Avant-propos - article ; n°1 ; vol.159, pg 5-28
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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 2001 - Volume 159 - Numéro 1 - Pages 5-28
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2001
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Langue Français
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Extrait

Françoise Vielliard
Avant-propos
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2001, tome 159, livraison 1. pp. 5-28.
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Vielliard Françoise. Avant-propos. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2001, tome 159, livraison 1. pp. 5-28.
doi : 10.3406/bec.2001.463052
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2001_num_159_1_463052AVANT-PROPOS
par
Françoise VIELLIARD
1 . L'École des chartes et la dialectologie. — Les liens que l'École des chartes
entretient avec la dialectologie sont anciens. On sait que, au moment de la
création de l'École, le discours scientifique sur la langue ne fait l'objet d'aucun
enseignement universitaire l. Celui de la première École des chartes est avant
tout pratique : il s'agit d'apprendre aux élèves « à lire les divers manuscrits »
mais aussi d'« expliquer les dialectes français du Moyen Age » (ordonnance du
22 février 1821).
Lorsque, lors de la première réforme de l'École en 1830, Jacques
Champollion-Figeac (1778-1867) est nommé « professeur de diplomatique et de
paléographie française », il arrive fort d'une expérience de bibliothécaire mais
aussi de dialectologue. Il avait été en effet chargé par le préfet de l'Isère de
rassembler pour ce département les réponses à l'enquête, ordonnée en 1806 par
le ministère de l'Intérieur et placée sous la responsabilité de Charles Coquebert
de Montbret, qui avait pour but de recenser les langues et les dialectes parlés
dans l'Empire 2 : chaque canton devait fournir, à côté d'une traduction en
patois de la parabole de l'enfant prodigue, une chanson et un conte pris comme
1. Sur l'histoire de l'enseignement de la philologie romane à l'École, Jacques Monfrin, Leçon
d'ouverture du cours de philologie romane à l'École des chartes (6 novembre 1958), dans
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 116, 1958, p. 170-193, et Françoise Vielliard, « L'enseigne
ment de la philologie romane », dans L'École nationale des chartes, histoire de l'École depuis 1821,
Thionville, 1997, p. 50-58. Sur l'histoire de la dialectologie au xixe siècle, Guylaine Brun-Trigaud,
Le croissant : le concept et le mot, contribution à l'histoire de la dialectologie française au
XIXe siècle, Lyon, 1990 (Centre d'études linguistiques Jacques Goudet, série dialectologique, 1).
2. Sur l'enquête, Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française, des origines à 1900, t. IX,
La Révolution et l'Empire, Première partie, Le français nationale, Paris, 1927, p. 525-599,
« Limite de la langue française sous le premier Empire » ; G. Brun-Trigaud, Le croissant..., p. 33-62,
« L'enquête des Coquebert de Montbret : un premier pas vers la géographie linguistique » ;
Marie-Rose Simoni, La couverture géolinguistique de l'Empire français : l'enquête de la parabole
de l'enfant prodigue, dans Espaces romans, études de dialectologie et de géolinguistique offertes
à Gaston Tuaillon, t. II, Grenoble, 1989 (Publications de l'université des langues et lettres de
Grenoble), p. 114-139.
Françoise Vielliard, professeur à l'École nationale des chartes, 19 rue de la Sorbonne, F-75005
Paris. FRANÇOISE VIELLIARD B.E.C. 2001 6
exemples de la production littéraire locale. Champollion-Figeac avait publié les
résultats de son enquête dès 1809, avant la fin de l'enquête officielle, sous le titre
Nouvelles recherches sur les patois ou idiomes vulgaires de la France, et en
particulier sur ceux du département de l'Isère, suivies d'un essai sur la litt
érature dauphinoise et d'un appendix, contenant des pièces en vers et en prose
peu connues, des extraits de manuscrits inédits et un vocabulaire. Il y donnait,
outre la traduction de la parabole en patois de l'Oisan et en patois du Trièves,
des extraits de poésies et de chansons « en langue vulgaire de Grenoble », et un
« vocabulaire alphabétique des mots les plus difficiles des idiomes vulgaires du
département de l'Isère. »
On sait peu de choses de l'enseignement de Champollion-Figeac à l'Ecole,
mais il a sans aucun doute guidé les recherches de Gustave Fallot, à qui l'on doit
la première thèse de philologie préparée à l'École, soutenue en 1834 et consa
crée à l'étude comparative des différents dialectes du xme siècle 3. Pour en
résumer la méthode avec Jacques M onfrin :
« On relève dans les documents, choisis souvent avec critique et classés suivant
leur date et leur origine, les diverses formes d'un même mot ; on met en parallèle
ces diverses formes et on compare les graphies : au moyen de ces comparaisons, on
s'efforce d'établir des distinctions entre les dialectes et entre époques » 4.
