marais irakiens et les Ma'dan est fort
limitée. Il convient cependant de signaler les titres suivants : 1. P. A. Buxton et
W. H. M. Dowson, Marshes Arabs of Lower Mesopotamia (India Antiquary, 1921) . —
2. Lady E. Drower, Arabs of the Hor Hawiza, dans Henry Fields, Anthropology oj Iraq,
lre partie, n° 2. Concerne surtout les cultivateurs de riz de la tribu des Albu Mohamad de la
région d'Amara, plus que les Ma'dan éleveurs de buffles. — 3. Fulanain (pseudonyme de
M. et Mme S. E. Hedgècock), Haji Rikan, Marsh Arab, Londres, Chatto et Windus, éd., 1927.
Série de nouvelles non dénuées d'intérêt documentaire. — 4. C. E. Corry, The Blood Feud,
Londres, Mortyboy's, éd., 1927. Roman. — 5. Wilfred Thesiger, The Ma'dan or Marsh dwellers of
Southern Iraq, conférence faite le 4 février 1953 devant les membres de la Royal Central Asian
Society de Londres, publiée en texte intégral dans Journal of the Royal Central Asian Society,
vol. XLI, lre partie, janvier 1954. Excellent travail de base, le plus sérieux que nous possédions
sur la question. — 6. Id. The Marshmen of Southern Iraq (Geographical Journal CXX, sep
tembre 1954). Résumé du texte précédent, accompagné de splendides photographies. — 7. Frau
Doktor Sigrid Westphal-Helmut, Die Kultur der Ma'dan in Gegenwart und Vergangenheit,
dans Sumer, vol. XII, 1956, n° 1-2, Baghdad. Intéressant parles légendes rapportées. — 8. Sha-
kir Mustapha Salim, Economie and political organization of Ech-Chubaysh, a marsh village
community in Southern Iraq, Londres, 1955. Thèse de doctorat pour le Ph. D., devant la Faculté
des Arts, section d'anthropologie de PUniversity College de Londres, non publiée. Remarquable
essai dont on trouvera un bon résumé dans : 9. Doreen Warriner, Land reform and develop
ment in the Middle East, Royal Institute of International Affairs, Londres et New York, 1957.
— 10. Gavin Maxwell, A reed shaken by the Wind, Londres, Longmans Green and Co,
L'auteur, qui ignore l'arabe et les Arabes et dont le précédent ouvrage concernait... la Sicile,
a eu la bonne fortune d'accompagner Wilfred Thesiger dans un de ses voyages dans les marais.
Il en a rapporté un livre de voyage non dénué d'intérêt, illustré de fort belles photographies. —
11. Government of Iraq, Development Board and Ministry of Development, Third,
technical section, Paper Plant Project, Raw Material Survey, preliminary report, first part,
Baghdad, Paris, octobre 1957. Non dans le commerce. Ce document, étude préliminaire à l'ins
tallation d'une papeterie utilisant le roseau comme matière première, est une remarquable
étude de la région des marais en ce qui concerne le plan social et le niveau de vie des habitants.
— 12. Ibid., Paper Plant Project, final first phase report, Baghdad et Paris, décembre 1957. Non
dans le commerce. Ce document comporte un résumé succinct de l'étude précédente en l'insé
rant dans une étude d'ensemble de la fondation d'une industrie du papier en Irak. Gomme le
précédent, ce rapport comporte un lot de cartes, qui sont peut-être les seules cartes précises que
nous possédions de la région des Marais. — 13. Enfin les Mandéens ont donné lieu à une fort
abondante littérature, dont on trouvera une esquisse dans Encyclopédie de la Pléiade, Histoire
des Littératures, I, Paris, 1955. Il convient de signaler l'étude de base de Lady E. Drower, The
Mandeans of Iraq and Iran, Oxford, 1931. MA'DAN DE BASSE-MÉSOPOTAMIE 35 LES
Les marais et leurs ressources. — Au gré du mouvement des deux grands
fleuves mésopotamiens, le Tigre et l'Euphrate, qui les traversent, ils s'élar
gissent ou se rétrécissent suivant les saisons, suivant le rythme des chutes
de pluie ou des fontes des neiges qui chargent les deux fleuves dans le Haut-
Kurdistan.
