Nouvelle chronologie anatolienne et date d élaboration des alphabets grec et phrygien - article ; n°1 ; vol.148, pg 271-289
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2004 - Volume 148 - Numéro 1 - Pages 271-289
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Claude Brixhe
Nouvelle chronologie anatolienne et date d'élaboration des
alphabets grec et phrygien
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e année, N. 1, 2004. pp. 271-
289.
Citer ce document / Cite this document :
Brixhe Claude. Nouvelle chronologie anatolienne et date d'élaboration des alphabets grec et phrygien. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e année, N. 1, 2004. pp. 271-289.
doi : 10.3406/crai.2004.22705
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_1_22705COMMUNICATION
NOUVELLE CHRONOLOGIE ANATOLIENNE
ET DATE D'ÉLABORATION DES ALPHABETS GREC ET PHRYGIEN,
PAR M. CLAUDE BRIXHE, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
L'Antiquité classique avait perdu le souvenir des Hittites et, si
dès le xvme siècle les voyageurs avaient permis de leur attribuer
divers monuments, dans la seconde moitié du xixe encore, « sur la
foi de l'Ancien Testament et des documents assyriens, on situait
le pays hittite proprement dit en Syrie, les monuments apparentés
d'Asie Mineure étant considérés comme les manifestations
excentriques de ce noyau central » (Bittel 1976, 131). Il fallut
attendre la première décennie du xxe siècle, avec les fouilles
d'H. Winckler (début en 1906), pour que le cœur de l'empire fût
situé à Bogazkôy-Hattusa. Dès lors, la hittitologie devint d'autant
plus rapidement un secteur autonome de l'histoire que la décou
verte des archives royales et de ses milliers de tablettes permit
rapidement (1915) à Hrozny de déchiffrer la langue.
Curieusement, c'est à peu près à la même époque que les
archéologues donnent les premiers coups de pioche à Gordion, la
capitale phrygienne : fouilles d'A. et G. Kôrte de 1900 à 1904.
Malheureusement les Phrygiens, dont on sait maintenant qu'ils
dominèrent l'Anatolie pendant les deux premiers siècles du
Ier millénaire, étaient moins bavards que les Hittites (ou util
isaient des supports plus fragiles, cf. infra § V) et leur histoire
n'émerge que lentement. Aucune archive royale ne fut trouvée et
les documents écrits sont restés longtemps trop peu nombreux.
La reprise des fouilles à Gordion en 1950 par R. S. Young et
l'Université de Pennsylvanie les fit rapidement augmenter et, en
1. Les indications bibliographiques sont données dans l'Appendice figurant à la fin de
cette communication. 272 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
1984, M. Lejeune et moi-même pouvions publier un Corpus des
inscriptions paléo-phrygiennes incomparablement plus important
que celui dont on disposait jusqu'ici.
II
Depuis 1984, le matériel n'a cessé de s'accroître. Un premier
supplément est paru en juin dernier (Brixhe 2002). Un second est
prévu pour 2004/2005 (à présent paru : Kadmos 43, 2004, p. 1-30) :
en même temps que la Phrygie centrale voyait apparaître des
sites nouveaux et Gordion renforcer sa représentation dans le
corpus, à la périphérie le périmètre d'attestation des documents
paléo-phrygiens n'a cessé de s'agrandir (fig. 1).
Phrygie centrale
L'amitié des membres de l'équipe américaine de Gordion m'a
permis de connaître deux nouvelles pierres (G-10 et -11) et
69 graffites sur vases (G-277 à -345); voir Brixhe 2002, 24-102.
T. Sivas a découvert en 2003 le premier graffite sur vase fourni
par la Cité de Midas.
Plusieurs sites nouveaux ont fait leur apparition : Eskisehir/
Dorylaion, dont l'exploration par M. Darga et X Sivas a donné
une sorte de sceau et divers graffites sur vases (Brixhe 2002,
3-24). Menekçekaya/Demirli : un autel rupestre repéré par la
même T. Sivas (Brixhe-Sivas 2002). Beylikova : un graffite trouvé
par T. Sivas. Dokimeion : une longue épitaphe du ive/ine siècle
a. C. découverte par Th. Drew-Bear il y a une vingtaine d'années.
Périphérie
Kerkenes (Ptérie, à 50 km au sud-est de Bogazkôy) : douze
fragments d'une inscription à la « mise en pages » apparemment
fort complexe, trouvés par G. et Fr. Summers en 2003.
Tyane (Cappadoce) : la stèle T-03 est désormais publiée, voir
Brixhe 1991/1.
