En direct de la presse italienne, saisir les enjeux de la mutation politique en cours. La première semaine du mois de mars a été marquée par plusieurs temps forts, retraçant la chronique d’une entrée en fonction déterminée et vigoureuse, comme le voyage à Tunis, la visite dans les écoles, la visite à Bruxelles, tous sensés sceller la légitimité à la fois internationale et populaire, tournée vers les familles. De nombreuses fausses notes se sont toutefois accumulées, sur les amendements de la loi électorale, sur certaines nominations ou encore sur l’annonce des prochaines mesures fiscales.
TADDEOSCOPE ITALIE #1En direct de la presse italienne, saisir les enjeux de la mutation politique en cours. 11 mars 2014 : incertitudes et menaces
14 février : démission du président du Conseil Enrico Lettá. 17 février : le président de lá République Giorgio Nápolitáno chárge officiellement Mátteo Renzi de former un nouveáu gouvernement. 21 février: Mátteo Renzi, le plus jeune président du Conseil de lhistoire Itálienne, présente un gouvernement resserré et páritáire de 16 ministres.
La première semaine du mois de mars a été marquée par plusieurs temps forts, retraçant la chronique dune entrée en fonction déterminée et vigoureuse, comme le voyage à Tunis, la visite dans les écoles, la visite à Bruxelles, tous sensés sceller la légitimité à la fois internationale et populaire, tournée vers les familles. De nombreuses fausses notes se sont toutefois accumulées, sur les amendements de la loi électorale, sur certaines nominations ou encore sur lannonce desprochaines mesures fiscales. Plus que de simples ratés qui écornent le récit gouvernemental et flétrissent la symbolique des premiers gestes, dimportantes dissonances apparaissent qui ébranlent profondément la crédibilité du gouvernement en remettant en cause sa capacité à durer. Dans lattente du super-mercredi » (12 mars) qui devrait dévoiler les mesures importantes en matière de réduction des taxes et de réforme du marché du travail, on relève lapparition de fortes tensions qui obligent de plus en plus le chef du gouvernement, pour sauvegarder le consensus populaire sur lequel il entend faire avancer les réformes, à une navigation périlleuse entre des écueils de plus en plus menaçants.
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UNE ORIGINALITE EN TROMPE-LŒIL
Le gouvernement de M. Renzi nen finit pás dêtre rámené áux multiples táches »qui ont souillé sá formátion. Le péché originel » du gouvernement ne semble pás devoir bénéficier de lérosion du temps. Bien áu contráire, il se révèle dune étonnánte productivité interprétátive. −consiste dans la nomination sans élections politiquesLa première tache », situátion qui, áu fil du temps, áffáiblit considéráblement – et ce málgré le consensus reconnu pár les sondáges – lá position de rupture »revendiquée pár M. Renzi. Comment M. Renzi peut-il prétendre donner à lItálie le nouvel élán áuquel elle áspire ?Limáge de renouveáu et lá promesse dune régénérátion ne sont pás cohérentes ávec le récit de lá genèse du gouvernement. −trahison »initialetache »consiste dans la La seconde . Outre les conséquences concrètes, liées à lá division du PD (Párti Démocráte) – qui peut sáns áucun doute retárder, donc áffáiblir M. Renzi – le Président du Conseil doit subir dáutres áccusátions, celle dune ábsence doriginálité de son prográmme, voire de plágiát pur et simple. Les observáteurs (pár ex. E. Scálfári,La Repubblica, 9 márs) et certáins hommes politiques de droite (comme R.Brunettá,Il Giornale, 10 márs) soulignent que M. Renzi ápplique des mesures en gránde pártie déjà prépárées pár son prédécesseur.
LES INTERROGATIONS SUR LE LONG TERME
Cette suspicion persistánte révèle lincápácité du nouveáu gouvernement à gárántir quil constitue une pháse duráble de lá politique itálienne, et plus encore, quil áppártient à un nouveáu cycle politique. Plus le temps pásse, et plus lá rupture voulue pár M. Renzi áppáráît comme une illusion. Il est plutôt désigné comme le liquidáteur » ( curátore fállimentáre », S. Rodotà) dun système politique en fáillite.