G. Fallot inaugure une méthode et un type de thèse que d'autres affineront
après lui. Gaston Paris en a, lors du compte rendu qu'il a donné dans la
Romania de la thèse de Gaston Raynaud, fixé le programme :
« On ne peut indiquer aux élèves de l'École des chartes dans le domaine de la
philologie de travaux à la fois plus utiles et mieux appropriés à leurs forces que des
monographies de ce genre. Copier un certain nombre de chartes françaises,
renfermées dans des limites bien précises de temps et de lieu, les publier et les
soumettre à l'analyse grammaticale, sont trois opérations dont tout élève de cette
École doit être en état de bien s'acquitter. La seule vraiment délicate est la
troisième, car la première ne demande que de l'attention, et la seconde, bien qu'il
y faille plus d'intelligence et de méthode, est rendue facile par l'enseignement et
les excellents modèles qu'on a maintenant sous les yeux » 5.
S'inscrivent dans cette série de thèses consacrées à la dialectologie ancienne
fondée sur les textes documentaires médiévaux 6 les travaux pionniers de
3. Elle a été publiée à titre posthume, Recherches sur les formes grammaticales de la langue
française et de ses dialectes au xuf siècle, Paris, 1839 ; voir Francis Wey, A propos de l'ouvrage
posthume de Gustave Fallot, dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. 1, 1839-1840, p. 460-490.
4. J. Monfrin, Leçon d'ouverture..., p. 173.
5. Romania, t. 6, 1877, p. 614-620, à la p. 614. Sur la thèse de G. Raynaud, voir ci-dessous,
note 8.
6. Ils ont déjà été signalés par J. Monfrin, dans son introduction à Documents linguistiques de
la France, série française, publiés par J. Monfrin avec le concours de Lucie Fossier, t. I, Chartes en
langue française antérieures à 1271 conservées dans le département de la Haute-Marne, volume B.É.C. 2001 AVANT-PROPOS 7
François Bonnardot sur le dialecte messin 7, de Gaston Raynaud sur le dialecte
du Ponthieu 8, d'Edouard Philipon sur le dialecte du Lyonnais 9, de Géraud
Lavergne sur le parler bourbonnais 10 ou de Suzannne Dobelmann sur la langue
de Cahors n.
Mais l'on sait moins que, dans ces mêmes années où Paul Meyer était à la fois
directeur de l'Ecole et « professeur de langues romanes », ont été soutenues par
Jean Passy en 1891 et par François Emanuelli en 1904 deux thèses de dialecto
logie de terrain 12. Leurs travaux les rapprochent, leur destin aussi, puisqu'ils
sont morts tous deux, très jeunes, de la tuberculose, avant de pouvoir dévelop
per leur œuvre scientifique.
Jean Passy (1866-1898) était le frère du phonéticien Paul Passy, créateur en
1886 avec D. Jones de l'alphabet de l'Association phonétique internationale.
Jean Passy entreprend, en 1890 et 1891, des voyages d'exploration dans le
Béarn 13 qui aboutiront à sa thèse sur les patois de la vallée d'Ossau, soutenue en
préparé par Jean-Gabriel Gigot, Paris, 1974 (Documents, études et répertoires publiés par l'Institut
de recherche et d'histoire des textes, 17), p. xxm-xxiv. J. Monfrin y a également donné (p. xlix-li)
le détail des thèses qui entrent dans le cadre des Documents linguistiques et dont la publication est
actuellement en cours.
7. F. Bonnardot, La langue française à Metz d'après les documents originaux du xnf siècle,
monographie du dialecte roman (résumé dans Ecole impériale des chartes, Positions des thèses

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