Bayindir (Lycie) : divers graffites sur vases de métal dans un
tumulus, E. Varinlioglu, « The Phrygian Inscriptions from
Bayindir », Kadmos 31 (1992), p. 10-20. ,
DATE D'ELABORATION DES ALPHABETS GREC ET PHRYGIEN 273
0 50 100 200 km A ▲ Sites épigraphiques ne figurant pas paléo-phrygiens dans ce corpus déjà dans le corpus de 1984
Fig. 1. - Carte de répartition des inscriptions paléo-phrygiennes.
Ikiztepe (Lydie, Moyen Hermos) : un graffite sur vase de métal
dans un tumulus, Cl. Brixhe, « La plus occidentale des inscriptions
phrygiennes », Incontri linguistid 13 (1989-1990), p. 63-67.
Thyatire (Lydie) : une inscription gravée sur un peson de tiss
erand, R. Dinç et L. Innocente, « Ein Spinnwirtel mit phrygischer
Inschrift », Kadmos 38 (1999), p. 65-72.
Daskyleion (Mysie) : deux stèles et un certain nombre de graf-
fites sur vases : T. Bakir et R. Gusmani, « Eine neue Inschrift aus », Ep. Anat. 18 (1991), p. 157-164 et pi. 19 ; id., « Graff
iti aus Daskyleion », Kadmos 32 (1993), p. 135-144, avec quatre
planches entre les p. 140 et 141, et Brixhe 1996 ; R. Gusmani et
Y. Polat, « Ein neues phrygisches Graffito aus Daskyleion »,
Kadmos 38 (1999), p. 59-64 ; R. Gusmani et G. Polat, « Mânes in
Daskyleion », Kadmos 38 (1999), p. 137-162.
Vezirhan (Bithynie) : une stèle bilingue gréco-phrygienne,
G. Neumann, « Die zwei Inschriften auf der Stèle von Vezirhan »,
Frigi e frigio (Atti del 1° Simposio Internazionale, Roma 16-17
ott. 1995), R. Gusmani et alii (éd.), Rome, 1997, p. 13-32. 274 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
III
Cet accroissement intervient dans un climat perturbé par une
véritable révolution chronologique qui, depuis le début de 2001,
affecte Gordion et, par contrecoup, l'ensemble de l'Anatolie.
En effet, fouillée par une équipe de l'Université de Penns
ylvanie (R. S. Young de 1950 à 1973, après sa disparition et
depuis 1988 M. M. Voigt et alii), Gordion est le seul site phrygien
exploré à grande échelle2 et sa chronologie fait autorité pour les
autres sites anatoliens de la fin de l'Âge du bronze, des siècles dits
« obscurs » et de l'époque archaïque.
Les travaux de Young avaient mis en évidence, dans l'histoire
de Gordion, la destruction par incendie de la citadelle. On avait
attribué la catastrophe aux Cimmériens, peuple d'origine encore
controversée qui avait ravagé l'Asie Mineure à la fin du
vme siècle et pendant une partie du vne ; on avait donc situé l'év
énement vers 700 et l'on estimait que la reconstruction était inte
rvenue longtemps après. Plusieurs sources antiques rapportaient
que le Grand Midas (le deuxième du nom ?) s'était suicidé ;
Strabon (1,61) met ce suicide en relation avec l'incursion cimmé-
rienne et l'on de demandait si le Grand Tumulus (MM = Midas
Mound, selon la terminologie des fouilleurs) n'était pas son
tombeau.
Telle fut la vulgate pendant près d'un demi-siècle. Mais on
n'avait pas été sans souligner que Strabon était le seul à lier la
mort de Midas aux Cimmériens. A la reprise des fouilles en 1988,
on fut plus attentif à la stratigraphie et l'on reprit l'examen du
matériel artéfactuel. Sur bases stratigraphiques, architecturales et
artéfactuelles, on s'aperçut tout d'abord que la reconstruction
avait eu lieu très tôt, non plus d'une génération après le désastre,
qui apparaissait de plus en plus clairement comme accidentel
(importance du bois dans la construction des bâtiments). Puis on
soumit au test du carbone 14 (B. Kromer, Heidelberg) des maté
riaux (grains et roseaux de couverture) appartenant au niveau de
destruction : les fourchettes obtenues permettent de situer désor
mais cette destruction entre 830 et 800, l'équipe de Gordion
penchant pour 807-803. De son côté, P. Kuniholm (Cornell, États-
Unis) plaçait, par la dendrochronologie, le Grand Tumulus aux
Voigt 2. 2002, Appréciation 190. à relativiser, puisque 10 % seulement de l'acropole ont été explorés, DATE D'ÉLABORATION DES ALPHABETS GREC ET PHRYGIEN 275
environs de 718,

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