En une nuit, j'ai vu naître un marais à la fin du mois de mars 1957. Roulant sur
la piste défoncée qui relie Al Uzair à Amara, j'avais émis quelques doutes concernant
l'exactitude des relevés cartographiques en ma possession. Al Uzair, petit village sor
dide tassé autour du tombeau du biblique Ezra, qui le domine de sa coupole bleue
turquoise, était enserré par la plaine mésopotamienne. Les cartes indiquaient des
marais. Des chameaux et des moutons paissaient une herbe rare. Loin vers l'Est, à
plusieurs kilomètres, on aurait pu atteindre par des chemins incertains, aux ornières
profondes comme des fossés, l'extrême bord des marais orientaux qui étendent leurs
miasmes jusqu'à l'intérieur du territoire iranien.
Le lendemain matin, ayant visité Amara, je reprenais la route vers le Sud. La
nuit avait été pluvieuse. La route, sèche la veille, s'étirait maintenant en un long
ruban boueux dominant de quelques dizaines de centimètres à peine une étendue d'eau
vaste comme une mer. Moutons et chameaux avaient disparu, ayant cherché abri
dans les villages surélevés des paysans. L'eau était devenue le domaine des buffles
noirs au mufle puissant, aux yeux globuleux, aux cornes sorties de reliefs assyriens.
Sur des barques légères, suivant leurs troupeaux, des Ma'dan prenaient possession
provisoire de la région. Refoulant les paysans planteurs de riz, ils amenaient avec eux
la civilisation du Roseau.
Cette civilisation subsiste encore — mais pour combien de temps ? —
dans trois régions de l'Irak méridional (fig. 5).
Le Tigre et l'Euphrate enserrent les marais centraux. A l'Ouest du cours
du moyen Euphrate, un marais occidental naît au gré des caprices du fleuve.
A l'Est du Tigre, un oriental avance sa boue sans se soucier de la
frontière irako -iranienne qu'il dépasse. A l'Est, la petite ville de Qurna
marque l'extrême limite des marais centraux. Placée au confluent du Tigre
et de l'Euphrate, la tradition arabe en fait le lieu du « Jardin d'Ëden » de
la Bible, où se rencontraient quatre fleuves (Genèse, I, 13, 14). Vers l'Ouest,
la petite ville de Nasiriyah, édifiée il y a quelque soixante-dix ans par un
gouverneur du nom de Nasser pacha Sa'doun, marque une autre limite des
marais centraux. Au Nord, Amara, sur le Tigre, ville moderne ombragée de
belles allées de palmiers qui cachent d'anciens souks couverts de voûtes de
briques, est une sorte de capitale des marais orientaux.
En assyrien « lac » et « mer » {tamtu) sont deux termes identiques. Les anciennes
tablettes mentionnent la « Région des marais » ou, au gré des traducteurs, « des mers »
ou « des lacs ». Il semble à certains spécialistes de la haute antiquité que, contraire
ment à l'opinion commune des historiens, le golfe Persique ne s'étendait pas, aussi loin
à l'intérieur des terres qu'on le suppose. Une étude géologique du sous-sol des marais
révélerait que la mer, au troisième millénaire avant le Christ, laissait intacte une grande
partie de la région. Une recherche attentive prenant pour point de départ les légendes
du folklore des Ma'dan pourrait, d'après certains archéologues, révéler des tells, sous
quelques villages permanents des marais. 36 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
D'ores et déjà il est acquis qu'une dynastie, les Kassites, qui contrôlèrent Babylone
et furent aba

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