TADDEOSCOPE ITALIE #5 |  10 AVRIL 2014 : Le renzisme, nouveau réformisme
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En direct de la presse italienne, saisir les enjeux de la mutation politique en cours.
Dans la presse européenne, M. Renzi est désormais désigné comme un modèle, surtout en France, où la gauche au pouvoir se trouve en difficulté. À l’issue du discours de politique générale du nouveau Premier ministre français, certains observateurs n’ont pas manqué de souligner que M. Valls opérait un tournant « à la Renzi ». Le rapprochement ne résiste pas longtemps à l’analyse, tant les deux systèmes politiques sont éloignés, néanmoins, certains traits communs témoignent d’une nouvelle orientation de la politique européenne. Dans une conjoncture de lente reprise qui survient après une tempête financière historique, l’élan de réformes semble trouver un nouveau souffle. Au cours des dernières semaines, M. Renzi a sans conteste inventé un style et proposé une nouvelle manière de faire accepter des réformes pourtant imaginées depuis bien longtemps.

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Publié le 22 avril 2014
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Langue Français

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TADDEOSCOPE ITALIE #5En direct de la presse italienne, saisir les enjeux de la mutation politique en cours. 10 avril 2014 : Le renzisme, nouveau réformisme européen Dâns lâ presse européenne, M. Renzi est désormâis désigné comme un modèle, surtout en Frânce, où lâ gâuche âu pouvoir se trouve en difficulté. À lissue du discours de politique générâle du nouveâu Premier ministre frânçâis, certâins observâteurs nont pâs mânqué de souligner que M. Vâlls opérâit un tournânt à lâ Renzi». Le râpprochement ne résiste pâs longtemps à lânâlyse, tânt les deux systèmes politiques sont éloignés, néânmoins, certâins trâits communs témoignent dune nouvelle orientâtion de lâ politique européenne. Dâns une conjoncture de lente reprise qui survient âprès une tempête finâncière historique, lélân de réformes semble trouver un nouveâu souffle. Au cours des dernières semâines, M. Renzi â sâns conteste inventé un style et proposé une nouvelle mânière de fâire âccepter des réformes pourtânt imâginées depuis bien longtemps.
LAPPLICATION DES TRAITES EUROPEENS SOUS LA FORME DUNE POLITIQUE VOLONTARISTE
Le style de M. Renzi repose tout dabord sur une lecture attentive de la conjoncture. Les déclarations de Mme Lagarde et celles de M. Draghi, malgré une distance de façade, vont cependant dans le même sens : le renversement progressif de la conjoncture plaide en faveur dune attention plus importante, y compris de la part de la BCE, à la croissance et à linvestissement. Cette reprise annoncée est reconnue en Italie comme étant le résultat de laction des gouvernements précédents (I. Cipolletta, Su, coraggio arriva la ripresa», LEspresso, 10 avril). M. Renzi récolte déjà une partie des éloges pour avoir sauvé lItalie dune crise grave; son intérêt est à présent de présenter son action comme particulièrement énergique de façon à se voir attribuer les mérites dune reprise qui devrait manifester prochainement ses effets.
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M. Renzi a voulu exprimer une forme dindépendance à légard de lEurope, que certains observateurs ont pu relayer comme la volonté de dompter lEurope» (lire A. Cerretelli,Il Sole 24 ore, 22 mars). Ainsi, M. Renzi pourra peut-être tirer profit dune renégociation du pacte budgétaire, si elle a lieu, dans une prochaine phase de croissance plus soutenue. Or il apparaît aujourdhui que M. Renzi, loin de remettre en question les traités, sest bel et bien lancé dans une politique dapplication systématique de ces derniers, sous la forme dune réduction du coût de lÉtat par la réduction des dépenses. La Commission a approuvé le 1 DEF , et le FMI a validé lorientation des réformes, les dissensions semblent bien anecdotiques. M. Renzi est même crédité davoir restauré la confiance des partenaires de lUnion (P. Ignazi,LEspresso, 3 avril). Parfaitement en ligne avec ses prédécesseurs, M. Renzi affirme toutefois son style en arborant ces objectifs avec un enthousiasme volontariste. La politique économique du Gouvernement sera donc vouée, si lon en croit le DEF, à une profonde transformation du pays» par la mise en œuvre de réformes structurelles ».Le texte souligne la nécessité dune scansion rapide :imprimere unâ forte âccelerâzione âl processo di riformâ strutturâle delleconomiâ» ;scâdenze râvvicinâte» ;interventi normâtivi e âttuâtivi râpidi e certi». Un effet de vitesse qui participe de lusage de la stupéfaction comme arme politique, et de lusage du pouvoir des mots» bien différent de celui du Président de la BCE (Daniele Manca,  Il potere della parola », 4 avril,Corriere dellâ Serâ). Autre aspect du style Renzi, le dénigrement. Dabord de ceux qui entravent les réformes. Le lexique de M. Renzi, analysé par Pierluigi Battista, condamne avec une véhémence les résistances qui réfrènent la vitesse réformatrice et bienfaitrice (Corriere dellâ Serâ, 10 avril). Ensuite, le dénigrement du fonctionnement des services administratifs. Au-delà des exigences partagées par tous, y compris par ses prédécesseurs, de réformer lÉtat, M. Renzi aurait prévu dorganiser une vaste campagne de consultation participative concernant les coupes dans les dépenses publiques, campagne nommée E tu, cosâ tâglieresti ?» :  Et toi, quest-ce que tu couperais ? »(Massimo Fracaro, Nicola Saldutti,Corriere dellâ serâ, 10 avril). Dans cette façon de gouverner, le plus important est dobtenir le consensus du plus grand nombre, fût-ce au prix de sollicitations de lopinion publique par dautres voies que celles des processus démocratiques normaux.
UNE DESINVOLTURE A LEGARD DES PROBLEMES LES PLUS PROFONDS
La dimension la plus surprenante de cette façon de susciter le consensus autour de mesures qui sont en réalité le prolongement des gouvernements précédents, est la relative désinvolture à légard des questions politiques les plus importantes. En ce sens, le style de M. Renzi a pour conséquence (ou pour objet) déluder des problèmes cruciaux. La revendication ostentatoire de réformes volontaristes et accélérées est en décalage avec la préoccupation majeure dune grande partie des Italiens, à savoir leur méfiance à légard de la politique. M. Renzi semble bien décidé à ne pas aborder cette question de front : il semble pour le moment décidé à ne pas occuper cet espace de réflexion et de réforme, que continuent de combler les mouvements populistes. Le récent  référendum » sur lindépendance de la Vénétie est loin dêtre anodin,
1 Document de programmation financière
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comme le démontre Ilvo Diamanti ( LIndipendenza del Veneto non è uno scherzo. Bocciato lo Stato centrale. No alla politica locale »,Lâ Repubblicâ, 24 mars). Cet épisode relève dune tendance profonde de lEurope contemporaine, qui voit renaître les projets autonomistes et sécessionnistes (cf. la Belgique, la Catalogne, lÉcosse) alimentés par une méfiance à légard de lÉtat, méfiance qui nourrit aussi bien dautres types de mouvements comme le M5S (Mouvement 5 étoiles). Plus grave encore, cette désinvolture à légard des questions de fond sexprimerait également par une désinvolture à légard des institutions. Pour certains, comme MM. Rodotà et Zagrebelsky, qui se fondent sur des considérations concernant la constitutionnalité des actes du Parlement, y voient un véritable risque pour la démocratie. Même des observateurs moins sévères laissent transparaître une forme de gêne. Michele Ainis, duCorriere dellâ Serâ, juge ainsi la menace autoritaire exagérée »,néanmoins, on note une certaine évolution dans lanalyse de ce journaliste qui concède que la réforme du Sénat (labolition ne semble plus à lordre du jour, le DEF parle de  révision des fonctions du Sénat ») rend nécessaire la mise en place de  contrepoids supplémentaires » (Corriere,8 avril). On peut y voir le signe que le risque dun déséquilibre démocratique est ressenti comme réel. Du reste, ce même quotidien publie le 10 avril une tribune de Valerio Onida qui condamne durement le projet de révision constitutionnelle.
A SUIVRE Le réformisme européen contemporain incarné par M. Renzi se présente, sans le dire, comme une stratégie de consensus autour de réformes exigées par les traités européens. Il proclame la nécessité de mettre en place des réformes structurelles à un rythme rapide. Il affiche une indépendance face à lEurope mais applique les traités européens sous la forme dune politique volontariste. Il naborde pas de front les problématiques qui font vaciller la confiance des citoyens dans la politique. Le clivage entre son analyse européenne et son analyse nationale devient un des points faibles de M. Renzi. En cela, il est donc structurellement en déphasage avec une partie importante des citoyens italiens.
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