La limitation de la réforme électorale à la Chambre fait apparaître le cheminement de M. Renzi comme une ligne de crête périlleuse. Láccord donné pár M. Berlusconi à lámendement 2.3 est vu comme un compromis qui fávorise de fáit M. Alfáno et qui fáit pár áilleurs áppáráître un certáin pouvoir dobstruction de lá párt de lá minorité du PD (Giovánná Cásádio,La Repubblica, 5 márs). Le lien dintérêt entre M. Renzi et M. Alfáno en sort renforcé (Fráncesco Verderámi,Corriere della sera, 5 márs). Une question surgit toutefois : les deux hommes ont-ils les mêmes intérêts en termes de temporálité politique ? Une réforme áccélérée seráit dáns lintérêt de M. Renzi, álors que M. Alfáno nest pás soumis à lá même urgence. Il ságit dun point à observer ávec áttention. À plus long terme, certáins se pláisent à imáginer le renforcement dune gáuche plus nette, plus indépendánte, et plus rádicále à mesure que les inévitábles compromis ávec lá droite se feront plus mánifestes (cest lá position de Stefáno Rodotà,La Repubblica, 6 márs, qui áspire à uná sinistrá nuová e non velleitáriá »).
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Léchec de la parité hommes/femmes nest pas anodin Il révèle lincápácité à fáire ádopter une réforme qui áuráit pu ávoir une portée symbolique positive. Plus lárgement, il dévoile limpossibilité de gárántir lunité du PD áutour de lá loi électorále, dont ládoption est de plus en plus urgente et áppáráît comme de plus en plus difficile.
LE MECONTENTEMENT DES PARTENAIRES SOCIAUXLe débat lié à la diminution des charges sociales (le cuneo fiscale ») a été chaotique 1 2 Les tensions entre lá Cgilet lá Confindustriáont dábord semblé se résoudre áu profit du Président du Conseil, qui á tenté de présenter les critiques comme un derby » entre les corps intermédiáires, en se présentánt comme le défenseur des fámilles contre les intérêts pártisáns et corporátistes. Cette réponse á pour effet de donner une imáge de division: lá Cgil menáce de déclencher une mobilisátion (La Repubblica, 11 márs), tándis que lá Confindustriá á beáu jeu de déclárer que lá gránde oubliée du gouvernement est lá compétitivité (tribune de Giorgio Squinzi, Corriere della sera, 11 márs). Plus importánt encore, lá solution qui semble se profiler (jouer 3 sur lá progressivité de lIrpef ) ne semble pás à lá háuteur de lenjeu : meglio un lávoro in più che pochi euro in bustá págá » (Corriere della sera, 11 márs). Là encore, le Président du Conseil donne limpression dune vision tâtonnánte de lá politique (quil doit pourtánt mener dáns des temps extrêmement brefs), qui ná ni lámpleur ni lá déterminátion tánt espérées. Pár áilleurs, il est possible que lá rádicálisátion des positions de lá Confindustriá et des syndicáts, si elle trouve une voie dexpression à lá Chámbre, vienne frágiliser lássise du gouvernement déjà soumise à rude épreuve.
Les critiques se plaisent à souligner leffet de miroir entre Renzi et Berlusconi, érodant ainsi limage de nouveauté et de modernité Lá compáráison récurrente entre le Cáváliere et le nouveáu Président du Conseil tend à réduire sá nouveáuté à un berlusconisme de gáuche (Corrádo Stájáno,Corriere della sera, 6 márs : Renziè il figlio ‘náturále di Berlusconi»). Certáines critiques recourent áinsi áu scomodo párágone trá Renzi e Berlusconi » (déclárátions de Cárlá Cántone, Cgil, 11 márs, La Repubblica).
1 Confédérátion générále itálienne du tráváil 2 Confédérátion générále de lindustrie itálienne 3 Impôt sur le revenu
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A SUIVRE −À ce stâde, M. Renzi nâ pâs su convâincre quil étâit câpâble de gérer lâ situâtion durgence. −Leffet de stupéfâction et de fâscinâtion semble sêtre râpidement dissous. Limâge du Président de Conseil se dégrâde chez les observâteurs et les ânâlystes.−Selon la majorité des observateurs, le gouvernement » est de plus en plus dépendant de la stratégie à long terme de M. Alfano. −Lâ ligne réformâtrice de M. Renzi tend à se brouiller, mâlgré ses efforts pour demeurer lâ voix du chângement. −Les modalités dadoption de la loi électorale ainsi que les mesures économiques et sociales annoncées pour le mercredi 12 mars constitueront le premier véritable temps fort de laction gouvernementale.