Cuicul, le 21 juillet 365 - article ; n°1 ; vol.15, pg 309-328
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Description

Antiquités africaines - Année 1980 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 309-328
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

René Rebuffat
Cuicul, le 21 juillet 365
In: Antiquités africaines, 15,1980. pp. 309-328.
Citer ce document / Cite this document :
Rebuffat René. Cuicul, le 21 juillet 365. In: Antiquités africaines, 15,1980. pp. 309-328.
doi : 10.3406/antaf.1980.1051
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antaf_0066-4871_1980_num_15_1_1051Antiquités africaines
t. 15, 1980, p. 309-328
CUICUL, LE 21 JUILLET 365
par
René REBUFFAT
Dans un article qui date de 1968, mais paru en 1971, Mlle Allais attire l'attention sur diverses destruc
tions qui ont affecté le quartier occidental de Djemila 1 (fig. 1).
La Maison aux Stucs a brûlé. « La maison fut en partie détruite par un incendie. Les pièces les plus
abîmées furent celles de l'angle sud-ouest (ex-caldarium) et, du côté nord, le salon aux stucs ; en effet les
fragments des strucs effondrés ont été découverts en partie calcinés, mêlés à des débris de poutres carbo
nisées et à de la terre mélangée de mortier brûlé qui avait conservé une couleur rouge vif. Les pierres des
murs gardaient aussi la marque du feu. Cela prouve qu'on n'essaya pas de restaurer ces pièces et que les
traces de l'incendie restèrent enfouies à l'abri de l'air, sous les décombres ». Cet incendie a été suivi d'une
restauration grossière et tardive 2.
Dans les thermes du quartier, un incendie précède une modification de l'édifice. Sont notables la
quantité des décombres car « la cendre accumulée dans le couloir ouest atteignait 1 m de haut», et le
caractère hâtif des restaurations : « le caldarium fut démoli, et les fragments des mosaïques qui en cou
vraient le sol utilisés pour réparer le mur extérieur du bâtiment» 3.
Dans une grande salle à abside, désignée comme schola, « les mauvais murs nord et sud paraissent
encore plus tardifs (que des remaniements précédents) ; ils ont été bâtis sur un remblai épais d'1 m qui
renfermait une forte proportion de cendre ; la reconstruction a donc eu lieu après un incendie » 4.
A l'extrémité du cardo ouest I, « le mur de soutènement était à cet endroit complètement démoli ;
le dallage était déversé, mais il présentait une réparation faite à l'aide de matériaux de remploi qui repo
saient sur une couche de cendre épaisse d'un mètre » 5.
Mlle Allais remarque que ces trois derniers points sont assez rapprochés 6 pour qu'on fasse l'hypo
thèse qu'un même incendie les a détruits. La Maison aux Stucs est un peu plus éloignée, assez pour qu'on
1 Allais (Y.), Le quartier occidental de Djemila (Cuicul). Antiquités Africaines, t. 5, 1971, p. 95-120.
2 Art. cit., p. 108.
3 Art. cit., p. 114-115.
4 Art. cit., p. 117.
5 Art. cit., p. 118.
β Art. cit., p. 118. 1. — Le quartier ouest de Cuicul (d'après Y. Allais, Ant. Afr., t. 5, 1971, fig. 23). Fig. CUICUL LE 21 JUILLET 365 311
puisse dire qu'elle n'a pu être atteinte par le même incendie, mais assez proche pour qu'on se demande
si une même cause n'expliquerait pas les deux sinistres. On doit en tout cas à la précision des observations
de Mlle Allais de pouvoir fixer la chronologie de façon satisfaisante. Les trouvailles numismatiques per
mettent en première analyse de dire que l'incendie des thermes est postérieur à 351 1.
La réparation du cardo ouest et d'un decumanus voisin utilise des pierres de monuments honorifiques
qui se trouvaient placés sur le forum ancien de Cuicul, qui n'en était pas éloigné. Cette remarque n'entraîne
pas une conclusion chronologique directe, dans la mesure où les pierres remployées, quand elles sont datées,
le sont du IIe et du IIIe siècle, largement avant 351. Mais elle a l'intérêt de permettre de noter que pour
réparer les dégâts de l'incendie, on utilisait les pierres dispersées par une catastrophe qui avait largement
affecté le vieux forum, sans, nous dit Mlle Allais, que cette destruction ait été complète 2. Il est évidem
ment fort tentant de mettre en relation cette destruction avec les incendies qui ont affecté le quartier ouest
voisin.
Un troisième fait est alors judicieusement mis en ligne de compte par l'auteur, c'est la destruction
du Temple de Frugifer sur le nouveau forum. Car dans ce cas aussi, les habitants de Cuicul se sont trouvés
devant une quantité de pierres à réutiliser, puisqu'ils se sont servis de stèles retournées provenant du tem
ple pour paver une rue du quartier sud-est 3.
Il n'existe pas de démonstration archéologique absolue que toutes ces destructions aient été contem
poraines et simultanées. Cependant, l'hypothèse se présente évidemment, et si nous pouvions en imaginer
la raison, elle s'en trouverait fortement consolidée. Ici se présente l'idée de troubles civils : émeutes dona-
tistes, intervention d'une bande de circoncellions, massacres consécutifs aux persécutions 4. Cela expli
querait bien des incendies, mais beaucoup moins bien que tant de pierres de taille aient été déplacées :
ce travail de force, considérable quand il est effectué dans de bonnes conditions, devient invraisemblable
dans les circonstances d'une émeute.
Mais l'une de ces destructions, celle du Temple de Frugifer, est datée par la reconstruction à la place
du temple, d'une basilique sous le règne commun de Valentinien et de Valens, entre 364 et 367 5. Or nous
savons que le 21 juillet 365, un tremblement de terre a secoué une bonne partie des provinces méditerra
néennes de l'Empire 6.
1 Art. cit., p. 118.
2 Art. cit. p. 1 19 : « ... l'abondance d'éléments venant du vieux Forum prouve que cette place, centre de la ville ancienne,
avait subi des dégâts importants. Ce n'était pourtant pas une destruction complète, car de nombreuses dédicaces des IIe et
IIIe siècles à des divinités, des empereurs, des gouverneurs, des personnages municipaux y ont été découvertes et même les
statues des empereurs du IVe siècle y avaient été dressées ».
3 Art. cit., p. 118.
4 Art. cit., p. 119. L'auteur envisage l'idée d'une destruction du temple de Frugifer comme conséquence de mesures
officielles dirigées contre le paganisme : mais l'hypothèse n'explique pas les incendies et les dégâts irréguliers subis par le
Forum.
5 Voir ci-dessous p. 313.
6 Goodchild (R.G.), A Coin-Hoard from « Balagrae» (El-Beida), and the Earthquake of A.D. 365. Libya Antiqua,
t. 3-4, 1966-1967, p. 203-211 = Libyan Studies (Select papers of the late R.G. Goodchild), p. 229-238 ; Di Vita (A.), Dati
di cronologia assoluta per la ricerca archeologica in Tripolitania : i terremoti fra il II secolo ac. ed il 365 d.c. (cette étude nous
a été aimablement communiquée en épreuves par son auteur. Nous avons naturellement attendu sa parution imminente pour
donner le présent article à l'impression). Un certain nombre de textes concernant le séisme avait été donné par Clinton,
Fasti Romani, t. 1, p. 452-464. Une liste plus complète a été fournie par Putorti (N.), Di un titolo termale scoperto in Reggio
di Calabria. Rendiconti. .dei Lincei, t. 21, II, 1912, p. 791. Elle a été reprise par Goodchild, Coin-Hoard, et par A. Di Vita,
I.e. Voir les textes Appendice II.
Contemporains du séisme :
Ammien Marcellin
Libanius, qui meurt vers 400. On pense que son Oraison funèbre de Julien est immédiatement postérieure au séisme. 312 R. REBUFFAT
L'hypothèse des destructions d'un tremblement de terre était de celles qui s'étaient présentées à
Mlle Allais, comme elle a bien voulu nous l'écrire (20.12.1977) quand nous lui avons fait part de cette
idée. Mais, nous dit-elle, « comment ce cataclysme aurait-il épargné le temple des Sévères situé tout près
(du temple de Saturne) ? il y avait à Dj emila des photographies prise au début des fouilles montrant la
conservation sur toute sa hauteur d'une partie du mur de fond de ce temple. Une grande cassure avait
emporté l'angle sud-ouest, mais la partie sud-est était bien conservée et émergeait avant la fouille ». Ce
temple aurait pu être respecté lors de troubles, en particulier par les donatistes, « parce que dédié non à
un dieu, mais à une famille impériale africaine ». Si nous essayons alors de poursuivre l'exposé de l'hypo
thèse, c'est que nous ne pensons pas que Dje

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